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Introduction de la première partie

Carte 1.13. Les entreprises de collecte dans le conurbano (2011)

Entreprise Municipalités desservies (RMBA) Nombre d'habitants

Martín y Martín Hurlingham, La Matanza, Ville de Buenos

Aires (Integra - zone 6) 2 200 000

Sources : www.ceamse.gov.ar/estadisticas/; INDEC, 2010. Site internet des entreprises : www.bra.com.ar ; www.covelia.com.ar ; www.urbaser.com.ar ; www.martinymartin.com.ar ; www.nittida.com.ar ; www.proactiva.es. Sites consultés le 16 août 2013.

Tableau 1.5. Nombre d’habitants et municipalités desservis par les entreprises de collecte des déchets privées dans la métropole de Buenos Aires (2012)

a- La géosophie des grandes firmes

Pour le groupe mondial de construction d’infrastructures ACS (entreprise Urbaser) la collecte des déchets est une activité « stable, prévisible, rentable » (ACS, 2012 : 7). Comme le montre le graphique ci-dessous, les grands groupes implantés dans le monde entier, ou dans une région, ne conçoivent le service de collecte que comme une activité d’appoint. Elle n’occupe qu’une part minime de leur chiffre d’affaires et de leur portefeuille d’actions (voir graphiques ci-contre).

Néanmoins, son ancrage sur un marché captif urbain stable, dépendant d’une quantité déterminée de déchets produite par les habitants et les activités économiques, lui assure une certaine stabilité.

Graphique 1.4. La part minime des déchets dans les activités de l’entreprise Urbaser (2012) Comme pour d’autres activités, l’implantation dans les grandes villes suit une logique assurantielle en termes de rentabilité. Gros budgets, quantités importantes de déchets, diversité des services à fournir sont autant d’atouts pour une municipalité qui souhaite attirer une entreprise transnationale, et bénéficier, en retour, de l’image de marque et de performance technique qu’elle promeut.

Récepteurs des principaux flux de visiteurs étrangers, les municipalités centrales disposent donc d’un intérêt stratégique à présenter des espaces publics propres et maîtrisés. C’est dans un contexte de croissance « sauvage » du secteur des déchets (Lorrain, 1998 : 20) que l’un des ténors mondiaux de ce secteur, Waste Management, prend ses quartiers dans la ville en association avec une entreprise nationale, SOCMA (groupe Macri), à travers l’entreprise Manliba. SOCMA détient 49%

de ses actions en 1977. Waste Management, née en 1893 à Chicago (États-Unis), desservait 46 villes des États-Unis en 1990, avait un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards de dollars américains, et plus de 80 filiales dans le monde entier. Lorsqu’elle obtient le contrat de la collecte des déchets à Buenos Aires, pour dix ans et sur 52% de la superficie de la capitale fédérale, elle coiffe au poteau sa principale concurrente, Browning Ferris Industries. Comme l’indique Dominique Lorrain (2002b : 108), les deux groupes sont en pleine diversification de leurs activités, et en expansion. Ce n’est que seize ans plus tard, en 1996, lorsqu’elle se retire de la collecte dans la ville de Buenos Aires, que le panorama entrepreneurial se transforme, dans cette entité comme dans le conurbano. La croissance généralisée de la production de déchets et le souci de rationalisation de la gestion, qui a accompagné le processus de décentralisation municipale dans les années 1990, ont

créé un terreau fertile à ce changement. Celui-ci a été marqué par l’émergence de deux entreprises de grande envergure, cependant moindre que celle de Waste Management, qui déploient leurs activités dans les constructions et dans les réseaux techniques souterrains (utilities)45.

Le groupe argentin Roggio, né en 1908, a fait ses preuves dans les années 1980 en gérant les déchets de la ville de Córdoba. Il y remporte le contrat contre le groupe SOCMA (filiale ASEA) (Reato, 1996 : 130). En novembre 1987, avec sa filiale Clima (ancêtre de Cliba), il répond à un appel d’offres prestigieux, celui de la zone résidentielle ouest de la ville de Buenos Aires ouverte à la privatisation après le retour de la démocratie, sous la présidence de Raúl Alfonsín (1983-1989), d’affiliation radicale. Parallèlement, l’entreprise connaît une phase d’expansion dans d’autres villes argentines : Rosario, Santa Fe, Neuquén. Dans les années 1990, elle a fourni des prestations de service à São Paulo (Brésil), La Paz (Bolivie), Puebla (Mexique), et dans les villes moyennes de Maldonado, Las Piedras et Costa de Oro (Uruguay). En 1996, elle offre des tarifs moins élevés et a fait ses preuves : elle obtient la concession du centre de la ville de Buenos Aires, qu’elle gère à travers sa filiale CLIBA depuis cette date. Elle gagne ensuite les municipalités les plus aisées du nord-ouest de l’agglomération (Vicente López, San Isidro, San Fernando, Tigre). Aujourd’hui, sa tendance est au repli sur l’espace national, une dynamique qui se vérifie plus généralement parmi les groupes argentins, faiblement encouragés à l’internationalisation (Finchelstein, 2009 : 3). Quant à Urbaser, filiale du groupe espagnol de la construction et des travaux publics Dragados S.A., du consortium ACS46, elle apparaît en 1989, lors d’une phase de diversification des activités, qui touche également d’autres grandes entreprises des pays du Nord. Après s’être implantée dans de nombreuses villes européennes et des pays en développement, cette entreprise investit d’abord la ville de Santa Fe en Argentine en 1996, puis la municipalité de Morón, dans le conurbano de Buenos Aires, et enfin le centre de la ville, dans la zone-centre méridionale dans la Ville de Buenos Aires en 2003. Cliba et Urbaser misent surtout sur des concessions dotées de gros contrats, ou alors bénéfiques à leur politique d’image. Pratiquant une implantation raisonnée, fondée sur la bonne santé budgétaire des entités locales ciblées, chacune d’entre elles limite sa présence physique à deux, voire trois, municipalités localisées dans le quart nord-ouest de la métropole ou dans la ville de Buenos Aires. Urbaser choisit de s’implanter à Morón en 2000. Elle escompte que l’accession

45 http://www.roggio.com.ar/grupo-roggio.asp, consulté le 8 mars 2013.

46 Le groupe occupe le rang 240 des 500 plus grandes entreprises du monde classées par Fortune en 2012. En 2010, il

au pouvoir de Martín Sabbatella47, la carte de la transparence et de la participation que joue la municipalité, ainsi que sa visibilité au niveau international, avec la présence d’organismes de coopération divers (Allemagne, France, Espagne, Italie), la propulseront vers d’autres contrats.

Carte 1.14. La localisation des activités de gestion de déchets de l’entreprise Urbaser dans le

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