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Interrelations entre les trois problèmes internes des coopératives

3.4. La coopérative traditionnelle et ses problèmes internes

3.4.4. Interrelations entre les trois problèmes internes des coopératives

Bien que chacun des problèmes énoncés précédemment ait des répercussions qui semblent différentes, il n’en demeure pas moins que plusieurs relations peuvent être établies entre ces trois grandes problématiques. Le premier lien qui ressort est celui entre la capitalisation et la préservation de l’identité coopérative. De fait, si l’objectif de la coopérative est de croître et que ses besoins en capitaux augmentent, le fait de recourir au marché des capitaux exacerbe l’hétérogénéité du membership, donc les problèmes, déjà omniprésents, rattachés

à la préservation des valeurs coopératives (Lamarque, 2012). De fait, en optant pour ce type de capitaux, il y a création d’un hybride qui contient à la fois des membres (stakeholders) et des investisseurs (shareholders); comment concilier les aspirations de ces deux groupes?

Ensuite, la croissance de la coopérative peut être antagoniste à la réponse aux besoins de ses membres. De fait, la question est : la croissance d’une coopérative passe-t-elle par l’augmentation de ses parts de marché ou encore, par la réponse aux besoins de ses membres? Cette problématique réfère à la dualité du rôle de la coopérative : l’un social et l’autre économique; la coexistence de ces deux dimensions au sein de la formule coopérative sera explicitée dans le prochain chapitre.

Finalement, l’interaction entre la préservation de l’identité coopérative et la gouvernance touche de nombreux aspects, notamment le fait que le conseil d’administration doit être élu, en assemblée, parmi les membres intéressés. Or, comme mentionné précédemment, certains CA font face à des lacunes au niveau de compétences spécifiques (comptabilité, gestion, affaires, etc.), et ce, car l’élection est effectuée dans un cadre démocratique légitime, mais imparfait puisque les administrateurs ne sont pas élus selon pour leurs aptitudes, mais bien sur une base de représentativité. Afin de pallier cette problématique, certaines coopératives permettent à des membres externes, sans droit de vote, d’intégrer leur conseil afin d’améliorer la compétence de celui-ci. Le tableau 5 rassemble les différents problèmes de la coopérative traditionnelle selon nos trois grands axes d’analyse, soit la capitalisation, la gouvernance ainsi que la préservation de l’identité coopérative.

Tableau 5. Tableau récapitulatif des principales problématiques rattachées au mouvement coopératif.

Lacunes

internes Problèmes Principales caractéristiques

Gouvernance

Problème de contrôle

Problématique associée au pouvoir ascendant du membership et aux lacunes possibles au niveau des compétences spécifiques du conseil d’administration.

Problème du coût d’influence

Problème qui se traduit par un questionnement quant au poids relatif de l’opinion des membres sur l’orientation de la coopérative ainsi que de l’impact de l’influence (volontés personnelles) des membres sur les dirigeants du conseil d’administration.

Capitalisation

Problème de l’horizon

Lacune principalement attribuable à la non- transférabilité des parts coopératives qui limite l’horizon de temps pour les investissements effectués par la coopérative (coût d’opportunité associé à ces capitaux).

Problème du portfolio

Impossibilité de la coopérative à respecter le profil d’investisseur de chacun de ses membres, notamment leur aversion au risque, ce qui force la coopérative à opter pour un portefeuille conservateur sous-optimal en termes de rémunération, mais peu risqué.

Problème de resquillage

La coopérative, par son adhésion volontaire et ouverte à tous, fait totalement abstraction de l’ancienneté des membres, ce qui décourage l’investissement monétaire à la fois des anciens et des nouveaux membres, car il n’y a aucun incitatif à le faire.

Identité coopérative

Préservation des valeurs

Malgré l’éclatement du modèle traditionnel, les coopératives doivent respecter leurs valeurs afin de laisser transparaître leur idéologie coopérative à travers chacune de leurs décisions d’affaires.

Risque de démutualisation

L’un des principaux dangers qui guettent les coopératives qui perdent leur identité, en s’éloignant des principes originels du mouvement, est la démutualisation, soit un passage de la formule coopérative à une entreprise à capital-actions.

Chapitre 4

TYPOLOGIE DES COOPÉRATIVES

L’évolution de la situation économique, au sein du secteur agroalimentaire, a eu beaucoup de répercussions sur le modèle coopératif traditionnel. En effet, pour s’assurer que la formule coopérative puisse surmonter les difficultés rattachées à la mondialisation des marchés ainsi qu’à la concentration des acteurs tout au long de la chaîne de production, la coopérative traditionnelle a laissé place à une multitude de formes évolutives. De ce fait, par le passé superflue, une classification ou une typologie des modèles coopératifs est désormais indispensable étant donné la profonde mutation de la coopérative traditionnelle et l’éclatement des modèles afin de pallier les problèmes internes évoqués au chapitre précédent. Néanmoins, il faut mentionner que le cadre théorique présenté à la section 3.2. demeure le même pour tous les nouveaux modèles de coopératives, c’est-à-dire que la maximisation du bien-être des membres est toujours le dénominateur commun du mouvement coopératif.

Au sein de la littérature économique, il existe une multitude de typologies (taxinomies) des principaux modèles coopératifs. «The primary function of a typology is to identify, simplify and order the empirical data about particular phenomena so that they may be described in terms that make them comparable» (Krivoskapic-Skoko, 2002: p.19). De ce fait, le présent chapitre aura pour objectif de retracer les principales typologies coopératives existantes dans l’optique de choisir laquelle (lesquelles) est (sont) pertinente (s) dans le cadre de ce mémoire.

4.1. Mutation de la coopérative traditionnelle : typologie nécessaire