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Interruption des séances

Dans le document Florent Palluault (Page 60-64)

A quelques reprises, la Société dût interrompre le cours régulier de ses séances. La première fois, le 13 novembre 1828, alors qu’elle venait tout juste de reprendre ses séances arrêtées pendant les vacances, une grave indisposition de CRUVEILHIER força la Société à suspendre ses travaux jusqu’au 15 janvier 1829. La Société eut quelque mal à reprendre le cours normal de ses travaux après cet arrêt. Seul un petit nombre de membres fut présent à la séance du 15 janvier. Les procès-verbaux des séances des 5, 12 et 19 février 1829 manquent; à leur place se trouve une note assez laconique du secrétaire, MONOD : « Ces séances ont été fort peu intéressantes, et fort peu de membres y ont assisté. Le secrétaire étoit malade. » CRUVEILHIER tomba de nouveau malade en décembre 1830 et il dut laisser la présidence à Pierre BERARD, vice-président, mais les séances, cette fois-ci, ne furent pas arrêtées.

L’année suivante, les séances n’eurent pas lieu entre le 22 juillet et le 26 août, à cause de la Révolution de Juillet. Lors de la Révolution de 1848, seule la séance du 25 février, lendemain de l’abdication de LOUIS-PHILIPPE, fut annulée.

Pendant l’été 1831 le choléra se déclara à Paris. Devant la violence de l’épidémie, qui devait emporter entre autres le Premier Ministre de LOUIS-PHILIPPE, Casimir PERIER, les membres de la Société furent tous réquisitionnés dans les hôpitaux. La Société interrompit ses travaux pendant les six mois (avril à septembre) que dura l’épidémie. Dans une note à la fin du Registre n° 18, POUMET précise que le compte-rendu rédigé par SESTIER, élu secrétaire le 9 juin 1831, fut repoussé jusqu’à la fin de novembre 1832. Ce compte-rendu concernait les pièces présentées en 1831 et non 1832. Ceci explique pourquoi il ne fait pas mention des altérations cadavériques trouvées sur les cholériques, et pourquoi les éloges funèbres n’ont rien d’incompréhensible pour la date de leur lecture. Cette interruption des travaux explique d’autre part le peu de matériaux de l’année 1832.125 En juin 1849 la Société suspendit de nouveau ses travaux à cause du choléra.126 A la séance du 8 juin 1849 tous les membres de la Société étant absents à l’exception du vice-président, de l’archiviste, du secrétaire, et d’un membre du Comité, DEVILLE, il fut décidé que la Société ne reprendrait ses séances que le premier vendredi du mois de juillet.127

Absences

Aux termes du règlement, les membres qui ne pouvaient se rendre à une séance devaient le signaler et fournir une excuse. Le 8 juillet 1830, BRAIVE, interne à Beaujon, signalait ainsi à la Société que son service le retenait à l’hôpital un jeudi sur deux et qu’il ne pouvait prendre part aux séances que tous les quinze jours. LENOIR, également interne à Beaujon, prévint de vive voix la Société qu’il se trouvait dans le même cas que BRAIVE.128

Les absences de membres étaient cependant assez fréquentes et nombreuses et il arrivait que la Société ne se trouvât pas en nombre suffisant pour délibérer, comme dans la séance du 31 mai 1827, qui aurait dû voir la nomination de MALGAIGNE, ou dans celle du 16 décembre 1830. Ces défections étaient liées au problème plus grave du retard des membres dans le paiement de leurs cotisations. A plusieurs reprises, on prit des mesures pour que les membres assistassent plus régulièrement aux séances. En 1827, comme on l’a vu précédemment, on mit en place un registre de signatures, système qui avait déjà cours dans l’ancienne Société anatomique. Ce registre continua à être utilisé jusqu’en 1839 mais il ne fonctionnait pas correctement, beaucoup de membres négligeant de le signer. Ce n’est qu’à partir de 1854 et après l’instauration des feuilles mensuelles de présence que le contrôle des

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Archives de la Société anatomique de Paris, Carton n°1, Registre n° 18. Ces renseignements lui avaient été donnés de vive voix par SESTIER le 16 août 1849.

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Archives de la Société anatomique de Paris, Carton n°1, Registre n°17, 26 mai 1849. Note manifestement ajoutée par la suite.

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Le secrétaire écrivit la lettre suivante aux membres de la Société :

Mon cher collègue, j’ai l’honneur de vous prévenir que, vu la persistance de l’épidémie régnante, la Société anatomique ne se réunira que le 1er vendredi du mois prochain (6 juillet).

J’ai l’honneur de vous saluer.

L. Mailliot, secrétaire. Paris le 12 juin 1849. 128

absences fut vraiment efficace. Il n’était pas tout à fait complet, car il suffisait qu’un membre vienne à l’une des quatre séances mensuelles et paie sa cotisation pour être inscrit sur la feuille. Mais déjà à cette époque, les séances étaient généralement mieux suivies que pendant les décennies 1820 et 1830.

La séance solennelle

Le 4 janvier 1827, la Société décida que le jour où elle célébrerait l’anniversaire de sa recréation, elle se réunirait dans un banquet. Cette séance générale fut fixée au 18 janvier 1827. LENOIR donna le compte-rendu des travaux de la Société et les membres allèrent ensuite dîner dans un restaurant.

En 1828 la séance annuelle eut lieu dans le local de la Société Philomatique « afin de rendre cette séance plus solennelle ». Les anciens membres fondateurs de la Société furent invités à y assister et on y admit des élèves à qui des cartes d’entrée avaient été remises. Cette séance étant destinée à être publique, on élut une commission chargée d’examiner préalablement les travaux qui seraient lus.129 Cette tradition fut toujours respectée. En 1848 encore, CRUVEILHIER invitait les membres qui auraient l’intention de lire quelques travaux dans la séance annuelle du 14 février à en faire part au Comité avant cette date.130

Tous les membres étaient prévenus par lettre de la date de la séance solennelle pour que ceux qui s’étaient abstenus de venir depuis quelque temps pussent tout de même participer à ce retour sur l’année écoulée et entendre leur nom cité dans le Compte-rendu.

La séance solennelle eut lieu sans encombre pendant les premières années mais en 1831 on dut la repousser à cause de l’épidémie de choléra qui avait interrompu les travaux de la Société. La séance avait été prévue pour le jeudi 26 mai 1831 et une commission pour le dîner avait même été nommée.131 Finalement, elle n’eut lieu qu’à la fin de novembre 1832.

Plus souvent il fallut repousser la date de la séance annuelle parce que le compte-rendu des travaux n’était pas encore prêt. DEVILLE, secrétaire pour 1846, tomba malade à la fin de janvier 1847. Le Comité fut obligé de repousser la séance annuelle à la fin de février puis au mois de mars.132 Ces retards étaient ennuyeux car il fallait l’autorisation de la Faculté d’utiliser le grand amphithéâtre avant d’arrêter la décision sur un jour. En 1858 la séance solennelle, prévue initialement pour le mois de février, fut repoussée jusqu’au mois de juillet parce que le secrétaire GALLARD n’avait toujours pas achevé le compte-rendu des travaux. Interpellé par HOUËL dans la séance du 18 mars 1859, GALLARD exprima le regret de ne pouvoir encore indiquer l’époque où il pourrait lire son compte-rendu. Il expliqua qu’il était engagé dans un concours très important et réclamait de la bienveillance de la Société « les mêmes délais qui avaient déjà été accordés dans des années antérieures à plusieurs secrétaires placés dans des conditions semblables ». Plusieurs membres mirent en relief les conséquences fâcheuses de ce retard et les avantages que présenterait la désignation d’une époque fixe pour la lecture du compte-rendu, « particulièrement pour le renouvellement des membres du Bureau qui ne seraient plus prolongés dans leurs fonctions au-delà de la limite réglementaire d’un an ». Une mention dans ce sens fut déposée par BUCQUOY et renvoyée au Comité. Dans la séance suivante, MILLARD au nom du Comité, soumit la proposition suivante : « Le Comité de rédaction, en décidant qu’à l’avenir M. le secrétaire fera son compte-rendu à l’époque fixée par le règlement, propose, après avoir entendu les explications de M. le secrétaire actuel, que la séance ait lieu cette année vers la fin de juin. » Cette proposition fut adoptée à l’unanimité.

En 1863, il n’y eut pas de séance solennelle. Edmond SIMON, secrétaire en 1862, fut retardé dans l’achèvement de son compte-rendu par divers empêchements (au commencement de l’année une pneumonie, au milieu de l’année le concours du Bureau central; à la fin de l’année, son mariage). Cette séance eut finalement lieu le 4 mars 1864. Pour la première fois depuis 1829, la séance publique n’eut pas lieu, comme par le passé, dans la Salle des Thèses de la Faculté de Médecine, mais dans le local des séances hebdomadaires. Après la séance il n’y eut pas de banquet annuel. Celui-ci fut réuni à

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Archives de la Société anatomique de Paris, Carton n°1, Registre n°18, 10 janvier 1828. Le local de la Société philomatique est indiqué par POUMET comme la Salle du Conseil de la Faculté de Médecine elle-même. La séance solennelle eut lieu le 7 février 1828.

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Archives de la Société anatomique de Paris, Carton n°2, Procès-verbaux pour 1848, 14 février 1849. 131

Archives de la Société anatomique de Paris, Carton n°1, Registre n°18, 28 avril 1831. 132

celui qui devait avoir lieu peu de temps après, à la suite du compte-rendu de DESCROIZILLES, secrétaire pour 1863.

Le dîner était une occasion pour les membres de la Société de se retrouver tous ensemble dans une atmosphère moins formelle et moins rigide que celle des séances. En 1840, il eut lieu chez Prévost au Palais-Royal. Pendant longtemps il fut organisé chez Véfour, toujours au Palais Royal, comme en 1842 et 1850. Plus tard on choisit les Trois Frères Provençaux. Tous les membres étaient invités au dîner. La cotisation individuelle était fixée ordinairement à dix francs et la Société se chargeait de payer la somme restante.

L’

ORGANISATION ADMINISTRATIVE DE LA

S

OCIÉTÉ Le Bureau de la Société

Ainsi qu’on l’a vu précédemment, la séance hebdomadaire représentait le point essentiel de la vie de la Société. Cependant, comme toute société savante, la Société anatomique était aussi une institution, dirigée et administrée. Dans le règlement de 1826, la Société anatomique possédait une structure relativement simple : elle était dirigée par un Bureau comprenant cinq membres (un Président, un vice-président, un secrétaire, un vice-secrétaire et un trésorier). Le poste d’archiviste ne fut créé à part entière qu’à partir de 1835.

CRUVEILHIER, professeur à la Faculté et président perpétuel, ne prit jamais part au travail administratif de la Société, sauf en de rares occasions comme la réforme du règlement en 1838 ou lorsque des relations avec une institution extérieure nécessitaient une lettre de sa main et ne pouvaient être confiées à un simple étudiant en médecine. C’est ainsi que CRUVEILHIER écrivit lui-même au Ministre de l’Instruction publique lors des enquêtes sur les sociétés savantes.

Jusqu’en 1834, les questions administratives furent discutées lors des réunions du Bureau (auxquelles CRUVEILHIER ne prenait pas part). A partir de cette date, le Comité de rédaction et d’administration, plus large que le Bureau, prit la relève.

Les élections aux places de membre du Bureau avaient lieu dans la séance suivant la séance solennelle et la lecture du Compte-rendu par le secrétaire. Comme pour la séance solennelle, des lettres étaient envoyées aux membres pour les prévenir que leur présence était spécialement requise pour l’élection. Ces deux séances étaient en général les plus fréquentées de l’année. Cependant il arrivait que certaines élections se déroulent avec peu de votants. En 1846 l’élection du Bureau eut lieu après une discussion pour savoir si le petit nombre de membres (24) était suffisant pour faire la nomination.133

Le vote s’effectuait en général à une très forte majorité. Des candidatures officieuses circulaient et un consensus se formait autour d’une personne. L’un des membres se trouvait donc comme désigné pour occuper le poste. Ceci était d’autant plus vrai lorsque le Comité, c’est-à-dire principalement les membres du Bureau sortant, proposait des noms pour l’élection à venir, ou se contentait de « soutenir » une candidature. Le 18 mars 1853 le Comité proposait ainsi DENUCE à la place de vice-président, FOUCHER à celle de secrétaire et BAUCHET à celle de vice-secrétaire pour les élections du 25 mars. Il proposait en outre LEUDET, BROCA, Alexis MOREAU, LEGENDRE et GAILLIET comme membres du Comité. A l’inverse, dans la séance du Comité du 16 mars 1855, FOUCHER se plaignit de ce que BOULLARD, vice-secrétaire, n’ait pas rédigé le procès-verbal de la dernière séance du Comité, qui avait précédé l’élection des membres du Bureau et dans laquelle il avait été décidé que le Comité ne présenterait pas de candidature officielle.

Le véritable choix d’un secrétaire ou d’un vice-secrétaire avait sans doute lieu avant la séance dans les couloirs de la Faculté, ou dans les salles de garde des hôpitaux. Pour montrer l’unanimité qui régnait en général lors des votes pour le Bureau, il suffit de se reporter à la séance du 9 février 1842. GOSSELIN y fut élu vice-président avec 33 voix sur 34, c’est-à-dire sans doute tous les membres moins sa propre voix, et TARDIEU secrétaire avec 28 voix sur 31. Les élections à ces deux postes ne posaient en général pas de problème puisque traditionnellement la Société élisait pour secrétaire le vice-secrétaire de l’année précédente, et pour vice-président le vice-secrétaire de l’année précédente. Cependant, l’élection de LIVOIS au poste de vice-secrétaire ne posa pas plus de cas de conscience aux membres de la Société puisqu’elle fut emportée avec 29 voix sur 32.

Chaque membre du Bureau était élu pour un an, et la Société prit l’habitude de ne jamais réélire un membre du Bureau à un poste qu’il avait déjà occupé. On abandonna rapidement cette tradition pour les postes de trésorier et d’archiviste. Mais pour ceux de président, secrétaire et vice-secrétaire, cette règle non écrite, tout en souffrant quelques exceptions, influença la plupart des élections.134

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La limite de 25 membres apparaissait dans le règlement à propos de l’élection des membres adjoints mais il n’en existait aucune pour l’élection des membres du Bureau.

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Dans le document Florent Palluault (Page 60-64)