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ET ÉCONOMIQUES , FACTEUR DE COHÉRENCE SUR LES TERRITOIRES

3.1.3. L’importance de considérer et mobiliser la diversité de parties prenantes impliquées

Le secteur du tourisme se révèle être un domaine très transversal, du fait de la multiplicité des acteurs qu’il rassemble224. Dans ce cadre, il semble donc essentiel d’intégrer cette

pluralité d’acteurs, aux activités très hétérogènes, à l’instauration d’une dynamique collective pour que celle-ci soit efficace et pérenne. Dans le cadre de la randonnée pédestre itinérante, cette idée vient d’autant plus se confirmer du fait de la diversité des acteurs qui peuvent être concernés (cf. partie 2 pour plus de détails à ce sujet).

La théorie des parties prenantes, expliquée par Bédé Sébastien dans son article Les contrats

de destination : nouveau souffle ou nouvelle ère de la gouvernance des destinations, nous

permet de mieux cerner l’importance d’adopter une approche transversale aux différentes activités concernées par l’activité touristique autour de laquelle les acteurs vont se rassembler. Cette théorie managériale repose initialement sur une approche d’entreprise permettant de s’éloigner des visions centrées sur l’actionnaire et l’individu, où l’on cherche à considérer la multitude d’intérêts coopératifs et compétitifs en présence (Mullenbach- Servayre, 2007). La notion au cœur de cette idée est de reconnaître que les professionnels

224 Comme nous l’expose le CESE, il est effectivement important de prendre en compte pour définir l’activité touristique les différents jeux d’acteurs qui contribuent à sa production. La définition de Rémy Knafou et Mathos Stock pour qualifier le tourisme vient confirmer cette idée qu’un “système d’acteurs, de pratiques, et d’espaces [vient participer à] la

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ne peuvent réaliser leurs objectifs stratégiques -permettant d’assurer leur pérennité- s’ils ne considèrent pas les besoins des acteurs qui composent leur environnement.

On constate en effet que bien souvent, les dirigeants d’entreprises possèdent une vision assez étroite et restreinte des parties prenantes225. Les auteurs Freeman et Reed ont

pourtant proposé en 1983 d’élargir cette définition afin de percevoir les parties prenantes comme “tout individu ou groupe d’individus pouvant affecter l’organisation, ou être affecté

par la réalisation des objectifs de celle-ci”. Avec cette vision nouvelle, les réseaux d’acteurs

se placent au final au cœur du fonctionnement de toute organisation ou entreprise, et seraient au final source de création de richesse.

Comme l’expose notamment Sandra Lavergne dans son mémoire de recherche, il est possible de distinguer différents types d’acteurs pouvant être concernés par une coopération dans le domaine du tourisme.

On retrouve d’abord l’ensemble du secteur privé, c’est à dire les entreprises et prestataires privés qui constituent, de près ou de loin, l’offre touristique locale. On distingue notamment les hébergements, les restaurants, les sites touristiques et de loisirs, les prestataires d’activités, etc. L’importance de les intégrer dans la coopération semble ici évidente, puisque ce sont eux qui vont accueillir les visiteurs itinérants dans leur établissement, ce qui les place comme des acteurs de premier plan dans la constitution de l’offre itinérante. Ces professionnels vont en outre pouvoir apporter au collectif une vision très opérationnelle de la réalité de terrain, une réelle expertise, ainsi que des compétences et moyens précieux.

En parallèle de ces acteurs privés qui adoptent des logiques purement économiques dans leur développement, il est possible de distinguer les acteurs institutionnels. Ces derniers représentent toutes les structures chargées du développement, de la promotion mais aussi de la commercialisation du tourisme sur un territoire. On retrouve d’une part ceux en contact direct avec la clientèle touristique, comme les Offices de Tourisme226 ou les sites

225 “Cette vision restreint les parties prenantes à un groupe d’acteurs dont les relations affectent économiquement

l’entreprise : employés, clients, fournisseurs, agences gouvernementales, propriétaires, institutions financières, actionnaires.” (Bédé, 2015, p.121)

226 Leur pouvoir réside ici plus dans le fait que ces structures sont d’une part en contact direct avec les touristes, mais sont aussi en mesure de fédérer et réunir un certain nombre d’acteurs, tout en assurant un rôle de relais entre socio- professionnels et collectivités territoriales.

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touristiques et culturels publics, et d’autre part les collectivités territoriales. Ces dernières jouent effectivement un rôle dans les “coulisses” du développement de la randonnée pédestre. Bien qu’ils ne soient pas directement en contact avec les touristes, ce sont ces acteurs qui vont pouvoir apporter leurs compétences et expertise au service du développement de la randonnée itinérante227. La puissance publique, comme l’exposent

les auteurs de la Revue Espaces Réseaux d’acteurs du tourisme & design de services, va au final pouvoir présenter des modes d’action variés dans une démarche coopérative. Chacun des cas étudiés va effectivement présenter des configurations particulières, et l’instance publique va intervenir à différents niveaux228. De façon générale, il s’avère qu’elle va

occuper un rôle de garant ou “d'orchestration” des initiatives, mais ce toujours dans une optique de délégation. Au final, “l’instance politique [semble s’être] métamorphosée : elle

n’impose plus, elle impulse ; elle n’ordonne plus, elle coordonne ; elle ne commande plus, elle organise. En ce sens, elle se révèle comme une des figures-clés de la création et de la pérennisation des organisations réticulaires” (Rouard, Schegg, Fragnière, et al., 2019,

p.133).

Il est ensuite possible de distinguer les acteurs des réseaux associatifs, qui constituent pour nombre d’entre eux des structures dynamiques pour le tourisme. On constate effectivement ces dernières années que ce secteur s’organise de plus en plus par le biais d’associations plus ou moins spécialisées sur certaines activités, et à des échelles plus ou moins locales229.

Celles-ci permettent à leurs membres de bénéficier d’avantages certains, par exemple en matière de promotion, de communication ou encore de commercialisation. Les acteurs qui décident d’adhérer à ce genre d’association peuvent au final voir leur notoriété et visibilité augmentées. Citons par exemple au niveau national le réseau renommé des Gîtes de France.

227 A travers les politiques de développement qu’ils déploient, mais aussi du fait de leur capacité à mobiliser, sensibiliser et mettre en relation les différents acteurs en présence. Comme nous le précise Bédé Sébastien dans son ouvrage, les collectivités territoriales vont aussi permettre “de faire prendre conscience [aux parties prenantes] des enjeux à

s’engager” dans une démarche coopérative.

228 Mise en place d’une stratégie, soutien financier, logistique, opérationnel, matériel, humain, etc. 229 Pouvant s’organiser à travers des fédérations ou réseaux nationaux.

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Les bénéfices offerts par les associations se positionnant à des échelles plus locales, autour de domaines tant sportifs que culturels, sont tout autant profitables. Ces structures vont effectivement participer à la structuration d’une offre touristique mais aussi contribuer à l’instauration d’une dynamique locale. Ici encore, l’enjeu du réseau est très présent, puisque les associations permettent in fine de réunir différents acteurs autour d’objectifs communs, et travaillent de surcroît bien souvent en collaboration avec des structures publiques, comme par exemple des Offices de tourisme. Finalement, comme Lavergne Sandra l’a écrit, “la mise en réseau associative consent à dynamiser un territoire, à

développer les actions opérationnelles et à inscrire divers acteurs dans une démarche commune”.

Pour terminer, la population locale est distinguée comme un dernier type d’acteurs à considérer, puisque comme déjà évoqué précédemment, elle va occuper un rôle d’ambassadeur du territoire vis à vis des touristes. Bien souvent oubliée des décideurs et différents projets territoriaux, son implication semble pourtant essentielle puisque les habitants sont les premiers concernés par le développement de leur territoire, ce dernier constituant leur lieu de vie quotidien. Afin de les associer pleinement au développement touristique, il est donc crucial de consulter cette catégorie d’acteurs particulière pour éviter des contestations et conséquences négatives sur l’accueil des touristes sur le territoire (référence au rapport visiteur/visité). Une considération de l’opinion des habitants va en effet favoriser leur sentiment d’appartenance au territoire, renforçant in fine l’ancrage d’une identité territoriale affirmée et valorisante et permettant ainsi la diffusion de valeurs et images positives aux visiteurs.

En définitive, la notion d’hétérogénéité se manifeste ici de façon évidente pour que la coopération soit efficace et pérenne. Les exemples étudiés de réseaux dans la Revue Espaces n°347 -Vignobles & Découvertes, Suisses Mobiles ou encore Voyage à Nantes- viennent confirmer l’importance de considérer et d’impliquer une diversité d’acteurs dans la démarche.

En conclusion de cette section, le tourisme étant un secteur très transversal, il apparaît comme indispensable que tous ces acteurs, bien que très différents tant au niveau de leur échelle que de leur statut et fonction, se consultent et travaillent ensemble pour

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développer ensemble l’activité touristique du territoire. L’offre touristique constituée s’en trouvera ainsi plus forte et visible. Toutefois, il semblerait d’après l’étude menée dans la Revues Espaces n°347 qu’il est essentiel pour établir cette chaîne de solidarité, qu’un acteur dit “meneur” soit présent pour permettre de mobiliser les différents acteurs et les réunir. La métaphore proposée dans cet ouvrage semble au final bien représenter la manière dont il faut appréhender le développement de la randonnée pédestre itinérante :

« Si le parcours du touriste est une symphonie, le réseau touristique est un

orchestre. Et dans un orchestre, même si chaque musicien connaît sa partition sur le bout des doigts, seules des répétitions régulières pendant des mois permettent de donner des concerts de qualité. » (Franières, Loubier, 2019,

p.94).

3.1.4. La nécessité de de dépasser les frontières et d’envisager une

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