• Aucun résultat trouvé

L’attrait des femmes pour différents types de religion

Chapitre 2 : Cadre théorique et conceptuel

2.3 Les femmes et les religions contemporaines

2.3.2 L’attrait des femmes pour différents types de religion

Plusieurs études soulignent l’engouement des femmes pour les spiritualités holistes qui lieraient le mental, le physique et le spirituel comme les mouvements charismatiques, les spiritualités Wicca et Pagan, les groupes New Age, le bouddhisme, le yoga, le Reiki et le Greenspirit pour n’en nommer que quelques-uns (Houtman et Macini 2002, Houtman et Auters 2006, Manevska 2009, Woodhead 2012). Dans leur étude réalisée dans la ville de Kendal en Angleterre, Woodhead et Heelas (2005) notaient d’ailleurs l’extrême déséquilibre entre les genres qui participent à ce type de mouvements holistes où plus de 80 % des adeptes étaient de sexe féminin. Ces derniers expliquent que ce déséquilibre reflète le besoin des femmes d’affronter les conflits liés à la conciliation des rôles traditionnels domestiques et les rôles « plus masculins » liés à l’entrée dans le marché du travail. Ces nouvelles spiritualités permettraient de se créer de nouvelles identités et permettraient une certaine découverte intérieure qui les aiderait à supporter ces difficultés. Sointu et Woodhead (2008) relèvent trois caractéristiques attirant les femmes vers les mouvements spirituels holistes : tout d’abord, elles notent l’attrait des femmes pour les religions mettant l’accent sur le corps et les émotions. Ensuite, les chercheures argumentent que la société moderne met beaucoup de pression sur les femmes à se préoccuper de leur corps et de leur apparence physique alors qu’à travers ces mouvements holistiques, l’accent est plutôt porté sur les caractéristiques de beauté intérieure (Ibid., 269). Elles apprennent ainsi à s’écouter davantage, car au sein des spiritualités holistiques « leur

première responsabilité est envers elles-mêmes » (Ibid., 270). Grâce à l’importance donnée à la valeur de soi ainsi qu’au bien-être, vécu de manière holistique, les femmes regagneraient de la confiance en elles-mêmes. Enfin, les deux auteures constatent l’établissement d’une relation intime que ce soit avec des figures sacrées, des déités ou simplement une connexion intime avec une communauté. Ozorak (1996) soutient également que les femmes ont une réponse religieuse plus forte en fonction du niveau de connectivité de l’église. Plusieurs femmes font en effet référence à leur congrégation comme à leur famille. Ozorak suggère que les groupes de femmes sont plus susceptibles de générer un soutien émotionnellement solide qu’un groupe qui inclut des hommes, car les hommes sont plus souvent compétitifs.

Plusieurs études soulignent également la présence croissante de spiritualités féministes, qui sont axées sur l’adoration du féminin sacré, c’est-à-dire tous les mouvements de la Déesse ainsi que les groupes néopaiens et néochamaniques (Fedele 2009, 2013; Mcguire 2008 [1997]; Woodhead 2012; Sered 1994). Fedele (2009, 2013) explique que ces mouvements ont en commun une critique assez forte de la chrétienté, lui reprochant principalement d’être androcentrique et exclusive, et donc d’être en grande partie responsable de la domination des femmes et l’exploitation de la « Terre Mère » durant les derniers siècles46. Selon Sered (1994), ces

nouvelles religions modernes dites « religions de femmes », puisque majoritairement constituées d’adeptes féminines, comporteraient plusieurs caractéristiques communes. Elles tiendraient d’abord un caractère bien ancré dans le social, la famille et l’intimité des relations, elles accorderaient une grande importance au bien-être physique et affectif en plus d’attribuer une importance aux activités réalisées au sein du foyer. Ces mouvements sont qualifiés de « contre-culturels » par Woodhead (2012) puisqu’ils redéfinissent les rôles sociaux, spirituels, émotionnels et physiques des femmes en leur offrant davantage de prestige, de statut et de pouvoir en plus de susciter un important sentiment de puissance d’être et d’agir (Mcguire 2008 [1997], 147).

46 Ces groupes spirituels partagent tous une préoccupation commune pour l’écologie, la préservation de la Terre

Mère. De plus, ils considèrent le corps et la sexualité comme sacrés, alors qu’ils sont considérés comme impurs et immoraux dans la plupart des groupes chrétiens. Ces différentes spiritualités ont également pour particularité d’adorer des figures féminines pouvant être tirées de textes bibliques ou encore de rites païens (Fedele 2013; Mcguire 2008 [1997]; Woodhead 2012).

De nombreux ouvrages concernant les femmes et la religion portent sur la participation paradoxale des femmes aux religions ou aux mouvements conservateurs qui correspondent aux religions « consolidantes » décrites par Woodhead, car renforçant les valeurs patriarcales. Pourquoi les femmes s’intéresseraient-elles à des mouvements renforçant leur inégalité par rapport aux hommes? Plusieurs études soutiennent que les traditions religieuses conservatrices comme les mouvements fondamentalistes de l’Islam, le judaïsme orthodoxe et les mouvements évangéliques protestants offrent des solutions aux femmes contre les problèmes ainsi que les anxiétés auxquelles elles font face au sein de la société moderne (Avishai et al. 2015; Woodhead 2012; Griffith 1997). Davidman (1991), s’étant intéressée au cas des femmes dans le judaïsme orthodoxe, argumente en effet que certaines femmes seraient attirées par la vision plus traditionnelle des rôles des genres, car il y serait proposé un choix clair par rapport aux rôles confus et contradictoires offerts par la modernité. Selon l’auteure, les femmes seraient attirées par le rôle sacré de la femme, la chaleur de ce rôle familial et ne se sentiraient plus déchirées entre les exigences domestiques et professionnelles. Ces femmes seraient également séduites par le rôle sacré de l’homme comme le modèle d’un mari fiable, protecteur et gardien de la famille dans le monde moderne où la fuite devant l’engagement de la part des hommes serait relativement fréquente. Intéressons-nous à présent au cas du pentecôtisme qui fait partie de ces religions conservatrices.