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AGRICULTURE INDUSTRIELLE SUR LE MONT CAMEROUN

4) L’appui du discours scientifique

Force est d’admettre que la littérature scientifique a souvent recours à des sources de seconde main, parfois même de troisième ou plus, lorsque une étude de terrain est peu aisée à conduire, lorsque les conditions matérielles ne sont pas réunies ou que les forces du chercheur rencontrent leurs limites.

On assiste ainsi parfois à l’intronisation de vérités incontestables puisant leur légitimité dans les écrits d’un obscur observateur « du siècle dernier » dont on a par chance retrouvé la trace. La source, par son caractère unique, se sacralise et fige la réflexion scientifique pour les générations à venir. Il en fut ainsi du récit cosmogonique des Dogon de la falaise de Bandiagara au Mali, recueilli par Marcel Griaule en 1946, fixé sur papier et considéré par son école africaniste comme l’unique version du mythe dogon, immuable et incontestable72.

L’exemple est célèbre par la somme considérable de productions scientifiques qu’il a inspirée, tant du point de vue des élucubrations tirées du mythe que de la critique dubitative des conditions de sa restitution. Les Dogon d’ailleurs, suite au succès médiatique de l’expédition Dakar-Djibouti, connurent un véritable chamboulement social qu’ils surent retourner dans une certaine mesure à leur avantage (Doquet, 2002).

L’inconvénient majeur de ce phénomène est de reproduire, d’après des bases incertaines, un regard, une sensibilité qui présentent les apparences d’une donnée objective. Le traitement des sources de seconde main est à ce titre délicat, c’est ce que nous souhaiterions montrer, de nombreux écrits concernant la « question bakweri » obéissant à cette règle.

Or l’évocation de ce phénomène de reprise incontrôlée n’a d’intérêt dans les productions scientifiques touchant aux Wakpe du Mont Cameroun que par le fait que ce faisant, ces dernières ont parfois eu la faiblesse de verser à leur tour dans les préjugés véhiculés par la mémoire collective, cette mémoire forgée par une stratégie coloniale réfléchie.

Deux travaux à ce titre ont retenu notre attention, exemplaires par la façon dont ils ont pu selon nous abonder de manière inconsciente, et ce malgré le sérieux et la notoriété de leurs auteurs, dans ce que nous appellerons une sociologie de l’échec, inspirée très nettement par le contenu du mythe de la paresse mokpe et des sols fertiles du Mont Cameroun.

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Le premier est un article majeur écrit par Georges Courade : « Marginalité volontaire ou imposée ? Le cas des Bakweri (Kpe) du Mont Cameroun », rédigé en 1980 et le second, un article de Serge Morin : « Pays et milieux d’altitude sous l’équateur, les hautes terres de l’Ouest Cameroun » publié en 1994.

a- Une sociologie de l’échec

« Un peu à l’écart, au calme, souvent plus haut, on découvrira, à l’abri

d’une clôture, les Kpe ou Bakweri, dans des maisons sans caractère avec véranda et cour boueuse où voisinent enfants et cochons. Ce sont les fondateurs du village et les actuels détenteurs des fonctions de chef. Rien ne laisse deviner la place occupée par ce peuple dans l’histoire du Cameroun anglophone. » (Courade, 1981-82 : 359)

L’habitat mokpe dans la littérature présente une apparence peu attrayante, ce dernier étant décrit dans une langue souvent connotée. Le pays mokpe semble devoir à tout prix être le reflet du caractère prêté à ceux qui le peuplent :

« Dès lors, en dehors des élites résidant à Yaoundé, la majorité d’entre

eux végète comme commis dans les plantations ou dans l’administration, habitant à l’écart des sinistres camps en carabottes que sont les villages des manœuvres des plantations établis… sur leur terrains. Les villages de l’intérieur, minuscules et encore organisés traditionnellement en quartier, ne sont pas moins tristes. » (Morin, 1994 : 428)

Si la lecture du paysage telle qu’elle se présente ici s’affiche comme une approche fiable dans l’étude des phénomènes sociaux, la forme qu’elle revêt témoigne d’un positionnement hostile a priori. Les choix linguistiques ne sont pas anodins. Quand la description des paysages reflète la subjectivité du chercheur et sert d’assise à l’étude, on peut légitimement s’interroger sur la valeur de l’argument.

Le paysage n’est pas seul en cause dans la construction de cette sociologie de l’échec, les aspects culturels mis en évidence contribuent eux aussi à la justification de l’apathie mokpe. Sont ainsi passés au crible les différents domaines de la culture autochtone.

« Les Bakweri entretiennent avec le Mont Cameroun (Fako) sur lequel ils sont installés

des relations particulières qui ressortent plus du mythe que de la réalité » (Courade, 1981-82 :

éloignées de la vision chrétienne – est désignée dans le texte comme en partie responsable du comportement de repli sur soi, comme si l’élaboration d’une pensée animiste concernant la générosité du volcan prouvait l’absence d’enracinement du peuple mokpe dans « la réalité ».

Les structures sociales de la même façon semblent concourir au phénomène d’enlisement : « société segmentée à l’extrême et sans cohérence interne », le peuple mokpe ne développe « aucun lien hiérarchique ou autre : le « chacun pour soi » reste la règle ». Et pourtant « l’envie, la jalousie et la méfiance réciproque sont suffisamment fortes pour empêcher

l’émergence d’individus riches et puissants en dehors des lignages non soumis à la norme commune » (Courade, 1981-82 : 372)

Ardener cependant (1996 : 213) donne une toute autre explication au fait que la réussite soit objet de méfiance. Là encore, les conclusions allant dans le sens d’une jalousie destructrice ne tiennent pas compte de raisons plus subtiles qu’il faut puiser en profondeur. Ce que Courade interprète comme un frein malsain à l’émergence « d’individus riches et puissants » s’explique par l’existence chez les Wakpe d’une forme de contrôle social qui perçoit d’un mauvais œil la réussite affichée de manière ostentatoire73.

Aboutissement de la démarche, l’argument de la paresse tombe inévitablement, invoquant la raison naturelle :

« La culture du macabo, nourriture de base, faite par les femmes, donne

bien et pendant plusieurs années de suite sans avoir à être replanté bien qu’il s’agisse d’une plante annuelle. La survie du groupe est ainsi assurée sans grand effort » (Courade, 1981-82 : 365).

Les bienfaits de cette culture ne peuvent ainsi que satisfaire des hommes qui vont jusqu’à projeter leurs désirs d’abondance facile dans leur représentations cosmogoniques : « Beaucoup

de légendes situent le paradis sur le Mont Cameroun. Là, chacun trouverait à manger à sa faim, sans excès, mais sans travailler » (Courade, 1981-82 : 359).

Pourtant Courade évoque combien put être liée la réputation de paresse et les modalités de la confrontation coloniale, malheureusement sans pousser l’analyse :

« Les relations entre Bakweri et Allemands furent franchement

hostiles ; répression féroce, travail forcé, taxation d’office et accaparement des terres ne pouvaient que contribuer à élargir le fossé et à traumatiser une

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Ce contrôle se manifeste par l’entremise d’un système de sorcellerie appelé nyongo. Les personnes affichant de manière ostentatoire leur réussite financière sont accusées d’avoir réduit, par sorcellerie, certains membres de leur entourage en esclavage, en prenant possession de leur esprit et en envoyant leur corps travailler de force dans des contrées secrètes. Le sorcier tirerait bénéfice de cet esclavage en accumulant des biens de manière suspecte. La crainte d’une accusation de sorcellerie dissuade généralement les gens d’exhiber toute réussite matérielle.

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population qui ne chercha pas à gagner les faveurs du conquérant. Peu nombreux pour servir dans les plantations et déjà réputés comme peu travailleurs, ils n’intéressaient pas les Allemands » (Courade, 1981-82 : 366).

On s’aperçoit donc au fil des propos que les raisons de ce qui est présenté comme l’échec mokpe sont puisées dans la lecture du paysage ainsi que dans les représentations culturelles et les structures profondes de la société. Or cette posture révèle selon nous un vice de forme par la façon dont elle s’entrave d’un carcan déterministe qui brouille la compréhension réelle du phénomène. La littérature scientifique ici prend appui sur la mémoire collective et remonte à contre-courant jusqu’à des sources qui confortent sa vision.

La science s’applique ainsi à débusquer, elle aussi dans la raison naturelle, les causes profondes du marasme et de la paresse mokpe.

Le mythe de la fainéantise au cours des décennies s’est autoalimenté par un glissement des intentions. L’idéologie ségrégationniste de la politique coloniale a laissé place à une valorisation dans les écrits scientifiques de la réussite sociale bâtie sur le modèle économique dominant, réussite à laquelle les Wakpe sembleraient peu assidus.

Dans tous les cas, le processus de marginalisation du peuple mokpe continue d’être décrit comme impulsé par sa nature intrinsèque : une incapacité profonde, découlant de son penchant à la paresse, à s’adapter aux réalités contemporaines.

Or que représentent ces réalités contemporaines, et quelle est la grille de lecture utilisée pour évaluer le degré de réussite ou d’échec de la population mokpe ?

b- Le mythe revitalisé

Les deux auteurs s’accordent sur l’idée que l’agriculture autochtone n’a pas d’assise solide74 et que son organisation désuète et par trop rigide n’a pas su s’ouvrir de manière dynamique aux opportunités économiques de la région :

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Il est intéressant de comparer ces affirmations aux rapports de l’administration coloniale concernant les savoir-faire bakweri. Là encore, et nous l’analyserons plus en détail dans la suite de ce travail, la vision très négative perdure sans pour autant être sérieusement démontrée. On constatera l’analogie avec le processus antillais de marginalisation de la communauté paysanne aux lendemains de l’esclavage (cf. chapitres précédents).

« De la sorte, la montagne fournissant tout, la seule activité noble est la

chasse sur les pentes auparavant embrasées au détriment d’une agriculture qui reste de cueillette » (Morin, 1994 : 428).

Ou même :

« L’économie de cueillette reste toujours d’actualité chez eux quand

tout la condamne : le manque d’espace, les spéculations possibles et les marchés potentiels » (Courade, 1981-82 : 366)

En effet « les Bakweri ne sont pas des agriculteurs acharnés », alors qu’il y aurait « matière à tirer partie d’un environnement où l’économie marchande règne en maître » – « la

pression démographique aurait dû l’inciter [la société bakweri] à intensifier ses méthodes de culture » (Courade, 1981-82 : 364-365).

La stigmatisation de cette agriculture paysanne arriérée, complètement submergée par le contexte économique et incapable de prendre en main le cours des choses car impotente, prêterait presque à sourire si elle ne servait la valorisation systématique d’un modèle exogène bien connu, celui de l’enrichissement par le biais de comportements compétitifs. En bref, « ces groupes

sociaux n’ont pas été capables de transcender leur milieu forestier » (Morin, 1994 : 438), c’est

dire si l’archaïsme dont ils font preuve contraste avec le modèle de réussite économique pris comme référent.

Plus insidieux est le comparatisme ethnique sous-jacent qui forge encore la légende. Les deux auteurs de manière récurrente illustrent leurs propos en évoquant le fait que les Bakweri

« ne sont pas entreprenants comme leurs compatriotes bamiléké » (Courade, 1981-82 : 364), en

effet « un travail récent sur le dynamisme bamiléké et la réussite économique de ce peuple

conquérant pouvait nous servir de terme de comparaison et d’antidote par son triomphalisme. N’y a-t-il pas, en effet, quelque chose de stimulant à opposer l’insuccès à la réussite ? »

(Courade, 1981-82 : 358)

La question est de savoir si un système social donné, parce que décrit comme profondément différent de celui qui est admiré, doit fatalement porter en lui la marque de l’échec. L’insistance des discours que nous analysons accrédite cette thèse par la hiérarchisation de modèles sociaux aux aspirations divergentes. Les plus proches du triomphalisme économique à l’occidentale font figure d’exemple, au détriment de ceux qui s’en démarquent sensiblement.

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Sans remettre en question l’honnêteté des hommes de terrain qui ont produit ces écrits, il est intéressant de mesurer la contribution des discours à la médiatisation du mythe. Le regard porté sur la société mokpe n’a pas changé depuis un siècle. Malgré l’évolution du dispositif argumentatif qui ne sert heureusement plus les mêmes causes, les réflexions autour de la nature des Wakpe aboutissent immanquablement aux mêmes conclusions. La plupart des auteurs d’ailleurs expriment sincèrement leur affliction devant les conséquences apparemment désastreuses de la paresse des gens du Mont Cameroun. Ce faisant ils alimentent inconsciemment une vision très discutable née d’une volonté politique de marginalisation.

5) Conclusion

La paresse mokpe est née selon nous d’un processus collectif d’accumulation d’idées préconçues, forgées consciemment ou non à travers l’histoire, prenant leur source dans la politique coloniale et diffusées par le biais des voix les plus diverses. Bien que les idéologies aient évolué depuis la création du mythe, l’existence de ce trait de caractère semble indiscutable puisque chacun, depuis longtemps maintenant de mémoire d’homme, lui prête un fondement bâti sur la raison naturelle : tout provient de l’exceptionnelle fertilité des sols.

La réputation des Wakpe étant faite, il est désormais bien difficile d’imaginer sa remise en question car des intellectuels de tout le Cameroun et certains écrits scientifiques de dimension internationale la relayent désormais efficacement. Pourtant les incohérences sautent aux yeux.

L’arrivée massive des travailleurs allochtones sur la zone du Mont Cameroun pouvait laisser prédire de graves problèmes sociaux. Il est étonnant que l’administration coloniale ne se soit occupée du problème qu’une fois le fait accompli. Le transfert de milliers de personnes en provenance des régions voisines ne pouvait qu’engendrer une crise foncière majeure qui fut bien lâchement mise sur le compte de la largesse mokpe et de son incapacité à réagir à l’immigration.

« It is clear, however, that the problem is not entirely or even mainly

one of land shortage ; but that certain underlying social evils are equally responsible for the difficulties of the local inhabitants. Of these one of the most notable appears to be the breakdown in many areas of traditional control over land used by immigrants. The result has been an unregulated and excessive influx of immigrants farmers which were found to be the principal cause of the local shortages of good land. »75

L’administration fit preuve en ce sens d’un manque de clairvoyance certain qu’elle paya au prix fort par la suite. Rejeter en toute mauvaise foi sur les populations locales la responsabilité des effets pernicieux d’une politique avide de bénéfices sur le court terme fut certes efficace pour échapper à la critique, mais la réalité du terrain montre que les conséquences néfastes de la démarche sont encore palpables à l’heure actuelle.

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« Il est cependant évident que le problème ne vient pas uniquement d’un manque de terre. Certains maux sociaux sous-jacents sont également responsables des difficultés rencontrées par les autochtones. L’un des plus remarquables semble être l’effondrement dans bien des endroits du contrôle traditionnel exercé sur les terres utilisées par les immigrants. Il en a résulté un flux excessif et incontrôlé de paysans immigrés, considérés comme la cause principale du manque local de bonnes terres. », Summary of the findings and recommendations of the Investigating Officer and the preliminary observations of the Nigerian Government, Lagos, 1949, Dossier Qf/e 1932/1, Archives Municipales de Buea, Province du Sud-Ouest.

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On pourrait souhaiter au peuple mokpe, minoritaire sur son propre sol, de renverser la tendance en utilisant les armes de l’adversaire : une volonté affichée de réussir socialement par l’intensification de ses méthodes culturales, la création de coopératives agricoles reconnues, la gestion rentière de son patrimoine foncier, l’initiative commerciale et bien d’autres choses encore. Il faudrait pour cela que les logiques culturelles wakpe admettent le bien-fondé de ces choix sociaux. Rien ne laisse transparaître en l’état actuel de nos investigations que cette communauté trouve un sens dans l’adoption d’attitudes qu’elle définit clairement comme relevant des mœurs allochtones.

Il a été souvent question de la réticence des Wakpe, même passés les temps sombres du colonialisme, à travailler dans les plantations de la CDC, perdant ainsi la chance d’être reconnus comme capables de s’investir dans un projet constructif à long terme. Les statistiques de la CDC font pourtant apparaître que si ces derniers ont éprouvé un certain dégoût pour le travail d’ouvrier agricole – ce qui se laisse aisément concevoir en regard de l’histoire – leur présence se confirme au sein des postes à responsabilité du fait de leur niveau de scolarisation (initiée dès les débuts de la colonisation par les Missions). De fait, la situation de nombreuses familles wakpe a beaucoup changé par l’accès à l’instruction qui leur a donné une certaine aisance en comparaison des conditions économiques des populations immigrées.

Un étudiant mokpe présente ici sa vision :

« Pour te prouver que nous ne sommes pas aussi fainéants qu’ils le

proclament, regarde le niveau de vie entre eux et nous. Dans une famille bakweri d’environ quatre enfants, presque tous les enfants obtiennent au minimum le baccalauréat. Mais eux auront jusqu’à vingt enfants au sein d’un foyer polygame dont seulement neuf pourront prétendre à un baccalauréat. Regarde alors le pourcentage. Tu verras que les Bakweri ont un statut socio-économique plus haut que le leur. »76

Dans ces conditions, la rumeur qui fait d’eux des êtres paresseux ne les touche guère et s’explique naturellement à leurs yeux par la manifestation d’une jalousie générée par le confort de leur situation, ou par la différence de coutume.

« A propos de l’idée que les Bakweri sont fainéants, je voulais dire que

c’est un vieux mensonge diffusé par ceux qui envient les Bakweri à cause de leur habitat. Dieu nous a placés ! Cette affirmation ne repose sur aucune preuve empirique jusqu’à maintenant. Regarde bien les choses : aucun d’entre eux ne nourrit un Bakweri. Nous luttons pour nous mêmes et travaillons pour obtenir ce dont nous avons besoin pour vivre, en évitant de nous tuer à la tâche. Naturellement les Bakweri sont chanceux de vivre sur les sols volcaniques fertiles du Mont Cameroun. Là ils n’ont pas besoin de travailler dur pour nourrir leur famille. En regardant les gens qui viennent de la

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province du Nord-Ouest, tu constateras qu’ils ont l’habitude de travailler très dur pour obtenir quelque chose pour leur famille. Ainsi quand ils viennent ici sur la côte où les gens ont un style de vie modéré et qu’ils sont déjà habitués aux travaux éprouvants, ils regardent les Bakweri comme des gens paresseux. Et ils continuent à travailler dur en pensant qu’ils sont sur un lieu qui demande beaucoup de peine pour en tirer bénéfice. […] Prends le cas des noirs qui vont en Europe. Ils travaillent dur pour survivre parce qu’ils n’ont personne sur qui compter. Nous, nous ne voyageons pas chez eux parce que nous avons tout ce qu’il nous faut. Ils migrent sur nos terres pour survivre là où nous peinons à peine ! »77

La raison naturelle entre bien en ligne de compte dans la construction du mythe, seulement la vision mokpe l’éclaire d’une toute autre manière, en fixant la norme comportementale à son niveau : la société mokpe n’érige pas le travail en valeur suprême, ce dernier n’étant qu’un moyen dont il serait absurde d’abuser dans le contexte favorable du volcan.

Nous ne tenterons pas dans cette partie de discuter, en les reprenant un à un, la pertinence des arguments avancés à travers l’histoire par les différentes mémoires en présence (populaire, scientifique, etc.), pour en arriver à la conclusion que le mythe s’est effectivement construit sur le préjugé. Le contenu de ce travail apportera les éléments de la démonstration.