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L’enseignement professionnel public et privé : une destination « fatale » des déperditions scolaires ?

Encadré 9. Enseignement et formation au Maroc

2. L’enseignement professionnel public et privé : une destination « fatale » des déperditions scolaires ?

46 Ministère du développement social, de la solidarité, de l’emploi et de la formation professionnelle, 1999, « Plan quinquennal 1999-2003. Développement d’un système de formation par apprentissage », DFP.

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L’enseignement professionnel et l’apprentissage d’un métier constituent deux destinations principales des jeunes concernés touchés par les déperditions scolaires. Les déterminants socioéconomiques jouent un rôle important dans le cheminement des jeunes vers l’apprentissage précoce du travail (Bougroum et Ibourk, 2002). Cependant, une partie des enfants déscolarisés, surtout ceux ayant dépassé le niveau fondamental, se retrouve dans la FP structurée par les pouvoirs publics et des prestataires privés.

Les organismes de la FP publique déploient des efforts de publicité et d’information dans les collèges et les lycées publics, tandis que les écoles de FP privée consacrent une partie de leur budget à la distribution de brochures et catalogues détaillant les cursus offerts, visant ainsi la grande majorité des élèves potentiellement en rupture de ban. Les premiers commencent ces opérations à partir du deuxième semestre de l’année qui précède l’entrée de formation, alors que les deuxièmes commencent à la fin de l’année scolaire précédente et se poursuivent jusqu’au début même de l’année de formation.

Il faut d’emblée souligner que dès le départ, la FP initiale a été sujette à une double attente qui exprime bien les tensions internes entre l’administration de l’enseignement général et celle de la formation : pour le premier, l’orientation vers la FP résultait d’abord des exigences de gestion des flux de sortants de l’éducation de base, soit une logique d’absorption, alors que pour la seconde, il s’agissait de vérifier l’acquisition des pré-requis nécessaires à l’entrée dans une perspective de professionnalisation, soit une logique prééminente de qualification. Celle-ci a toujours été présentée comme étant l’objectif essentiel, dans les faits, il apparaît que la première a été largement prééminente. Il est d’ailleurs frappant que dès leur création, il ait été assigné des objectifs quantitatifs d’absorption de flux scolaires aux nouveaux dispositifs de FP (ainsi le cycle de spécialisation – voir plus bas – était censé accueillir 20 % des élèves de premier cycle de l’enseignement fondamental).

Si l’office de la FP et de la promotion du travail (OFPPT) – voir encadré ci-dessous), qui est un établissement public, a été le principal opérateur, il faut d’emblée souligner que, dans le cadre de réformes successives, sont apparus d’autres intervenants, des organismes sectoriels et des offreurs privés, inscrits les uns et les autres dans un même ensemble, régulé par la puissance publique et délivrant des diplômes nationaux.

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Encadré n°10 : Les missions de l’Office de la FP et de la Promotion du Travail (OFPPT).

L’office de la FP et de la promotion du travail est un établissement public, créé par Dahir portant loi n° 1.72.183 du Mai 1974, l’OFPPT est doté d’une personnalité morale et d’une autonomie financière. Le budget de fonctionnement de l’OFPPT provient de ses recettes qui sont constituées essentiellement de la taxe de la FP (TFP) mise à la charge des entreprises privées et qui a été étendue aux établissements publics à partir du 1er janvier 1996. Les établissements de l’OFPPT repartis à travers le Maroc se composent de 47 Instituts Supérieures de Technologie Appliquée (ISTA), de 30 Instituts de Technologie Appliquée (ITA), 91 centres de qualification professionnelle (CQP) et 18 centres de FP (CFP). Il a pour vacation l’élaboration et la réalisation des plans de FP initiale des jeunes, de formation continue des travailleurs et d’assistance aux entreprises dans le cadre de la promotion du travail.

A ce titre trois missions essentielles incombèrent à l’office :

1-Former la main d’œuvre qualifiée nécessaire aux besoins du marché de l’emploi.

2-Assurer le perfectionnement et la reconversion professionnels des travailleurs et développer l’assistance aux entreprises dans ces domaines.

3-Adapter constamment les actions de formation aux exigences du monde du travail en termes d’effectifs à former, des profils de contenus, de moyens et de méthodes de formation.

2.1. Les différentes réformes qui ont façonné le dispositif marocain de la FP.

Vu les résultats modestes de la FP tels qu’ils se présentaient au début des années 1980, et compte tenu des changements économiques qu’avaient connus le Maroc et de la nécessité de s’adapter aux exigences de la politique de développement, le Maroc s’est engagé dans des réformes de la FP afin de pouvoir remédier aux problèmes internes du système existant et mettre en place un système de FP rénové qui prenne en considération les problèmes propres aux différents marchés du travail et qui, plus généralement, s’affirme comme un instrument efficace de lutte, en tout cas de prévention, contre le chômage.

La réforme de la FP s’est réalisée en deux grandes étapes qui se recouvrent partiellement.

La première étape a été la mise en œuvre à partie de 1984 de différents cycles de formation professionnelle, la seconde étape a démarré en 1999 en vue de l’élaboration de la charte nationale de l’éducation et de la formation (pour plus d’information sur les réformes de la FP voir annexe 4).

2.1.1. Les années 80 et la re-fondation du système marocain de formation professionnelle.

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Les réformes de 1984 furent importantes à trois égards : (i) Par l’instauration de différents niveaux de formation, le système a tenté de réagir aux besoins croissants en qualifications des entreprises. (ii) La mise en place des organes de concertation a permis d’impliquer formellement les entreprises ou leurs associations à tous les niveaux dans l’aménagement du système de FP. (iii) En 1986, l’OFPPT commençait à décentraliser ses structures jusqu’au niveau des établissements de FP pour mieux adapter la formation aux conditions régionales.

Dans un premier temps (1986-1987), il a donc été créé trois niveaux de formation : niveau spécialisation (ouvrier spécialisé), qualification (ouvrier qualifié), technicien qui globalement ont connu un développement relatif compte tenu notamment, de fortes contraintes du côté de l’offre, notamment en matière de financement.

Le graphique suivant présente l’évolution des effectifs des élèves en FP par sexe.

Evolution des éffectifs de la formation

Il en ressort notamment une forte prédominance des garçons dans la FP publique.

-Le niveau « spécialisation » est destiné aux élèves qui ont quitté le niveau primaire (voir Graphique 1. annexe 1). L’évolution des effectifs révèle une grande adhésion initiale puis un déclin qui s’est accentué, surtout en 2001. Cela peut s’expliquer par l’augmentation du niveau de scolarité qui permet aux jeunes de choisir d’autres niveaux de formation. La différence entre l’effectif en formation et les lauréats résulte notamment des ruptures dans la formation.

-Le niveau « qualification » est destiné aux élèves ayant quitté le niveau fondamental. (Voir Graphique 2 annexe 1). On assiste à une augmentation des effectifs en formation très importante

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