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Les contraintes pour le processus de désidéologisation

faiblesses de la gouvernance totalitaire de l’enseignement supérieur 1.1 La nécessité d’une révision des missions de l’enseignement supérieur :

2. Le Dégel : le début du printemps pour l’enseignement supérieur 1 Les réformes de Khrouchtchev pour la vie politique et la vie

2.4. Les contraintes pour le processus de désidéologisation

La politique de répression menée par Staline a été déjà critiquée, or le dégel n'a pas suscité le changement dans l’analyse de l’histoire. L’ampleur du problème nécessitait la participation de l’État afin de prendre des mesures qui stimuleraient la pensée libre, les recherches en histoire et les débats. Il fallait lancer les réflexions sur le rôle de la

319 EGOROV Alexeï, Obchtchestvenno-polititcheskaia sitouatsia ‘ottepeli’ (1953-1964) v vospriatii

sovremennikov – prepodavateleï i stoudentov Kazanskogo gosoudarstvennogo ouniversiteta / La situation socio-politique du dégel dans la percention de ces contemporaines – des enseignants et des étudiants de l’Université d’Etat de Kazan, thèse de doctorat (kandidat naouk) en histoire, Kazan :

Révolution, de la guerre civile, sur les étapes de la construction du Parti et de l’État soviétique. Or, une telle activité n’a pas été déclenchée, car la recherche en URSS avait encore des liens forts avec l'idéologie du système soviétique.

L'espoir que le contenu du cours d'histoire dans les universités serait revu après le départ de Staline s’est dissipée au moment de la publication en 1959 d'un nouveau manuel L'histoire du Parti. Le seul changement avec la version de 1938 était celui du volume ; le reste a été préservé. Cette édition a posé des limites à la liberté des enseignants-chercheurs concernant le choix des formes et des moyens de présenter le contenu. La désidéologisation de savoir n'a pas été atteinte pleinement, parce que le culte de la personnalité n'a pas été surmonté définitivement y compris chez les enseignants- chercheurs. La science juridique après la déstalinisation s'est enrichie de nouveaux termes, tels que « présomption d'innocence », « instruction préliminaire », « légalité des actions », etc. L'économie politique, quant à elle, s'adaptait au contexte économique du pays dans ces directions de recherche.

Les sources documentaires telles que les comptes rendus des Congrès, des Plenums, des décrets, montrent la volonté de l’État à adopter une approche scientifique pour une politique économique, notamment d'étudier le rôle du progrès technologique, des facteurs administratifs et organisationnels. Néanmoins, la recherche des voies pour assurer le progrès de l'économie par les pouvoirs publics ne conduisait pas à mettre en cause les principes du modèle économique adopté lors de l'époque stalinienne. La direction du pays ne voyait pas la nécessité d’inclure les mécanismes du marché dans l'économie ou d’apporter d'autres changements radicaux. Dans les années 1950-1960 des problèmes réels dans l'économie de l'URSS se faisaient jour, et le système administratif et autoritaire montraient ses limites de ses possibilités en essayant de les résoudre. La course aux armes a également pesé de son prix économique.Le dégel politique n'a pas vraiment changé la continuité dans la politique économique320.

Le dégel était un changement politique considérable, mais vu l’ensemble des actions publiques, il est justifié de le considérer comme une période plutôt transitoire. C’était

320 TROFIMOV Andreï, Sovetskoe obchtchestvo 1953-1964 godov v otetchestvennoï istoriografii :

politika i ekonomika / La société soviétique durant les années 1953-1964 au regard d’historiographie russe : la politique et l'économie, thèse de post-doctorat (doktor naouk) en histoire, Ekaterinbourg :

également une période stable de la vie de la société à l’intérieure de laquelle se menait la réflexion par les politiques et par les citoyens sur une meilleure organisation de la vie dans le cadre des postulats dogmatiques des dirigeants. Beaucoup de choses déclarées dans cette période sont restées illusoires et utopiques, mais des mouvements réels dans toutes les sphères de la société ont permis de voir émerger une certaine expression de besoins objectifs de la société. Trofimov insiste qu’à chaque époque les historiens ont bien capté les caractéristiques importantes du dégel sans encore révéler la vérité complète au sujet de cette période321.

L'époque du dégel s'est terminée par un changement de dirigeant politique : Khrouchtchev, devenu impopulaire, a été victime de l'appareil du Parti communiste s’acharnant à défendre son rôle et sa place au cœur du système soviétique. Le 13 octobre 1964, Khrouchtchev a été convoqué lors de ses vacances passées à Pitsounda (Abkhazie) à la session du Présidium du Comité central du PC. Lors de cette session il a été accusé de subjectivisme et de volontarisme. Sans soutien de personnes au sein du Parti, Khrouchtchev signa la lettre de démission pour motif de « départ à la retraite ». Dans la même journée le Plenum accepta sa démission et ordonna de séparer désormais les postes de Premier secrétaire du Comité central et de Président du Conseil des ministres. Léonid Brejnev devint le Premier secrétaire, et Alexeï Kossyguine devint le chef du Cabinet. Ainsi, « l’époque du XXe congrès » a été terminée.

Au niveau de la politique universitaire nous constatons le bilan suivant pour cette époque : la ligne directrice du pouvoir pour faire sortir le pays du stalinisme a porté ses fruits pour l’enseignement supérieur, surtout en déclenchant la réflexion et l’expression chez les étudiants et en accordant plus de liberté académique (encore restreinte) pour les enseignants-chercheurs. Or, le système politique se modifiait lentement, et l’absence des réformes radicales explique la continuité dans l’action publique y compris dans le secteur de l’enseignement supérieur notamment dans la réalisation des objectifs définis à l’époque d’industrialisation. Quelques reformes effectuées dans le secteur ont modifié certains aspects de la vie universitaire et elles ont formé une atmosphère particulière à cette période analysée : les EES sont devenus plus ouverts vers le monde, la population étudiante s’est encore renouvelée, la vie étudiante était riche au niveau culturelle et la vie enseignante

était plus agréable. Le nom du dégel est justifié, il est même possible de dire que c’était le « printemps » pour les EES avec son esprit romantique des stroyotryads et les voyages aux « terres vierges », l’enthousiasme pour l’ouverture des nouvelles universités et pour l’amitié des peuples. C’était la période des espoirs, mais aussi de coups de vents. Un sentiment des doutes vis-à-vis des discours des dirigeants s’installait chez les jeunes, mais comme c’était encore risqué de l’exprimer durant la période du dégel et la période suivante dans la vie politique de l’URSS connu sous le nom de zastoï.

3. Le déclin du système soviétique et le secteur de l’enseignement

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