• Aucun résultat trouvé

A l’école des sciences politiques, l’année scolaire commence en septembre et prend fin en juin275. L'examen de fin d’année a lieu en mai et dure un mois et demi276. La plupart des

matières sont examinées par épreuve écrite. Pour certaines matières, une épreuve orale a lieu après l’épreuve écrite277. Entre chaque épreuve, les élèves ont un temps de repos d’une

semaine afin de se préparer pour l’examen. Ils vont à l’école pendant cette semaine pour réviser en groupes.

Chaque enseignant propose une liste de questions liées à son cours pour l'examen de fin d’année. Le directeur de l'école sélectionne deux questions parmi la liste. Les sujets suggérés par Demorgny, l’enseignant de droit administratif, pour l’examen de fin d’année 2012 sont les suivantes :

- sources du droit administratif en Perse. - étude d’un dossier ; expédition d’une affaire.

- les instructions de S.S le khalife Ali concernant les conditions dans laquelle les gouverneurs doivent accomplir les actes de gestion de leur compétence.

- la tradition et les réformes en Perse. - comparer le conseil d’État et le parlement.

- de l’utilité des conseils de délibération en matière administrative ; la devise constitutionnelle278.

L’examen se déroule sous la supervision des enseignants et du directeur de l’école, des superviseurs d’autres écoles, et du ministre de l’Éducation279. Une commission composée

d’enseignants décide de la notation. Les notes de 18 à 20 sont considérées comme très bien, la mention bien va à ceux qui obtiennent de 17 à 15, les notes de 14 à 12 sont évaluées comme moyennes et celles en-dessous sont considérées comme mauvaises. En cas de réussite, les élèves participeront aux cours de l’année suivante, sinon ils doivent redoubler. Un élève est

275 Pahlavan, op.cit., page 61. 276 Mostoufi, op.cit., page 75. 277 Pahlavan, op.cit., page 63.

278 Gustave Demorgny, Essai sur l’administration de la Perse, Ernest Leroux, Paris, 1913, page 159. 279 Mostoufi, op.cit., page 74.

définitivement renvoyé de l’école en cas d’un second échec successif à l’examen de fin d’année280.

A la fin de chaque année, l'école organise une fête, dans laquelle « les uléma et les notables de la ville » sont invités « afin qu’ils voient l'efficacité de l'école ainsi que les progrès des élèves »281. Au cours de cette fête, les élèves sont interrogés par les dirigeants de

l’école au sujet de ce qu'ils ont appris pendant l’année scolaire. Les plus brillants sont récompensés par leurs enseignants ou par les notables qui assistent à la fête, comme l’écrit Foroughi dans le journal Tarbiat :

Comme tous les ans, l’école organise une fête après l’examen de fin d’année [ici en 1905]. Monsieur Hermebique, jurisconsulte belge du ministère des Affaires étrangères et enseignant de droit à l’école, distribue, comme récompense, des livres littéraires et scientifiques français aux excellents élèves282.

La remise du diplôme est payante et la somme payée par les diplômés est « consacré à la bibliothèque de l’école ». Cette bibliothèque contient des livres, majoritairement en français, sur les lettres et les sciences humaines, et notamment, sur les relations internationales et le droit. La bibliothèque de l’école est subventionnée par les notables. A titre d’exemple nous nous référons à une correspondance de l'année 1916, selon laquelle une somme de 400toumanest offerte à la bibliothèque par Mohamad Mosadeq :

Cette aide de monsieur Mosadeq-ol Saltaneh est très précieuse. [...] J'ai vérifié la liste des livres fournis par Monsieur Loquefert [?]. Et j'ai choisi certains entre eux. Il y a quelques livres anglais, or, la majorité est formée de livres français283.

En plus de leurs diplômes, les diplômés de l’école reçoivent une lettre de recommandation adressée au ministère des Affaires étrangères. D'après le journal Tarbiat, les diplômés de l'école font un stage au sein du ministère des Affaires étrangères « afin d’acquérir de l'expérience avant d'avoir des missions à l’étranger »284. Ce dernier envoie certains de ces

diplômés dans d’autres ministères afin qu’ils y fassent leur stage :

En ce qui concerne la demande du ministère des Affaires étrangères au sujet du recrutement de douze diplômés de l’école des sciences politiques, le ministère prendra un

280 Pahlavan, op.cit., page 53. 281Tarbiat, n° 345, 1905, page 1670. 282Idem.

283 Lettre du directeur de l’école des sciences politiques, 1915, Archives du ministère des Affaires étrangères, Téhéran.

certain nombre d’entre eux, en tant que stagiaires [sic]. Une fois le stage terminé, je [le ministre de la justice] vais leurs créer des emplois. Or, je juge utile qu’on avertisse les élèves de l’école des sciences politiques du fait qu’ils ne doivent pas envisager d’être recrutés uniquement par les organes gouvernementaux. Si vous êtes d’accord, nous allons décider d’un nombre limité d’étudiantsà embaucher dans les ministères. Le reste sera dans l’obligation de trouver d’autres travaux. Concernant ces douze diplômés, je vais organiser un concours et les six premiers seront acceptés [comme stagiaires]285.

Selon Mostoufi, un des diplômés de cette école, à part les premiers diplômés de l’école, les autres ne sont pas recrutés par le ministère des Affaires étrangères. D’après lui la « méritocratie n’a pas de place dans le système administratif » du pays, et les postes clés des organes gouvernementaux sont occupés par « les anciens ne connaissant aucune langue étrangère »286.

VI. Les activités culturelles des diplômés de l’école des sciences politiques

En 1910, lorsqu’un calme relatif s’installe dans le pays, est établie une association propre à l’école, qui organise des évènements culturels. L’organisation d’événements culturels est faite dans l’objectif de sensibiliser le peuple. Les membres de cette association donnent différents cours au sujet des droits de l’homme ou du droit constitutionnel aux gens désireux de s’informer et de se sensibiliser aux événements sociaux et politiques du pays. Mostoufi, un des membres de cette association, donne des cours de droit fondamental et sur le déroulement des élections aux écoles nocturnes d’Aghdasieh et de Dar ol-Fonoun :

Les adultes se rassemblaient à l’école Dar ol-Fonun pour leur cours du soir. Je leur donnais un aperçu sur les droits fondamentaux et surtout sur la procédure électorale. Le nombre de participants à ces cours, notamment pour les cours de l'école de Dar ol-Fonoun, dépassent les deux-cent personnes. Le peuple apprécie, du fond du cœur, les notions de base telle de la liberté. Ils consacrent du temps pour apprendre les principes comme la liberté. […] Toutes sortes de gens, même les commerçants du bazar ou les mullas des anciennes écoles, assistent à ces cours. Ils sont avides de connaitre ces informations287.

Dans le cadre de leurs activités, les membres de l'association culturelle traduisent des pièces de théâtre et les mettent en scène dans le but de « susciter l'enthousiasme littéraire dans la pensée du peuple », ainsi qu'afin de « payer les coûts des activités et des

285Carton 665, n° 297017802 (5), Lettre adressée au Premier Ministre, sans date, Archives du ministère des Affaires étrangères, Téhéran.

286 Mostoufi, op.cit., page 295. 287Idem, page 317.

publications ». La situation de l’éducation avant et après l’inauguration des écoles modernes est un des sujets abordés par cette association, afin de «montrer les défauts de l’ancien système éducatif »288.

Outline

Documents relatifs