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RESULTATS Chapitre 5 : Comment devient-on associé d'audit dans un

3. Le débat sur l’illusion biographique (Bourdieu 1986)

3.1. Les arguments de Bourdieu : juin 1986 – l’illusion biographique

L’histoire de vie postule qu’ « une vie est inséparablement l’ensemble des événements d’une

existence individuelle conçue comme une histoire et le récit de cette histoire. » (Bourdieu 1986,

p. 69)

Bourdieu dénonce les « présupposés » de cette théorie et notamment le fait que la vie constitue un tout cohérent, organisé de façon chronologique et déterminé par un projet d’origine, un point de départ et une fin qui est aussi un but. Bourdieu réfute le « postulat du sens de l’existence

racontée » en ce qu’il porte en lui un biais assumé par le narrateur, qui donne, a postériori, une

cohérence et une signification à une séquence de choix, en rendant cohérente et ordonnée la succession d’événements et d’opportunités qui constituent son chemin de vie. Le tout étant réalisé, dans le cadre des récits de vie, avec la complicité du recueillant, qui se complait dans le sens donné.

« Cette inclination à se faire l’idéologue de sa propre vie en sélectionnant, en fonction d’une intention globale, certains événements significatifs14 et en établissant entre eux des connexions propres à leur donner cohérence, comme celles qu’implique leur institution en tant que causes ou, plus souvent, en tant que fins, trouve la complicité naturelle du biographe que tout, à commencer par ses dispositions de professionnel de l’interprétation, porte à accepter cette création artificielle de sens. » (Bourdieu 1986, p.

69).

Bourdieu rejette l’idée de la construction d’une vie dotée de sens ou de signification ou d’une direction déterminée à l’avance et rationnellement. Pour lui, raconter la vie comme un récit est

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une illusion rhétorique issue de la tradition littéraire du roman. Il s’appuie sur le roman de Faulkner, le Bruit et la Fureur (1929), qui marque une rupture dans l’histoire littéraire, en présentant la vie comme une « anti-histoire », « pleine de bruit et de fureur mais vide de

signification » (Ibid, p.70). Il plaide pour la présentation de la vie comme composée d’éléments

juxtaposés et aléatoires, sans sens global, sans cohérence et dénonce la reconstruction subjective et rationalisante a postériori. Pour Soriano, le sous-bassement de la sociologie de Pierre Bourdieu est le refus de l’opposition entre individu et société, entre un individu ayant une existence propre et un individu produit de la société (Soriano 2007). Quand Bourdieu dit que la vie n’a pas de sens, c’est dans l’idée qu’on ne peut construire le sens d’une existence à partir de sa fin. La vie n’est pas un roman, comprenant un début, un milieu et une fin et une mise en intrigue qui explique le dénouement. Il dénonce les rapports de causalité mis en œuvre dans le récit de vie, la chronologie et l’homogénéité romanesque de la mise en intrigue. Pour Bourdieu la réalité sociale est complexe, et la cohérence globale d’un récit de vie ne rend pas compte de la situation de choix à laquelle est confronté l’individu. Le récit de vie ne fait que reconstruire et rationaliser a posteriori. Or, pour le sociologue français, « on ne peut la [la réalité sociale]

rapporter à un sens a postériori de son existence. » (Soriano 2007, p. 3).

Pour Bourdieu, peut être peut-on trouver dans l’habitus « le principe irréductible aux

perceptions passives, de l’unification des pratiques et des représentations. » (Ibid, p.70). Pour

échapper à cette illusion biographique, Bourdieu a recours à l’habitus, qui permet de comprendre l’individu dans ses pratiques et sa structure sociale. Il définit l’habitus comme :

« (…) un système de dispositions durables et transposables, structures structurées prédisposées à fonctionner comme structures structurantes, c'est-à-dire en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement adaptées à leur but sans supposer la visée consciente de fins et la maîtrise expresse des opérations nécessaires pour les atteindre, objectivement 'réglées' et 'régulières' sans être en rien le produit de l'obéissance à des règles, et, étant tout cela, collectivement orchestrées sans être le produit de l'action organisatrice d'un chef d'orchestre. » (Bourdieu 1980, p. 88-89)

Pour Bourdieu, le passé social de l’individu est sa seule référence et c’est ce à quoi il se réfère pour prendre ses décisions et orienter sa trajectoire. C’est également la seule référence que

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possède le chercheur pour comprendre le présent de l’individu. L’habitus est alors « l’histoire intériorisée » (Soriano 2007).

Ainsi, pour saisir l’identité qui ne se révèle que lors de manifestions d’événements successifs, cherche-t-on à la saisir dans le récit totalisant et le recueil de confidences. De même, l’unification du moi, par le nom propre désignant le même objet dans un contexte variant, assigne une identité sociale constante et durable dans toutes ses histoires de vie possibles. Ce nom propre institue une identité fixe, « arrachée au temps et à l’espace », invariable selon le contexte, les lieux ou les moments, qui donne une unité identitaire à l’individu, quels que soient les changements biologiques, sociaux ou professionnels. L’unité nominale introduit une attestation visible et durable de l’identité de son porteur, sans prendre en compte les circonstances ou le hasard, les accidents ou les opportunités.

« « Désignateur rigide », le nom propre est la forme par excellence de l’imposition arbitraire qu’opèrent les rites d’institution : la nomination et la classification introduisent des divisions tranchées, absolues, indifférentes aux particularités circonstancielles et aux accidents individuels, dans le flou et le flux des réalités biologiques et sociales. » (Bourdieu 1986, p. 70)

En fin de compte, le nom propre est vide de sens et de cohérence et l’atteste que de façon très abstraite de l’identité de l’individu socialement constitué, puisque coupé du contexte et des limites spatiales et temporelles de sa construction.

Le postulat de la constance du nominal permet d’attribuer à l’individu des actes juridiques à long terme qui affirme l’identité par-delà le temps et au-delà du changement. Le récit de vie s’appuie également sur ce postulat.

« Le récit de vie tend à se rapprocher d’autant plus du modèle officiel de soi, carte d’identité, fiche d’état civil, curriculum vitae, biographie officielle, et de la philosophie de l’identité qui le sous-tend (…). Et le récit de vie variera, tant dans sa forme que dans son contenu, selon la qualité sociale du marché sur lequel il sera offert – la situation d’enquête elle-même contribuant inévitablement à déterminer le discours recueilli. »

(Bourdieu 1986, p. 71).

Pour Bourdieu, la cohérence de nos choix de vie est une affaire individuelle et quotidienne, que nous nous efforçons de construire au gré de nos expériences et à partir de nos références culturelles et sociales. Et Bourdieu voit dans ce travail de « fabrication de la rationalité » une

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illusion subjective que nous nous servons à nous-mêmes. Et c’est cette illusion qui nous permet de voir notre vie comme un parcours, un chemin rationnel et orienté vers un but fixé. L’illusion biographique c’est la négation de notre existence conçue comme un projet, l’immuabilité de notre identité dans le temps, rapportée au nom propre.

« En réalité, l'individu se fabrique dans les clivages, les tensions sociales inhérentes à toute société et c'est à partir de la connaissance de ces tensions et de ces clivages qu'une existence doit être comprise2. Pierre Bourdieu aurait sans doute pu prendre à son compte

la métaphore utilisée par Norbert Élias: l'individu est une sorte de concentré actif des contradictions propres à une société. » (Soriano 2007, p. 4)

Bourdieu dénonce le besoin de chronologie de la « vie racontée » et le biais introduit par la situation d’enquête et par la position du chercheur. Il reproche la mauvaise construction du récit longitudinal, qui privilégie la succession d’événements qui constituent la vie sans les lier à la structure des relations sociales, mais en les reliant uniquement à un nom propre sans identité stable ou durable. Pour lui, c’est comme tenter d’expliquer un trajet en métro sans prendre en compte la structure du réseau.

« Elle [l’histoire de vie] conduit à construire la notion de trajectoire comme série de

positions15 successivement occupées par un même agent (ou un même groupe) dans un

espace lui-même en devenir et soumis à d’incessantes transformations. (…) Les événements biographiques se définissent comme autant de placements et de déplacements dans l’espace social, c’est-à-dire plus précisément, dans les différents états successifs de la structure de la distribution des différents espèces de capital qui sont en jeu dans le champ considéré. Le sens des mouvements conduisant d’une position à une autre (…) se définit, de toute évidence, dans la relation objective entre le sens et la valeur au moment considéré de ces positions au sein d’un espace orienté.» (Bourdieu 1986, p. 71).

Bourdieu ne nie pas les choix mais il dénonce l’illusion biographique du libre arbitre et du choix socialement neutre. Eric Soriano donne l’exemple des choix de filières d’études, où les étudiants se donnent l’impression de choisir leur filière de leur plein gré et en tout liberté, quand les statistiques de placement montrent que cette liberté est socialement contrainte. La trajectoire

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individuelle fait sens, mais pas mais ce n’est pas l’acteur principal qui en rend le mieux compte, mais plus l’analyse des enchevêtrements des logiques et des contraintes sociales.

La discontinuité biographique suit donc une logique générale qui n'est pas sans raison, mais cette raison est à rechercher dans la construction des espaces de contraintes expérimentés par un individu. Elle nécessite donc de situer, de comparer, de travailler sur la formation des groupes sociaux et leurs mécanismes de fonctionnement, y compris les plus fins. Un individu se fond, s'adapte, se confronte au quotidien à des groupes sociaux, des institutions (marquées socialement). Il occupe successivement des positions différentes, même si son existence ne se réduit pas à ces positions dont la seule prise en compte nous conduirait immanquablement à une illusion objectiviste, celle dont Bourdieu parle si peu dans "l'illusion biographique". (Soriano 2007, p. 5)

Les bifurcations et les changements de voie s’expliquent donc, d’après Bourdieu, comme une négociation entre le sens et la valeur attribués aux différentes situations. On ne peut donc expliquer une trajectoire, qu’en l’inscrivant dans les différents états du champ considéré, et dans les relations objectives avec les autres agents engagés dans le même champ et soumis aux mêmes opportunités de mobilité. Il faut donc considérer la construction de l’espace social pour y inscrire les trajectoires individuelles et leur donner sens, afin d’accéder à l’identité de l’individu.

3.2. Les arguments « pour en finir avec l’illusion biographique » (Heinich 2010) Pour Bourdieu, il y a dans le récit mensonges et dissimulations propres à la reconstruction a postériori. Il considère donc le récit de vie comme suspect, tant de la part du narrateur reconstructeur que de l’intervieweur complice. Ce faisant il s’attaque, dans un premier temps, à contrer l’illusion d’une « identité objective » dans une posture proprement constructiviste. L’identité n’est pas durable ou stable dans le temps mais se construit en interactions avec les expériences sociales et professionnelles et la façon d’envisager le monde trouve ses racines dans le passé culturel et social de l’individu.

Dans un second temps, Bourdieu et Passeron (1990) pointent le problème méthodologique lié aux récits de vie. Passeron en particulier défend la qualité du matériau collecté par les récits de vie mais met en cause le traitement appliqué par la méthode biographique. Ces auteurs opposent les niveaux de traitement, macro ou micro, collectif ou individuel. Alors que l’individu s’inscrit

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dans la temporalité, une prise de recul au niveau de l’organisation permet de prendre en compte le poids de la structure sur l’identité collective.

« Ainsi l’entrée par la biographie – forcément narrative – apparaît-elle comme un crime de lèse-habitus – incorporé et structuré. » (Heinich 2010, p. 424)

Pourtant, Nathalie Heinich met en avant la richesse des études basées sur les récits de vie, citant en exemple le travail de Michael Pollak sur l’expérience concentrationnaire, et dénonce le naturalisme de Bourdieu et de la sociologie « constructiviste post-moderne » qui se méfie du langage comme conducteur de sens, du sujet d’étude comme collaborateur actif et du recours à la mémoire comme porteur de vérités partielles.

« Les sciences sociales ont pourtant largement montré la puissance du langage, des institutions, des conventions, des mœurs, des lois, supérieure et aux données de la « nature », et aux capacités d’action du « sujet ». Qu’importe : voilà qu’on nous serine encore qu’un récit ne serait « que » socialement construit, donc artificiel, mensonger, illusoire, autant dire dispensable dans la panoplie des méthodes offertes aux sciences sociales. » (Heinich 2010, p. 425)

Le langage, souligne-t-elle, est porteur de sens, essentiellement dans son opacité et sa complexité et pour la rationalité subjective qu’il porte en lui et que le chercheur tente de déchiffrer.

Par ailleurs, Heinich souligne le but « explicatif » de Bourdieu, qui cherche à rendre compte des choix des interlocuteurs en les inscrivant dans leur contexte structurel et social. Alors que la méthodologie des récits de vie est utilisée pour comprendre le sens donné, par l’interviewé, à son parcours de vie.

« L’outil biographique donne bien plutôt accès à une compréhension, c’est-à-dire une explicitation des raisons, des logiques sous-jacentes au vécu du sujet. » (Heinich 2010,

p. 426)

Bourdieu, en critiquant l’usage des récits de vie, se trompe d’objectif poursuivi, visant l’explication, quand la méthodologie vise à la compréhension. Par ailleurs, il fait mine de penser que le chercheur, comme l’interviewé, prennent l’histoire de vie pour la réalité et visent à atteindre une vérité objective, quand, tant d’un côté que de l’autre, celle-ci est tenue pour un « récit », en ce qu’il comporte de sélections, d’oubli ou de non-dits, mais également de richesse subjective et faisant sens dans un contexte donné.

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Pour dépasser ce débat, il nous semble alors que tout est affaire de positionnement épistémologique et de grille de lecture théorique adoptée. Pour justifier notre démarche, nous avons alors recours aux arguments de Passeron (1990) qui lie récits de vie, carrières et phénoménologie existentialiste.

« Le matériau biographique est du matériau historique comme un autre et souvent plus complet qu’un autre, en tout cas toujours organisé autrement ; la question est de savoir qu’en faire. Comment produire, à partir d’un corpus de biographies ou des rapports d’une biographie à son contexte historique, une intelligibilité longitudinale, où l’on gagne quelque chose à être parti de biographies et non d’observations génériques ou synchroniques ? » (Passeron 1990, p. 10-11)

Pour l’auteur, la méthode appropriée au traitement de ces récits s’appuie sur la phénoménologie sartrienne, qui tente de comprendre le devenir biographique « comme le produit d’un double

mouvement, celui de l’action sociale des individus et celui du déterminisme social des structures. » (Passeron 1990, p. 17).

Pour cela, Passeron recommande l’opérationnalisation du concept interactionniste de carrière, entendue comme agrégations d’actions ou de conduites d’individus inscrites dans des structurations longitudinales avec lesquelles elles interagissent.

« Le concept de « carrière » permet ainsi, lorsque son utilisation tient ce que promet son contenu théorique, de saisir par une description à la fois interprétative et explicative, le sens indissociablement subjectif et objectif que prend après coup comme carrière une succession d’actions, réactives, défensives, tactiques, anticipatrices, etc., que celui-ci a choisies en son nom personnel pour gérer ses rapports avec le pouvoir contraignant d’un appareil qui lui a imposé anonymement la gradation prédéterminée des sanctions ou des récompenses correspondant à ses réponses (ou à ses abstentions) choisies. » (Passeron

1990, p. 20)

Passeron souligne l’intérêt de la méthodologie des récits de vie associée au cadre interactionniste et au concept théorique de carrière en ce qu’il permet de confronter les contraintes de la structure et l’objectivation sociale avec le vécu personnel et la subjectivation individuelle.

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Conclusion du troisième chapitre

Dans ce troisième chapitre, nous avons présenté notre positionnement épistémologique, en développant les concepts interactionnistes que nous souhaitons mettre en œuvre dans la partie empirique, et notamment en insistant sur les perspectives microsociologique et longitudinale de ce point de vue, nous permettant de saisir le professionnel en train de se faire, dans la globalité de sa carrière dans le cabinet. Par ailleurs, les Interactionnistes préconisent l’utilisation d’une démarche ethnosociologique reposant sur une observation approfondie et in-situ et des récits de vie auprès de population ciblée. Cette méthodologie qualitative et interprétative est donc en cohérence avec notre posture épistémologique et théorique.

Nous avons tout d’abord opposé l’interactionniste symbolique aux visions fonctionnaliste et néo-wébérienne : ces deux autres courants de pensées dominant la sociologie des professions et qui adoptent un point de vue organisationnel voire macroéconomique, qui ne convient pas à notre volonté de recueillir le témoignage individuel des acteurs des cabinets Big 4. Les interactionnistes ont en effet l’ambition de remettre l’homme au cœur de l’organisation, et de comprendre les processus de construction identitaire comme une interaction microsociologique entre les structures organisationnelles et les hommes qui les font vivre.

Par ailleurs, nous complétons ce point de vue par l’approfondissement du concept de carrière, mis en œuvre notamment par Everett Hughes (1958) et Howard Becker (1963), qui nous permet de considérer la carrière comme un processus d’engagement continu constitutif de la construction identitaire de l’associé. Ce concept nous permet également de considérer la part subjective de l’individu et de prendre en compte, dans ses discours, le sens qu’il donne à ses choix ou ses interactions quotidiennes pour mettre au point sa trajectoire au sein de l’organisation. Pour faire un lien entre construction identitaire et processus de carrière, nous proposons alors de nous intéresser à la socialisation des associés dans les cabinets Big 4. Alors que la socialisation des auditeurs de terrain a été étudiée en profondeur par la littérature comptable en vue de préciser le processus de construction de l’identité de ces professionnels, nous souhaitons étendre cette analyse à la population des associés, exclus des échantillons d’études, afin d’étendre la construction identitaire à l’ensemble de la carrière des auditeurs, association incluse.

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La perspective interactionniste nous permet d’analyser le processus dans la continuité, dans la durée et non en nous focalisant sur une population particulière ou un moment donné. Nous pensons que l’identité se construit dans la continuité d’une conversion identitaire, et ce que nous cherchons à montrer dans la partie empirique.

En conclusion, un professionnel ce n’est pas que savoirs, valeurs, éthique mais aussi apprentissage dans le temps. L’approche microsociologique des interactionnistes nous permet de saisir le professionnel en train de se faire. L’approche longitudinale de la carrière nous permet de prendre en compte la dimension temporelle de la construction identitaire. Par ailleurs, cette perspective nous permet de prendre en compte des éléments de culture, d’histoire, d’interactions, de socialisation des auditeurs, qui ne sont pas inclus dans d’autres approches. On réfléchit alors à ce que signifie « être un professionnel » en audit, quelle est la place de l’individu dans la définition collective de la profession, où actions collectives et engagement individuel s’entrecroisent. L’interactionnisme nous semble être l’approche idéale pour régler la tension inhérente aux firmes professionnelles, où l’expertise individuelle permet la contribution au savoir collectif et à la coopération entre pairs.

La méthodologie des récits de vie, consubstantielle à la démarche programmatique des Interactionnistes Symboliques, nous a permis d’opérationnaliser le concept théorique de carrière, et qui nous semble être un accès microsociologique à l’identité des auditeurs, et permettant de s’extraire des structures de domination orientant l’identité des auditeurs de la littérature organisationnelle. Elle permet par ailleurs d’introduire une dimension longitudinale

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