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as I inched sluggishly along the treadmill of the Maycomb County school system (36)

État 5. Les grand-parents éblouis virent bondir un vrai singe.

G. L’objectif du traducteur et la notion d’équivalence.

Avant de commencer une traduction, le traducteur doit d’abord définir son objectif. Cet objectif a tendance à varier selon la nature du texte et selon le publique visé, mais il y a une chose que tous les traducteurs ont en commun : l’aspiration d’obtenir un certain degré d’équivalence. Dans les manuels de traduction, l’équivalence est un terme qui apparaît souvent et la citation suivante de Lederer confirme son importance dans la théorie de la traduction : « la traduction, pour être réussie, doit viser à établir une équivalence globale entre le texte original et le texte traduit » (Lederer 2006 : 41). En revanche, Schäffner nous fait remarquer quedans le domaine de la traductologie l’équivalence est aussi une source de grande polémique et que « some translation scholars reject this notion outright » (Schäffner 2004 : 1255). Selon les spécialistes en question, le fait de parler de l’équivalence nous fait oublier la nature même de la traduction : « it is difference, not sameness or transparency or equality, which is inscribed in the operations of translation » (Hermans 1999a : 61). Le concept de l’équivalence provient du domaine des mathématiques et il est étroitement associé avec la logique. En traductologie, puisque celle-ci n’est pas une science exacte, il n’y a pas de véritable consensus sur la définition de l’équivalence, et certains remettent en question le besoin de garder un tel concept dans la théorie (Chesterman 2005 : 19).

En outre, il existe plusieurs sortes d’équivalence. Nous allons commencer par en présenter les deux types identifiés par Eugene Nida, selon qui « la traduction consiste à produire dans la langue d’arrivée l’équivalent naturel le plus proche du message de la langue de départ, d’abord quant à la signification, puis quant au style » (Nida 1959 : 19). La théorie de Nida distingue l’équivalence formelle et l’équivalence dynamique (cité dans Bassnett 2002 : 34). Formal equivalence est obtenu quand les mots et le sens du message sont identiques dans la traduction et dans le texte d’origine. Certains considèrent cela comme une traduction fidèle puisque le contenu s’approche le plus possible de l’original. De l’autre côté, dynamic equivalence est obtenu quand l’effet produit sur le lecteur est identique dans les deux langues. Dans ce cas, le traducteur se permet parfois de modifier le contenu, dans les limites du raisonnable, afin que sa traduction ait un impact semblable à celui du texte d’origine. D’après Nida, le fait de produire un effet équivalent dans la langue cible est précisément ce qui suscite la justesse d’une traduction (Venuti 2010 : 73). L’équivalence dynamique se trouve souvent dans les traductions ciblistes. Venuti explique que selon Nida, « a translation of dynamic equivalence aims at complete naturalness of expression » (Venuti 2008 : 16). Il en va de même pour la traduction cibliste, une stratégie qui vise à produire une traduction qui pourrait passer pour un texte original, comme s’il avait été écrit directement dans la langue cible . Ici, un traducteur « veut seulement 30

produire […] une impression semblable à celle que les lecteurs directs et contemporains de l’original ont reçue » (Schleiermacher 1999 : 47-9). Pour résumer, la théorie de Nida sur l’équivalence dynamique se focalise sur la manière dont le langage communique : « Nida’s theory emphasizes not formal correspondence, but functional equivalence; not literal meaning but dynamic equivalence; not “what” language communicates, but “how” it communicates » (Gentzler 1993 : 54).

Indépendamment de la théorie de Nida, W. Koller (1993) prescrit cinq catégories alternatives d’équivalence que le traducteur doit viser :

Pour ce genre de traduction, Juliane House a forgé le terme « covert translation »

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Overt translation = une traduction qui est manifestement une traduction

Covert translation = une traduction qui n’est pas manifestement une traduction

Ces deux types de traduction n’ont pas la même fonction :

1. Une traduction doit transmettre l’information donnée par l’original sur la réalité extra- linguistique - équivalence dénotative (denotative Äquivalenz)

2. Elle doit respecter le style : registre de langue, sociolecte, extension géographique des expressions, etc - équivalence de connotation (konnotative Äquivalenz)

3. Elle doit être conforme au genre du texte traduit : on n’écrit pas des recettes de cuisine comme un traité de droit - équivalence de norme textuelle (textnormative Äquivalenz) 4. Elle doit être adaptée aux connaissances du lecteur pour être comprise - équivalence

pragmatique (pragmatische Äquivalenz)

5. La forme de la traduction doit produire le même effet esthétique que l’original (formal-ästhetische Äquivalenz). (cité dans Lederer 2006 : 51-52)

En dépit des spéculations, une équivalence totale est rarement réalisable. Pour certains, elle est tout simplement impossible, parce qu’une traduction « is never simply the source text […] It is at best an image of it » (Hermans 1996b : 9). Selon Gentzler, dès que l’on traduit dans une autre langue, il y a une « violation » de l’original, ce qui confirme « the impossibility of ever creating “pure” equivalents » (Gentzler 1993 : 149). Newmark (cité dans Nguyễn 2011) estime que l’équivalence générale, ou le « broad equivalent effect » (Newmark 1988b : 49), est bien possible, mais seulement si le concept est universel et si les deux cultures partagent les mêmes idées, ce qui est extrêmement rare. Popovič se conforme également à l’idée de l’impossibilité de produire un texte équivalent, même s’il reconnaît que le but ultime d’une traduction est d’obtenir une unité stylistique avec l’original (Gentzler 1993 : 88). Ainsi, la traduction idéale est celle qui atteint un équilibre optimal, soit entre formal equivalence et dynamic equivalence, foreignising et

domesticating, ou adequacy (la fidélité envers le texte source) et acceptability (la

conformité aux normes de la langue cible). Mais comment produire dans chaque traduction cet équilibre si convoité ? Après tout, « Le dilemme fidélité/trahison se pose comme dilemme pratique parce qu’il n’existe pas de critère absolu de ce qui serait la bonne traduction » (Ricœur 2004 : 60).

De toute manière, même si l’équivalence s’avère possible, « comme tout jugement de valeur, le jugement porté sur l’équivalence d’une traduction sera néanmoins toujours en grande partie subjectif » (Lederer 2006 : 52). En plus, la subjectivité elle-même évolue avec le temps. Selon l’époque, une tradition n’est pas reçue de la même façon. Pendant les années 80, avec les théories émergentes dans le domaine de la traductologie, les

traducteurs n’abordaient pas leurs textes de la même manière qu’aujourd’hui. La traductologie a évolué, et de nos jours l’accent porte sur la notion de la fidélité. Nous allons voir qu’il y a une différence remarquable entre les tendances observées dans la deuxième et la troisième version française de To Kill a Mockingbird. Au premier abord, celle de 1989 nous paraît plutôt cibliste et nous y observons davantage de déviations et de créations de la part de la traductrice. En revanche, la traduction de 2005 nous semble beaucoup plus « proche» de l’original, surtout sur le plan lexical et structurel.

Dans le cadre de cette étude, nous allons examiner l’impact sur le lecteur étranger, un élément clé pour mesurer l’équivalence d’une traduction. Nous estimons que « la maîtrise de la traduction d’une métaphore passe par l’analyse de sa fonctionnalité » (Gillis & Gravet 2010 : 8). C’est-à-dire que nous allons qualifier de satisfaisante toute traduction qui fournit une représentation fidèle de la couleur locale, et qui saurait éveiller les mêmes sentiments chez les lecteurs francophones que chez les lecteurs anglophones.

H. Les obstacles de traduction posés par les métaphores ainsi que d’éventuelles