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Les déperditions scolaires : une préoccupation politique croissante

Encadré 9. Enseignement et formation au Maroc

1. Les déperditions scolaires : une préoccupation politique croissante

L’enseignement au Maroc souffre d’un taux de scolarisation faible, qui varie selon le sexe et le milieu géographique. La scolarisation des filles dans les campagnes est particulièrement faible, sachant que les disparités de genre sont une réalité commune aux milieux urbains et ruraux. En outre, le système éducatif est confronté à d’importants abandons au cours de l’enseignement primaire. Comme leur taux ne faiblit pas alors que le taux d’entrée dans la scolarité de base progresse par ailleurs, le nombre absolu des abandons a tendance à augmenter, ce qui ne manque pas de se répercuter sur l’enseignement professionnel.

1.1. Taux de scolarisation : des progrès mais de fortes disparités.

Le tableau suivant montre le taux de scolarisation dans les deux milieux rural et urbain.

Tableau 15. Evolution du taux de scolarisation selon le milieu et la tranche d’âge.

Tranche d’âge 6 à 11 ans 12 à 14 ans 15 à17 ans

Milieu National Urbain Rural National Urbain Rural National Urbain

2001-2002 90,0 96,6 83,8 63,1 85,2 42,1 39,5 66,2

2002-2003 92,05 97,3 87,0 66,3 85,4 47,4 41,2 67,5

2003-2004 92,17 96,57 87,83 68,77 87,27 50,16 42,82 68,96

Source : Ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse (2000-2004).

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Le tableau montre une disparité du taux de scolarisation selon la tranche d’âge et le milieu de résidence. Le taux de scolarisation diminue lorsque le niveau de scolarité augmente. Si un enfant sur dix, en 2001-2002, âgé de 6 à 11 ans, n’est pas à l’école, 4 enfants quittent le système scolaire à l’âge de 12 à 14 ans. Le taux de scolarisation est marqué par une chute sensible dans la tranche d’âge 15-17ans. Cette tranche représente en effet un âge de prédilection pour prendre un travail et débuter ainsi l’exercice d’une activité rémunératrice. Le taux de scolarisation dans le milieu rural est faible par rapport au milieu urbain.

1.2. Un enseignement primaire confronté au Maroc à des problèmes de qualité.

L’accès à l’école est devenu une nécessité pour tous les marocains quelles que soient leurs origines sociales.

La population scolaire représentant les filles reste encore faible par rapport à la population masculine. L’effectif des redoublants nous pousse à mettre un point d’interrogation sur la rentabilité et la qualité du système de formation dans le primaire.

Formellement, l’Etat a constamment essayé d’adapter les programmes scolaires à l’évolution de la société. Malgré les vifs débats qui traversent l’institution scolaire, la mission officielle de l’école reste la divulgation des connaissances générales supposées servir de

« passeport » ou de « bagage » pour toute la vie, ce qui est illusoire dès lors que l’on examine les contenus réels.

Du tableau qui suit, se dégage une progression du taux de scolarisation des enfants âgés de 6 à 11 ans.

Tableau 16 : Evolution du taux de scolarisation nationale des enfants âgés de 6-11 ans.

Année 97-98 98-99 99-00 00/01 01/02 02/03 03/04

Taux national de scolarisation en %.

68.6 73,7 79,1 84,6 90,0 92,05 92,17 Taux national de

scolarisation des filles en

%.

61,8 68,0 74,2 80,6 86,6 89,1 89,41

Taux de scolarisation en milieu rural en %

55,4 62,5 69,5 76,7 83,8 87,0 87,83

Source : Ministère de l’Education nationale et de la jeunesse (www.men.gov.ma).

Mais cette élévation du nombre d’enfants scolarisés est fragile. En effet le taux de déperdition reste élevé, ce qui est indice de la faible qualité de l’enseignement et plus généralement, des faibles rendements internes du système d’enseignement. En 1998-1999, le nombre d’enfants de la tranche d’âge de 6 à 11 ans qui ne sont pas scolarisés dépasse le million. En 2000/2001, les

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enfants de cette tranche d’âge qui ne sont pas scolarisés sont au nombre de 585000 dont 458000 en milieu rural (Akesbi A., 2002) (noté par Bougroum et Ibourk, 2002). Cette amélioration n’est sûrement pas un acquis : certes de 2000 à 2002, le taux d’abandon dans l’enseignement primaire a baissé de 2,3 % à 1,8 % mais « il a atteint le chiffre de 6 % en 2003 ce qui est énorme » (Chedati, 2006, p.123).

Il faut souligner qu’une fois engagées dans le primaire, les filles y restent plus et surtout réussissent mieux que les garçons (ibid.) d’où il ressort que pour celles-là, l’enjeu premier est celui de l’accès initial à l’école.

1.3 Des déperditions scolaires importantes au niveau de l’enseignement fondamental et du secondaire.

L’abandon scolaire est un indice probant en vue de l’évaluation des systèmes d’enseignement.

Tableau 17. Evolution des taux d’abandon des jeunes par niveau et genre.

Cycles Collégial Secondaire

Genre Fille Garçon Fille Garçon

2000-2001 12,6 15,0 8,9 13,5

2001-2002 11,3 13,8 6,7 10,7

2002-2003 11,4 15,7 5,2 7,4

Source : Chedati, 2006.

Le tableau montre que le taux d’abandon diffère selon le genre et le niveau d’étude. Les taux d’abandon les plus élevés sont enregistrés au niveau collégial. Si dans le niveau collégial le taux a baissé chez les filles (de 12,6% à 11,4%), il a augmenté chez les garçons en passant de 15%

à 15,7%.

Souali (2004, p.92) note que « seul un quart des élèves termine le premier cycle de quatre années sans redoublement. C’est à la fin du cycle secondaire que se situe le taux de redoublement le plus élevé, constituant ainsi un goulot d’étranglement dû à l’incapacité du second cycle à recevoir toutes les promotions. De son côté, le second cycle n’échappe pas à cette situation, et seul un tiers des effectifs termine ce cursus de trois années sans redoublement. Plus on se rapproche de la fin du cycle le taux de redoublement augmente ». Ainsi de ce que nous avons vu, les causes de ces déperditions trouvent leurs origines dans plusieurs facteurs45 :

45 Cf. UNICEF, 1999, « Programme urbain UNICEF 2001, enquête sur l’abandon scolaire », Royaume du Maroc, Ministère de l’éducation nationale, Délégation Régionale de Sidi Youssef Ben Ali.

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- Les conditions socioéconomiques jouent un rôle déterminant dans la conduite scolaire des élèves. L’absence de moyens financiers oblige les parents à encourager les enfants à quitter l’école pour chercher des travaux à faible rémunération.

- Les niveaux socioculturels des parents encouragent la carrière scolaire ou au contraire, favorisent la rupture avec le monde de la formation. Dans les milieux défavorisés, l’enfant est considéré comme une source de richesse, les filles subviennent aux besoins domestiques de la famille au sein du domicile…). Ceci favorise la rupture de la scolarisation, surtout dans le monde rural.

- Certaines conditions familiales (décès des parents, divorce,…) font que les enfants se trouvent dans la rue à la recherche d’une activité de subsistance.

- Les conditions de formation au sein de l’école et la non adaptation des programmes de formation influencent les résultats des élèves.

- Le manque d’infra-structures de base et un engagement relatif des enseignants, surtout en milieu rural érodent l’attractivité de l’école pour des familles qui sont par ailleurs très souvent confrontées à d’importantes difficultés économiques et sociales (Chedati, 2006).

La destination fort probable de ces déperditions scolaires est la FP publique et privée.

« En 1999, 240 000 jeunes quittent le système scolaire dont 116 000 à l’issue des 6ièmes, 7ièmes années fondamentales (AF) et 124 000 à l’issue de la 9ième AF et des 1ière et 2ième années secondaires (AS). Le système de FP offre 22000 places pédagogiques dans le niveau de spécialisation accessible, à la première catégorie (12000 places dans le secteur public de formation et 10000 places dans le privé). Et 34000 places dans le niveau qualification, accessibles à la deuxième catégorie (22000 dans le public et 12000 dans le privé). Les effectifs des élèves en rupture de scolarité et qui n’accèdent pas à la FP dépassent 200.000 annuellement »46.

Pour l’action publique, il devient nécessaire, au regard de l’ampleur des abandons, de concevoir un nouveau dispositif de FP qui s’appuie sur le tissu économique des petites et moyennes entreprises afin de permettre un accueil plus large des jeunes.

2. L’enseignement professionnel public et privé : une destination « fatale »

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