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Par l’action de l’UISE et celle de ses comités nationaux

La « Déclaration de Genève » (1924)

3.  Deux trajectoires distinctes

3.1.  Par l’action de l’UISE et celle de ses comités nationaux

Sous l’action de l’UISE, la Déclaration de Genève se révèle être multiforme et changeante. Tantôt programmatique, elle s’avère également bien tenir son rôle d’étendard au service des bailleurs de fonds pour aller par moments jusqu’à incarner la muse d’artistes confirmés ou en herbe, comme les enfants. Les ténors de l’Union, fins connaisseurs de la vie internationale et des stratégies de communication dans le domaine de la récolte de fonds, trouvent en Jebb une vice-présidente déterminée à faire connaître les principes directeurs définis par l’Union. Au travers de ses multiples voyages, conférences et échanges plus ou moins formels, au péril de sa santé qui va déclinante, elle s’applique à faire de ce texte non seulement un espoir, comme initialement annoncé, mais une réalité pour tous207. Jebb tient toujours à combiner une bonne connaissance « scientifique » des principes de la Déclaration de Genève, afin de garantir sa mise en œuvre, avec une diffusion maximale du texte de manière à obtenir une adhésion générale. Ceci au point de la figer parfois.

En définissant les principes directeurs de l’Union dans sa période de transition entre un mouvement de secours et une organisation active sur les sujets liés à la protection de l’enfance, Jebb précise sa pensée :

« La nouvelle organisation doit avoir des idéaux élevés […] elle doit être scientifique [… et] libre de toute restriction imposée par des intérêts particuliers […] il s’ensuit que les races arriérées doivent bénéficier de nos meilleures connaissances de toute notre expérience, afin qu’elles puissent améliorer leurs méthodes d’élever et de prendre soin de leurs enfants. »208

205 AEG AUIPE, AP 92.1.3, Tri/65-3, PV 131e séance…

206 AEG AUIPE, AP 92.1.3, Tri/65-3, PV 131e séance…

207 AEG FUIPE, M1.5, Tri/71.1, mémorandum présenté par Miss Jebb, 26 mai 1926 ; AEG FUIPE, M1.5, Tri/71.1, mémorandum demandé par Miss Jebb à Mlles Löhnis et Des Gouttes (circa 1926). Pour les détails des voyages de Jebb au cours de ses dernières années de vie, voir Cabanes (2014), Lully (2014), Mahood (2008, 2009), Mulley (2009).

208 AEG-FUIPE, M1.2, Tri/71.1, Historique de l’UISE, mémorandum, publications de l’UISE de 1929-1939, Texte préparé pour le Xe anniversaire, Annexe B, p. 2, Écrits de Jebb.

La Déclaration est selon ses auteurs l’outil tout trouvé pour définir les axes de diffusion des connaissances scientifiques au sujet de la protection et de l’éducation des enfants. Suffisamment générale pour fournir un point de départ pour les débats, les « meilleures connaissances » peuvent dès lors être produites dans ce cadre. Les comités de 44 pays travaillent à répandre ses principes209. Certains en font même la base de leur programme, à l’instar du Comité italien, cité en exemple dans la Revue internationale de la Croix-Rouge210.

De son côté, l’UISE organise des événements d’envergure afin de « généraliser les connaissances et les expériences récentes les plus fécondes dans le domaine de la protection et dans l’élevage des enfants »211. C’est ainsi qu’a lieu en août 1925, le Premier Congrès général de l’enfant à Genève, rassemblant 700 personnes issues de 50 pays différents. Trois sections structurent le programme : hygiène et médecine, assistance et prévoyance sociale, éducation et propagande212. Le mot d’ordre est toujours de « stimuler l’enthousiasme pour l’accomplissement de plus vastes actions de secours »213, mais les organisateurs visent également à jeter « les bases de nouvelles actions et de nouvelles méthodes »214 dont les axes de développement sont les principes de la Déclaration de Genève. Cette dimension programmatique sera traduite en actes, bien des années plus tard (1950-1960), lorsque l’Union reprendra la tradition, développée dans de nombreux pays par des organisations membres, de célébrer la Déclaration de Genève, une journée par an. Elle consacrera une journée après l’autre à l’étude de l’un de ses principes.

Il ne faut pas attendre le milieu du siècle pour voir honorer la Déclaration à des dates précises. En 1934, dix ans après son approbation par la SDN, le Comité exécutif souhaite célébrer son anniversaire. L’une des options prises est de faire en sorte que les organisations membres assurent une « propagande pour la protection de l’enfance dans leur pays [en montrant] l’évolution, son état actuel et ce qui reste à faire pour réaliser la Déclaration de Genève d’une manière suffisante »215. L’anniversaire est une occasion de faire un état des lieux de la mise en œuvre du programme adopté par la communauté internationale. Cette action, marquant un moment de mémoire institutionnel, sera associée à la demande de réaffirmation

209 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, 5e Chemise, Bulletin 11, p. 251.

210 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, 2e chemise, Extrait de la Revue internationale de la Croix-Rouge, année 6, n° 63, Remise de la « Déclaration de Genève » au Conseil d’État de Genève pour ses archives.

211 AEG FUIPE, M1.2, Tri/71.1, Historique de l’UISE, mémorandum, publications de l’UISE de 1929-1939, Texte préparé pour le Xe anniversaire, Annexe B, p. 4.

212 AEG FUIPE, M1.2, Tri/71.1…, Grandes dates de l’Union.

213 AEG FUIPE, M1.3, Tri/71.1, Texte de présentation de l’UISE extrait du fascicule 23 (1945) du Bulletin de l’Union internationale de secours, Premier Congrès général de l’enfant.

214 AEG FUIPE, M1.3, Tri/71.1, Texte de présentation de l’UISE…

215 AEG FUIPE, AP 92.1.10, Tri/65-3, PV 212e séance du Comité exécutif de l’Union, mercredi 10 janvier 1934, Xe anniversaire de la Déclaration de Genève. Le 20e anniversaire de la Déclaration est également célébré en 1943 avec un message, et une diffusion par la presse écrite et radiophonique. AEG FUIPE, AP 92.2.10, Tri/65-3, XXIIe session du Conseil général, 17-21 septembre 1946.

de la Déclaration par l’Assemblée générale de la SDN. Nous reviendrons sur cet épisode ultérieurement. Celui-ci souligne le caractère indissociable des démarches : faire (re)connaître la Déclaration et l’implémenter.

L’UISE ne se contente pas de faire tout son possible pour fournir « l’aide précieuse » et « l’encouragement » aux pays qui œuvrent pour mettre en pratique la Déclaration. Celle-ci est également un puissant outil de propagande, comme l’avaient ardemment souhaité ses auteurs. Les démarches du Comité français de protection de l’enfance affilié à l’Union sont évocatrices. Il fait imprimer un livre d’or des adhésions à la Déclaration « en récoltant les adresses des signataires et en se créant ainsi un carnet d’adresses pour les actions de propagande »216. L’UISE fait également circuler des formulaires d’adhésion à la Déclaration, dès 1924. Les intéressés apposent nom, adresse, date et paraphe sous la formule suivante : « Le soussigné affirme par la présente son adhésion aux principes de la Déclaration de Genève ci-dessus mentionnés »217.

D’autres actions montrent la valeur économique conférée à la Déclaration. La Croix-Rouge suédoise publie un calendrier dont les bordures sont constituées des cinq principes de la Déclaration, option également retenue par le Comité letton218. Le dispositif génère des rentrées financières intéressantes et présente la particularité de compter sur l’appui des classes populaires et non pas uniquement des milieux aisés (Cabanes, 2014). Des cartes comprenant d’un côté le logo et une présentation de l’Union et de l’autre le texte de la Déclaration des droits de l’enfant ou de plus grandes affiches sont vendues dans plusieurs pays. La pratique est si courante en Grande-Bretagne qu’en 1951, des ouvriers, auprès de qui le SCF récolte le sou hebdomadaire, déduit automatiquement de leur salaire, réclament une affiche de la Déclaration219.

La Déclaration est réifiée. La stratégie élaborée en 1923 par ses instigateurs est payante, la brièveté du document le rend matériellement palpable. Elle devient une réalité sensible, à portée de mains. Cette dimension concrète permet à ses lecteurs de mieux connaître les principes, qui auraient sinon pu rester vides de sens. Certains poussent l’appropriation jusqu’à la sublimer.

L’Œuvre nationale de l’enfance en Belgique publie une affiche reproduisant le texte de la Déclaration de Genève et illustrée en couleur par l’artiste Maurice Langaskens (cf. Figure 4)220. Celle-ci est soigneusement reproduite dans le Bulletin de l’Union avec la légende suivante :

216 AEG FUIPE, AP 92.1.3, Tri/65-3, PV 131e séance du Comité exécutif de l’Union, mardi 25 novembre 1924, Correspondance.

217 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, Diffusion 1924-1925, Extrait du Bulletin de l’Union n° 3, p. 50 ou 52 (s.d.).

218 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, Diffusion 1924-1925…

219 AEG FUIPE, AP 92.2.15, Tri/65-3, 11e session du Comité exécutif, 3 mars 1951.

220 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, 2e chemise. Maurice Langaskens (1884-1946) est un peintre belge. De style Art Nouveau, il a peint son œuvre la plus célèbre lorsqu’il était prisonnier de guerre : In Memorium : Burial of a Prisoner of War at the Gottingem Camp.

Figure 4 : Affiche commanditée par l’Œuvre nationale de l’enfance en Belgique, reproduisant le texte de la Déclaration de Genève. Elle est réalisée par le peintre M. Langaskens. © Archives de l’État de Genève

de la Déclaration par l’Assemblée générale de la SDN. Nous reviendrons sur cet épisode ultérieurement. Celui-ci souligne le caractère indissociable des démarches : faire (re)connaître la Déclaration et l’implémenter.

L’UISE ne se contente pas de faire tout son possible pour fournir « l’aide précieuse » et « l’encouragement » aux pays qui œuvrent pour mettre en pratique la Déclaration. Celle-ci est également un puissant outil de propagande, comme l’avaient ardemment souhaité ses auteurs. Les démarches du Comité français de protection de l’enfance affilié à l’Union sont évocatrices. Il fait imprimer un livre d’or des adhésions à la Déclaration « en récoltant les adresses des signataires et en se créant ainsi un carnet d’adresses pour les actions de propagande »216. L’UISE fait également circuler des formulaires d’adhésion à la Déclaration, dès 1924. Les intéressés apposent nom, adresse, date et paraphe sous la formule suivante : « Le soussigné affirme par la présente son adhésion aux principes de la Déclaration de Genève ci-dessus mentionnés »217.

D’autres actions montrent la valeur économique conférée à la Déclaration. La Croix-Rouge suédoise publie un calendrier dont les bordures sont constituées des cinq principes de la Déclaration, option également retenue par le Comité letton218. Le dispositif génère des rentrées financières intéressantes et présente la particularité de compter sur l’appui des classes populaires et non pas uniquement des milieux aisés (Cabanes, 2014). Des cartes comprenant d’un côté le logo et une présentation de l’Union et de l’autre le texte de la Déclaration des droits de l’enfant ou de plus grandes affiches sont vendues dans plusieurs pays. La pratique est si courante en Grande-Bretagne qu’en 1951, des ouvriers, auprès de qui le SCF récolte le sou hebdomadaire, déduit automatiquement de leur salaire, réclament une affiche de la Déclaration219.

La Déclaration est réifiée. La stratégie élaborée en 1923 par ses instigateurs est payante, la brièveté du document le rend matériellement palpable. Elle devient une réalité sensible, à portée de mains. Cette dimension concrète permet à ses lecteurs de mieux connaître les principes, qui auraient sinon pu rester vides de sens. Certains poussent l’appropriation jusqu’à la sublimer.

L’Œuvre nationale de l’enfance en Belgique publie une affiche reproduisant le texte de la Déclaration de Genève et illustrée en couleur par l’artiste Maurice Langaskens (cf. Figure 4)220. Celle-ci est soigneusement reproduite dans le Bulletin de l’Union avec la légende suivante :

216 AEG FUIPE, AP 92.1.3, Tri/65-3, PV 131e séance du Comité exécutif de l’Union, mardi 25 novembre 1924, Correspondance.

217 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, Diffusion 1924-1925, Extrait du Bulletin de l’Union n° 3, p. 50 ou 52 (s.d.).

218 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, Diffusion 1924-1925…

219 AEG FUIPE, AP 92.2.15, Tri/65-3, 11e session du Comité exécutif, 3 mars 1951.

220 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, 2e chemise. Maurice Langaskens (1884-1946) est un peintre belge. De style Art Nouveau, il a peint son œuvre la plus célèbre lorsqu’il était prisonnier de guerre : In Memorium : Burial of a Prisoner of War at the Gottingem Camp.

Figure 4 : Affiche commanditée par l’Œuvre nationale de l’enfance en Belgique, reproduisant le texte de la Déclaration de Genève. Elle est réalisée par le peintre M. Langaskens. © Archives de l’État de Genève

« Le travail qu’accomplit cette organisation dans sa lutte énergique pour accorder à l’enfance la protection nécessaire se trouve magnifiquement symbolisé dans le geste de cet homme et de cette femme qui se tendent la main pour collaborer à la réalisation des droits de l’enfant. »221

La mise en valeur de la Déclaration de Genève prend également d’autres formes.

À l’initiative du SCF, elle est mise en vers par Ethel Sidgwick pour les fêtes de fin d’année (cf. Figure 5). Le SCF la joint à ses vœux de Noël et la vend pour une somme modique222.

La stratégie d’esthétisation n’est pas uniquement l’apanage de quelques artistes inspirés ou mandatés. Elle devient aussi un moyen de faire participer les enfants à la diffusion de la Déclaration. Des concours de dessin pour les enfants ou des classes sont organisés aux niveaux national et international (cf. Figure 6). En 1927-1928, l’Union coordonne la démarche dans douze pays d’Europe et d’Amérique latine simultanément223. La consigne est claire : il s’agit d’illustrer un des principes de la Déclaration. Les classements sont élaborés et les médailles distribuées sur la base de la bonne compréhension du principe (critères : simpliste/littéral/erreur ou plaisanterie ?) et de la qualité de son traitement au travers de l’œuvre (critères : bon/original/passable)224. Des expositions d’œuvres réalisées par des enfants (méthode de propagande déjà utilisée par le SCF qui obtenait une bonne couverture médiatique) ainsi que des expositions itinérantes sont organisées. Les intentions de l’Union, précisées ci-après par Jebb, sont limpides : « Comme la pitié, l’art est commun à l’humanité et exclut toute haine ou rivalité. En voyant ces œuvres pleines de grâce, nous ne pouvons nous fermer au désir de sauver les enfants qui les ont produites »225.

La presse écrite est amplement mobilisée par l’UISE afin de diffuser les principes de la Déclaration. Les nouvelles technologies de la communication sont aussi utilisées à cet effet. Les techniques radiophoniques sont l’un des canaux les plus investis par l’Union. Nous nous rappelons de la lecture du texte réalisée par Ador en 1923 au poste de TSF de la tour Eiffel, dont l’Union n’aura cesse de s’enorgueillir : « cet appel sur les ondes atteint les “sans-filistes”, fidèles de la tour Eiffel dans un rayon de 600-1000 kilomètres »226. L’épisode est reproduit avec d’autres personnalités dans divers pays (la Belgique et la Tchécoslovaquie notamment)227 et en d’autres temps,

221 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, 4e chemise, Bulletin de l’Union n° 7, p. 147.

222 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, Diffusion 1924-1925.

223 AEG FUIPE, M1.2, Tri/71.1, Historique de l’UISE, mémorandum, publications de l’UISE de 1929-1939, Grandes dates de l’Union. Voir aussi AEG FUIPE, AP 92.1.3, Tri/65-3, PV 131e séance du Comité exécutif de l’Union, mardi 25 novembre 1924, Correspondance.

224 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, 5e chemise, La Déclaration de Genève et les enfants.

225 AEG FUIPE, M1.2, Tri/71.1, Historique de l’UISE, mémorandum, publications de l’UISE de 1929-1939, Historique de l’Union.

226 AEG FUIPE, M1.2, Tri/71.1…, Texte préparé pour le Xe anniversaire.

227 AEG FUIPE, M1.2, Tri/71.1…, Texte préparé pour le Xe anniversaire…

Figure 5 : Déclaration de Genève mise en vers par E. Sidgwick, sur demande du SCF.

© Archives de l’État de Genève

« Le travail qu’accomplit cette organisation dans sa lutte énergique pour accorder à l’enfance la protection nécessaire se trouve magnifiquement symbolisé dans le geste de cet homme et de cette femme qui se tendent la main pour collaborer à la réalisation des droits de l’enfant. »221

La mise en valeur de la Déclaration de Genève prend également d’autres formes.

À l’initiative du SCF, elle est mise en vers par Ethel Sidgwick pour les fêtes de fin d’année (cf. Figure 5). Le SCF la joint à ses vœux de Noël et la vend pour une somme modique222.

La stratégie d’esthétisation n’est pas uniquement l’apanage de quelques artistes inspirés ou mandatés. Elle devient aussi un moyen de faire participer les enfants à la diffusion de la Déclaration. Des concours de dessin pour les enfants ou des classes sont organisés aux niveaux national et international (cf. Figure 6). En 1927-1928, l’Union coordonne la démarche dans douze pays d’Europe et d’Amérique latine simultanément223. La consigne est claire : il s’agit d’illustrer un des principes de la Déclaration. Les classements sont élaborés et les médailles distribuées sur la base de la bonne compréhension du principe (critères : simpliste/littéral/erreur ou plaisanterie ?) et de la qualité de son traitement au travers de l’œuvre (critères : bon/original/passable)224. Des expositions d’œuvres réalisées par des enfants (méthode de propagande déjà utilisée par le SCF qui obtenait une bonne couverture médiatique) ainsi que des expositions itinérantes sont organisées. Les intentions de l’Union, précisées ci-après par Jebb, sont limpides : « Comme la pitié, l’art est commun à l’humanité et exclut toute haine ou rivalité. En voyant ces œuvres pleines de grâce, nous ne pouvons nous fermer au désir de sauver les enfants qui les ont produites »225.

La presse écrite est amplement mobilisée par l’UISE afin de diffuser les principes de la Déclaration. Les nouvelles technologies de la communication sont aussi utilisées à cet effet. Les techniques radiophoniques sont l’un des canaux les plus investis par l’Union. Nous nous rappelons de la lecture du texte réalisée par Ador en 1923 au poste de TSF de la tour Eiffel, dont l’Union n’aura cesse de s’enorgueillir : « cet appel sur les ondes atteint les “sans-filistes”, fidèles de la tour Eiffel dans un rayon de 600-1000 kilomètres »226. L’épisode est reproduit avec d’autres personnalités dans divers pays (la Belgique et la Tchécoslovaquie notamment)227 et en d’autres temps,

221 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, 4e chemise, Bulletin de l’Union n° 7, p. 147.

222 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, Diffusion 1924-1925.

223 AEG FUIPE, M1.2, Tri/71.1, Historique de l’UISE, mémorandum, publications de l’UISE de 1929-1939, Grandes dates de l’Union. Voir aussi AEG FUIPE, AP 92.1.3, Tri/65-3, PV 131e séance du Comité exécutif de l’Union, mardi 25 novembre 1924, Correspondance.

224 AEG FUIPE, M3, Tri/71-1, 5e chemise, La Déclaration de Genève et les enfants.

225 AEG FUIPE, M1.2, Tri/71.1, Historique de l’UISE, mémorandum, publications de l’UISE de 1929-1939, Historique de l’Union.

226 AEG FUIPE, M1.2, Tri/71.1…, Texte préparé pour le Xe anniversaire.

227 AEG FUIPE, M1.2, Tri/71.1…, Texte préparé pour le Xe anniversaire…

Figure 5 : Déclaration de Genève mise en vers par E. Sidgwick, sur demande du SCF.

© Archives de l’État de Genève

Figure 6 : Concours de dessin pour les enfants. © Archives de l’État de Genève228.

228 AEG FUIPE AP 92.3.51, Tri/66-2 à 66/3

comme en 1943, date à laquelle le 20e anniversaire de la Déclaration est célébré229. Des « causeries radiophoniques » sont mises sur pied afin de débattre publiquement des principes directeurs de la protection de l’enfance et, à certaines occasions, des émissions spéciales sont enregistrées à Genève puis relayées dans différents pays dans lesquels l’UISE a des comités affiliés230.

L’action de l’UISE dans le cadre de la promotion de la Déclaration de Genève prend forme autour de deux axes forts. Premièrement, la Déclaration lui permet de se positionner solidement dans le champ de la protection de l’enfance, considérant les tensions, la concurrence, les rapports de pouvoir qui induisent à la fois des (auto) exclusions et des enrichissements réciproques  (voir Droux, 2011). L’Union est l’auteure du texte auquel ont adhéré plusieurs puissances politiques, les principaux États acteurs de la protection de l’enfance ainsi que de multiples pays moins influents, mais qui contribuent à asseoir la masse critique de soutien au traité, ainsi que bon nombre des personnalités marquantes de l’époque. La population civile commence à le connaître. Grâce à cette reconnaissance, son statut d’organisation internationale qui intervient en faveur de l’enfance n’est pas remis en cause dans le cadre de l’établissement du Comité de protection de l’enfance de la SDN, dont il est question ci-après. Cette condition nécessaire à la survie de l’Union est complétée par les moyens multiples que lui offre la Déclaration de récolter des fonds. Ce point est d’autant plus crucial que l’Union est une organisation faîtière. Ses principales activités l’éloignent progressivement du terrain (organiser des conférences, établir des statistiques, former du personnel, etc.)231. Elle souffre parfois d’un manque de légitimité auprès des organisations locales, qui œuvrent quotidiennement pour les populations en besoin, tout particulièrement dans le contexte de crise des années 1930.

Recueillir des fonds de manière indépendante est donc essentiel pour la poursuite de

Recueillir des fonds de manière indépendante est donc essentiel pour la poursuite de

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