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L’inflation: un phénomène de déséquilibre

Dans le document Inflation Forte et Transition à l'Est (Page 93-97)

CARACTERISES PAR UNE INFLATION ELEVEE

II. L’APPORT DE LA THEORIE ECONOMIQUE DANS LA COMPREHENSION DES PHENOMENES MONETAIRES, CARACTERISES PAR UNE INFLATION

II.2. L’expansion de monnaie est la conséquence de l’augmentation des pr

II.2.2. L’inflation: un phénomène de déséquilibre

Comme nous l’avons présenté précédemment (cf. II.1.1.1.), Cagan considère l’hyperinflation comme un processus d’équilibre dans lequel les prix augmentent avec la vitesse et donc avec la demande agrégée (relation stable). A l’opposé de cette conception, des auteurs germaniques tels que Bortkiewicz ou Von Mises conçoivent l’hyperinflation comme un phénomène de déséquilibre au sens où l’anticipation sur les résultats futurs a un impact sur le niveau des prix. Ainsi, Bortkiewicz affirme que les prix qui prévalent aujourd’hui n’ont pas nécessairement de relation avec la quantité courante de monnaie. Cela signifie que P peut augmenter sans pour autant que MV croisse simultanément pour permettre cette hausse de prix.

Une telle analyse est à la fois novatrice et en opposition avec l’approche standard des inflations fortes. Son apport essentiel résulte dans la prise en compte des schémas d’anticipation dans le processus hyperinflationniste. Ceci est très important, comme nous l’avons remarqué précédemment (II.1.), les anticipations sur les futurs taux d’inflation sont clairement posées dans les analyses standards. Les modèles de type Cagan utilisent soit des anticipations adaptatives soit des anticipations rationnelles mais une fois posées formellement elles n’ont pas d’impact sur la sphère réelle de l’économie. De plus, et c’est beaucoup plus gênant, la construction de la courbe de type Laffer exige au modèle de poser très rapidement

πe

= π. Si Cagan parle beaucoup du comportement des agents lors des épisodes

Bien évidemment, l’avantage des modèles standards est de pouvoir proposer une rigoureuse formalisation, ce que ne font pas les économistes germaniques des années 20. L’apport d’auteurs tels que Bortkiewicz ou Von Mises se situe dans la conceptualisation du processus hyperinflationniste. Si l’inflation est comprise comme un phénomène de déséquilibre, cela signifie que les prix peuvent être fixés aujourd’hui sur la base d’une anticipation d’une augmentation continue de l’offre de monnaie et que le volume des transactions puisse décroître à la suite d’une pénurie de monnaie. Von Mises appuie un tel raisonnement en affirmant que les transactions ne reposent pas sur les conditions monétaires courantes mais sur celles anticipées. Ici, la dichotomie entre la sphère réelle et la sphère monétaire est rompue. En effet, si il n’y a pas assez de monnaie disponible au moment de payer à des prix qui correspondent à l’offre future anticipée et à la demande de monnaie, alors le commerce commence à souffrir d’une pénurie de billets. Il n’y a donc plus assez de monnaie pour l’exécution des transactions décidées et les relations d’échange qui existent entre monnaie et biens économiques se réalisent difficilement. Cette analyse est cohérente avec les expériences vécues par nombre de pays subissant ou ayant subi des épisodes d’inflation forte. L’impact de la monnaie sur la sphère réelle de l’économie trouve ici une explication.

La pénurie de monnaie provoque la rupture des échanges et les économistes allemands qui ont vécu l’hyperinflation de 1923 ont remarqué l’aspect dévastateur de ce phénomène. La pénurie de monnaie complique, voire rend impossible les prises de décision d’investissements. De plus, il devient très difficile de trouver les crédits nécessaires pour acheter les consommations intermédiaires (et notamment énergétiques). En conséquence, l’investissement diminue et la production également. Cette analyse est confirmée par les faits. Entre 1922 et 1923, la production allemande a chuté de 23,75 %. Au même moment, l’hyperinflation faisait rage. Ainsi, la théorie de la balance des paiements, étroitement liée avec la doctrine des effets réels, fournit un éclairage différent de celui proposé par l’analyse standard. Si ce courant théorique fondé par des auteurs germaniques du début des années 20 n’a pas reçu de développements successifs conséquents, il n’en reste pas moins vrai - et nous pourrons largement le constater dans la partie suivante (III.) - que la situation monétaire vécue par la plupart des pays en transition de l’Est de l’Europe peut être difficilement expliquée par une analyse standard focalisant uniquement sur la causalité directe de M vers P.

Aussi, nous verrons par la suite que nombre d’auteurs contemporains - sans toutefois faire référence à la théorie de la balance des paiements - prônent une approche hors équilibre des inflations fortes.

Avant d’aller plus loin dans notre analyse, nous pouvons déjà esquisser les grandes options théoriques prises par la théorie des inflations fortes au travers du tableau suivant77.

Tableau n° 2.1: Les différentes théories de l’inflation forte

Courant théorique Partisans de la théorie quantitative Opposants à la théorie

quantitative Auteurs principaux Bresciani-Turroni (1937), Cagan (1956),

Allais (1966), Sargent (1982)

Altman (1908), Von Mises (1923), L. A. Hahn (1924), Von Bortkiewicz (1924)

L’inflation * Appréhendée comme un phénomène

d’équilibre

* Dichotomie entre la sphère monétaire et la sphère réelle

* Appréhendée comme un phénomène de déséquilibre * Impact de la sphère monétaire sur la sphère réelle

Recommandations en terme de

politique économique

A partir d’un certain niveau d’inflation, les agents se détournent de la monnaie car ils réalisent que sa détention revient à payer un impôt au gouvernement. Le processus s’éteint de lui même et est capable d’être accéléré pour peu que l’on trouve au gouvernement de nouvelles formes de financement alternatives au simple seigneuriage.

Compte tenu de la pénurie de monnaie en situation d’hyperinflation, la création monétaire est la politique la plus appropriée à mettre en oeuvre. De plus elle permet d’éviter une révolution sociale.

A chaque fois que l’actualité économique a connu des périodes d’inflation forte, la curiosité de la théorie pour de tels événements a été éveillée. Ainsi, le développement de la littérature sur les inflations fortes a progressé en fonction des aléas de la conjoncture.

77

En d’autres termes, les années 20 ont permis la construction de nombreuses réflexions théoriques sur ce sujet. Les années 80 caractérisées par les inflations chroniques d’Amérique Latine ont relancé l’intérêt pour ce type d’analyse. Enfin, depuis la chute du système d’Economie planifiée, la littérature se penche de nouveau sur ces problèmes. Il devient donc indispensable d’élargir notre compréhension de la Science Economique traitant des tensions fortement inflationnistes au travers d’un examen des nouveaux modèles s’attachant à expliquer les dynamiques de prix dans les sociétés en transition de l’Est de l’Europe.

II.3. Les modèles d’inflation forte appliqués spécifiquement aux économies

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