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PARTIE II : LES COMICS DE SUPERHÉROS AMÉRICAINS RÉÉDITÉS AU QUÉBEC

LE PÉRITEXTE DES COMICS HÉRITAGE

3. Les rubriques éditoriales

3.2 La constitution d’une encyclopédie

Selon la même logique, les Éditions Héritage adjoignent à leurs publications une variété de rubriques de nature pédagogique, dans les années 1980. L’objectif poursuivi est toujours d’assouvir la curiosité des lecteurs à l’égard du monde (éditorial et narratif) des comic books de superhéros, en profitant par contre d’un espace accru, à l’intérieur des fascicules, par rapport à celui disponible dans « Le Coin du Lecteur ». Sans doute inspirées des « Bullpen Bulletin » de l’éditeur Marvel, qui ont un mandat similaire, ces initiatives contribuent ainsi à la constitution dynamique d’une encyclopédie collective : dynamique, parce qu’elle se construit par le biais d’échanges, que rend possibles la sérialité de la production; collective, parce que la transmission d’un savoir-lire, d’un savoir-être et d’un savoir-faire s’exécute à relais par les lecteurs, l’éditeur et l’un des artistes à l’emploi des Éditions Héritage, Robert Schoolcraft

Le savoir-lire

L’accumulation d’œuvres que la production et la consommation de bandes dessinées sérielles engendre implique aussi une multiplication des récits, des personnages et des créateurs (scénaristes et dessinateurs) liés à ces objets. À une époque où l’accès immédiat à l’information concernant ces données est pratiquement impossible, en contexte québécois francophone453, la conservation et la

transmission de ce lot de connaissances reposent sur la construction à long terme d’un savoir encyclopédique par un groupe de lecteurs assidus. Celui-ci se montre d’ailleurs enclin à partager son savoir avec un lectorat étendu ne possédant pas la même expertise. En septembre 1980, alors que le catalogue superhéroïque des Éditions Héritage représente une masse considérable de récits produits par une variété d’artistes, l’éditeur québécois annonce ainsi le lancement d’une « série d’articles sur l’histoire des bandes dessinées, les origines des Super-Héros, etc454. » Baptisée l’Info-

Héritage, la rubrique qui accueille ce contenu est rédigée par les membres des plus importants clubs de collectionneurs de comics Héritage, soit le Club de Super-Héros, animé par Robert Valade, le Club de science-fiction Combat et l’équipe derrière le fanzine Galaxie. Ces amateurs de comics Héritage profitent de la tribune qui leur est offerte pour proposer des résumés et des critiques de

453 Des publications en langue anglaise, comme The Official Handbook of the Marvel Universe, renferment ce type de

renseignements, mais, en l’absence de traduction française, cet ouvrage n’est certainement pas à la portée des lecteurs francophones unilingues.

454 R. Stern et J. Byrne. Capitaine America, no 108/109, Saint-Lambert [New York], Éditions Héritage [Marvel

numéros parus récemment, pour présenter les artistes américains marquants ou pour informer les autres lecteurs quant aux caractéristiques principales des protagonistes des séries publiées455.

L’ « Info-Héritage » qui paraît dans L’Incroyable Hulk no 124/125 rectifie par exemple une idée

fausse répandue chez les lecteurs de comics au sujet des origines de Superman, longtemps connu comme le seul survivant de la planète Krypton :

Au contraire de ce que l’on croyait, il y eut 2 vaisseaux qui s’échappèrent de Krypton. Dans un était placé Superman et dans l’autre Power Girl. Celui de Superman atteint la Terre 2 assez rapidement mais celui de sa jeune cousine était plus lent. Il avait pour effet de la placer en état d’animation suspendue et un certain processus inventé par son père permit de la faire vieillir moins vite. Ceci permit à Power Girl de connaître une espèce d’enfance normale avec des images projetées par le vaisseau. Au lieu que son voyage ne dure que quelques semaines, il dura 60 ans. C’est alors qu’elle prit contact avec la vraie vie lorsque Superman découvrit son vaisseau456.

L’auteur de cet article, Robert Valade, procède en fait à l’explication de ce que le milieu nomme désormais un retcon (mot-valise signifiant retroactive continuity), c’est-à-dire une modification a posteriori d’un récit antérieur engendrant des bouleversements dans la continuité narrative d’une ou de plusieurs séries. Le lecteur confus à la vue d’une Kryptonienne, dans l’exemple précédent, est amené par l’ « Info-Héritage » à corriger sa connaissance du récit canonique concernant Superman et la civilisation qui l’a vue naître. L’article permet autrement dit une mise à jour des informations connues à leur sujet, laquelle s’avère nécessaire à la compréhension des récits actuels et à venir. Cette rubrique péritextuelle permet aussi au lecteur d’identifier les nombreuses références de nature intertextuelle sur lesquelles se bâtit la majorité des récits de superhéros traduits par Héritage. Alors que le personnage de Hulk subira une transformation importante, Valade en rappelle les premières manifestations dans l’article intitulé « Un nouveau Hulk? » :

« On commence un nouveau chapitre de la vie de l’incroyable Hulk [sic] » : cette phrase qui commente la première scène de l’épisode intitulé Bizarre appel du Wendigo (no 130/131 en français) ne rend pas tout à fait justice au changement radical qui va affecter le vert mastodonte à compter de ce numéro. Il s’agit en effet d’une véritable transformation, d’une métamorphose cruciale dans la vie de notre héros : désormais il est moitié Hulk et moitié Banner en même temps, il allie la force prodigieuse du premier au génie du second. Cette combinaison avait déjà été essayée au tout début de la série, dans les épisodes intitulés The Monster and the Machine, The

Gladiator From Outer Space, Beauty and the Beast, The Hordes of General Fang et The Metal Master (compris dans les numéros 4, 5 et 6 en anglais); mais l’alliage était encore instable : chaque

fois que Hulk reprenait la forme de Bruce Banner il se sentait plus faible, et chaque fois qu’il retrouvait celle de Hulk il devenait de plus en plus méprisant à l’égard des faibles humains […]457.

455 Robert Valade affirme que le Club de Super-Héros recevait une petite rétribution pour ses chroniques, ce qui lui

permettait « de survivre un peu plus. »; R. Valade. « Robert Valade et le CSH », dans A. Salois, G. Lévesque, R. Fontaine et J. F. Hébert. Le guide des comics Héritage […], p. 377.

456 R. Valade. « Info-Héritage », dans B. Mantlo et S. Buscema. L’Incroyable Hulk, no 124/125, Saint-Lambert [New

York], Éditions Héritage [Marvel Comics], janvier 1982, p. 23.

457 R. Valade. « Info-Héritage. Un nouveau Hulk? », dans B. Mantlo et S. Buscema. L’Incroyable Hulk, no 140/141,

Des événements arrivés alors que la série originale The Incredible Hulk en est à ses balbutiements (en 1962 et 1963) constituent donc la trame narrative ayant cours dans L’Incroyable Hulk, en 1984. Puisque les épisodes originaux évoqués par Valade n’ont jamais été traduits par les Éditions Héritage, le rapprochement qu’il opère entre ces deux intrigues aurait échappé au lecteur pour qui la connaissance des comics américains se limite au catalogue de l’éditeur québécois. L’intervention de Valade comble donc l’absence des référents auxquels renvoie l’intertextualité au cœur du récit publié à l’époque dans la série L’Incroyable Hulk. Bref, ce type de contenu véhiculé dans l’ « Info- Héritage » simplifie la compréhension des récits publiés dans une ou plusieurs séries par l’acquisition de repères diégétiques fréquemment sollicités au fil de la lecture.

Quatre années plus tard, une rubrique similaire à l’ « Info-Héritage », cette fois-ci rédigée par le lettreur Toufik458, fait son apparition dans les comics Héritage. Le « H. Magazine » succède ainsi

à « L’Info-Héritage » et en reprend la formule. Il se décline néanmoins sur plusieurs pages, présentant des articles plus détaillés. Dans cette rubrique en particulier, une attention à peu près égale est octroyée aux récits de superhéros, à l’histoire de ce genre et, plus largement, de la bande dessinée américaine, ainsi qu’à la bio-bibliographie d’artistes célèbres459. Dans la quatrième des

23 livraisons portant sur les « Grands mythes de la B.D. américaine », l’impact de Stan Lee sur le genre superhéroïque est ainsi analysé :

Un des grands innovateurs en matière de super-héros dès les années 50 fut STAN LEE, scénariste de génie et actuel éditeur de MARVEL COMICS GROUP. Stan Lee, de son vrai nom Stanley Lieber, débuta en 1939 comme rédacteur et correcteur d’épreuves à la « Timely Comics », future firme « Marvel Comics ». Un an plus tard, Jack Kirby et Joe Simon quittant la « Timely Comics », le directeur Martin Goodman lui demanda d’assurer l’intérim en assumant les fonctions de directeur artistique et de rédacteur en chef. En 1961, occupant toujours le même poste, il devient le principal scénariste en créant les FANTASTIC FOUR puis en 1962, THE HULK et en 1963 SPIDER-MAN.

Sa grande idée a été de reprendre le thème d'une association de justiciers, mais non plus sur le mode pontifiant. Ainsi, chez les AVENGERS (les Vengeurs), une équipe créée en 1963 par Jack Kirby pour dessinateur, rien ne tourne aussi rond que dans la JUSTICE SOCIETY OF AMERICA [publiée par DC Comics].

458 Les articles du « H. Magazine » ne sont jamais signés, mais l’éditeur remercie Toufik, dans le dernier « Coin du

Lecteur », pour avoir rédigé ce contenu; Anonyme. « Le Coin du lecteur », dans C. Claremont et D. Cockrum, Les

Mystérieux X-Men, no 66 […], p. 23.

459 Signalons par ailleurs que le « H. Magazine » s’intéresse à l’occasion à la bande dessinée québécoise. Ainsi, une

série d’articles est réservée aux figures marquantes de la bande dessinée québécoise, tels que les pionniers Albéric Bourgeois et Albert Chartier. Les artistes au service des Éditions Héritage ne sont pas ignorés, Robert Schoolcraft et Serge Ferrand étant par exemple mis en valeur; Anonyme. « H. Magazine. La bande dessinée québécoise », dans T. De Falco et R. Fenz. L’Étonnant Spider-Man, no 179, Saint-Lambert [New York], Éditions Héritage [Marvel Comics],

[…] Avec Stan Lee, scénariste, les problèmes des super-héros sont de taille. Ils sont obsédés par leur double identité et la recherche de leur véritable personnalité. Super-pouvoirs, problèmes psychologiques, crise de conscience politique, les super-héros deviennent trop humains. Et lorsqu'il s'agit d'un super-groupe comme celui des FANTASTIC FOUR, l'effet est catalytique : plutôt que leurs aventures contre les « super-méchants », ce sont les tribulations de M. FANTASTIC (l’homme-élastique), sa tendre épouse INVISIBLE GIRL, son jeune frère THE HUMAN TORCH et leur ami BEN GRIMM qui leur ont attiré la faveur du public460.

En plus de cristalliser la figure déjà mythique de Stan Lee, cet article se livre à une interprétation des personnages créés par le scénariste qui rejoint celle, toujours dominante, que les amateurs et les chercheurs s’intéressant aux héros de Marvel Comics soutiennent aujourd’hui461. Le texte offre

du même coup au lecteur des clés pour situer l’avènement des héros Marvel dans l’histoire du médium bédéesque et du genre superhéroïque, tout comme celles lui permettant de reconnaître un style scénaristique – pouvons-nous dire auctorial? – singulier. Dans le même ordre d’idées, les connaissances transmises par le « H. Magazine » contribuent sans doute au développement d’une compétence lectorale pouvant se manifester de maintes façons : « By reading and collecting comics for an amount of time, by participating in cons, and reading various fanzines, fans develop an ability to discriminate between different writers, different versions of a character, and most commonly between different artists462. » Sur ce dernier point, d’ailleurs, le rédacteur de l’ultime

« Coin du Lecteur » publié (en 1987) se montre très clair : « les lecteurs sont devenus de véritables experts en bandes dessinées, à tel point que les dessinateurs et les scénaristes sont devenus aussi important [sic] que le HÉROS lui-même463. » L’expertise gagnée par le lectorat permet autrement

dit de reconnaître les récits, les personnages et les créateurs d’un vaste corpus d’œuvres, capacité qui se veut être une forme d’érudition. Dans l’ensemble, l’ « Info-Héritage » et le « H. Magazine » servent donc de cours accélérés sur les différentes facettes de l’univers superhéroïque, surtout, et de la culture bédéesque et populaire nord-américaine, dans une moindre mesure. Loin d’être triviales, les connaissances ainsi transmises facilitent pour les lecteurs l’apprivoisement et le rapprochement de deux sphères culturelles distinctes – l’une américaine et l’autre québécoise – et d’un univers fictionnel alourdi par une continuité narrative qui gagne en complexité au fil des

460 Anonyme. « H. Magazine : Grands mythes de la B.D. américaine », dans J. Byrne. Fantastic Four, no 151/152,

Saint-Lambert [New York], Éditions Héritage [Marvel Comics], janvier 1984, p. 24-25.

461 Voir à ce sujet le chapitre précédent de cette thèse.

462 J. Brown. « Comic Book Fandom and Cultural Capital », The Journal of Popular Culture, vol. 30, no 4, mars 1997,

p. 23.

463 Anonyme. « Le Coin du Lecteur. AUREVOIR », dans C. Claremont et D. Cockrum, Les Mystérieux X-Men, no 66

années. Ces rubriques comblent en d’autres mots un besoin important en situant les repères d’un canon bédéesque et culturel en cours de formation.

Le savoir-être (collectionneur)

Pour une frange du lectorat, la lecture des bandes dessinées sérielles publiées par les Éditions Héritage se double d’une activité de collection qui implique une possession, sinon une connaissance quasi exhaustive des objets. En effet, dans l’ensemble des pratiques que John Fiske rassemble sous le nom de fan culture464, la collection

tends to be inclusive rather than exclusive : the emphasis is not so much upon acquiring a few good (and thus expensive) objects as upon acumulating as many as possible. The individual objects are therefore often cheap, devalued by the official culture, and mass produced. The distinctiveness lies in the extent of the collection rather than in their uniqueness or authenticity as cultural objects465.

L’ampleur d’une collection ferait donc office de facteur déterminant dans l’obtention du « prestige social » reconnu comme tel au sein de la fan culture. Pour cette raison, les collections les plus imposantes sont décrites fièrement par leurs possesseurs. En avril 1978, un premier lecteur donne ainsi quelques détails au sujet de sa collection, en plus de vouloir en connaître davantage au sujet de celles des autres lecteurs :

Je crois honnêtement qu’il serait intéressant si, dans Le Coin du Lecteur, les gars parlaient un peu de leur collection personnelle de bandes Héritage. Je peux ouvrir le bal, vous entretenir un peu sur la mienne.

J’ai commencé vers l’âge de 14 ans à collectionner ces revues et aujourd’hui, à 17 ans, mon intérêt n’a pas diminué. J’ai réussi à me procurer (non sans peine, je l’avoue) les séries suivantes, au complet : Spiderman, Iron-Man, Thor, les Vengeurs, Kung-Fu, Flash Gordon et Warlock (mystérieusement disparu). Dernièrement, j’ai commencé à amasser un peu partout les Capitaine América et Conan et j’en possède déjà la moitié. En fait, j’ai plus de 400 comics dans ma bibliothèque466.

Le collectionneur invétéré

Le vœu de ce dernier est ainsi exaucé en juin 1978 : « Je réponds à l’appel du collectionneur invétéré. J’ai commencé à l’âge de 6 ans à collectionner les comics Héritage. J’ai abandonné pour un temps mais il y a 2 ans j’ai recommencé et aujourd’hui, à 13 ans, j’ai plus de 500 revues et elles

464 Selon Fiske, « fan culture is a form of popular culture that echoes many of the institutions of official culture,

although in popular form and under popular control. It may be thought of as a sort of ‘moonlighting’ in the cultural rather than the economic sphere, a form of cultural labor to fill the gaps left by legitimate culture. Fandom offers ways of filling cultural lack and provides the social prestige and self-esteem that go with cultural capital. »; J. Fiske. « The Cultural Economy of Fandom », dans L. A. Lewis (dir.). The Adoring Audience : Fan Culture and Popular Media, London et New York, Routledge, 1992, p. 33.

465 Ibid, p. 44.

466 Un collectionneur invétéré [pseudonyme]. Lettre publiée dans « Le Coin du Lecteur », dans L. Wein et R. Andru.

ont pour moi une grande importance467. » Ces deux lettres sont imitées par 23 autres exemples tout

aussi éloquents, qui s’additionnent au fil des ans. En moyenne, les collectionneurs possèderaient approximativement 500 comics Héritage, quatre lecteurs disposant même d’un millier de fascicules au minimum (voir l’Annexe III). Ces collections qui font la fierté des lecteurs constituent des exploits d’autant plus impressionnants qu’ils sont le résultat d’un travail exigeant. La collection nécessite d’une part l’achat assidu, voire ininterrompu de séries à long déploiement. D’autre part, le lecteur qui s’y adonne tardivement doit retracer a posteriori un ensemble d’objets retirés des rayons depuis un laps de temps parfois considérable. Fidélité et dévouement sont donc requis afin de cumuler, au cours des années, ces lots d’œuvres se rapprochant de trophées de chasse.

Pour aider les collectionneurs dans leur quête et pallier les difficultés que cause l’accès difficile aux anciens numéros d’une série, les Éditions Héritage adjoignent à leurs bandes dessinées une rubrique à visée transactionnelle. Publiée à partir de 1976, celle-ci porte d’abord le nom de « Coin des échanges » et consiste en un encadré ajouté au « Courrier du Lecteur ». Les lecteurs y affichent la liste des comics qu’ils souhaitent échanger ainsi que leurs coordonnées. La popularité de ce service de petites annonces fait en sorte que l’année suivante, cette rubrique, renommée « La Bourse aux échanges »468, occupe désormais une page complète à l’intérieur des comics,

généralement à la toute fin de ceux-ci. Absent des comics américains originaux consultés, « ce concept, autant dans son titre que dans sa mise en page, provenait très certainement de France car une Bourse aux échanges similaires existait déjà depuis quelques années dans le mensuel Strange469. » Il n’est pas impossible, en effet, qu’une rubrique de ce type se montre particulièrement

utile dans les marchés plus restreints que sont le Québec et la France (comparativement aux États- Unis), où les communautés de collectionneurs s’avèrent probablement moins denses. Dans ce contexte, la « Bourse aux échanges » représente le lieu de rencontre idéal entre collectionneurs désirant troquer leurs bandes dessinées. À travers cette rubrique péritextuelle, les Éditions Héritage servent une fois de plus d’intermédiaires faisant le lien entre deux lecteurs qui n’auraient pu se connaître et se contacter sans elles. Aux yeux des lecteurs, ce rôle est fondamental, si bien qu’ils

467 J.-C. Monette. Lettre publiée dans « Le Coin du Lecteur », dans R. Stern et S. Buscema. L’Incroyable Hulk, no

82/83 […], p. 18.

468 Le titre de cette rubrique n’est jamais réellement fixé. Le « Coin des Échanges » et les « Petites Annonces

Gratuites » prendront aléatoirement la relève de la « Bourse aux échanges ». Ces changements d’intitulé n’ont toutefois aucune incidence sur le contenu de la rubrique.

expriment leurs doléances devant le refus des Éditions Héritage de « reproduire [dans “La Bourse aux Échanges”] des listes de “comics” de 4 ou 5 pages venant de lecteurs qui désirent faire un commerce de vendre leurs revues470. » :

Dans Spiderman 137/138, Serge Béliveau vous a parlé de vos refus d’accepter les annonces de vente. Eh bien moi aussi je vous dis que je trouve cela ridicule

Vous n’avez qu’à éliminer les listes de 3 ou 4 pages. Comme ça les collectionneurs qui veulent se procurer certains numéros pourront les acheter d’un autre collectionneur qui veut les vendre. En passant, je suis un des plus grands collectionneurs de ma ville. J’ai 600 revues dans ma collection et je ne sais plus quoi en faire.

Donc je m’adresse à vous pour me guider vers un acheteur qui m’offrira un bon prix471.

En guise de réponse, les Éditions Héritage écrivent ceci : « Pour répondre à ta demande je ne crois pas que ce soit ma responsabilité de vendre ta collection pour toi, mais j’ai tout de même inscrit ton nom sur la liste mentionnée ci-haut472. » L’éditeur, réticent à l’idée de voir la « Bourse aux

échanges » devenir un lieu d’achat et de vente de comics, finit donc tout de même par remplir le rôle qu’on attend de lui lorsqu’il se laisse convaincre que cette rubrique constitue le recours le plus efficace, sinon l’unique solution à la portée de lecteurs n’arrivant pas à compléter ou à liquider leur collection par le biais de simples échanges. Bref, à travers la « Bourse aux échanges », l’éditeur québécois accommode les plus fervents amateurs de ses publications bédéesques en facilitant la pratique de la collection, devenue pour certains un véritable hobby. De cette façon, il maintient