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2. CADRE THÉORIQUE

2.1. Libertés et contraintes en contexte spécialisé

2.1.1. L’enseignement spécialisé public à Genève

Aujourd’hui, l’enseignement spécialisé genevois prend en charge les enfants qui présentent une atteinte organique ou psychique majeure et handicapante (cécité, surdité, infirmité motrice cérébrale, handicap mental, psychose déficitaire) et des enfants inadaptés aux critères scolaires ordinaires. Toutefois, on peut se demander ce qui définit cette seconde catégorie d’élèves. En effet, Biffiger (2004) soulève que les « […]

recherches ne mettent en évidence aucune caractéristique déterminante de cette inadaptation » (p.34). Quoi qu’il en soit, la caractéristique commune à tous les enfants pris en charge réside dans des difficultés ou des troubles de l’apprentissage qui peuvent avoir des origines diverses cognitives, affectives, neuropsychologiques, psychopathologiques ou sociales.

La situation de scolarisation doit être envisagée par un processus différent de celui du cursus ordinaire : « les caractéristiques du déficit sont à prendre en compte dans leur effet sur les possibilités de relation avec l’entourage et sur les modalités du développement dont l’apprentissage » (SMP, sans date, p.5). Si l’intégration de ces enfants dans les structures ordinaires reste une priorité absolue du département de l’instruction publique, force est de constater qu’elle n’est pas toujours possible. C’est pourquoi certains d’entre eux fréquentent, à plein temps, une structure de l’enseignement spécialisé, à savoir une classe spécialisée, une institution…

Les premières classes spécialisées ont été ouvertes à Genève en 1898 pour accueillir les enfants qu’on disait alors « anormaux, arriérés et faibles d’esprit » (SMP, sans date, p.1). Afin que ces classes ne deviennent pas un lieu de débarras pour les enseignants, une commission médico-pédagogique s’est créée en 1904. Elle deviendra plus tard le service médico-pédagogique (SMP). À partir de 1910, les programmes pédagogiques, les dispositifs éducatifs et la formation des enseignants sont repensés et évoluent avec le concept d’intégration.

Si ceci se retrouve dans la plupart des pays occidentaux, la particularité genevoise réside dans l’imbrication très précoce de deux mandats, celui de l’école publique et celui du service médico-pédagogique qui travaillent en étroite collaboration. Ce choix politique repose sur l’idée qu’il est important de mettre au service des enfants et de leurs parents un réseau important de compétences professionnelles sur le versant éducatif et thérapeutique.

L’évolution des lois régissant l’instruction publique et celle du mandat du SMP permettent de mieux comprendre la transformation des idées concernant la prise en charge des élèves à besoins éducatifs particuliers.

En 1977, les élèves de la division spécialisée sont astreints à l’instruction comme le montre la loi sur l’instruction publique du 23 juin 1977 :

Art. 4 Objectifs de l’école publique

L’enseignement public a pour but, dans le respect de la personnalité de chacun :

a. de donner à chaque élève le moyen d’acquérir les meilleures connaissances dans la perspective de ses activités futures et de chercher à susciter chez lui le désir permanent d’apprendre et de se former ;

b. d’aider chaque élève à développer de manière équilibrée sa personnalité, sa créativité ainsi que ses aptitudes intellectuelles, manuelles, physiques et artistiques ;

c. de préparer chacun à participer à la vie sociale, culturelle, civique, politique et économique du pays, en affermissant le sens des responsabilités, la faculté de discernement et l’indépendance du jugement ;

d. de rendre chaque élève progressivement conscient de son appartenance au monde qui l’entoure, en développant en lui le respect d’autrui, l’esprit de solidarité et de coopération ;

e. de tendre à corriger les inégalités de chance de réussite scolaire des élèves dès les premiers degrés de l’école.

Cette loi a été modifiée le 16 octobre 1986 pour prendre en compte l’évolution des conceptions et des pratiques concernant les enfants à besoins éducatifs particuliers et notamment le concept d’intégration : « Au sens des dispositions de l’article 4, l’enseignement public pourvoit à l’intégration totale ou partielle des enfants ou adolescents handicapés dans une classe ordinaire, spécialisée ou dans une autre structure » (SMP, sans date, p. 3).

Le mandat du service médico-pédagogique quant à lui est défini par la loi sur l’office de la jeunesse du 28 juin 1958 :

Art. 9 Service médico-pédagogique

1. Le service médico-pédagogique est compétent dans les questions concernant l’hygiène et la santé mentale des mineurs.

2. Il s’occupe d’enfants et d’adolescents présentant des troubles psychologiques, des défauts de langage, certaines affections nerveuses, sensorielles ou motrices et qui peuvent bénéficier soit d’une éducation, d’une instruction et d’une formation professionnelle adaptée à leurs difficultés, soit d’une action curative.

3. Il contribue à assurer, par les méthodes appropriées, la prophylaxie, le dépistage, le diagnostic et le traitement médico-pédagogique de ces troubles. A cet effet, il collabore avec les parents, les médecins traitants et, d’une façon générale, avec les

personnes et institutions s’occupant, sur le plan officiel ou privé, de l’enfance et de l’adolescence inadaptée.

4. Il participe à la direction des classes et des établissements spécialisés officiels.

La mission du SMP est d’ordre préventif et thérapeutique. Il offre aux bénéficiaires des consultations, des suivis pédagogiques et thérapeutiques ainsi qu’une assistance psychologique. Le SMP collabore avec les écoles, les institutions officielles, les parents et les médecins traitants. Son équipe se compose de médecins, psychologues, logopédistes, psychomotriciens, assistants sociaux, secrétaires et collaborateurs techniques. Le mandat et l’organisation du SMP permettent de mettre à disposition des usages un important réseau de compétences professionnelles qui collaborent avec différents services officiels et privés, des associations, des fondations, des écoles privées, l’Office fédéral des assurances sociales et les offices cantonaux de l’assurance invalidité, les commissions départementales d’éducation spécialisée des départements français voisins, les services de recherche et les universités romandes et étrangères.