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1.2- L’énergie du désespoir

Chapitre IV- Le pouvoir despotique du corps

IV. 1.2- L’énergie du désespoir

L’impact des lois de la nature se met également en branle dans le roman Le chant du

lac lorsque l’auteur fait se lever une forte tempête sur une famille en détresse qui allait de

l’autre côté du rivage faire des emplettes et vendre quelques marchandises au marché local. Le narrateur met en scène cette violente tempête qui a pour tâche de donner aux dieux marins de quoi se nourrir dans les villages environnants. La prophétie dira que

« voici revenue la saison où le bourg vit des heures d’angoisse parce que le lac abrite des divinités dévoratrices d’hommes…Et pendant des jours, d’énormes sanglots secouent le cœur de Wèsê…Eh quoi ! faut-il persister à craindre les tabous et les malédictions des vieillards même si Wèsê vit dans l’insécurité ? De quoi la journée d’aujourd’hui sera-t-elle faite, car voici que le lac se recouvre de son voile des jours lugubres… »561

L’univers romanesque est apocalyptique autour des rescapés de cet enfer qui vont lutter corps et âme et suer sang et eau pour sortir de cette impasse mortelle. Le combat décrit est très épique et titanesque ; entre les seuls humains survivants du lac lors de cette colère des cieux et des monstres aux allures de titans ; il y a une hégémonie qui doit se faire jour. Le piroguier dira :

« -Dieu, que l’eau est profonde ici ! s’écriait Fanouvi lorsqu’ils entendirent brusquement comme tombant du ciel au cœur de la barque le cri auquel aucun d’eux n’avait songé.

« Houa ! houa ! houa ! houa ! houa ! houa ! houa ! houaââââââââ. »

Ils se voyaient alors flanc contre flanc avec la mort et ne se sentaient plus vivre. »562

La violence physique des coups de bâtons, de gourdins et de pagaies donnés avec frénésie et avec l’énergie du désespoir par l’équipage à bord de la pirogue a eu raison du sacré africain, incarné dans le village et pour les initiés par les deux monstres marins. Le chant du

lac est le cri d’effroi et de terreur lancé aux quatre coins du monde non pas par la mère, ses

enfants et son fidèle piroguier mais bien plutôt par la femelle qui vient de constater le décès

559 Ibidem , pp. 340-341.

560 Girard (R), La violence et le sacré, op. cit., p. 10.

561 Le chant du lac op. cit., p. 35.

562

de son amant. En effet, « certaines propriétés de la violence, de son aptitude, notamment, à se déplacer d’objet en objet se dissimule derrière l’appareil rigide du sacrifice rituel »563 ainsi que le confirme R. Girard. Comme un serpent qui se mort la queue, la femelle se donne la mort en s’enroulant sur elle-même et en poussant un chant lugubre qui réveille les entrailles du lac. Les dieux sont morts les humains ont survécu à une mort certaine. Cette interrogation des assassins des montres en dira long :

« -Qu’avons-nous fait ? -Je ne comprends pas.

-J’ai le sentiment que je vais devenir folle. -C’étaient les dieux ou c’étaient nous.

-En tout cas, ce n’est pas nous qui l’avons obligé à se mettre comme ! -Tais-toi, mon petit, ce que nous voyons est grave.

-S’il faut être un dieu pour être si bête, j’aime mieux être un homme, chuchota-t-il à sa sœur. -Il mourra. J’ai déjà vu, avec papa, un serpent avaler sa queue, et ça s’est mal terminé pour lui. -Tant mieux.

-Taisez-vous, mes enfants, dit encore Mme Ounéhou comme dans un rêve ».564

Olympe Bhêly-Quenum montre par ce chant du lac lancé par les monstres dévoreurs d’hommes que tout est possible sur la terre et que la violence issue du sacré africain peut avoir des répercutions funestes dans la vie de ceux qui la pratiquent. Ici dans Le chant du lac, les dieux eux-mêmes ont été les victimes de leur irrévérence et de leur irrespect envers la vie humaine565. L’auteur utilise plusieurs fois la mort physique dans certains de ses romans comme une conséquence fatale face à des actes malencontreux que l’on peut commettre car, assure Philippe Solal dans Le mal, le beau, le corps, « affirmer que le mal ne peut être pensé qu’en relation avec une certaine idée du Bien ne fait qu’aggraver le problème car ce que les hommes appellent le Bien varie en fonction des époques, des cultures et des doctrines »566. Les lois de la nature sont très impartiales et viennent sanctionner les fauteurs de trouble lorsque les humains ne peuvent venir à bout d’un certain fléau. Le corps renferme ainsi des forces cachées et insoupçonnables qui peuvent être sollicitées lorsque l’instinct de survie est en éveil. Plusieurs fois dans la narration du combat entre les géants et la petite famille, le narrateur a montré comment la fatigue peut être transcendée lorsque le sacré est en jeu. Le texte présentera que

« Gbénoumi urinait et sanglotait.

-Qu’est-ce qui va se passer, Dada, qu’est-ce qui va arriver ? gémissait-elle. Mme Ounéhou ne répondit pas.

-Mon cœur ne bat plus, je me sens mourir, Dada, balbutiait Codjo comme dans un délire.

563 Girard (R), La violence et le sacré, op, cit., p. 34.

564 Le chant du lac op. cit., pp. 127-128.

565

L’auteur laisse les mobiles dans une obscurité qui alimente à la fois la progression narrative, et la réflexion sur les conditions mêmes de l'interprétation. Il s'agit à la fois de comprendre pourquoi tel personnage agit de telle façon, et de mettre à l'épreuve les principes fondamentaux de la déduction, qui ne permettent pas toujours de remonter jusqu'à la cause de ces comportements. Instrument de la progression narrative, le « langage du corps » est donc aussi l'objet d'une théorie du signe, mais il est également le lieu d'une recherche.

Il ne se sentait plus vivre malgré ses mains serrées sur son arme.Mme Ounéhou pleurait en silence, incapable de dire quoi que ce fût pour réconforter ses enfants ; sa douleur et son désespoir dégénéraient sensiblement en bruyants sanglots qu’elle ne parvenait plus à retenir.

-Le voilà, dit Fanouvi.

Mme Ounéhou et ses enfants retrouvèrent leurs forces tout d’un coup. Mais le monstre réapparu sur l’eau en s’avalant par la queue. Cercle absolu du monde en pleine évolution, lui se rétrécissait, ballotté par les vagues ».567

Ici, le sacré pour les survivants de la barque n’est pas la vénération des dieux marins mais leur propre survie qui n’a pas de prix à leurs yeux. C’est la raison pour laquelle ils ont choisi de rester en vie en luttant de toutes leurs forces et en versant toute la sueur de leur corps. L’auteur montrera qu’ « entre la communauté et les victimes rituelles, certifie R. Girard, un certain type de rapport social est absent, celui qui fait qu’on ne peut pas recourir à la violence, contre un individu, sans s’exposer aux représailles d’autres individus, ses proches, qui se font un devoir de venger leur proche »568. La violence et le sacré sont dans Le chant du

lac des notions qui n’ont pas la même signification selon les différents personnages et selon

les appréciations des novices dans la mesure où les rescapés décident de ne pas dévoiler leur exploit à la communauté des villageois par peur des représailles. La tonalité tragique est très récurrente lorsqu’on lit ce qui suit : « un appel téléphonique l’y ramena trois heures plus tard ; Irène s’était éteinte des suites d’une « hémorragie, violente, abondante, absolument incompréhensible », déclara le gynécologue. Subjugué par le cadavre de la femme qu’il aimait d’un amour immense, Kouglo sentit quelque chose s’abattre sur lui tel un filet de rétiaire dans lequel il étouffait et il hurla : -Dieux ! Je l’aime ! Sauvez-la ! Je ne veux pas qu’elle meure !

Non…Non…Je ne veux pas… »569. La tonalité tragique est ce que l’auteur utilise pour nous

prouver que la mort, le suicide, le crime, l’immolation sont présent dans ses romans dans la mesure où le lecteur est mis devant les univers où le compromis est presque impossible. L’expression de l’identité culturelle est ici marquée par la colère et les pleurs de tous ceux qui avaient foi en leur sacré issu du fond du lac mais aussi par ceux qui remercient le ciel de s’en être sortis en venant à bout des monstres qui terrorisaient les eaux du lac à chaque forte tempête. On peut lire qu’aux alentours,

« les sons du tam-tam devenaient fermes et péremptoires : Sortez, sortez, sortez et venez !

Ah ! les dieux sont morts ! Morts assassinés !... Venez, venez, venez !...

Les dieux sont morts, le lac est souillé !...

La panique liait les pas à la terre au lieu de les précipiter vers le bourg. Certains initiés s’évanouissaient et on les transportait sans renoncer à l’inutile parcours ; il y eut même des morts subites

-C’est la fin du monde (….)

-Quel coup dur porté à tout un peuple ! »570

567 Le chant du lac op. cit., p. 127.

568 Girard (R), La violence et le sacré, op. cit., p. 26.

569 Années du bac de Kouglo op. cit., p. 118.

570

L’auteur nous fait également comprendre dans ce roman épique que la violence et le sacré sont toujours des notions concrètes. Comme nous venons de le voir avec la mort violente de certains adeptes et le sacrifice des dieux par rapport à la vie humaine, l’histoire prend le parti de la vie pour humaine qui est plus importante qu’une vénération qui n’a pas le droit d’être lorsque cela porte atteinte à l’humanité. Aucun dieu ne devrait dévorer ses propres adeptes comme cela est démontré dans cet ouvrage car, « si la violence jouait un rôle dans le sacrifice, renchérit R. Girard, au moins à certains stades de son existence rituelle on tiendrait là un élément d’analyse intéressant car indépendant, au moins en partie, de variables culturelles souvent inconnues »571. Cette vénération est donc une véritable imposture dans la mesure où l’auteur fait parler les monstres en ces termes :

« …La vie n’a aucun secret pour nous, nous avons cependant nos moments d’inquiétude, attendons à chaque instant le pire qui ne peut nous advenir que de la part des hommes ; que cherchent-ils ? Les secrets du monde, croyant fermement que ce sont les dieux qui les détiennent. Le désir de posséder ces secrets les jette dans la lutte contre nous…Qui vaincra ? Les dieux mourront et les hommes poursuivront leur quête éternelle…Où est la vérité ? Même le plus fin des hommes ne la saura jamais. Voilà votre lot. (…) les dieux mourront mais continueront d’exister… »572

Qu’ils soient ésotériques, politiques, sentimentaux ou sociaux, la violence et le sacré sont souvent l’aboutissement de plusieurs options qui ont échoué ou qui sont les seuls que l’on ait à portée de main. As-tu vu Kokolie ? a lui aussi une autre forme de sacré qui aboutit à la violence physique : l’amour de la plus belle fille de Wessè qui plonge Koudjègan dans une folie meurtrière. En effet, l’impact des lois naturelles a fait que son sacré à lui soit profané par l’imprudent Abalou qui, aux dires du fou lui-même, a eu un comportement irrespectueux envers sa bien-aimée. Cet état de chose a été lavé dans le sang qui symbolise la pureté dans les pratiques animistes ouest africaines en mettant hors d’état de nuire celui qui a profané le sacré du fou. Il est dit que

« LE CHUCHOTIS DES BUISSONS me parvient tel un hymne à l’acte sexuel à ces moments de joie de douceur de tendresse pour nous j’étais à elle je suis à elle seule elle est à moi personne entends-tu personne avant moi n’avait vu Kokolie nue qui après moi aura découvert sa nudité comment après moi il n’y a pas il n’y aura pas d’après moi personne ne pourra l’affirmer comment admettre simplement tolérer les jactances d’Abalo pires qu’un mensonge inadmissibles profanations »573

René Girard dira pour cela qu’« il est inévitable qu’à un moment donné, même les meilleurs amis du monde croisent sur leur chemin un objet qu’ils ne peuvent ni ne souhaitent partager »574. L’impact des lois naturelles a donc une part non négligeable dans le comportement des personnages bhêly-quenumiens lorsque ceux-ci se trouvent devant un choix à faire dans l’immédiat et qui n’autorise pas de compromis. La tonalité pathétique vient corroborer l’idée selon laquelle la souffrance, la pitié, la misère, les meurtrissures de

571 Girard (R), La violence et le sacré, op. cit., p. 10.

572 Le chant du lac, op. cit., pp. 39-40.

573 As-tu vu Kokolie ? op. cit., p. 82.

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l’existence ne peuvent qu’émouvoir le lecteur des œuvres étudiés. En effet, l’utilisation par l’auteur de cette forme de tonalité n’est pas sans ambition cachée. Il faut émouvoir pour faire passer plus de chose. L’écriture de l’émotion est une forme de pédagogie qu’Olympe Bhêly-Quenum utilise pour faire passer son message.

On peut le voir dans ces paragraphes qui sont très émouvants pour un lecteur sensible : « A ces mots, la cravache du commandant cingla à six reprises le visage de mon père. Il voulut se défendre, mais les gardes s’emparèrent de lui. Le commandant donna des ordres et ils déshabillèrent mon père, le mirent nu devant tout le monde, puis ils l’obligèrent à mettre un des vieux boubous qu’il enfilait pour aller dans ses champs. Ils sortirent avec lui quelques minutes après ces humiliations. Quoi ! Vous froncez les sourcils, Monsieur Houénou ? (…) Bakari ne répondit pas. Par dix fois on lui posa sans résultat la même question, tandis que les coups de cravache du commandant marquaient furieusement son visage d’ordinaire doux, paisible (…) ». Dans As-tu vu Kokolie ?, le personnage principal a volontairement choisi de tuer son rival pour garder jalousement ce qui est sacré pour lui alors que dans C’était à

Togonie, le narrateur présente l’honneur du mari trompé comme étant la chose primordiale de

son existence ; d’où sa tentative de meurtre sur la personne d’Aplika l’amant de sa femme et son suicide qui procède de la volonté de cette dernière de le quitter pour un nègre. Chose ignominieuse à ses yeux car, comme le constate R. Girard, « la mimesis du désir est à la fois le ressort de ce que l’amitié offre de meilleur et de ce que la haine a de pire. Ce paradoxe lumineux joue un rôle immense »575 dans les relations humaines. Le mari trahi vociférera dans un soliloque en ces termes :

« (…) ô Dor Amour pourquoi m’as-tu fait ça ce coup terrible m’a terrassé assassiné jeté sur un tas d’ordures livrés aux regards des nègres pourquoi hien pourquoi vois je suis dans l’impasse non-vie dans l’impasse de la vie…

Il se leva vidé, remonta son pantalon, revint près de la voiture en titubant ; tout lui paraissait soudain absurde ; saisi d’angoisse, son cœur battait la chamade ; de violents spasmes l’arpentaient de la plante des pieds en s’accentuant pour stagner au-dessous de la ceinture »576

Une autre forme de violence cette fois-ci morale et psychologique issue de l’impact des lois naturelles procède de l’abandon des devoirs de femme au foyer dans le roman Les

appels du vodou de la part de celle qui est devenue la grande prêtresse du temple animiste

décrit dans ce roman du haut mysticisme africain. L’histoire nous dit que cette femme pourtant aimante et chaleureuse -les rares fois qu’elle se retrouve seule avec ses deux enfants- est devenue très mystérieuse pour ceux-ci qui n’hésitent pas de préciser leur manque d’affection maternelle. Le sacré et les inconvénients des responsabilités mystico religieuses dans ce roman sont ce qui éloigne la mère de ses jeunes enfants car, précise Philip K. Dick dans Le message de Frolix 8, « la mesure d’un homme n’est pas son intelligence. Ce n’est pas

575 Girard (R), Shakespeare les feux de l’envie, p. 19.

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la manière dont il s’élève dans l’appareil dément du système. La mesure d’un homme est ceci : à quelle vitesse est-il capable de réagir aux besoins d’un autre être ? Combien peut-il donner de sa personne ? »577 La violence de cet acte est pour eux immorale et ravageuse sur le plan émotionnel et social dans la mesure où les deux jeunes enfants de par la bouche du narrateur le vivent très mal. Il dira que

« la jeune prêtresse disparaissait dès le premier jour de la période du culte ; sa tante, sa mère et quelques cousines n’appartenant pas à la confrérie s’occupaient de ses deux enfants ; mais les portes du cloître se refermaient sur Tagni Bonin aussi, en moins d’une semaine. Gbéyimi pleurait beaucoup le premier jour du départ de sa mère ; puis elle se calmait sans qu’il y eût beaucoup d’efforts pour la consoler.

Agblo, au contraire réagissait mal contre les arguments lénifiants de la famille ».578

Cet état de chose n’est pas sans rappeler l’importance qu’ont les femmes dans le développement de la personnalité physique et comportementale de leur progéniture dans la société des hommes. Cette violente déchirure est d’autant plus dure pour eux que leur mère n’est pas toujours loin de leur lieu d’habitation. Les appels du vodou est un réquisitoire contre l’abus, le fanatisme animiste du vaudou béninois, l’accaparement du monde ésotérique au point d’oublier les devoirs fondamentaux et familiaux qui incombent à cette femme fût-elle prêtresse ; laquelle a osé accepter les appels des profondeurs de son être intérieur (la spiritualité) au détriment de ceux du fruit de ses propres entrailles (la fécondité et la lignée). Le texte le prouve lorsqu’Agblo devenu grand attestera que

« les sanglots d’autrefois dans l’obscurité de la case de ma grand-mère m’arpentent de l’intérieur. Je n’avais pas rêvé : les inflexions et la poésie de la voix de ma mère s’étaient infiltrées dans mon cerveau à un degré tel qu’il m’arrivait, dans mes sommeils, de continuer d’entendre les modulations de cette voix développer un hymne à la gloire de ses divinités ».579

Ce roman nous donne matière à réflexion dans la mesure où il démontre, à des degrés certes différents, les troubles du cerveau qui s’opèrent dans des sectes dangereuses. C’est aussi une façon de montrer du doigt l’intégrisme religieux qui se donne à lire dans le monde contemporain et qui fait de jeunes hommes et de jeunes femmes des bombes humaines utilisées par des Ayatollahs qui leur promettent une vie meilleure après leur sacrifice. On comprend dès lors que « le religieux au sens large, dit R. Girard, ne fait qu’un avec cette obscurité qui enveloppe en définitive toutes les ressources de l’homme »580comme c’est le cas pour cette mère de famille démissionnaire. Olympe Bhêly-Quenum sans aller jusqu’à l’extrémisme a quand même décrit dans Les appels du vodou un univers où la rupture avec

577 Philip K. DICK, Le message de Frolix 8, Paris, Librairie des Champs-Élysées, 1978, (1970). p. 60.

578 Les appels du vodou, op. cit., p. 51.

579 Ibidem, p. 57.

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