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Le mode d’intervention Attraction-rétention : Île-du-Prince-Édouard,

2. Quatre modes d’intervention provinciaux en immigration et en intégration

2.10. Le mode d’intervention Attraction-rétention : Île-du-Prince-Édouard,

38 Qui incluent le financement de la présence d’intervenants en intégration dans les écoles. 39 La province les définit comme des programmes d’intégration économique.

Labrador

Le quatrième mode d’intervention provincial représente les politiques et les stratégies développées par les provinces de la région atlantique du Canada. C’est le mode d’intervention au sein duquel se retrouve le plus de cohérence entre les quatre provinces. En effet, ces provinces s’alignent fortement par rapport à la taille des flux migratoires reçus ainsi qu’à leurs compositions, par rapport aux problématiques liées à l’immigration dont elles font l’expérience et quant au caractère récent de leur implication. Parce que ces quatre provinces reçoivent comparativement peu de nouveaux arrivants, une grande partie de leurs activités sont du ressort de l’attraction des immigrants potentiels et de leur rétention dans la province.

Les actions de ces provinces sont toutes liées à une logique dominante qui présente l’immigration comme un levier pour le développement économique et la survivance démographiques de la province. Dans ce cadre, économie et démographie sont présentées comme étant les moyens interdépendants d’assurer la pérennité des sociétés provinciales. Afin d’atteindre cet objectif, ce mode d’intervention identifie l’État et la société comme étant les acteurs centraux en matière d’immigration et d’intégration. Les politiques et programmes de ces provinces se distinguent par des efforts à large spectre en matière de recrutement et de sélection ainsi que par des politiques d’intégration qui visent avant tout la rétention des nouveaux arrivants. On note également une très faible relation entre les composantes dans ces quatre provinces, alors que le gros de l’effort s’est d’abord effectué en matière de recrutement et de sélection.

L’Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse ainsi que Terre-Neuve-et-Labrador reçoivent, comparativement aux autres provinces, une portion infime de l’immigration annuelle totale du pays. De plus, les provinces atlantiques font face aux plus hauts taux d’émigration interprovinciale des individus nés au Canada et des nouveaux venus. En même temps, ces quatre provinces doivent faire face à un taux de croissance démographique comparativement plus lent que celui du reste du Canada (Akbari 2005; Baldacchino, Chilton, Chung et Mathiang 2009; Bruce 2007). En conséquence, ces provinces font ouvertement mention du fait qu’un

objectif central de l’intervention provinciale est le renouvellement de la population40. Bien que cet objectif demeure lié à des préoccupations quant au maintien de la croissance économique de la province, les préoccupations démographiques différencient fortement le discours et les politiques mises de l’avant par ces provinces.

Dans ces provinces, la majorité de l’intervention provinciale se fait dans les domaines du recrutement et de l’immigration. En particulier, les programmes de candidats de la province et les activités de recrutement des immigrants représentent une part disproportionnée des interventions provinciales. Fait intéressant, ces provinces sont actives individuellement, mais aussi collectivement en matière de promotion à l’étranger, entre autres par la Table de population de l’Atlantique (Canada. Agence de promotion économique du Canada atlantique 2009, chapitre 6). Selon plusieurs fonctionnaires de ces provinces, ces efforts collectifs permettent aux provinces de faire des économiques d’échelle considérables et nécessaires.

L’intervention en immigration des quatre provinces se concentre surtout autour de la mise en place de programmes de candidats de la province. Les immigrants s’installant dans la province suivant leur sélection par ces provinces représentent maintenant une part non négligeable de l’immigration totale que celles-ci reçoivent. En 2009, 34 % des immigrants reçus en Nouvelle-Écosse étaient des candidats de la province et ceux-ci représentaient 89 % de l’immigration vers l’Île-du-Prince-Édouard, 29 % de l’immigration vers Terre-Neuve-et-Labrador et 60 % de celle accueillie par le Nouveau-Brunswick. Ces proportions, plus petites que celles du Manitoba et de la Saskatchewan, demeurent quand même considérables, surtout au regard de la difficulté d’attirer des immigrants vers ces régions du Canada. Qui plus est, les provinces atlantiques doivent à l’utilisation des programmes de nomination une augmentation considérable de la portion d’immigrants qu’elles reçoivent annuellement. Bien que fluctuant, le nombre d’immigrants destinés vers les provinces atlantiques a doublé

40 Par exemple, le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard a publié le Island Prosperity Plan en 2006, au sein duquel se retrouve la citation suivante : « Our net natural increase – births minus deaths – has dwindled to almost zero. In the coming years, it will become negative, as deaths outnumber births. We must take strong, sustained action to increase immigration and to retain both our residents and our immigrants – or we will face a population decline. » (Prince Edward Island 2006, 28). La même orientation est notable dans l’objectif du gouvernement du Nouveau-Brunswick de devenir autarcique en matière de croissance de la population et de la force de travail (New Brunswick 2008).

entre 1990 et 2009. Cette augmentation s’est effectuée presque uniquement par des catégories de nomination provinciale (Canada 2010).

Dans ces quatre provinces, le programme des candidats de la province est utilisé de façon à promouvoir la croissance démographique, le développement économique et l’investissement. Comme les autres provinces, elles comptent des catégories de sélections visant les immigrants qualifiés - Skilled Worker with Employer Support au Nouveau-Brunswick, travailleurs qualifiés à l’Île-du-Prince-Édouard, en Nouvelle- Écosse, à Terre-Neuve-et-Labrador – et dépendant d’une offre d’emploi. En comparaison, il est surtout intéressant de noter que les programmes de nomination de ces quatre provinces sont aussi utilisés surtout pour favoriser un renouvellement global de la population. Ceci est démontré par les catégories de candidatures dans ces provinces, qui tendent à être plus générales, ainsi que par la présence de catégories centrées sur la famille et les liens sociaux dans la province. Par exemple, l’Île-du- Prince-Édouard compte une catégorie permettant aux citoyens de la province de sélectionner des immigrants par la catégorie Immigrant Connexion41, le Nouveau- Brunswick compte une catégorie pour les immigrants qualifiés comptant des liens familiaux dans la province, la Nouvelle-Écosse peut sélectionner des immigrants par un Community Identified Stream et Terre-Neuve-et-Labrador compte une catégorie de nomination familiale42. On note finalement que dans les quatre provinces, entre 2008 et 2010, les critères linguistiques sont utilisés de façon minimale dans la sélection des nouveaux arrivants.

L’intervention des quatre provinces en intégration est le reflet de l’étape de développement de l’intervention dans la province, tout comme de la teneur des accords intergouvernementaux entre les provinces et le gouvernent fédéral. On note, dans un premier temps, que les provinces atlantiques consolident leurs interventions en intégration autour de la prestation de programmes généraux d’accueil et d’installation et sont très actives en matière de développement des capacités. La majorité des services

41 Il importe de souligner que ces provinces, en lien avec le caractère récent de leur implication, ont expérimenté avec différentes catégories de nomination et de façons de les administrer et continuent de le faire.(p.ex. McDonough 2008).

42 On notera finalement que ces provinces reçoivent une portion minime des travailleurs étrangers, moins de 4 % du nombre total en 2009.

sont financés par des programmes généraux qui incluent ces deux domaines d’intervention. Par exemple, la majorité du financement provincial au Nouveau- Brunswick provient du Programme de financement des programmes d’établissement, du Immigrant Settlement Fund en Nouvelle-Écosse et du fond du même nom à Terre- Neuve-et-Labrador43. Ces fonds incluent quelquefois le financement de programmes d’intégration linguistique, mais la majorité des services en la matière demeurent livrés dans le cadre des programmes du gouvernement fédéral. De façon plus importante, on note que dans chacune des provinces, l’accent est mis sur le développement des capacités d’accueil, ce qui inclut souvent des objectifs de régionalisation et d’augmentation de la rétention (Nova Scotia 2009b)44. Finalement, ces provinces détiennent des politiques officielles de multiculturalisme, mais seulement quelques- unes (Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador) financent également des activités liées à l’intégration culturelle.

On note aussi que plusieurs des services liés à l’intégration économique semblent développés en collaboration étroite avec des initiatives du gouvernement fédéral45. Par exemple, le Nouveau-Brunswick compte des programmes relativement importants d’intégration économique collaboratifs qui incluent des formations linguistiques en emploi et des placements payés. De plus, Terre-Neuve-et-Labrador livre de façon collaborative des services d’intégration économique comme du mentorat professionnel et de l’aide à la recherche d’emploi par le programme de carrière AXIS46. L’accent mis sur le développement des capacités et le développement collaboratif de programme renforce l’idée que ce modèle est le plus développemental de tous les modes d’intervention au Canada.

Le mode d’intervention attraction-rétention, autour duquel se regroupent l’Île- du-Prince-Édouard, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-

43 L’Île-du-Prince-Édouard ne compte pas de fond général d’accueil et d’installation et limite ses interventions au financement de quelques cours de langue et à de la recherche et au développement des capacités.

44 Incluant, par exemple dans le cas du Nouveau-Brunswick, une attention particulière aux besoins des communautés francophones.

45 Cette collaboration semble plus substantielle que dans les deux autres modes d’intervention.

46 Avec l’Association for New Canadians de la province et avec le support de Ressources humaines et Développement des compétences Canada.

Labrador, se différencie par une intervention centrale en recrutement et par une faible intervention en établissement et intégration. Afin d’assurer la pérennité de leurs sociétés, ces gouvernements provinciaux mettent en place des interventions en sélection au large spectre. Ce mode d’intervention est encore en phase de développement, surtout en ce qui a trait à l’intégration. Néanmoins, dans les quatre provinces concernées, les interventions en la matière sont avant tout du ressort de la rétention des nouveaux arrivants.

2.11. Conclusion : quatre modes d’intervention, une similarité et un