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une appropriation choisie ou contrainte de l’espace ?

II- L’enracinement sur un territoire

La notion d’enracinement fait directement référence, dans notre propos, aux rapports que les individus entretiennent avec le temps, ou plutôt les temps de leur vie. L’école durkheimienne est la première à s’être penchée sur l’étude du temps, notamment à travers les notions de

« sacré » ou encore de « rythmes » dans les sociétés anciennes. « Dès cette époque, un concept du temps social a émergé. Le temps possède une dimension proprement sociale, il résulte de la vie en société ; les diverses durées, les événements et les activités sont en quelques sortes recomposés, réinterprétés dans un rythme social d’ensemble qui leur donne cohérence et signification »665. L’école durkheimienne met donc en évidence la notion de « temps » et son importance dans la mise en place de rythmes sociaux. Pour autant, elle ne trace pas de relation entre le temps, le rythme des sociétés, et le type d’espace sur lequel ces dernières se situent. Si le lien entre individu et temps est ainsi identifié, celui entre l’individu et l’espace-temps n’est pas encore mis en exergue.

Or, nous le répétons, s’approprier un lieu suppose de s’inscrire dans une durée, bien que cette durée soit éminemment variable en fonction des individus : certains habitants se sentiront chez eux dès les premiers mois de leur arrivée sur un territoire, tandis que d’autres ne se l’approprieront jamais véritablement. Néanmoins, « les temporalités sont au cœur de la recomposition actuelle des territoires urbains et des espaces vécus de leurs habitants. Les évoquer, c’est faire référence à l’idée que le temps ne se déroule pas de façon linéaire. Il comprend des séquences et des rythmes différents dans le quotidien et le biographique des personnes, mais aussi dans le quotidien et l’histoire de la ville »666. Bien que mettant ici en évidence un lien entre l’individu et l’espace-temps, les auteurs tracent une différence entre le temps des individus et le temps du territoire.

Bien que celui-ci soit également important, notre propos n’est pas de se centrer sur le temps du territoire. Il sera donc laissé de côté dans notre démonstration, pour se concentrer sur les différents temps de l’individu. La dimension temporelle se manifeste effectivement dans deux types de temps : les temps courts, de l’ordre de l’heure, de la journée, de la semaine, du mois ; et le temps, de l’ordre de l’année, qui relève alors du cycle de vie de l’individu, de ses expériences biographiques.

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665. PRONOVOST Gilles, Sociologie du temps, Bruxelles, De Boeck, 1996, p. 17.

666. HILAL Mohamed, SENCEBE Yannick, « Mobilité quotidienne et urbanité suburbaine », Espaces et Sociétés,

« Espaces, modes d’emploi », n°108-109, 2002, p. 134. Cette analyse, tirée d’une enquête sur les espaces vécus en milieu urbain, peut évidemment être extrapolée, à notre sens, sur tout type d’espace, y compris en milieu rural.

1- Le temps court

Ce que nous avons appelé le « temps court » fait directement référence, à notre sens, aux activités de la vie quotidienne, que nous avons abondamment décrites dans les formes de participation territoriale. En effet, c’est à travers les activités pratiquées que l’individu s’inscrit dans un rapport au temps et à l’espace. Comme dans l’étude de la mobilité inter-territoriale, l’objectif n’est évidemment pas ici de décrire à nouveau ces activités mais de les cerner dans le rapport au temps. En effet, « le temps est l’objet de préoccupation majeure dans la société industrielle. Nous vivons sous l’horloge. Temps de travail, temps de loisir, temps de trajet, horaires d’entrée et de sortie, à l’usine, au bureau, à l’école, à la maison…, heures de train, heures de repas, temps de cuisson, temps de sommeil, emploi du temps, avances, retards, délais, plans, crédits, cadences, pointage, projets, attentes, rendez-vous…, temps gagnés, temps perdus, temps récupérés, temps morts…, hâte, lenteur, ennui… - autant d’expression de tous les jours qui traduisent la variété et l’importance de notre expérience temporelle. De nos expériences plutôt »667. A travers sa recherche sur les attitudes et comportements à l’égard de ces expériences temporelles, William Grossin montre ici la multiplicité des temps de la vie quotidienne, la multiplicité des ces « temps courts ».

Il existe donc différents rythmes de vie, entre temps de travail, temps libéré – des contraintes professionnelles mais pas forcément des contraintes domestiques –, temps libre... La répartition entre ces diverses formes de temps varie selon les individus. Il existe donc diverses manières de vivre les activités de la vie quotidienne, notamment parce que les mobilités que ces dernières induisent ne « consomment » pas toutes le même temps. Les temporalités individuelles sont donc « au cœur de l’analyse des territoires en mouvement en favorisant l’éclatement des temporalités collectives. Cela affecte directement les conditions de la mobilité : les citoyens, pour arriver à articuler les sphères du monde professionnel et celle de la vie privée, sont enclins à développer des grilles d’activités plus ou moins complexes selon leurs motifs de déplacement »668. Les individus développent également des modes de gestion du temps et de la mobilité en fonction des activités qu’ils mènent.

« Il faut savoir, quand on est actifs comme ça, parce que là, je suis à une période de ma vie très active, il faut savoir vraiment gérer son temps. C’est vraiment le planning. Quand vous avez un entretien, c’est tant de temps. Sans cesse, il faut se dire : "Je finis à telle heure, ensuite je m’occupe de moi un peu, et je m’occupe de ma femme, ou de mes amis, ou de ma maman, ou du jardin". Mais vous avez l’impression de toujours planifier, même les loisirs »669.

Les habitants sont donc amenés à organiser l’articulation des temps de la vie quotidienne en fonction de leurs activités et de la mobilité induite par celle-ci. Plusieurs personnes, notamment celles vivant en milieu rural, « regroupent » leurs activités de manière à minimiser leurs déplacements. Par ailleurs, les individus sont parfois obligés de délaisser certaines activités, faute de temps. Ne sont alors privilégiées que les activités jugées indispensables, les plus souvent les activités professionnelles et familiales.

« J’avais le temps de m’investir, donc je le faisais. Donc si j’ai laissé en stand-by, c’est d’une, j’ai quitté le quartier, et de deux, c’est qu’à un moment donné, avec les gamins, il faut faire la part des choses, il n’y a pas que son plaisir personnel. Ils commencent à prendre un peu de taille, et ils ont besoin de papa »670.

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667. GROSSIN William, Les temps de la vie quotidienne, Paris, Mouton, 1974, p. 11.

668. CASTEX Elodie, JOSSELIN Didier, « Temporalités éclatées : la réponse des transports à la demande aux nouvelles formes de mobilité », Espace, populations, sociétés, n°2-3, « Temps et temporalités des populations », 2007, p. 433.

669. Homme, 51 ans, Pigny (18).

670. Homme, 44 ans, Déols (36).

La contrainte temporelle quotidienne amène donc à privilégier certains domaines d’activité plutôt que d’autres. Gilles Pronovost parle ainsi d’« activités-pivots »671, qui sont pour lui des activités hautement significatives autour desquelles gravitent d’autres activités contingentes. Elles peuvent être dites structurantes car elles ont un effet direct sur l’organisation des temps quotidiens. C’est d’ailleurs ce qui explique l’apparition de certaines difficultés dans le rapport au temps arrivé à la retraite672. En effet, la retraite efface les repères temporels donnés par le cadre professionnel. Si certains habitants se concentrent alors sur de nouvelles « activités-pivots », comme le bénévolat associatif, d’autres se retrouvent plus « perdus » dans la gestion temporelle de leur vie quotidienne.

« Mais vous savez, quand on est en retraite, on s’occupe avec rien. Oui, il faut que je prenne le temps. Quand on est libre de son temps, on le passe où on veut. Quand on a du boulot, on le passe au boulot, une fois qu’on est libre de son temps, on le passe où on veut »673

Au final, la pratique régulière de ces activités, ancrées dans un espace et un temps donné, permet de s’inscrire dans un territoire donné. Ainsi, « un quartier résulterait de l’attachement né de pratiques répétitives et peu à peu ritualisées de ses habitants, le renouvellement quotidien des gestes et de situations très simples étant le support concret à l’appropriation de l’espace »674. Ce constat est à notre sens valable pour tout type de territoire, y compris un territoire plus vaste et aux limites plus incertaines comme peut l’être le Berry.

2- Le temps biographique : racines et enracinement

Les différentes activités menées dans le temps court de la vie quotidienne construisent une relation particulière au territoire. Cette relation est cependant amenée à évoluer au fur et à mesure de la vie des individus. Tout d’abord, ces derniers sont mobiles et peuvent être conduits à quitter leur espace de vie. Par ailleurs, il existe également un effet générationnel. Suivant leur âge, le moment de leur vie où ils se situent, les habitants n’ont pas les mêmes pratiques territoriales et développent donc des rapports différenciés au territoire. La notion de cycle de vie permet de mettre en évidence ces changements dans l’interaction habitant/territoire, en se concentrant sur l’histoire de l’individu sur un territoire, plutôt que sur l’histoire d’un territoire sur lequel vivent des acteurs. De l’inscription temporelle de longue durée peut également dépendre une certaine « légitimité » à habiter et à se revendiquer d’un territoire : la notion de racines prend alors tout son sens.

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671. PRONOVOST Gilles, op. cit. Pour la plupart des individus rencontrés, les « activités-pivots » se retrouvent dans le domaine professionnel ou dans le cadre d’un engagement politique ou bénévole consommateur en temps. Mais d’autres activités sont également citées de manière plus marginale. Ainsi une mère de famille voit sa vie quotidienne organisée autour des différents rendez-vous induits par la pathologie de son enfant.

672. En effet, même si ces deux types de temps ont été séparés pour clarifier notre exposé, il est essentiel de garder en mémoire que le « temps court » est directement lié avec le temps biographique des individus.

673. Homme, 61 ans, Oizon (18).

674. HUMAIN-LAMOURE Anne-Lise, « Le quartier comme objet en géographie », AUTHIER Jean-Yves, BACQUE Marie-Hélène, GUERIN-PACE France, (dir.) Le quartier : enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, Paris, La découverte, 2007, p. 47.

Cycle de vie : passé, présent, futur

La notion de cycle de vie permet de faire le lien, de manière un peu réductrice et caricaturale mais néanmoins essentielle, entre passé, présent et futur. Chacun de ces moments est d’ailleurs lui-même en relation avec ce que nous pourrions appeler une « référence temporelle » précise. Le présent est selon nous le temps de la vie quotidienne, ce que nous avons précédemment désigné sous le vocable de « temps court ». Le futur est le temps des « projets », qu’ils soient vagues ou plus précis, qu’ils soient à court, moyen ou long terme. Enfin, le passé a quant à lui à voir avec la notion de « mémoire ».

Les cycles de vie permettent donc d’appréhender ce que l’on pourrait appeler le « temps long », par opposition à ce « temps court ». Faire appel à la notion de cycle de vie permet de montrer l’évolution des rapports au territoire, en fonction des différentes étapes de l’existence des habitants. Car ces « cycles de vie constituent également des temporalités au cours desquelles la valeur des lieux change. Chacun des passages d’un statut social et familial à un autre (entrée en formation, entrée dans la vie active, entrée en couple, entrée dans la vie de famille, départ des enfants, arrivée à la retraite…) s’accompagne d’un changement des lieux fréquentés et habités avec parfois un changement de statut résidentiel »675. Chacun de ces changements de statut familial et/ou social peut également aboutir à une évolution des activités pratiquées par les individus676, que ce soit à la suite de ce changement de temps, ou par une modification de ses

« activités-pivots ». En effet, le passage d’une étape biographique à l’autre peut libérer du temps de la vie quotidienne pour telle ou telle activité jusqu’à présent délaissée.

Les individus sont d’ailleurs parfois amenés à prévoir, voire à planifier ces évolutions à travers l’expression de différents projets677 qui leur tiennent à cœur et qu’ils prévoient d’ors et déjà de mettre en place dans un futur plus ou moins proche. C’est par exemple le cas d’habitants qui envisagent leur retraite comme un moment libéré des contraintes temporelles professionnelles, ce qui leur permettra de s’investir dans des activités différentes ; ou bien encore des jeunes générations qui envisagent leur départ comme une potentialité déjà réalisée678. En fait,

« la construction individuelle de l’avenir, si réduite qu’elle soit, varie en fonction de la situation des individus et de leurs comportements coutumiers. Elle n’est donc pas indépendante des conditions de la vie quotidienne. Et réciproquement, la vie quotidienne s’en trouve influencée »679.

Parler de cycle de vie permet également de faire référence au passé des individus à travers la notion de mémoire, qui a été abondamment théorisée680. Notre propos n’est pas d’en faire une revue de littérature, mais de montrer le rôle de la mémoire dans l’inscription territoriale des individus. La mémoire peut être collective et faire référence aux événements qui se déroulent sur un lieu donné et qui sont vécus, parfois différemment, par les acteurs impliquées dans cet événement. La mémoire peut également être plus individuelle et se centrer sur le passé d’un 11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111

675. HILAL Mohamed, SENCEBE Yannick, op. cit., p. 135.

676. « J’ai profité [de la retraite], mes trois filles étant élevées, celle qui vient de m’appeler étant rentrée dans l’enseignement, je me suis dit que j’allais maintenant faire autre chose ». Femme, 58 ans, Lury-sur-Arnon (18).

677. « Les projets sont l’expression d’objectifs à atteindre par un ensemble de moyens spécifiques et selon un horizon déterminé ; ils supposent une représentation de chances raisonnables de réussite (un sentiment de maîtrise du temps), la présence de stratégies d’action à court et moyen terme, voire à long terme, ainsi qu’une perspective d’avenir ; en ce sens, ils sont constitutifs des conceptions occidentales du temps », PRONOVOST Gilles, op. cit., p. 59.

678. « J’ai envie de voir autre chose, un peu. Parce que là, c’est bien mignon, mais il n’y a pas grand-chose ».

Femme, 16 ans, Menetou-sur-Nahon (36).

679. GROSSIN William, op. cit., p. 387.

680. Par exemple, HALBWACHS Maurice, Les cadres sociaux de la mémoire, Paris, Albin Michel, 1994, 367 p.

Ou encore NORA Pierre, Les lieux de mémoire, Paris, Gallimard, 1997, 4751 p.

individu donné. Dans ce dernier cas, elle se retrouve à la fois dans la perpétuation de certaines pratiques territoriales et dans la survivance de représentations sociales sur le rapport qu’entretenait cet individu avec son espace de vie. C’est exactement ce que montre Thierry Paquot en parlant de la « mémoire de la ville ». Ainsi, « à y regarder de plus près, la "mémoire"

de la ville peut désigner deux ensembles bien distincts. D’un côté, des édifices bâtis restés debout, des pratiques sociales toujours actives, bref un passé resté présent dans le champ de la vie urbaine. Et d’un autre côté, un passé révolu, abandonné sinon détruit physiquement, dans l’ordre de la construction comme dans celui de la vie sociale ; donc un passé qui ne survit plus que dans des images mentales, au mieux des vieilles gravures »681. Une partie du passé ne survit que dans le souvenir qu’en ont les individus, comme le prouvent les récits de certains habitants se remémorant les activités qu’ils pratiquaient plusieurs années auparavant.

« Au début, on allait en veillée chez les voisins. On allait chez un voisin et on discutait. […] Et puis dans le temps aussi, il y avait la batteuse, comme on avait un peu de blé, un peu de céréales, il y avait la batteuse qui venait dans toutes les maisons, donc on s’entraidait »682.

Pour Maurice Halbwachs, le souvenir est une reconstruction collective du passé en fonction de la vision présente de la société683. Le souvenir peut cependant être magnifié par les récits individuels. Quelle que soit cependant la place du passé dans le cycle de vie des habitants, la mémoire leur permet d’inscrire leurs pratiques territoriales dans une certaine permanence et de donner une certaine cohérence à l’identité individuelle684. La famille est d’ailleurs considérée comme un des cadres fondamentaux de la mémoire car elle assure une fonction de transmission qui permet d’inscrire l’habitant dans une lignée. En ce sens, elle lui procure des racines, un socle identitaire stable parce que relié à un territoire donné.

La notion de « cycle de vie » permet donc de tracer un lien entre un territoire et un individu, à travers la variation des activités que ce dernier peut être amené à pratiquer selon les moments de sa vie. Se retourner vers le passé ou se projeter vers l’avenir incite les acteurs à mesurer l’évolution de leurs pratiques territoriales en fonction de leur propre biographie. Mais le lien entre individu et territoire est encore plus prononcé lorsqu’on considère l’inscription territoriale des habitants, qui peut être appréhendée à travers la notion de racines.

Racines et légitimité territoriale

Evoquer le temps long, biographique, permet d’inscrire l’individu dans une certaine permanence. La notion de racines fait référence à cette permanence de l’inscription territoriale.

Pour certains habitants, le fait de vivre sur le même territoire que leurs parents, leurs grands-parents et l’ensemble de leurs ascendants les inscrit dans ce territoire et leur permet un ancrage, principalement identitaire. Pour d’autres personnes, se plaire dans un lieu donné, s’y « sentir bien », est suffisant pour revendiquer la création de racines territoriales. Mais il subsiste souvent un « clivage entre "originaires" et "non originaires" du lieu, entre ceux qui peuvent s’inscrire ici dans une histoire familiale en référence à des "racines locales", et ceux qui doivent y "faire

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681. PAQUOT Thierry, Le quotidien urbain. Essais sur les temps des villes, Paris, Editions La Découverte, 2001, p. 116.

682. Homme, 62 ans, Crézancy-en-Sancerre (18).

683. HALBWACHS Maurice, op. cit., 1994. L’auteur développe également cette idée dans un second ouvrage, posthume, en renversant cependant sa perspective théorique. Le souvenir est alors une reconstitution du présent, faite sous l’emprise du passé. Voir HALBWACHS Maurice, La mémoire collective, Paris, PUF, 1950, 170 p.

684. L’enracinement des individus sur un territoire est donc directement lié avec leur construction identitaire, que celle-ci soit individuelle ou collective. Nous y reviendrons au cours du prochain chapitre.

souche" »685. Les individus originaires d’un territoire donné possèderaient alors des relations privilégiées avec celui-ci, sous la forme de « racines » qui donnent un sens à leur inscription territoriale.

« [Mon coin préféré], c’est quand même Saint-Chartier, c’est pour ça que j’y habite. Mais ça, c’est sentimental, c’est des racines, des racines assez profondes »686.

Evoquer la notion de racines permet de questionner les fondements de l’ancrage territoriale : finalement est-on de quelque part parce qu’on y est né ou parce qu’on y vit ? Ce questionnement est directement en relations avec la notion d’identité territoriale, à laquelle nous consacrerons notre prochain chapitre. Par ailleurs, outre le clivage entre « originaires » et « non originaires » du territoire, Yannick Sencébé identifie une seconde césure entre les

« permanents » et les « non permanents » sur le territoire. Les habitants vivant de manière continue sur un territoire n’accordent généralement pas le même statut à des individus venant ponctuellement profiter du charme de leur résidence secondaire. Les attitudes de ces derniers sont souvent pointées par ces « permanents » qui leur reprochent de ne pas faire l’effort de

« permanents » et les « non permanents » sur le territoire. Les habitants vivant de manière continue sur un territoire n’accordent généralement pas le même statut à des individus venant ponctuellement profiter du charme de leur résidence secondaire. Les attitudes de ces derniers sont souvent pointées par ces « permanents » qui leur reprochent de ne pas faire l’effort de