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Interventions proposées dans la littérature pour les stimuli provenant du mode physiologique

Chapitre 5. Résultats

5.4 Résultats : Interventions du suivi infirmier recueillies dans la littérature

5.4.1 Interventions proposées dans la littérature pour les stimuli provenant du mode physiologique

Effets secondaires de la médication

Pour obtenir un équilibre entre le dosage thérapeutique d’un médicament (diminution au minimum des crises) tout en maintenant un faible taux des effets secondaires, il est indiqué de procéder à un dosage sérique des anticonvulsivants. Cependant, il n’y a pas de consensus, ni même de recommandations dans la littérature quant à la fréquence à laquelle les dosages devraient être faits. Ceux-ci devraient être réalisés en fonction de la condition du patient et du type d’anticonvulsivants administrés. Aucune vérification systématique n’est nécessaire chez un patient dont l’état est bien maîtrisé (Desbiens & Savard, 2013). Une revue systématique Cochrane menée par Tomson, Dahl et Kimland (2007) a permis de démontrer qu’il n’y a pas d’évidence claire quant aux modalités pour procéder à une routine de dosage de la médication auprès des patients nouvellement diagnostiqués et ceux ayant une monothérapie. En revanche, malgré le manque de preuves, ils reconnaissent l’utilité des dosages de la médication lors de la prise de certains anticonvulsivants spécifiques, lors de polythérapie et auprès de certains cas particuliers, sans toutefois mentionner la fréquence

recommandée. Cependant, l’American Association of Neuroscience Nurses [AANN] (2009), propose de procéder à un dosage sanguin des anticonvulsivants lorsque le patient a déjà ressenti des effets secondaires lors d’une prise de médication antérieure. Par exemple, certains anticonvulsivants devraient être dosés plus rapidement (par exemple une semaine après le début du traitement), puisqu’ils agissent rapidement et possèdent une petite fenêtre thérapeutique soit, la phénytoïne, le lévétiracétam et l’acide valproïque, tandis que d’autres agissent moins rapidement, tels le lamotrigine et le topiramate (AANN, 2009). Finalement, Desbiens et Savard (2013) suggèrent de procéder à un dosage sérique lorsque 1) l’épilepsie n’est pas bien maîtrisée et l’observance du patient est mise en doute, 2) le patient présente des signes de surdose et l’équipe traitante souhaite avoir la preuve que les manifestations sont en rapport avec un taux d’un ou de plusieurs agents antiépileptiques et 3) pendant la grossesse pour éviter une baisse draconienne des taux sériques. Finalement, l’état du patient est le meilleur indicateur de résultats quant à l’efficacité des anticonvulsivants, c’est-à-dire qu’un dosage peut montrer une quantité présente sous-thérapeutique selon les doses proposées, mais réussir à enrayer complètement les crises chez certaines personnes. Bref, pour toutes ces raisons, il est indiqué qu’un dosage périodique, adapté à chaque patient, soit planifié et réalisé.

Selon le guide de pratique de l’AANN (2009), l’infirmière devrait connaître les effets secondaires et la demi-vie de chaque anticonvulsivant. Elle devrait aussi connaître les principaux médicaments qui interagissent avec les anticonvulsivants. Pour ce faire, elle peut obtenir de l’information dans le cadre d’une collaboration avec un pharmacien, ainsi qu’avec les compagnies pharmaceutiques. Il est important d’évaluer l’histoire du patient concernant ses réactions antérieures aux médicaments et ses objectifs quant au traitement médicamenteux (proportion effet anticrises versus effets secondaires tolérables). L’infirmière doit aussi être informée des autres traitements possibles, comme la diète cétogénique. Cela peut nécessiter un suivi où une collaboration avec une nutritionniste doit être prévue (Bailey, Pfeifer, & Thiele, 2005). Bref, l’infirmière devrait partager toutes ces informations avec le patient afin de l’aider à tendre ou à atteindre un niveau d’adaptation intégré.

Recommandations selon la littérature concernant la médication et les effets secondaires reliés

Enseignement initial sur le traitement :

- Identifier la meilleure méthode d’apprentissage pour chaque patient, parmi plusieurs méthodes soit, les instructions écrites, éléments visuels, journal, calendrier, électronique, etc., de façon à individualiser selon les besoins du patient et des proches (AANN, 2009).

- Procéder à l’enseignement général au sujet de l’épilepsie : causes, déclencheurs (sommeil, diète, exercices, consommation d’alcool, stresseurs physiques, émotionnels et mentaux), traitements, conséquences (AANN, 2009).

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- Procéder à l’enseignement au sujet de la médication (moment, fréquence), des effets secondaires à surveiller. S’assurer de la compréhension de l’importance de la médication et des effets à court et à long terme (AANN, 2009).

- Identifier les effets secondaires potentiels et les interactions médicamenteuses pour chaque patient (AANN, 2009).

- Encourager le patient à tenir un journal ou un calendrier des réactions à la médication et des caractéristiques des crises (durée, aura, convulsion, perte de conscience, déclencheurs, moment, prise médication, état post-ictal) (AANN, 2009).

- Établir un plan périodique des dosages sanguins pour chaque patient. Procéder à un dosage sérique de la médication, selon une ordonnance collective, lorsque la situation le nécessite, et selon les facteurs de risque évalués par l’infirmière (ex : polythérapie, antécédents de réactions aux médicaments (Tomson et al., 2007), épilepsie mal contrôlée et observance mise en doute, signes de surdose, grossesse (Desbiens & Savard, 2013)).

À une semaine, à trois semaines, à six semaines postenseignement et au besoin :

- Procéder à un appel téléphonique une semaine après l’enseignement pour vérifier la compréhension du patient, répondre aux questions et vérifier les préoccupations, monitorer les effets secondaires et la signification des effets pour la personne. Cet appel a aussi pour but d’encourager la communication patient-infirmière (AANN, 2009). Répéter l’appel téléphonique à trois et à six semaines après l’enseignement initial et par la suite selon les besoins du patient. - Revoir périodiquement avec la personne le contenu du journal ou du calendrier, préciser certains

aspects, rappeler des bienfaits de l’observance de la médication, dégager les implications, identifier les effets secondaires tolérables versus intolérables et discuter des moyens autres pour diminuer les effets secondaires outre cesser la médication, fournir une rétroaction positive, etc. (Markland, Ryan, Tobin, & Rollnick, 2005).

- Réajuster le plan périodique des dosages sanguins au besoin.

Comorbidités psychiatriques et prise en charge

Pour mieux intervenir auprès de la clientèle épileptique qui souffre de comorbidités psychiatriques ou du syndrome inter-ictal, Blumer, Montouris et Davies (2004) proposent d’élargir la vision des intervenants à propos de l’épilepsie et de parfaire leurs connaissances. Une meilleure compréhension des problèmes psychiatriques concomitants peut favoriser un diagnostic et un traitement précoce, mais surtout, favoriser une meilleure compréhension de leur situation de santé. Ainsi, en augmentant les connaissances théoriques des professionnels ceux-ci seront davantage en mesure d’identifier les comorbidités présentes. Selon Mula (2011),

la première étape serait d’identifier et d’analyser les différents éléments qui peuvent contribuer aux symptômes psychiatriques, tels les problématiques psychosociales, les effets secondaires du traitement et les facteurs neurobiologiques directement reliés aux crises ou à l’épilepsie. Pour guider l’infirmière dans l’identification des symptômes psychiatriques, celle-ci devrait se référer aux critères du DSM-V. Pour les problématiques psychosociales, l’infirmière peut se servir des résultats de son évaluation initiale pour comparer et voir l’évolution de ces problématiques. Aussi, un questionnaire biopsychosocial pourrait être autoadministré ou complété avec l’infirmière aux différents moments du suivi et au besoin selon le jugement de l’infirmière. L’infirmière pourrait s’inspirer de l’échelle mesurant l’impact positif ou négatif du TCC, cependant cette échelle devrait être adaptée, puis validée auprès de la clientèle épileptique.

Ensuite, selon les résultats obtenus, l’infirmière peut proposer des interventions, notamment, l’écoute, le soutien, le renforcement positif. Si le patient présente des symptômes psychologiques, l’infirmière peut intervenir en identifiant les éléments problématiques et en tentant de les éliminer ou les réduire, en ciblant des activités que la personne aime faire, en mentionnant l’importance d’avoir une routine, en mettant l’emphase sur les projets de la personne et en évaluant son réseau de soutien. Bref, selon Blumer et al. (2004), Mula (2011) et Kanner (2009), les comorbidités psychiatriques ont été trop longtemps ignorées ou mal comprises et il est désormais prioritaire d’y porter une attention particulière en commençant par améliorer nos connaissances, en tant que professionnels, sur le sujet. Ainsi, en améliorant les connaissances des professionnels sur les comorbidités, la prise en charge s’en verrait améliorée par le fait même. Pour ce qui concerne les difficultés de prise en charge lorsque les patients présentent de l’épilepsie (composante neurologique) et des composantes psychologiques ou psychiatriques, l’infirmière doit, maintenir à jour ses connaissances sur l’épilepsie, les comorbidités associées et leurs conséquences (England, Liverman, Schultz, & Strawbridge, 2012). Pour ces patients, elle doit aussi collaborer avec d’autres professionnels lorsqu’une situation dépasse son champ d’exercice. Bref, une fois ce contenu bien maîtrisé par l’infirmière, celle-ci peut en faire bénéficier les patients en dépistant plus efficacement, en intervenant adéquatement, en formant les autres professionnels et en éduquant les patients à ce sujet.

5.4.2 Interventions proposées dans la littérature pour les stimuli provenant du