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L’établissement d’une mission lazariste à Tabriz s’est fait beaucoup plus tard que dans la région d’Ourmia. Ce n’est qu’en 1901 qu’une école-collège est fondée dans cette ville.Un petit séminaire est établi, à côté de cette école, pour les enfants arméniens. À part l’enseignement des langues, le programme d’études ne diffère pas de celui de l’école d’Ourmia. Les langues enseignées dans cette école sont le français, le persan, l’arménien et le russe428. L’enseignement de l’anglais et de l’arabe n’est fourni que pour mettre l’école des

Lazaristes « sur le même pied »429 que celles des protestants arméniens. Tabriz voisinant la

Russie, la langue russe est plus répandue que l’anglais. Le français y est par contre à l’honneur. Cette langue est enseignée aussi dans les écoles étrangères non françaises de la ville. A titre d’exemple, le directeur de l’école des protestants arméniens avait recruté un professeur de français depuis Genève430.

Le fonctionnement de l’école des Lazaristes de Tabriz est perturbé entre les années 1905 et 1911, années marquées par les événements de la révolution constitutionnelle. Tabriz fait partie des villes qui jouent un rôle significatif dans ces événements. Le 5 août 1906, une monarchie constitutionnelle remplace la monarchie absolue en Iran. A la suite de ce changement, un parlement est mis en place. Dès son arrivée au pouvoir, le 3 janvier 1907, Mohamad Ali Shah, le successeur de Mozafar ol-din Shah, sabote le fonctionnement de celui- ci. Le 23 juin 1908, il ordonne le bombardement du parlement. Cet ordre est exécuté par un colonel de l’armée russe, Vladimir Liakhov. Ces événements sont suivis avec attention par les révolutionnaires de Tabriz. A la suite du bombardement du parlement, ceux-ci fondent un groupe armé afin de soutenir la révolution et le parlement. La ville se trouve alors être le théâtre d’une véritable guerre civile entre royalistes et révolutionnaires.

Après une série de conflits, Tabriz est occupée par l’armée russe, à la fin du mois d’avril 1909, alors que le nombre d’élèves de l’école de Tabriz est estimé à 140 élèves, dont 90

427Dosier 138 d, « Iran : Ecoles : Tabris, Saint-Louis de Téhéran, Ispahan », Rapport de Demuth, juin 1912, Archives des Lazaristes, Paris.

428Dossier 138 e, « Iran : Tauris, Ispahan », Lettre de Lesné adressé à Charmetnant [ ?], directeur général des œuvres d’Orient, 1907, Archives des Lazaristes, Paris.

429Dossier 138 e, « Iran : Tauris, Ispahan », Lettre de Berthonesqu adressée au supérieur général, 23 novembre 1908, Archives des Lazaristes, Paris.

430Dossier 138 e, « Iran : Tauris, Ispahan », Lettre de Berthonesque adressée à un confrère, Le 12 décembre 1909, Archives des Lazaristes, Paris.

musulmans. Cette occupation est considérée comme « une tranquillité assurée pour longtemps » par Berthonesque, le directeur de l’école des Lazaristes à Tabriz : « Nos chers alliés [les Russes] ne doivent pas avoir l’intention d’abandonner si vite le morceau assez friand qu’ils viennent d’entamer »431.

Le souhait de ce missionnaire est réalisé, car l’armée russe ne quitte l’Iran qu’à la fin de l’année 1917. Berthonesque se contente de noter que « plusieurs centaines de soldats polonais catholiques », qui font partie de l’armée russe, viennent assister à ces offices. Tandis que les révolutionnaires de Tabriz sont en conflit avec les royalistes ainsi qu’avec l’armée russe, les révolutionnaires d’autres villes avancent vers la capitale pour renverser le monarque. En juillet 1909 ils prennent Téhéran et mettent fin au règne de Mohammad Ali Shah.

En 1910, l’école lazariste de Tabriz compte 120 élèves instruits par 4 missionnaires432.

Mais à la fin de l’année 1911, le peuple de Tabriz entre en résistance ouverte contre l’armée russe qui occupe la ville. Berthonesque décrit ainsi la situation en janvier 1912 :

Les Russes venaient d’attaquer le poste de police. […] La lutte était engagée entre les Russes et les Persans. Nous jugeâmes prudent de renvoyer nos élèves, jusqu’au retour de la tranquillité. […] Aux extrémités de notre école, sous nos fenêtres, se tenaient des Cosaques russes qui tiraient sur les fusiliers persans postés à une centaine de mètres433.

D’après une lettre d’une certaine sœur L, datée du 5 janvier 1912, les soldats russes sont « en train d’exécuter les révolutionnaires persans en les faisant pendre »434. Pendant ces conflits, la

mission lazariste s’engage à soigner les soldats russes. Et alors que les Russes répriment dans le sang la révolte de Tabriz, la mission des Lazaristes reçoit « une charmante lettre »435 de

remerciements rédigée par Miller, le consul de Russie.

L’école reprend son œuvre dès qu’un calme relatif revient dans la ville. En 1912, elle compte 82 Arméniens et 65 musulmans, « le chiffre le plus élevé » depuis la fondation de la mission de Tabriz. Selon Berthonesque, les œuvres des filles de la charité sont « en très bonne voie » cette même année. Leur externat est fréquenté par plus de cent filles qui apprennent

431Dossier 138 e, « Iran : Tauris, Ispahan », Lettre de Berthonesque adressée à un confrère, Le 26 mai1909, Archives des Lazaristes, Paris.

432 Lettre de Raymond, 21 janvier 1911, Archives des Lazaristes, Paris.

433Annales de la congrégation de la mission lazaristes, année 1912, tome 77, page 218.

434Dossier 138 p, « Khosrova : Correspondance 1905-1914 », Lettre de sœur L, adressée à sœur X, 1912, Archives des Lazaristes, Paris.

l’arménien et le français436. En effet, la révolution s’accompagne d’un mouvement en faveur

de l’instruction des filles. Le 24 avril 1908, Berthonesque écrit qu’il y a « une grande demande d’inscription de la part des filles musulmanes pour s’instruire »437. Mais d’après

Aristide Châtelet, « même après essai sur essai » l’école de Tabriz ne fonctionne pas bien et les lazaristes étaient encore [en 1921] à chercher l’œuvre qui lui convient »438.

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