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Le Berry historique : entre passé glorieux et scission départementale

Présentation du territoire

I- Le Berry historique : entre passé glorieux et scission départementale

L’un des aspects sur lequel s’accordent tous les acteurs rencontrés, c’est l’ancrage historique du Berry. Duché de la couronne de France depuis 1361, le Berry a cependant des racines qui plongent jusqu’à l’époque gallo-romaine. Province française à la situation géographique centrale, elle a connu de nombreuses péripéties, sans pour autant avoir un impact historique fort dans l’histoire du pays. Pour autant, quelques époques clés sont à mettre en évidence pour mieux comprendre le rapport qu’entretiennent les habitants avec cette histoire243. Ces derniers ont tendance, en particulier, à se référer à trois grandes périodes historiques : l’époque gallo-romaine avec le peuple des Bituriges, le Moyen-Âge et le rayonnement berruyer, et enfin la Révolution française, qui consacre la scission du territoire en deux départements distincts.

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241. Pour Daniel Schweitz, « la structure du Berry appartient d’ailleurs à un modèle de "région historique", répandu dans la France septentrionale et notamment dans le Bassin parisien. Ce modèle est constitué d’un bon pays céréalier, formé d’une plaine calcaire ou limoneuse, riche, peuplée, et dominée par une société prospère. Il s’inscrit dans un environnement de médiocres espaces périphériques, caractérisés par des sols imperméables, sablo-argileux ou détritiques, encore largement couverts de forêts, de bois ou de landes, et avec des limites restant longtemps incertaines. L’ensemble des unités territoriales constitue cependant une structure équilibrée par la complémentarité de ses ressources naturelles et humaines, économiques et sociales », SCHWEITZ Daniel, Histoire des identités de pays en Touraine (XVIè-XXè siècle). Aux origines de la France des pays, Paris, L’Harmattan, 2001, p.273

242. Géographe local.

243. Il ne s’agit évidemment pas de retracer toute l’histoire du Berry depuis l’époque gallo-romaine, jusqu’à nos jours. Cet exercice a déjà été (très bien) réalisé par certains historiens. Voir par exemple MONTAGU Jean-Yves, « Le centre géostratégique de l’histoire de France », DESPRIEE Jackie, MONTAGU Jean-Jean-Yves, MISKOWSKY Jean-Claude, GAILLARDON David, MIANNAY Régis, COUDERC Jean-Mary, GOLDMAN Philippe, Berry. Cher et Indre, Paris, Christine Bonneton Editeurs, 2008, pp. 30-74.. L’idée est plutôt ici de mettre en évidence et d’exposer les quelques grandes périodes historiques qui ont encore une résonance dans l’esprit des acteurs du territoire.

1- De « l’âge d’or » du Berry aux premiers fondements de la scission

L’époque gallo-romaine constitue une période de domination pour le peuple habitant alors le Berry, appelé les Bituriges. Ces derniers dominent une partie du monde celte, grâce à des technologies avancées pour l’époque. Mais la constitution puis la chute de l’empire romain signifient également la fin de cet « âge d’or » du Berry, qui va se trouver entraîné dans les vicissitudes de l’Histoire.

L’époque des « rois du monde », les Bituriges

Bien que l’on ait découvert des traces plus anciennes de peuplement humain dans le Berry244, l’époque gallo-romaine constitue la première époque charnière dans l’histoire du territoire. L’arrivée d’un peuple gaulois, les Bituriges, sur cet espace qui n’est pas encore le Berry, permet cependant de poser les fondements d’une construction territoriale de ce dernier.

Ces Gaulois ont investi, développé et fait prospérer cet espace, lui permettant de se constituer en tant que territoire proprement dit. « Produit des multiples migrations qui affectèrent le monde celtique, ces Bituriges (cubi) se seraient installés au cœur de la Gaule vers le VIIIème siècle avant Jésus-Christ. Leur territoire s’étendait sur les actuels départements de l’Indre et du Cher, quelques communes du Loir-et-Cher et du Loiret, plus la frange septentrionale de l’Allier, soit une superficie d’environ 18000 km² »245. L’espace occupé par ces Gaulois était donc bien plus large que les deux départements que l’on estime aujourd’hui constituer le Berry.

Carte 4 : Le territoire biturige246

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244. Le Berry comporte de nombreuses traces d’installation périodiques puis permanentes des hommes dès le début du Quaternaire. Des abris ouverts situés dans les falaises surplombant la vallée de la Creuse, aux vestiges de maisons à Déols (36) ou Moulin-sur-Céphons (36), les preuves de présence humaine préhistorique ne manquent pas.

245. MONTAGU Jean-Yves, op. cit., p. 30.

246. Carte issue de l’ouvrage suivant : COULON Gérard, Argentomagus. Du site gaulois à la ville gallo-romaine, Paris, Editions Errance, 1996, p. 38.

Ces Gaulois représentent bien le premier socle civilisationnel sur lequel se construit le territoire berrichon. « Les Bituriges Cubi ont donné leur nom au Berry ; le sol a reçu d’eux un héritage »247. L’essor de ces Gaulois explique dès lors l’essor de ce territoire. Comme l’explique cet historien, « Biturige, ça veut dire "les rois du monde"248, d’ailleurs, il ne faut pas l’oublier. Ça veut dire littéralement les rois du monde. Il ne faut pas oublier que les Bituriges ont dominé à une époque toute la Celtique, toute la Gaule »249. La référence au passé glorieux de cette époque gallo-romaine est fréquente dans les discours des érudits qui n’hésitent pas à en faire le fondement territorial du Berry. Les habitants eux-mêmes, comme on le verra ultérieurement, font référence à cette époque, quand il s’agit de citer les caractéristiques historiques de leur identité territoriale. Cette tendance est renforcée par la persistance, encore aujourd’hui, de cités construites à cette époque. Argentomagus, un des principaux sites gaulois du territoire biturige, est devenu aujourd’hui la ville d’Argenton-sur-Creuse. Un musée permettant d’exposer les vestiges de l’époque gallo-romaine, découverts sur des sites archéologiques aux alentours, est ouvert depuis une vingtaine d’années et connaît une renommée nationale, voire internationale.

La grandeur de la capitale de ce territoire biturige, Avaricum (Bourges aujourd’hui), est par ailleurs saluée par César dans La guerre des Gaules. Devenue la civitas Biturigum (la cité des Bituriges) après le siège d’Avaricum en - 52, elle est toujours la préfecture du Cher, ainsi que la plus grande ville du Berry. On peut d’ailleurs toujours y voir des vestiges de cette époque gallo-romaine.

Photo 1 : Vestiges gallo-romains à Bourges

Il n’est pas anodin de noter l’antériorité de la construction de Bourges, ex-Avaricum, sur la préfecture de l’Indre, Châteauroux, qui date, elle, du 12ème siècle environ. Ce décalage temporel dans l’édification des deux principales villes actuelles du Berry est un élément constitutif essentiel des représentations différenciées qu’ont les habitants du territoire de ces deux villes aujourd’hui. En effet, il peut contribuer à expliquer les différentes manières de considérer les deux préfectures et les préjugés qui y sont associés.

11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 247. VACHER Antoine, op. cit., p. 38.

248. Biturige vient de deux mots celtes : « bitu », qui signifie « le monde », et « rix », qui signifie « le roi ».

249. Historien local.

Cet « âge d’or » des Gaulois bituriges durera cinq à six siècles. La prise d’Avaricum par César marque la fin de la domination biturige et la conversion de ce peuple en Gallo-romains.

Mais « avec la désintégration de l’empire romain, la Gaule éclate en plusieurs pagi. Le pagus bituricensis (le pays biturige) devient la tête de l’Aquitaine (caput aquitania), plus précisément d’une grande Aquitaine qui s’étend entre Loire et Garonne »250. Le Berry, comme l’ensemble de l’Aquitaine, tombe sous la domination des Wisigoths, avant l’unification capétienne.

La constitution du royaume de France durant le haut Moyen-Âge : la tendance au morcellement

Au IVème siècle, commence la christianisation du royaume de France. Le Berry ne fait évidemment pas exception à la règle et la mise en place du diocèse de Bourges constitue le deuxième grand événement fondateur de cet espace en tant que territoire. Pour les historiens, il existe une certaine continuité entre la circonscription gallo-romaine, la civitas biturigium, et le diocèse de Bourges251. Cet érudit local le souligne d’ailleurs clairement : « les limites du Berry, c’est grosso modo, les limites du diocèse de Bourges, dans l’Ancien Régime »252. Ce diocèse a eu une influence considérable durant des siècles, au niveau religieux, certes, mais également au niveau politique.

« L’évêque de Bourges était primat des Aquitaines, au sens des anciennes provinces romaines.

Et il avait sous ses ordres, de fait, une douzaine d’évêques, allant de Bordeaux, le Puy-en-Velay, Clermont-Ferrand, Tulle, Périgueux, Limoges. Donc l’évêque de Bourges était une puissance, et était à ce titre, une sorte d’interlocuteur et de conseiller du roi »253

De manière globale, Bourges, au passé historique indéniable, était la ville centrale de différents découpages territoriaux : diocèse, généralité, province… En ce sens, elle a joué un rôle prépondérant dans la structuration du territoire berrichon jusqu’à l’époque contemporaine.

L’influence de la cité berruyère se fait particulièrement sentir pendant la Guerre de 100 ans, comme nous le verrons ultérieurement.

Entre le VIIème et le XIIème siècle, le Berry connaît une période troublée. Après le démantèlement de l’empire carolingien, la province change plusieurs fois de main et se retrouve divisée en seigneuries ou en comtés. Elle est dévastée à maintes reprises en étant le siège d’affrontements entre rois de France et vassaux révoltés. Du XIIème siècle, date notamment la première partition du Berry en deux, entre le Bas-Berry d’un côté avec les seigneurs de Déols et le Haut-Berry de l’autre avec les Bourbons254. Les premiers étaient alors vassaux du duc d’Aquitaine, tandis que les seconds faisaient partie du royaume de France. La mort du dernier duc d’Aquitaine, en 1137, place le Bas-Berry sous l’autorité du roi d’Angleterre, Henri II Plantagenêt.

11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 250. MONTAGU Jean-Yves, op cit, p. 36.

251. GOLDMAN Philippe, « Le Berry, entre province, départements et régions », Berry magazine, n°66, été 2003, p. 37. L’auteur estime par ailleurs que le diocèse de Bourges constitue « un cadre de référence, mental et administratif, du haut Moyen-Âge ».

252. Historien local.

253. Rédacteur en chef du quotidien Berry Républicain.

254. Toute la question est de savoir si cette séparation pose les prémices d’un futur antagonisme départemental.

Carte 5 : La France à la fin du XIIème siècle255 : la partition du Berry

En 1160, Bourges fait partie du domaine royal, le nord du Berry est occupé par des vassaux du roi de France, tandis que le sud ouest appartient au roi d’Angleterre, Henri II. Le Berry connaît alors une période de conflits à la fin du XIIème siècle, jusqu’à ce que le roi de France Philippe Auguste parvienne à éliminer les Plantagenêt du Bas-Berry par une série de victoires militaires et diplomatiques.

2- Le Berry au Bas Moyen-Âge, un territoire central au rayonnement national La Guerre de 100 ans opposant, de manière réductrice, Français et Anglais pour la couronne de France, concerne tout particulièrement le Berry, bien que cette province ne se situe pas véritablement au cœur des batailles. Le XVème siècle voit également l’essor de la ville de Bourges, grâce au personnage de Jacques Cœur qui contribue grandement au rayonnement de la cité au Moyen-Âge.

Le Berry, centre de la France pendant la Guerre de 100 ans

Le traité de paix de Brétigny, signé en 1360, par le roi de France Jean II, cède à Edouard III, roi d’Angleterre, une grande partie des terres du royaume de France. Le Berry devient alors un « territoire-frontière », soumis aux incursions anglaises et aux pillages, jusqu’à la reconquête d’une partie des terres cédées, grâce à l’action de Charles V, fils de Jean II.

Le Berry est alors érigé en duché et confié à Jean de France, fils de Jean II et oncle de Charles VI, nouveau roi de France au décès de son père. Commence pour la province une période de paix et de relative prospérité, illustrées par la construction du Palais du duc Jean de Berry256 et la réalisation des célèbres enluminures, les Très Riches Heures du Duc de Berry. Le Berry est alors un lieu de culture et de création.

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255. BOUSSARD Jacques, Atlas historique et culturel de la France, Paris, Elsevier, 1957, p. 33.

256. Ce palais abrite aujourd’hui une partie du Conseil général du Cher, qui organise ses manifestations les plus prestigieuses dans la « Salle du duc Jean », encore décorée de tapisseries et autres moulures datant de cette époque.

Quelques années plus tard, les Bourguignons, alliés aux Anglais, forcent le dauphin Charles, fils du roi Charles VI, à fuir Paris, pour rejoindre ses alliés, les Armagnacs. C’est dans le Berry que celui qui sera surnommé ironiquement par les Anglais « le roi de Bourges » à la mort de son père trouve refuge. Les vestiges d’une de ses résidences, le château de Mehun-sur-Yèvre, sont d’ailleurs toujours visibles aujourd’hui (photo 2). C’est également dans ce château qu’il reçoit quelques années plus tard Jeanne d’Arc. La reconquête de la France débute donc en partie dans le Berry.

Photo 2 : Vestiges du château de Charles VII à Mehun-sur-Yèvre

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La province voit également, à cette époque, débarquer un contingent de soldats écossais désireux de respecter les termes de l’Auld Alliance, conclue entre Français et Ecossais, et d’aider ainsi le roi Charles VII à reconquérir son royaume. Ce dernier ne manque pas de les récompenser par l’attribution de seigneuries. Jean Stuart se voit ainsi attribuer la seigneurie d’Aubigny. La ville d’Aubigny-sur-Nère est encore aujourd’hui particulièrement fière de son lien avec ce passé prestigieux257.

Le personnage de Jacques Cœur : le rayonnement d’une ville provinciale

Son royaume une fois reconquis, Charles VII cherche à affermir sa royauté et s’entoure de conseillers fidèles qui lui valent d’ailleurs le surnom « du Bien Servi ». Parmi ces derniers, se trouve Jacques Cœur, commerçant de la ville de Bourges, qui a connu une ascension fulgurante, et qui est nommé Argentier du roi en 1438. « Il est chargé de veiller à l’entretien quotidien du souverain, de sa famille et de sa cour et tient, à Tours, un magasin d’étoffes, de bijoux, de meubles, de fourrures où ses riches clients viennent acquérir plumes d’autruche et armures de luxe. C’est le point de départ de la construction d’un empire qui va faire d’un modeste spéculateur un homme d’affaire international »258. Il s’enrichit très rapidement, entre commerce et malversations, et fait construire un palais somptueux à Bourges, rappelant les demeures princières du Berry.

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257. La ville se revendique d’ailleurs toujours « cité des Stuarts » ou encore « pays des Ecossais ». Voir notamment son site Internet : http://www.aubigny.net/ Elle organise également des fêtes franco-écossaises dont elle a célébré en 2010 la vingtième édition.

258. MARSEILLE Jacques, Nouvelle histoire de la France. De la Préhistoire à la fin de l’Ancien Régime, Paris, Editions Perrin, 2002.

Photo 3 : La place de Jacques Cœur à Bourges : palais, statue et rue à son nom

Anobli en 1441, Jacques Cœur obtient même le siège archiépiscopal de Bourges pour son fils. Par ses réalisations, il contribue au développement du rayonnement de la ville. « En cette fin du Moyen-Âge, la famille Cœur illustre la réussite berruyère qui consiste à articuler une solidarité clanique à l’imaginaire d’un maître en communication et affaires. Toutefois, Jacques Cœur finira par excéder le roi et la cour en raison de l’emprise tentaculaire d’un système économique et commercial visant à subvertir l’état royal en pleine gestation »259. Accusé, entre autres, d’avoir empoisonné Agnès Sorel, favorite du roi, il se voit condamné, une partie de ses biens confisqués par la couronne. Obligé de s’enfuir, il prend le commandement militaire d’une croisade contre les Turcs et meurt en exil en 1456.

A la même époque, en 1461, est créée l’Université de Bourges, l’une des plus anciennes universités françaises, par le roi Louis XI, désireux d’assurer l’éducation de son peuple dans l’ensemble de son royaume, et de diminuer l’influence de l’Université de Paris. « Cette institution était constituée par les Facultés traditionnelles : Théologie, Médecine, Arts et Droit.

Ses étudiants étaient répartis en quatre Nations et plus tard en cinq : France, Berry, Touraine et Aquitaine, puis Allemagne »260. D’abord délaissée par les professeurs, car la ville de Bourges ne remplissait pas les obligations qui lui incombait, elle trouve un second souffle un siècle plus tard, grâce à la protection de Marguerite de Navarre, femme de lettres, sœur du roi François Ier et duchesse du Berry. L’université de Bourges se développe alors et attire professeurs renommés (Alciat, Cujas…) et étudiants (Calvin…) réputés.

A la fin du Moyen-Âge, la ville de Bourges domine donc l’ensemble du territoire berrichon. Les personnalités s’y étant succédés ont considérablement contribué à son développement. Son importance pendant et à la fin de la Guerre de Cent Ans a considérablement marqué l’inconscient collectif. Se retrouve ainsi fréquemment dans les discours de certains acteurs berruyers la nostalgie d’une grandeur, d’une puissance et d’un rayonnement qui ne sont plus.

11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 259. MONTAGU Jean-Yves, op. cit., p.46

260. MESLE Emile, Histoire de Bourges, Le Coteau, Editions Horvath, 1983, p. 127.

3- La Révolution française ou la cristallisation des oppositions au sein même du territoire

La coexistence d’une multitude de circonscriptions territoriales – diocèse, généralité, intendance, province, etc... – pousse à une simplification des divisions administratives au moment de la Révolution. La partition de la France en départements fait disparaître le Berry des limites administratives officielles en séparant l’ancienne généralité en deux départements distincts : l’Indre et le Cher.

Carte 6 : Le Berry, de la généralité aux départements261

Si l’attribution de la préfecture du Cher, Bourges, s’est révélée aisée au vu du passé glorieux de la cité, les choses ont été plus compliquées dans l’Indre. Issoudun, à l’époque la principale ville du Bas-Berry, se trouve bien excentrée par rapport aux limites pressenties. C’est finalement Châteauroux qui est choisie à son détriment, occasionnant ainsi des tensions encore palpables aujourd’hui entre les dirigeants des deux villes.

La division des provinces

Au lendemain de la Révolution, la délimitation des départements est loin d’être un défi aisé à relever pour l’Assemblée constituante. Si la partition de l’ancienne province du Berry est une idée acquise, les modalités de cette séparation sont plus délicates à mettre en place pour ne pas froisser les susceptibilités. Les négociations pour délimiter Haut et Bas Berry vont durer plusieurs mois, entre 1789 et 1790, jusqu’à ce qu’un décret de l’Assemblée constituante en fixe les limites.

Pour le comité de constitution, la création des départements doit être le produit de l’expérience et de la discussion : les députés de provinces voisines s’accordent sur les divisions entre elles, et les députés de chaque province proposent ensuite « pour chacune d’elles les divisions intérieures les plus utiles au commerce, à l’agriculture, aux manufactures, aux localités »262. La fixation des limites du Berry ne pose pas de difficultés particulières. Plusieurs fois démembré au cours de son histoire, ses contours sont déjà flous au moment de la Révolution. L’entente entre les députés du Berry, de la Marche, du Limousin et de la Touraine se 11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111

261. BOUSSARD Jacques, op. cit., p. 125.

262. BRUNEAU Marcel, Les débuts de la Révolution en Berry : 1789-1791, Paris, Editions Royer, 1988, p. 106.

réalise facilement263. Du côté du Bas-Berry, des difficultés émergent avec le Poitou, notamment à cause de la ville du Blanc, dont les habitants sont partagés entre les deux provinces et qui finissent par choisir le Bas-Berry pour espérer obtenir l’attribution d’un chef-lieu de district.

Mais la plus grande opposition apparaît entre le Nivernais et le Haut-Berry autour de la ville de La Charité et des limites tracées par la Loire. La bataille fait rage durant plusieurs mois avant que La Charité ne rejoigne la Nièvre.

Mis à part ces quelques affrontements, les limites entre le Berry et les provinces environnantes se tracent relativement facilement. Finalement, la principale difficulté pour

Mis à part ces quelques affrontements, les limites entre le Berry et les provinces environnantes se tracent relativement facilement. Finalement, la principale difficulté pour