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Élaborer sur la définition même de coordination au sein du secteur agricole est un processus complexe qui fait intervenir plusieurs éléments. Selon certains, «coordination is needed because of the mutual dependencies (or interdependencies) between different activities and different transactions in the value chain» (Bijman et al, 2011: p.84). En fait, la coordination est multidimensionnelle et fait référence à une structure verticale ou encore, horizontale, ainsi qu’à la notion de risque des producteurs agricoles. Ces principaux éléments seront décortiqués plus amplement dans les prochaines sections afin de définir, succinctement, la notion de coordination propre au secteur agricole.

2.2.1. La notion de risque

La première dimension de la coordination en agriculture touche divers éléments associés au risque encouru par le producteur agricole : le risque au niveau du prix, de la quantité, de la qualité de ses produits ainsi que le risque entourant le délai de livraison, incluant à la fois l’inventaire et l’entreposage des marchandises (Sporleder, 1992). «Risk is inherent in all of these decisions; the exchange mechanism chosen for sourcing can directly influence managerial control and firm risk exposure» (Idem: p.1227). Comme le mentionne cette citation, la coordination peut prendre diverses formes, aussi appelées modes de coordination ou encore, modes de gouvernance, et ainsi, pallier ces nombreux risques par le biais de différents mécanismes qui seront abordés à la section suivante (Idem).

2.2.2. La coordination verticale

Les besoins d’une coordination verticale accrue sont rattachés aux changements structurels, abordés lors de l’introduction, qui ont remodelé le secteur agricole au cours des dernières décennies (Hobbs et Young, 2000). De fait, «these structural changes in agri-food markets have increased the need for vertical coordination in value chains. More vertical coordination means that the activities and investments of individual economic actors (such as producers, processors, traders and retailers) along the value chain become more closely aligned» (Bijman et al, 2011: p.82). Selon Royer (2009), la coordination verticale est devenue, par le contexte économique actuel et le resserrement des règles du jeu en agriculture, incontournable afin d’être compétitif sur les marchés, et ce, en améliorant la

performance des transactions effectuées entre les agents tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Les travaux de Mighell et Jones (1963) sont souvent cités lorsqu’une définition de la coordination verticale, propre au secteur agricole, est recherchée. En effet, ces auteurs ont définit que la coordination verticale : «includes all the ways of harmonizing the vertical stages of production and marketing. The market-price system, vertical integration, contracting, and cooperation singly or in combination are some of the alternative means of coordination» (Idem: p.1).

2.2.3. La coordination horizontale

La coordination verticale en agriculture est un sujet qui a été largement traité par les différentes théories, notamment celles rattachées à l’économie néo-institutionnelle. Cependant, les chercheurs se sont moins attardés à la dimension horizontale de la coordination, qui demeure néanmoins un problème majeur du secteur agricole. Le meilleur exemple pour illustrer, et par le fait même, définir la coordination horizontale et ses implications dans le secteur agricole, est le cas des crises laitières européenne et américaine de 2009. De fait, les niveaux de prix sur les marchés pour le lait ont connu des sommets dans les années qui ont précédé la crise (soit en 2007 et au début 2008), ce qui a poussé les producteurs à augmenter de façon importante leur production individuelle et mené à une crise de surproduction (Doyon, 2011).

In the US, the government appointed Dairy Industry Advisory Committee noted that the crisis lasted longer than it should have since in response to low farm prices, U.S. dairy farmers were very slow to reduce their production levels (why sacrifice myself for the good of industry if the others do not?). In fact, some dairy farmers increased their production (with a negative return) in reaction to low price. This counterintuitive (short term) behavior is explained by the imperative to maintain cash flow in order to pay bank loans and remain in business long enough to pass the crisis. In this game, one hopes that other dairy farms will go out of business in order to reduce supply and bring prices back to more normal levels. This situation is not particularly efficient given that it is the lack of market coordination (adequate supply response) that results in a rationalization of the industry and not the relative competitiveness of players in the industry, like theory suggest (Doyon, 2011: p.20).

Cette citation permet de mettre en lumière le phénomène de coordination horizontale dans la mesure où, les producteurs laitiers américains, à leur échelle individuelle, augmentent leur production dans l’optique d’atteindre un chiffre d’affaires similaire même si le prix du marché dégringole. Individuellement, cette méthode est « légitime et nécessaire », mais au

niveau national, la situation est diamétralement opposée étant donné que la crise de surproduction s’envenime et que les prix chutent plus radicalement encore; c’est un exemple de la tragédie des communaux6. Afin de prévenir la perpétuation d’une telle situation, il importe de mettre en place des institutions qui permettront de pallier les graves lacunes du marché au niveau de la coordination horizontale. De fait, cette prise de conscience permettrait d’éviter que des sommes colossales soient dépensées afin de compenser les pertes financières des agriculteurs lorsque de tels débalancements entre l’offre et la demande surviennent.