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Le Registre de présence

Dans le document Florent Palluault (Page 74-78)

La bonne santé financière de la Société n’est pas à mettre uniquement au compte de la subvention. Un premier registre de présence avait été ouvert au 7 juin 1827, à une époque où aucune cotisation n’était exigée des membres. Dans la séance du Comité du 31 mars 1854, le secrétaire FOUCHER annonça qu’une proposition demandant que les membres de la Société fussent tenus de signer un registre de présence avait été déposée sur le Bureau. Dans cette lettre, LORAIN, DUFOUR et BLOT rappelaient qu’un article du règlement exigeait que tout membre signât un registre de présence et réclamaient l’application de ces dispositions. Ils demandaient en outre qu’une amende fût infligée à ceux qui ne feraient pas acte de présence. La Société fut prévenue qu’une proposition de modification du règlement aurait lieu dans la séance suivante.

Le 7 avril 1854, dans la séance du Comité précédant celle de la Société, le trésorier BLAIN DES CORMIERS, s’opposa au principe de l’établissement des amendes. Il souligna la difficulté de les percevoir et exprima la crainte de voir quelques membres, qui ne paraissaient pas aux séances de la Société mais payaient régulièrement leurs cotisations, donner leur démission. BROCA répliqua que la vie d’une société savante dépendait au moins autant de l’activité intellectuelle de ses membres que de leur ponctualité dans le paiement des redevances. Le Comité décida donc de soutenir la proposition devant la Société en suggérant d’atténuer ses effets, en instituant par exemple une amende pour quatre absences consécutives.

Devant la Société réunie, BAUCHET fit le point sur le règlement :

Il y a, dans le règlement, deux articles formels. L’un oblige les membres présents à signer un registre, l’autre inflige une amende de un franc pour chaque absence. Ces articles sont sévères, trop sévères, c’est pourquoi on les a laissé tomber, sans les appliquer dans toute leur rigueur. C’est donc pour faire revivre ces articles, tout en les adoucissant qu’une proposition a été déposée sur le bureau. Ainsi, un registre de présence serait ouvert à chaque séance, et une amende de un franc serait imposée à tout membre qui sans cause valable, aurait manqué à quatre séances à la suite.

La Société anatomique de Paris, dans sa séance du 3 mai 1850, m'a chargé de vous exprimer toute sa gratitude pour la protection que vous avez bien voulu accorder et pour l'usage que vous avez fait en sa faveur de votre haute influence auprès de M. le ministre de l'Instruction publique. Nous avons obtenu une gratification de 500 F, qui nous permettra de continuer nos travaux et nos publications. Il nous est doux de penser que nous le devons à votre généreux appui. C'est à vous, M. le ministre, qui avez tant fait pour les progrès de la science, c'est à vous qu'il appartient d'encourager les recherches scientifiques.

Veuillez agréer, Monsieur et très honoré Professeur, l'expression de notre vive reconnaissance. 151

Archives de la Société anatomique de Paris, Carton n°1, Registre n°19, 27 janvier 1861. 152

Archives de la Société anatomique de Paris, Carton n°1, Registre n°19, 28 mars 1851. 153

Archives de la Société anatomique de Paris, Carton n°1, Registre n°19, 4 avril 1851. 154

M. DEPAUL : Si l’on a fait une semblable proposition, si je la trouve appuyée par les membres du Bureau, il y a probablement des raisons que nous voudrions connaître. Est-ce que les membres de la Société viennent peu aux séances ?

BAUCHET, ignorant le sarcasme, lui répondit que, dans la séance précédente, seuls le Bureau et deux autres membres de la Société étaient présents.155

M. BROCA : Comme vient de le dire M. le secrétaire, il y a dans le règlement deux articles formels mais que l’on n’applique pas parce qu’ils sont trop sévères. Il est cependant indispensable que les membres de la Société assistent plus régulièrement aux séances. Cette négligence amène quelquefois dans les élections, par exemple, de regrettables abus. C’est ainsi qu’on a pu voir échouer à une élection un candidat qui se recommandait cependant et par de belles et nombreuses présentations, et par le goût et l’intelligence dont il a fait preuve dans ses communications.156 J’appuie la proposition qui est faite et j’engage M. le Président à la formuler.

M. FOUCHER : la voici :

1° Un registre de présence, déposé à l’avance, devra être signé à chaque séance par tous les membres présents.

2° Sera passible d’une amende de un franc tout membre qui sans cause valable, aurait manqué à quatre séances de suite.

VERNEUIL soutint qu’il était indispensable, tout d’abord, de nommer une commission des congés. « On recevrait à cette commission toutes les demandes qui seraient faites et elle les apprécierait ». Une commission semblable existait à la Société de chirurgie et elle fonctionnait, semble-t-il, correctement. Cette proposition fut adoptée et LORAIN, DUFOUR et BLAIN DES CORMIERS en furent nommés membres. La proposition fut ensuite mise aux voix et adoptée à l’unanimité. BLAIN DES CORMIERS demanda que l’on ajoutât un article pour forcer à payer l’amende s’il arrivait qu’un membre se refusât à ce paiement. DENUCE suggéra que le trésorier comptât les amendes sur les cotisations mensuelles. Ainsi, tout membre qui refuserait de payer l’amende, tomberait sous le coup d’un article du règlement qui prévoit le cas où un membre ne paierait pas ses cotisations. Comme l’avait fait le Comité, la Société tomba d’accord pour ne pas pénaliser les membres qui n’assisteraient pas aux séances mais paieraient les amendes qu’on leur infligerait. Le président conclut la discussion par ces mots :

M. CRUVEILHIER : l’amende pécuniaire, Messieurs, est peu de choses; j’espère que nous aurons rarement l’occasion de l’infliger. C’est plutôt une amende morale que nous avons votée. La Société marche; elle a un grand avenir; faisons-la prospérer.

Un an plus tard, le 16 mars 1855, BLAIN DES CORMIERS souligna les difficultés qu’avait suscité la mesure des amendes. DENUCE proposa pour simplifier son travail de trésorier d’avoir « une feuille mensuelle qui permettrait de voir d’un seul coup d’œil quels sont les membres qui ont mérité l’amende ». On décida que cette feuille n’aurait qu’une seule colonne pour chaque nom et qu’une seule signature suffirait pour constater la présence de chacun des membres à l’une des séances pendant tout le mois.157 Cette mesure fit beaucoup de bien à la Société dont les finances s’améliorèrent grandement. Nous avons retrouvé ces feuilles de présence dans les archives pour la période 1855–1874.

155

BAUCHET entendait sans doute par « Bureau » le Comité dans son ensemble. 156

Ceci est peut-être une allusion à GENOUVILLE, refusé trois fois à l’élection. 157

L

ES ARCHIVES ET LA BIBLIOTHÈQUE L’intérêt pour les archives

La Société s’est peu préoccupée de ses archives avant 1834. Jusqu’à cette date, son fonctionnement était relativement simple, et la composante administrative de la Société, la plus propre à sécréter des archives de différente nature, se limitait au secrétaire et au trésorier. En 1835 la Société anatomique ouvrait une nouvelle page de son histoire, et à la fois pour des raisons historiques —entre autres, la rédaction de la préface aux Bulletins de 1835— et pour des raisons matérielles, son intérêt pour les archives fut renouvelé. En 1834 et 1835 des modifications dans le mode de production des archives et dans la quantité produite avaient sensibilisé les membres du Bureau à ces documents : le partage des responsabilités du secrétaire et du trésorier avec le Comité nécessitait une nouvelle répartition des outils nécessaires à l’administration (registres, correspondance, listes de membres); l’introduction d’une cotisation mensuelle obligeait le trésorier à conserver un état précis des recettes; enfin, la décision de publier les Bulletins de manière autonome contribuait à augmenter sensiblement les tâches administratives du Comité (relations avec le libraire, gestion des abonnements, etc.) et à compliquer les comptes du trésorier.

Il est significatif que le dédoublement des fonctions de trésorier-archiviste intervint précisément en 1834. L’année suivante, le déménagement dans le nouveau local, au-dessus du Musée Dupuytren, raviva encore l’intérêt pour les archives : il fallait leur trouver une place, et avant cela, définir quel espace serait nécessaire. L’archiviste DENONVILLIERS s’aperçut alors des nombreuses lacunes dont elles souffraient. Le 17 septembre 1835, le Comité lui avait demandé un rapport sur l’état des archives. La semaine suivante, il répondit « qu’il ne [pouvait] faire de rapport à cause de la négligence de son prédécesseur à lui communiquer les archives antérieures à sa gestion ». Le Comité l’engagea à faire une demande par écrit, mais huit jours plus tard, il avouait qu’il n’avait pu encore se procurer les archives en entier.158 Nous ne savons pas ce qu’il avait obtenu et ce qui manquait toujours mais il est certain que de nombreuses archives, qui auraient dues être conservées par la Société depuis 1826, avaient disparu.

Les pièces incluses parmi les archives

Aux termes du règlement, l’archiviste était chargé de « veiller aux archives, de dater et parapher toutes les pièces dont la conservation a[vait] été ordonnée par la Société; de les mettre en ordre; de tenir un registre sur lequel elles ser[aie]nt inscrites ».159 Les archives de la Société se composaient de tous les travaux écrits communiqués à la Société, aussi bien imprimés que manuscrits, des procès-verbaux des séances hebdomadaires, et des divers papiers relatifs à l’administration de la Société (procès-verbaux du Comité, registres du secrétaire, etc.). La bibliothèque (ouvrages offerts et collections des Bulletins) était aussi incluse parmi les archives.

L’archiviste aurait donc dû détenir un nombre considérable d’observations de toutes époques et la collection complète des procès-verbaux des séances de la Société. Malheureusement, la négligence des différents secrétaires et membres du Bureau depuis la renaissance de la Société avait entraîné la disparition de nombreuses archives. Ces pertes s’expliquent en partie par l’absence d’un local propre à la Société avant 1835. Chaque membre du Bureau conservait chez lui les papiers concernant son administration. Lorsqu’il quittait ses fonctions, il était censé remettre l’ensemble des éléments en sa possession à son successeur, mais ce ne fut malheureusement pas toujours le cas. Certaines archives avaient sans doute été conservées dans le cabinet particulier de CRUVEILHIER depuis 1826 et devaient former le noyau de ce qui fut transféré dans le nouveau local en 1835.

La tenue des procès-verbaux

La tenue correcte des procès-verbaux des séances de la Société représentait un élément essentiel de la bonne conservation future des archives. Tous les règlements de la nouvelle Société anatomique

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Archives de la Société anatomique de Paris, Carton n°1, Registre n°8, 1 octobre 1835. 159

reprirent la disposition crée par l’article 3 du règlement du 12 frimaire an XII : « Un secrétaire tiendra notte exacte des faits dont la Société jugera convenable qu’il soit fait mention dans le procès-verbal de ses séances ».

Jusqu’à la publication des Bulletins, les procès-verbaux furent le résultat le plus tangible des travaux scientifiques de la Société. Ensuite, ils perdirent en partie leur importance puisque l’essentiel des discussions et des interventions était repris dans les Bulletins. Cependant, les procès-verbaux rapportaient aussi des débats et des décisions à caractère administratif qui n’apparaissaient pas dans les Bulletins. Avant l’impression du bulletin mensuel, le procès-verbal de la séance était fondamental, puisque les notes prises pendant les séances devenaient la base du travail de rédaction du bulletin. Le secrétaire, comme président du Comité, dominait l’appareil administratif de la Société. Or s’il fut contraint de déléguer une partie de son travail au Comité ou au moins au vice-secrétaire, ce fut toujours à lui que revint la rédaction des procès-verbaux des séances de la Société, preuve de leur importance.

Les deux premiers registres de l’ancienne Société anatomique furent tenus avec le plus grand soin. Lorsqu’ils furent retournés à la Société en 1846, ils firent l’admiration de l’archiviste POUMET, qui se fit un plaisir d’en donner un compte-rendu en séance. De ces deux registres, il ne nous reste que le premier. Le second a disparu à une date inconnue entre 1857et 1976.160 Les procès-verbaux rédigés par Claude Joseph PITET, secrétaire de décembre 1803 à novembre 1807, sont un modèle du genre. Il était parvenu à synthétiser les discussions de manière très efficace et son mode de présentation était très bien étudié. Il laissait une marge importante pour indiquer par une mention ce que contenait chaque paragraphe. On ne connaît pas le travail de BRESCHET et de LULLIER qui tinrent les procès-verbaux en 1807 au titre de secrétaires-adjoints. CALEMARD LA FAYETTE, qui succéda à PITET en 1807, n’utilisait déjà plus le système des marges. Ses procès-verbaux étaient beaucoup moins développés, ne relevant souvent que l’idée générale de la discussion abordée ou de la pièce présentée. Ils dénotent la perte de motivation des membres de la Société anatomique à cette époque.

Un nouveau registre de procès-verbaux fut ouvert le 26 février 1826. Il fut en général tenu avec beaucoup de soin. Le secrétaire disposait du modèle de l’ancienne Société. Il prenait la peine de mettre au propre le procès-verbal qu’il avait lu en séance. La tenue d’un registre obligeait en effet le secrétaire à recopier deux fois ses notes : une fois sur le registre et une autre fois sur des feuilles pour l’imprimeur. Ce travail était long et fastidieux, aussi Auguste BERARD proposa-t-il, le 15 juillet 1830, de payer un copiste pour insérer les procès-verbaux sur le registre. Sa proposition fut adoptée mais elle ne fut sans doute appliquée que pendant très peu de temps.

En 1833, le secrétaire cessa de reporter les procès-verbaux sur le registre. Il s’épargnait ainsi beaucoup de temps, et se contentait de soumettre les feuilles volantes à l’imprimeur qui les lui restituait une fois le bulletin composé. Cependant, ce système conduisit à la perte des procès-verbaux de 1834 à 1836. La minute, jamais retranscrite dans un registre, ne fut pas remise par le secrétaire sortant à son successeur ou à l’archiviste. Afin de remédier à cette situation, et de mieux conserver les procès-verbaux à l’avenir, le Comité décida le 3 mai 1837 qu’ils seraient « inscrits sur un registre spécial ». Pendant six ans ce système fonctionna correctement, mais à partir de 1844, les procès-verbaux ne furent à nouveau plus retranscrits.

La minute était directement utilisée pour l’impression des Bulletins : on indiquait à l’imprimeur les extraits à conserver—parfois légèrement remaniés—en biffant les parties inintéressantes. Il suffisait alors d’ajouter en tête un sommaire et de joindre les observations et les rapports des commissions pour que le bulletin mensuel fût complet. Par la suite, les procès-verbaux devenant simplement un premier état des Bulletins, on négligea de les tenir d’une façon correcte. Certains secrétaires, comme AXENFELD, utilisaient des feuilles volantes de différentes tailles, rédigeaient de façon très succincte les parties qu’ils savaient être inutiles pour la publication. Leur écriture est parfois presque illisible. Pour certaines années, les procès-verbaux sont très difficilement compréhensibles et leur lecture très laborieuse.

160

En 1857, Jules BOUTEILLER remit à la Société tous les registres qu’il avait utilisés pour la Table des trente premières années de la Société. La lecture de l’article de MM ORCEL et VETTER, paru dans un numéro des Archives d'Anatomie et de Cytologie pathologiques de 1976 pour le cent-cinquantenaire de la recréation de la Société et intitulé « DUPUYTREN, CRUVEILHIER et la Société anatomique », confirme qu'ils n'ont pu avoir à leur disposition le deuxième registre.

Certains secrétaires accomplirent tout de même un travail de qualité. Tout dépendait bien entendu du secrétaire en fonction, de la manière dont il envisageait sa charge et du zèle qu’il mettait à la remplir. Les procès-verbaux tenus par DEVILLE en 1846, par exemple, sont très complets, ceux de LEUDET en 1851 très clairs. Les procès-verbaux de MAILLIOT en 1849, sont parmi les mieux tenus. Les bulletins furent composés à partir des procès-verbaux mais les marques destinées à aider l’imprimeur avaient été faites au crayon et furent presque toutes effacées par la suite, ce qui laissa les procès-verbaux presque intacts. L’année suivante, BROCA adopta un système entièrement différent qui montre clairement que le procès-verbal ne représentait pas une valeur en lui-même mais n’était qu’une sorte de minute des Bulletins : il utilisait uniquement la partie droite de la feuille afin de pouvoir faire des corrections ou des ajouts dans la partie gauche.

Dans le document Florent Palluault (Page 74-78)