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Utiliser des méthodologies sociologiques pour un objet non sociologique

I- Une approche compréhensive

Cette recherche vise à étudier à la fois les pratiques territoriales des acteurs, mais également les représentations de leurs propres pratiques et de leur espace de vie, sans préjuger de ce que peut être le contenu de ces pratiques et de ces représentations. Ces dernières semblent difficilement dissociables, surtout lorsque l’on souhaite éclairer le rapport que des individus entretiennent avec le territoire sur lequel ils se situent. Mais la difficulté du sujet provient également de la multitude de thématiques pouvant être abordées, du caractère foisonnant de cette recherche, ce qui a rendu plus difficile l’émergence d’une problématique claire. Une idée fixe se dégageait cependant des questionnements émergents au début de la réflexion : pourquoi les habitants choisissent de vivre sur ce territoire apparemment défavorisé, et que beaucoup (y compris eux) décrient ? Pour éclairer cette question, et permettre une approche adéquate de sa résolution, une approche compréhensive a été privilégiée. L’objectif est de s’appuyer sur le terrain pour mieux s’en éloigner, d’éclairer la formulation des théories à partir de va-et-vient incessants entre celles-ci et le sujet de l’étude.

Après avoir choisi l’approche la plus pertinente par rapport à notre objet et à notre terrain d’études, il restait à déterminer quels étaient les sujets de cette étude. Le territoire en est l’objet, les deux premiers chapitres ne laissent aucun doute à ce propos. Mais qui sont les « acteurs territorialisés », agissant sur un espace donné ? Quels individus sont ici considérés ? Les habitants sont-ils les seuls acteurs à prendre en compte pour éclairer notre problématique ? Répondre à ces questions nécessite de faire un détour par la définition du terme « acteur », vocable abondamment employé, notamment en sociologie. Sans se livrer à une étude exhaustive de ses différentes acceptions, il s’agit de montrer sous quel angle se place cette recherche, avant de pouvoir en détailler les méthodologies utilisées.

1- Qui étudier : la définition des « acteurs » du territoire

Les sociologues, tout comme les géographes d’ailleurs, utilisent souvent une multitude de termes pour nommer l’objet de leurs recherches. « Dans les théories du social en cours, on parle diversement d’acteur, d’agent, de sujet, d’individu, de membre, d’auteur, d’être social, de personne, de personnage, etc. »157 Le vocable employé par chaque chercheur n’est pas anodin et permet de le situer dans une école de pensée. Choisir le terme « d’acteurs » place cette étude dans la lignée de théories sociologiques l’ayant abondamment utilisé et défini. Nous ne souhaitons pas nous positionner dans l’une ou l’autre de ces théories sociologiques, mais bien montrer en quoi leur héritage permet de proposer notre propre interprétation de « l’acteur » et de légitimer la méthode d’étude choisie.

L’approche rationaliste et stratégique

Le terme d’acteur est notamment employé par un des piliers de la théorie sociologique, Max Weber. Sans entrer dans les détails de sa réflexion très riche et foisonnante, il est néanmoins important d’attirer l’attention du lecteur sur la manière dont il considère l’individu comme étant un acteur rationnel, doué d’une conscience, capable d’agir suivant des objectifs ou des idéaux158. L’objet de la sociologie est donc l’analyse des actions individuelles et surtout de l’intention avec lesquelles elles sont réalisées. « Nous entendons par "activité" un comportement 11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111

157. LAHIRE Bernard, L’homme pluriel. Les ressorts de l’action, Paris, Nathan, 1998, p. 10.

158. Max Weber distingue ainsi deux types de rationalité. L’individu rationnel en valeur cherche à agir conformément à des idéaux d’ordre moral, peu importe le résultat de son action. L’individu rationnel en finalité se concentre précisément sur le résultat de son action et cherche à l’atteindre, quels que soient les moyens employés. Dans la typologie wéberienne, ces deux modes d’action sont complétés par deux autres idéaux-types : l’action traditionnelle (produit de l’habitude) et affectuelle (produit de l’émotion).

humain (peu importe qu’il s’agisse d’un acte extérieur ou intime, d’une omission ou d’une tolérance), quand et pour autant que l’agent ou les agents lui communiquent un sens subjectif »159. Max Weber se place ici clairement dans une perspective compréhensive. L’analyse des structures sociales permet de dégager les raisons d’agir de chaque acteur qui en est partie prenante.

Michel Crozier va plus loin dans le « pouvoir » accordé à l’individu, dans la conscience que ce dernier a de ses propres actes. Dans la sociologie des organisations notamment, l’acteur devient stratégique, capable de mobiliser des ressources pertinentes dans une situation donnée, notamment en cas de changement, de projet ou de problème160. Ces ressources peuvent prendre différentes formes : technique, relationnelle, connaissance… Dans cette perspective, la rationalité d’un individu est forcément limitée car il ne peut maîtriser l’ensemble des éléments nécessaires à une prise de décision purement rationnelle. La réaction d’un acteur est logique de son point de vue, en fonction de ce qu’il pense pouvoir gagner ou perdre dans la situation concernée. L’acteur détermine également son action en fonction des relations existant avec autrui et de règles plus ou moins implicites qui gouvernent leurs interactions. Le sociologue doit être capable de comprendre et de mettre en évidence les mécanismes qui gouvernent les actions des individus et leurs inter-relations. Pour prolonger cette perspective et revenir ainsi à notre sujet, on pourrait même ajouter qu’il est nécessaire de mettre à jour les relations existant entre un individu et son territoire.

Ces deux théories sociologiques fondatrices montrent bien l’individu comme un acteur, c’est-à-dire une personne consciente de ses choix, de ses actions, faisant preuve de rationalité, en fonction d’un contexte donné161.

L’évolution de l’acteur

La vision d’un acteur rationnel et stratège dans ses choix n’a pas toujours été la perception dominante de l’individu, notamment au sein des théories sociologiques. Certains auteurs, comme Alain Touraine, montrent ainsi l’évolution historique que le terme « d’acteur » a subie. Pour lui, il y a eu un passage progressif d’un acteur social qui se définissait avant tout comme un citoyen, dont le développement personnel était inséparable du progrès social, à un acteur plus individualiste, enfermé « dans la recherche de son identité »162. Dans cette perspective, ce sont principalement les motivations, les raisons d’agir de l’individu, qui ont été amenées à se modifier sous l’effet des bouleversements de la société d’après-guerre. Nous serions donc passés dans une ère d’individualisme, marquée notamment par le reflux de mouvements collectifs. D’une sociologie classique, traditionnelle, axée sur la compréhension du système dans lequel se placent les individus, on se dirige vers une sociologie plus critique qui cherche à dissocier l’analyse du système et l’analyse des individus. Cette sociologie critique se caractérise notamment par une approche plus stratégique163 des modes d’action individuels.

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159. WEBER Max, Economie et société. Les catégories de la sociologie, Paris, Plon, 1995, p. 28.

160. Voir par exemple CROZIER Michel, FRIEDBERG Erhard, op. cit.

161. Ces théories individualistes s’opposent à des perspectives holistes, de type durkheimienne ou bourdieusienne.

Si nous souhaitons nous en inspirer pour les méthodologies compréhensives qu’elles impliquent selon nous, nous sommes loin de revendiquer la totalité de leur héritage, comme le montrera la suite de notre propos.

162. TOURAINE Alain, Le retour de l’acteur, Paris, Fayard, 1984, p. 10.

163. Trois grandes théories ont entraîné, d’après Alain Touraine, ce passage à une approche plus stratégique de l’individu. La première est la sociologie des organisations, que nous venons d’évoquer très brièvement. La seconde, la sociologie fonctionnaliste, propose la vision d’un consommateur-acteur, capable de repérer les meilleurs choix à réaliser en termes consuméristes. Enfin, l’ethnométhodologie, montrant les individus comme des acteurs – au sens d’acteurs de théâtre – insérés dans des stratégies de présentation de soi, est la troisième théorie ayant entraîné une approche stratégique de l’individu.

Pour Alain Touraine, cette dernière perspective est insuffisante et il importe de comprendre l’interaction entre les acteurs et le système d’action dans lequel ils se situent. La notion de relation sociale est alors prépondérante. « La vie sociale est de moins en moins analysée comme un système régi par une structure et des lois internes d’organisation ; elle apparaît comme un réseau de relations sociales entre des acteurs orientés au moins autant pour leurs projets et stratégies propres que par leur définition en termes de rôles et de statuts »164. Cette vision de l’acteur l’amène à proposer une vision de la société comme un vaste réseau de relations sociales et à définir la notion d’historicité, conçue comme « l’ensemble des modèles culturels qui commandent les pratiques sociales ». Il appelle alors à se concentrer sur les individus, pris dans leurs conditions d’existence concrètes, afin de mieux cerner ces pratiques sociales et ces modèles culturels – représentationnels ? Si son analyse peut paraître très fructueuse, nous nous contenterons cependant d’en dégager la perspective compréhensive, mais également la prise de distance avec la sociologie classique et critique en revendiquant l’analyse de l’acteur considéré dans un système donné.

L’acteur pluriel165

L’acteur que nous étudions ici est donc rationnel et conscient de ses actes, capable de stratégies pour s’adapter aux situations auxquelles il est confronté. Mais, en parallèle, il est également en perpétuelle interaction avec un système social qui contribue à déterminer sa perception de cette situation, qui influence ses représentations et donc ses relations à autrui. Les théories étudiées jusqu’ici ont permis de replacer l’individu dans un contexte, dans un environnement donné. Mais l’individu est amené, au cours de sa vie, à traverser différents milieux, différentes situations qui le façonnent en tant qu’acteur. Ce dernier est alors le résultat de l’intériorisation d’une multitude de processus sociaux, de logiques sociales. « Un acteur pluriel est donc le produit de l’expérience – souvent précoce – de socialisation dans des contextes sociaux multiples et hétérogènes. Il a participé successivement au cours de sa trajectoire ou simultanément au cours d’une même période de temps à des univers sociaux variés en y occupant des positions différentes »166. Bernard Lahire montre ainsi que, dans chaque situation, l’individu « réactive », plus ou moins consciemment, des apprentissages acquis au cours de situations précédentes – par exemple ce qu’il faut faire ou ce qu’il ne faut pas faire.

Etudier ces apprentissages qui expliquent les pratiques des acteurs est donc fondamental pour comprendre la manière dont réagissent ces acteurs et dont ils se représentent leurs propres pratiques167. Cette vision d’un « acteur pluriel » car inscrit dans différentes logiques sociales nous paraît particulièrement féconde pour analyser les rapports que les individus entretiennent avec leur espace de vie.

Dans cette étude, nous entendrons donc par « acteur » un individu rationnel, plus ou moins conscient de ses actions, emprunts de représentations qui contribuent à orienter ses pratiques. Cet individu est placé à chaque instant dans un contexte, un environnement, qui influe également sur ses pratiques et représentations. Enfin, il est façonné par ses expériences antérieures qui le conduisent à adopter tel discours ou telle réaction en fonction des situations – et donc des territoires – dans lesquelles il se situe.

11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 164. TOURAINE Alain, op. cit., pp. 86-87.

165. Pour réinterpréter le titre de l’ouvrage de Bernard Lahire, op. cit.

166. LAHIRE Bernard, op. cit., p. 42.

167. Bernard Lahire cherche ainsi à ouvrir le champ d’une « sociologie psychologique » à différencier d’une

« psychologie sociale ». Pour lui, tout objet peut donc être étudié sociologiquement, des pratiques, comme des représentations, car « l’essentiel réside dans le mode sociologique de traitement du "sujet" », LAHIRE Bernard, op. cit., p. 227.

De ce fait, « l’acteur » de notre recherche sera « l’habitant » du Berry, car le territoire représente de fait un contexte aux actions individuelles et sociales. Pour simplifier la recherche et réduire la focale d’observation, nous nous centrerons de préférence sur les résidents à « temps complet ». Par ailleurs, l’acteur sera désigné comme « local » quand son action sur le territoire découle de la fonction – professionnelle, associative, politique… – qu’il occupe. L’habitant et l’acteur local peuvent évidemment se confondre : un habitant, rencontré afin de saisir ses pratiques et représentations résidentielles, peut se révéler être acteur local du territoire. A l’inverse, un acteur local peut également être habitant du territoire sur lequel il a une action. La distinction entre les deux n’est pas forcément simple et les individus passent régulièrement et allègrement de l’un à l’autre rôle au cours d’un même échange.

2- L’utilisation d’une méthodologie compréhensive pour étudier les interactions Les théories sociologiques précédemment évoquées invitent toutes à se pencher sur les motivations et les actes plus ou moins conscients d’un acteur pourvu de rationalité, inséré dans un contexte socio-spatial qui joue sur ses pratiques et ses représentations. C’est donc clairement une approche compréhensive qui doit être privilégiée pour étudier les individus inscrits dans des relations sociales. Les méthodologies qualitatives, notamment les entretiens libres ou semi-directifs, privilégient généralement cette recherche de la compréhension du sens qui est donné par les acteurs à leur propre démarche. « L’enquête par entretien est ainsi particulièrement pertinente lorsque l’on veut analyser le sens que les acteurs donnent à leurs pratiques, aux événements dont ils ont pu être les témoins actifs ; lorsqu’on veut mettre en évidence les systèmes de valeurs et les repères normatifs à partir desquels ils s’orientent et se déterminent »168. L’enquête par entretien semble donc particulièrement adaptée pour saisir la manière dont les individus construisent leur rapport à leur espace de vie et la manière dont ils considèrent leurs propres pratiques territoriales.

Les enseignements sociologiques quant à la méthodologie de l’entretien qualitatif suivent globalement la même démarche. Le chercheur est invité à cerner son terrain d’étude, à travers la constitution d’une bibliographie adéquate. Ce travail préparatoire débouche alors sur la problématisation du sujet, sur l’énoncé d’hypothèses, qu’il s’agira d’infirmer ou de confirmer à travers un travail de terrain. Une grille d’entretien169 est alors construite, permettant ainsi de

« guider » la réalisation des entretiens qui constitueront le « matériau » de l’étude. Si certains auteurs jugent « inutile de [s’]encombrer d’un guide d’entretien détaillé »170, les enseignements méthodologiques insistent cependant sur la nécessité de préparer les quelques thématiques qui sous-tendent les logiques d’interaction dans l’entretien semi-directif, et qui cherchent à répondre à la problématique initiale. Le matériau recueilli à travers les différents entretiens réalisés vise ensuite à confirmer ou à infirmer les hypothèses formulées et à répondre à cette problématique initiale.

La méthodologie choisie pour cette recherche est quelque peu différente. Notre étude s’appuie en effet sur un questionnement très précis, portant sur les processus d’ancrage territorial sur un espace tel que le Berry. L’absence de bibliographie sociologique sur cette thématique particulière, démontrée dans les premiers chapitres, mais également sur ce terrain d’étude, assez peu étudié sociologiquement parlant, rendait caduques les méthodologies habituellement 11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111

168. BLANCHET Alain, GOTMAN Anne, L’enquête et ses méthodes : l’entretien, Paris, Nathan, 1992, p. 27.

169. « Généralement établi après quelques entretiens exploratoires, le guide se présente sous forme de "pense-bête"

répertoriant les thèmes qui doivent être abordés au cours de l’entretien semi-directif. Le guide comporte une consigne initiale […] Il peut revêtir une forme plus ou moins détaillée, de la liste de trois ou quatre grands thèmes jusqu’à une série d’informations spécifiées sur deux ou trois pages », BERTHIER Nicole, Les techniques d’enquête. Méthode et exercices corrigés, Paris. A.Colin, 1998, p. 58.

170. BEAUD Stéphane, WEBER Florence, Guide de l’enquête de terrain, Paris, La Découverte, 2010, p. 180.

employées pour réaliser une recherche qualitative. Les problématiques pouvaient être multiples, le cadre d’étude n’était pas complètement construit et nécessitait des réajustements perpétuels.

Le sujet étudié était finalement si peu connu qu’il entraînait des difficultés majeures pour formuler une problématique pertinente et les hypothèses de recherche en découlant. Il était donc nécessaire de « renverser » les méthodologies d’étude habituelles en sociologie, pour partir du terrain proprement dit, afin de construire dans un second temps seulement, une problématique et des hypothèses adéquates. Notons d’ailleurs que l’adoption d’une telle démarche, semblable à celle adoptée en géographie, qui part du terrain, a paru totalement pertinente dans le cadre d’une thèse de sociologie se voulant également au croisement de plusieurs disciplines. Une série d’interrogations personnelles ainsi qu’une sensibilité forte par rapport au territoire d’étude ont donc axé, dans un premier temps, le travail de recherche sur le terrain.

Une démarche réellement compréhensive171, partant du terrain pour mieux saisir les enjeux théoriques essentiels de la thématique, semblait ainsi être la plus adaptée à ce contexte particulier. La problématisation, la construction d’hypothèses se sont réalisées à travers des échanges réguliers entre les théories existantes et les découvertes provenant des premiers entretiens compréhensifs menés sur le terrain. Ces derniers, ainsi que cela sera détaillé ultérieurement, ont d’abord consisté en une série de rencontres avec des acteurs locaux, propres à poser le contexte du territoire choisi et de ses habitants. Ces « institutionnels » ont permis de mettre en évidence l’importance des représentations individuelles dans les pratiques territoriales des résidents du Berry. Les entretiens avec des habitants, cœurs du sujet, se sont donc centrés sur les conceptions des acteurs (pensées construites) et sur les descriptions des pratiques (faits expériencés). Actions et représentations sont entremêlées dans les récits qui sont réalisés par les résidents rencontrés.

Si les méthodes d’entretien compréhensif n’hésitent plus à prendre en compte les représentations des individus comme participant à la construction de la réalité sociale, l’étude plus systématique de ces représentations n’est pas toujours réalisée. Un petit détour, à la fois théorique et méthodologique, par la psychosociologie est ici nécessaire pour bien comprendre ce qui est entendu ici par « représentations ». En effet, ce concept est évoqué par un des pères fondateurs de la sociologie, Emile Durkheim, qui parle de « représentations collectives » sans véritablement leur en donner un sens précis. De nombreux sociologues utilisent, sans réelle distinction, les termes de « représentations », d’« image », d’« opinion », ou encore de

« stéréotype ». Il a fallu attendre les travaux d’un psychosociologue français, Serge Moscovici, pour que la notion de « représentations sociales » soit véritablement étudiée et qu’une véritable définition en soit proposée. Celle de Denise Jodelet nous parait la plus accessible et la plus pertinente par rapport à notre recherche (encart 1).

Encart 1 : Définition des « représentations sociales », d’après Denise Jodelet172

« [Les représentations sociales] nous guident dans la manière de nommer et de définir ensemble les différents aspects de notre réalité de tous les jours, dans la façon de les interpréter, statuer sur eux et, le cas échéant, prendre une position à leur égard et la défendre. […] Elles circulent dans les discours, sont portées par les mots, véhiculées par les messages et images médiatiques, cristallisées dans les conduits et les agencements matériels ou spatiaux ».

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171. « La démarche compréhensive s’appuie sur la conviction que les hommes ne sont pas de simples agents porteurs de structures mais des producteurs actifs du social, donc des dépositaires d’un savoir important qu’il s’agit de saisir de l’intérieur, par le biais du système de valeurs des individus ; elle commence donc par l’intropathie », KAUFMANN Jean-Claude, op. cit., 1996, p. 23.

172. JODELET Denise, « Représentations sociales : un domaine en expansion », JODELET Denise (dir.) Les représentations sociales, Paris, PUF, 2003, pp. 31-32.

La volonté d’étudier pratiques et représentations en interaction justifie donc complètement le souhait de réaliser un détour par des techniques psychosociologiques pour mieux cerner ces représentations sociales. L’entretien semi-directif est évidemment également utilisé par cette discipline pour recueillir le matériau verbal nécessaire à une analyse des représentations, mais d’autres méthodologies complémentaires seront utilisées pour permettre un petit zoom sur ces représentations sociales.

La volonté d’étudier pratiques et représentations en interaction justifie donc complètement le souhait de réaliser un détour par des techniques psychosociologiques pour mieux cerner ces représentations sociales. L’entretien semi-directif est évidemment également utilisé par cette discipline pour recueillir le matériau verbal nécessaire à une analyse des représentations, mais d’autres méthodologies complémentaires seront utilisées pour permettre un petit zoom sur ces représentations sociales.