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CHAPITRE 3 : VIVRE LA RUELLE AU QUOTIDIEN

4.1 L E RÔLE DES SENS

C’est en utilisant les sens que l’humain appréhende le monde qui l’entoure et qu’il le comprend. Chacun des sens ne peut seul lui permettre de parfaitement se situer dans l’espace. Toutefois, cette reconnaissance est possible lorsqu’ils sont tous réunis :

Le goût, l’odorat, la sensibilité de la peau et l’ouïe ne peuvent individuellement […] nous donner conscience d’un monde spatial extérieur rempli d’objets. Par contre, combiné aux capacités spatialisantes de la vue et du toucher, ces sens qui sont essentiellement insensibles aux distances, enrichissent énormément notre appréhension du caractère spatial et géométrique du monde. (Tuan, 2006 : 16)

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Les sens, mis en interrelations, traduisent l’ambiance que l’on peut associer à un lieu spécifique. Se rapportant à un temps et à un espace précis, l’ambiance se compose de la matérialité du lieu mais également des sensations dégagées. Les sens participent à son élaboration selon leurs spécificités :

le visuel comme organisateur de l’espace, du repérage basique des lieux jusqu’aux variations de toutes les nuances lumineuses ou plastiques, artistiques ou triviales; le sonore comme exacerbation des émotions et véhicule de la parole, marque humaine par excellence; l’olfactif comme fondation de la mémoire et de l’intimité; le tactile et le kinésique comme modalités d’appropriation et de construction personnelle du lieu. (Torgue, 2012 : 225).

Les cinq sens jouent un rôle dans la perception de l’ambiance malgré qu’ils aient des influences variées : « un sens seul nous manque et la réalité perçue se modifie (Ledentu, 2006) » (Marry, 2013 : 39). Il nous est alors apparu essentiel de traiter de la ruelle au travers des sens des participants. Ainsi, lors de l’entrevue, il leur était demandé ce que l’on y voit, y entend, y sent, y touche et ce que l’on y goûte. Les réponses ont été variées, mais elles contribuent à révéler comment les participants s’approprient la ruelle et l’imaginent. Les adjectifs agréable / désagréable, souvent utilisés par les participants pour qualifier les éléments perçus par les sens ont été retenus aux fins de la présente analyse. L’utilisation de ces termes traduit bien souvent la présence d’un élément désirable ou non, faisant référence à l’usage prévu de l’espace. La perturbation de l’ambiance, quelle qu’elle soit, peut entraîner un sentiment désagréable alors qu’au contraire, la norme est appréciée. Il en va de même pour tous les sens.

4.1.1 VOIR

La vue est un sens très sollicité au quotidien et il est un des plus conscients. Notre première impression des objets et des gens qui nous entourent se fait souvent par l’entremise de ce sens.

Certains résidents disent utiliser la ruelle visuellement, c’est-à-dire qu’ils regardent celle-ci plus souvent qu’ils ne l’empruntent. C’est notamment le cas d’YB et de KD qui fréquentent beaucoup leur balcon : « Je l’utilise parce que c’est un plaisir visuel, c’est un plaisir visuel de voir la ruelle. » (YB, Entrevue, 2013 : 19:42 à 19:51). Pour KD, « c’est m’asseoir devant et méditer ou écrire. » (KD, Entrevue, 2013 : 19:43 à 19:45). Ainsi, l’un des plaisirs principaux associés à la ruelle est de la regarder, selon plusieurs participants, la qualifiant de « belle » et de « tranquille ». C’est le cas de HL, qui soutient que dans l’ensemble, le regard se pose sur une belle ruelle. Pour RG2, il y a une amélioration depuis quelques années puisque sa ruelle « s’embellit ».

En nommant les objets qu’ils voyaient, les participants associaient également deux couleurs à la ruelle, soit le vert et le gris. Dans ce contexte, on peut mettre en opposition ces deux couleurs, qui réfèrent

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respectivement à la verdure et au béton ou aux hangars. À cette opposition, on peut superposer la dualité agréable / désagréable, comme l’ont fait la plupart des participants. À leurs yeux, la verdure et le vert sont considérés comme agréables, alors que le béton, le gris et les hangars sont plutôt désagréables. Les participants insistent, consciemment ou non, sur la présence du vert dans leur ruelle : « mais dans l’ensemble, c’est quand même très vert. Très vert, [les cours sont] habitées par leur verdure. » (HL, Entrevue, 2013 : 46:00 à 46:10). La verdure dans les cours est ce qui semble attirer l’œil de la plupart des participants, à part RG1 et FS qui disent voir beaucoup de béton. Toutefois, il faut rappeler qu’ils ont comme mandat de verdir les ruelles dans le cadre de leur travail, ce qui peut influencer leur perception visuelle. Le regard que l’on porte sur la ruelle s’étend nécessairement vers les cours, dont les propriétaires sont fiers selon GL, et qui les aménagent avec du gazon, des arbustes, des arbres et à une certaine époque, des jardins avec des tomates chez les Italiens : « Ce qui reste dans la cour maintenant c’est du gazon. » (GL, Entrevue, 2013 : 31:12 à 31:14). L’organisation visuelle des cours, bien aménagées ou non, change l’allure générale de la ruelle. Dans les ruelles standard, la verdure provient uniquement des cours qui les entourent. Elles peuvent toutefois sembler plus vertes visuellement que certaines ruelles bénéficiant de l’aménagement de la ruelle verte. Les éléments ajoutés dans celles-ci sont minimes en comparaison à ce que l’on peut trouver dans certaines cours. Pour YB qui a accès à une ruelle verte, la verdure qui rend la ruelle agréable n’est pas celle ajoutée par le projet, mais plutôt celle qui se trouvait déjà dans les cours, constituée principalement d’arbres. Ceux-ci sont effectivement les éléments de végétation favoris des participants, puisqu’ils verdissent la ruelle tout en projetant de l’ombre et diminuant la chaleur. Les arbres sont d’ailleurs abondamment représentés sur les croquis des participants comme partie intégrante de leur ruelle. Plusieurs comparent leur ruelle à une forêt ou encore à un tunnel de verdure, en raison de la présence de ces arbres.

Outre la nature, les participants voient différents objets dans leur ruelle, notamment les cordes à linge, les clôtures, les hangars et occasionnellement les lampadaires ou encore les fils. Les deux derniers éléments ayant été si peu mentionnés par les participants, il semble que les résidents ne les voient plus tellement et qu’ils se sont fondus au paysage de la ruelle. D’autres objets accrochent l’œil des participants, qui semblent parfois être associés à une vue désagréable, comme les déchets. C’est particulièrement le cas de la ruelle de GD où toutes sortes de débris jonchent les cours des résidents et la ruelle. GD qui souhaite changer cette situation a entrepris d’instaurer une journée de corvée au début de l’été pour nettoyer la ruelle. Dans d’autres ruelles, la présence de déchets fait maintenant partie du passé, on observe un effort de la part des voisins pour les retirer, rendant la ruelle plus

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sécuritaire et plus agréable visuellement. Pour sa part, HL trouve désagréable la vue qu’elle a de sa cour sur le restaurant à restauration rapide décoré de néons au coin de la rue voisine. Elle préfère la vue qu’elle a l’été parce que les feuilles des arbres cachent le restaurant et ainsi améliorent le paysage. D’autres objets, comme les jouets des enfants, ou des traces d’utilisation, comme des marques de traverse de piétons, sont vus et observés par les participants, sans toutefois laisser une impression négative. Ils sont plutôt associés à une manifestation de l’utilisation du lieu, lui donnant vie. Il s’agit ici d’une autre observation intéressante des participants : on voit des gens, de la vie dans les ruelles. On identifie nommément les enfants, les passants, les voitures, même les animaux qu’on y trouve. La présence d’enfants est la plus remarquée puisque les participants les nomment souvent. Certains précisent qu’ils sont nombreux alors que d’autres notent que leur présence est assez récente et qu’il y en avait peu pendant plusieurs années.

En observant les activités des utilisateurs de la ruelle, les participants avouent, avec un plaisir coupable, pratiquer une certaine forme de voyeurisme. Il est facile de jeter un regard dans les cours longeant la ruelle lorsque les clôtures le permettent, autorisant ainsi les passants à poser les yeux sur ce qu’elles contiennent : « Mais j’aime ça voir dans les maisons, dans les cuisines des gens. Quand je passe par les ruelles le soir, je trouve ça le fun, je regarde. Ce que les gens font, ça m’intéresse peu, c’est juste comme la vie du monde. » (LG, Entrevue, 2013 : 43:22 à 43:38). Pour CV, c’est le moyen de découvrir et comprendre sa culture d’accueil : « Ce que je vois, c’est l’intimité, symboliquement parlant, c’est l’intimité, je vois aussi les moments typiques de la journée comme manger. C’est dans les ruelles. » (CV, Entrevue, 2013 : 11:42 à 12:00). Certains informateurs, dont GD et CV, se promènent souvent à bicyclette dans les ruelles et observent alors les gens dans leur cour. L’ouverture des clôtures permettant le regard semble être appréciée par plusieurs tandis que les petites clôtures moins imposantes rendent la ruelle accueillante.

4.1.2 ENTENDRE

L’ouïe permet d’appréhender l’espace en complément avec les autres sens : « Associés à la vue et au pouvoir de déplacer et tenir les choses, les sons enrichissent fortement les sensations liées à l’espace » (Tuan, 2006 : 18). Les sons ont une grande importance dans la fabrication de l’identité territoriale puisqu’ils sont parfois associés à des lieux particuliers. Les sons du lieu sont alors connus des résidents qui les vivent à tous les jours, permettant de se reconnaître dans l’espace (Torgue, 2012 : 134).

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Les participants ont perçu et noté différents sons dans leur ruelle. Ce qui semble toutefois faire l’unanimité parmi eux est le bruit associé à la présence d’enfants qui est perceptible par l’ouïe. Les enfants qui jouent sont observables visuellement et auditivement. Ainsi, on les entend crier, courir, jouer au ballon et effectuer diverses autres activités. Leur présence semble appréciée par les participants, rendant le lieu vivant et donc agréable pour la plupart d’entres eux. GL qui mentionne la présence d’enfants prend d’ailleurs la peine de préciser : « T’sais, les enfants ne dérangent pas. » (GL, Entrevue, 2013 : 36:42). Les participants notent également entendre les voisins qui sont dans leur cour. Ils les entendent prendre des verres qui tintent au contact l’un de l’autre, se baigner dans leur piscine, discuter, écouter de la musique, manger, etc. Il est également possible d’entendre les portes des maisons et des cours s’ouvrir et se fermer. Parmi les activités du quotidien, les participants entendent les rénovations que font les voisins, comme nous avons pu l’observer lors des visites de ruelle. L’été est une saison propice aux rénovations, ce qui est audible dans la ruelle : « On entend beaucoup les gens sur l’heure des repas. On va entendre les enfants jouer, parce que c’est les cours qui donnent de ce côté-là. On va parfois entendre des unités de climatisation et puis, souvent en fait, on va entendre des travaux de menuiserie. » (RG2, Entrevue 2, 2013 : 03:00 à 03:26). La coupe du gazon produit également un bruit perceptible pour les voisins. En complément ou en l’absence du regard, l’ouïe donne un autre type d’information : « Moi je pense que c’est pour ça que les derrières de maison sont fantastiques. Puis, ce que tu entends aussi, c’est que t’entends les gens. Quand quelqu’un marche dans la ruelle, puis que tu as une clôture, tu l’entends, tu le vois pas, tu peux le reconnaître, tu peux savoir c’est qui. » (GD, Entrevue, 2013 : 55:59 à 56:11).

En plus des sons produits par les résidents, on peut entendre ceux produits par les animaux et la nature. Plusieurs soulignent la présence d’oiseaux qui chantent, de chats qui miaulent ou de chiens qui aboient. D’autres vont aussi noter le bruit du vent dans les arbres ou le chant des cigales. Ces sons d’oiseaux, d’insectes et de vent sont considérés comme apaisants et tranquilles par certains participants, devenant ainsi un élément agréable de la ruelle.

Considérant qu’elle se trouve en plein cœur de la ville, nous sommes en droit de nous demander ce que la ruelle reçoit des sons urbains, de la circulation sur les rues voisines ainsi que des clochers des églises ou des avions qui traversent le ciel. Les bruits des cloches d’églises ont été considérés comme agréables par plusieurs participants, tandis que personne n’a qualifié celui des avions. Les bruits de circulation sont, quant à eux, peu perceptibles par les résidents, plusieurs spécifiant que l’on n’entend presque pas la ville, sinon par une participante qui dit entendre la circulation tôt le matin vers 6 h alors

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que les gens ne sont pas encore réveillés. Les résidences permettent de couper les sons extérieurs à la ruelle. Il est effectivement possible d’entendre les bruits de la rue, mais il faut y porter attention et faire abstraction de tous les autres sons, comme les jardins d’eau, piscines, climatiseurs, décorations qui virevoltent au vent, etc. Ce phénomène d’abstraction que Marry appelle « centration perceptive » permet de concentrer son attention sur un son, en délaissant les autres sons ambiants (Marry, 2013 : 64). HL dit d’ailleurs avoir consciemment créé une installation lui permettant de camoufler les sons désagréables sous ceux de son jardin d’eau. Toutefois, comme le mentionne GD, l’ouïe ne permet pas de reconnaître l’endroit où l’on se trouve dans la ville puisque le son de celle-ci y est coupé. GG l’explique d’ailleurs ainsi : « Tu peux entendre quelque chose [les rues voisines], mais c’est pas un son que ton cerveau va entendre parce que c’est trop usuel. Tu l’entends mais tu ne t’en rends pas compte. » (GG, Entrevue, 2013 : 47:30 à 47:44). C’est d’ailleurs ce qui donne à la ruelle un air aussi tranquille. Ce qualificatif est utilisé par plusieurs informateurs lorsqu’il est question des bruits de la ruelle. Plusieurs participants, plutôt que de nommer des sons qu’ils perçoivent, vont simplement dire qu’ils n’entendent presque rien, qu’il s’agit d’une ruelle tranquille. L’absence de son est, dans le cas présent, positive puisque présentée en opposition à la grande quantité de bruits qui parviennent de la rue.

En somme, peu de sons ont été qualifiés d’agréables ou de désagréables par les participants. La plupart des sons dont il a été question sont attendus dans cet espace :

Lorsqu’un environnement sonore calme est tacitement entendu dans un certain espace, la survenue d’une pratique perturbant cette ambiance sonore installée est particulièrement notable pour l’usager. Lorsque la vocation première d’un espace est associée à une ambiance sonore particulière (un square de jeux pour enfants par exemple). Cette ambiance prévisible est perçue de façon positive. (Marry, 2013 : 45)

LG précise toutefois que certains sons comme le moteur des tondeuses constituent un son désagréable, et CBD se plaint de la musique de son voisin qui joue toute la journée trop fort.

4.1.3 SENTIR

L’odorat est un sens qui fait remonter beaucoup de souvenirs. L’apparition d’une certaine odeur peut nous faire remonter quelques années en arrière, permettant d’avoir des souvenirs clairs de moments ou de lieux particuliers : « Les odeurs prêtent un caractère aux objets et aux lieux, établissant des distinctions entre eux et permettant ainsi de les identifier et de se souvenir d’eux plus facilement » (Tuan, 2006 : 15). Les participants ont pu identifier les odeurs de la ruelle, qui ont été classées en deux catégories : les odeurs agréables et désagréables, une seule odeur ayant été qualifiée de neutre. Cependant, plusieurs participants ont défini l’odeur de la ruelle par l’absence de certaines senteurs, alors que d’autres ont déclaré ne pas avoir le sens de l’odorat bien développé.

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Pour plusieurs, ce sont les odeurs agréables qui ont été mentionnées en premier et parmi celles-ci, nous trouvons le fumet du barbecue et des grillades. Six participants mentionnent l’odeur de la nourriture des voisins, qui semble même être assez commune à la plupart des ruelles, surtout le soir pour le souper. Le parfum des végétaux est le plus souvent évoqué par les participants. En effet, huit d’entre eux vont se remémorer soit les fleurs, les arbres, les potagers, l’eau, la terre ou encore le gazon frais coupé, en soulignant la fraîcheur qu’ils apportent à la ruelle. Toutefois, on indique que les odeurs de fleurs ne sont présentes qu’à certains moments dans l’été, par exemple les lilas qui ne sentent qu’au début de l’été.

Certaines odeurs ont été plutôt qualifiées de désagréables, comme les déchets et résidus de mécanique, ainsi que des excréments d’animaux. Pendant longtemps, les ordures étaient ramassées dans les ruelles, ce qui fait que leur odeur s’y répandait. La collecte ayant été déplacée dans la rue au cours des années 1990-2000, l’odeur des déchets est beaucoup moins présente dans les ruelles aujourd’hui, comme en ont témoigné les participants qui ont connu cette époque. Il s’agit toutefois d’une odeur toujours actuelle dans la ruelle du Parc / Jeanne-Mance / Saint-Zotique / Beaubien, où GD nous mentionne la présence de grands conteneurs à ordures pour les différentes industries de la ruelle, notamment l’usine de transformation de la viande. Il témoigne de bouffées d’émanation de viande avariée jusque dans sa cour.

Pour RG2, une odeur bien présente lors de son arrivée en 2005, est celle de l’huile de mécanique automobile. Il précise toutefois qu’à l’image de l’odeur des ordures, elle a tranquillement disparu. Enfin, les participants déplorent les odeurs d’excréments d’animaux, certains parlant de propriétaires de chiens négligents alors que d’autres réfèrent aux chats faisant leurs besoins un peu partout.

Tel que discuté précédemment, les odeurs étaient soit associées à l’agréable ou au désagréable, mais certaines, non qualifiées dans l’une ou l’autre des catégories, nous apparaissent alors comme des odeurs neutres. C’est le cas notamment des odeurs de lessive et de sécheuses en plus de celles qui émanent de la maison. Les participants ont mentionné les odeurs de lessive en parlant des cordes à linge qui sont perchées dans les ruelles. On ajoute également l’odeur du béton, rapportée par deux participants. C’est le cas notamment de RG1 qui parle des ruelles normales en opposition aux ruelles vertes : « Je ne sais pas si le béton a une odeur, mais on sent le béton. » (RG1, Entrevue, 2013 : 1:32:12).

Enfin, il est intéressant de noter que la plupart des participants ont plutôt défini la ruelle par les non- odeurs, précisant ce que ne sent pas la ruelle ou même ce qu’elle ne sent plus. Les odeurs d’ordures

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ont pratiquement disparu, tout comme celles d’huile, de gaz ou de l’urine de chats. YB estime que sa ruelle « sent quelque chose que ça ne sentirait pas si c’était juste une ruelle d’asphalte. » (YB, Entrevue, 2013 : 42:29 à 42:36). GL, lui, ne sent rien de particulier mais explique cette situation par le métier de pompier qu’il a exercé, et qui a considérablement réduit son sens de l’odorat. CBD soutient ne pas avoir ce sens bien développé et dit ne rien sentir de différent d’ailleurs. Il est également bien intéressant de souligner que tous les participants ont mentionné les odeurs de l’été, mais que personne n’a parlé des odeurs que l’on pourrait sentir en hiver; l’explication tient peut-être au fait que celles-ci sont figées par le froid et que la ruelle est moins fréquentée.

4.1.4 TOUCHER

L’utilisation du sens du toucher dans l’appréciation de la ruelle par ses résidents est indissociable des activités qu’ils y font et, contrairement aux trois sens précédents, il requiert d’être physiquement