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Chapitre 3. Cadre théorique

3.4 Définition de la personne

Selon Roy (2009), la personne représente des systèmes adaptatifs holistiques. Ces systèmes peuvent avoir différentes formes, soit des individus, des familles, des groupes, des organisations, des communautés et des sociétés. La personne est le centre des activités de l’infirmière. La personne fonctionne comme un tout dans une expression unifiée du comportement humain significatif (Roy, 2009). Donc, elle correspond à un tout qui représente plus que la somme de ses parties. Ainsi, la personne est vue comme un système, capable de s’adapter efficacement aux changements dans l’environnement, et en retour, d’influer sur cet environnement (Roy, 2009). Une réponse adaptative permet de maintenir l’intégrité de la personne en tant que système, tandis qu’une réponse inefficace ne permet pas de maintenir l’intégrité, ni l’intégration de celle- ci. La personne est constamment en interaction avec son environnement. S’inspirant grandement de la théorie générale des systèmes de von Bertalanffy (1968 citée dans Roy, 2009), la Figure 2 est la représentation schématique de la personne selon Roy (2009).

(Boudreault, 2011)

Ainsi, l’entrée correspond au stimulus et la sortie à la réponse de la personne, c’est-à-dire son comportement. Tout d’abord, ces stimuli peuvent provenir soit de l’environnement interne ou externe, soit les stimuli focaux, contextuels et résiduels. Aux stimuli présents, est ajouté le niveau d’adaptation de la personne (intégré, compensé ou compris). La personne est donc constamment en interaction avec l’environnement. Aussitôt que quelque chose survient sur un aspect du système, cela affecte le système en entier, ainsi que toutes ces parties. Ensuite, en réponse au stimulus de l’environnement et au niveau d’adaptation, dont il sera question ultérieurement, la personne émet une réponse. Cette réponse représente un comportement, correspondant à la sortie, et peut être observée sous plusieurs formes, soit des capacités, des connaissances, des habiletés, des compétences ou un engagement (Roy, 2009). Le comportement, en relation avec les quatre modes d’adaptation, représente soit un comportement dit adapté ou bien inefficace. Ensuite, les processus de contrôle, soit le cercle au centre du schéma, représentent les mécanismes régulateurs et cognitifs de l’individu, ainsi que les mécanismes stabilisateurs et innovateurs d’un groupe ou d’une organisation. Ces mécanismes agissent dans l’objectif de maintenir, chez l’individu ou le groupe, un niveau d’adaptation optimal ou intégré.

Les niveaux d’adaptation : Le niveau d’adaptation est un stimulus interne significatif. Il affecte directement l’habileté d’un individu ou d’un groupe à répondre positivement aux changements survenus dans son environnement. Une personne a la capacité de changer son propre niveau d’adaptation. Par exemple, l’action d’apprendre correspond à un processus compensatoire, puisqu’il permet habituellement d’atteindre un nouveau niveau d’adaptation. Celui-ci est représenté par une zone ayant des limites supérieures et inférieures marquant l’étendue de la stimulation à laquelle la personne répond positivement (Kérouac et al., 2003). Les trois différents niveaux d’adaptation sont : le niveau intégré, compensé ou compris (Roy, 2009).

- Niveau intégré : Correspond au niveau d’adaptation, où les structures et les fonctions du processus de vie fonctionnent comme un tout afin de répondre aux besoins humains (Roy, 2009). Ce niveau est évalué par l’observation des processus intégrés décrits dans chacune des composantes des quatre modes d’adaptation. Par exemple, une peau intacte qui constitue une défense non spécifique contre les infections permet d’illustrer le niveau d’adaptation intégré dans le mode physiologique.

- Niveau compensé : Il s’agit des mécanismes d’adaptation, soit cognitif et régulateur pour les individu ou stabilisateur et innovateur pour les groupes, qui sont activés en réponse à une remise en cause des processus intégrés (Roy, 2009). L’exemple de la fièvre illustre bien ce niveau. La fièvre, qui est un mécanisme interne du corps, permettant d’inhiber la multiplication des

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bactéries, en plus d’augmenter le métabolisme basal, afin de favoriser la réparation des tissus. Elle correspond à un niveau compensé d’adaptation du mode physiologique.

- Niveau compromis : Il survient quand les processus des niveaux intégré et compensé ne suffisent pas. Si bien qu’il peut alors en résulter un problème d’adaptation (Roy, 2009). Pour poursuivre avec l’exemple précédent, le niveau compromis pourrait être une infection que les mécanismes naturels, dont ni la peau, ni la fièvre n’ont pu empêcher l’apparition.

Les mécanismes d’adaptation : Ce sont les manières soit innées ou acquises de réagir aux changements présents dans l’environnement. Les mécanismes innés, déterminés génétiquement, sont habituellement perçus comme des réponses automatiques et inconscientes, c’est-à-dire que la personne n’a pas besoin d’y penser pour le faire (Roy, 2009). Quant à eux, les mécanismes acquis sont considérés comme des réponses délibérées et conscientes. Ils sont développés de façon stratégique, afin de provoquer des réponses données, par le biais de différents processus d’apprentissage. D’un côté, les mécanismes régulateurs et cognitifs concernent les individus, tandis que de l’autre côté, les mécanismes stabilisateurs et innovateurs touchent les groupes. Parfois, ces mécanismes peuvent apparaître sous forme de patterns qui, au fil du temps, constituent un indicateur d’un individu ou d’un groupe (Roy, 2009).

- Les mécanismes régulateurs : Ils permettent à la personne de maintenir son équilibre en répondant aux stimuli internes et externes via des processus neurologiques, chimiques, endocriniens (Roy, 2009).

- Les mécanismes cognitifs : Ils favorisent l’adaptation cognitive et émotionnelle de la personne en utilisant des processus psychologiques et sociaux, notamment la perception, la gestion de l’information, l’apprentissage, le jugement et les émotions (Roy, 2009).

- Les mécanismes stabilisateurs : Comme son nom l’indique, ce sont les structures et les processus qui permettent le maintien de la stabilité du système, de l’homéostasie, de l’équilibre et la possibilité de croissance. Les mécanismes stabilisateurs comprennent les structures du groupe, les valeurs et les activités quotidiennes accomplies dans un but commun au groupe et à la société (Roy, 2009).

- Les mécanismes innovateurs : Le groupe correspond à un système qui implique des structures et des processus permettant le changement et la croissance du système. Les changements dans

l’environnement impliquent des stratégies cognitives et émotionnelles, afin de tendre vers une dynamique d’innovation, de changements et ainsi atteindre un niveau supérieur quant à son potentiel d’action (Roy, 2009).

Les modes d’adaptation : Le mode d’adaptation représente le résultat des mécanismes d’adaptation. En effet, comme il est souvent impossible d’observer le fonctionnement des mécanismes d’adaptation (régulateurs, cognitifs, stabilisateurs et innovateurs), il est toutefois possible d’observer les réponses qui sont générées, soit un comportement donné (Roy, 2009). L’infirmière possède donc un outil d’évaluation, soit les comportements, qu’elle peut par la suite classer selon les différents modes suivants :

- Le mode physiologique : Le comportement associé à ce mode correspond à des manifestations d’activités physiologiques des cellules, des tissus, des organes et des systèmes compris dans le corps humain. Ces activités physiologiques comprennent neuf composantes : l’oxygénation, la nutrition, l’élimination, l’activité et le repos, la protection, en plus de quatre processus complexes, soit les sens; les fluides, les électrolytes, et l’équilibre acido-basique; la fonction neurologique et la fonction endocrinienne (Roy, 2009). Par exemple, un bon fonctionnement neurologique est important afin de permettre à la personne de s’adapter efficacement dans chacun des quatre modes.

- Le mode concept de soi : Ce mode correspond à l’intégrité spirituelle et psychique de la personne. Il réfère à l’ensemble des croyances et des sentiments que la personne a d’elle-même à un moment donné. L’individu ou le groupe forme, à partir des perceptions internes et des perceptions des autres, son concept de soi. Ainsi, cela oriente le comportement de la personne. Les composantes du mode concept de soi sont le soi physique, incluant la sensation du corps et l’image du corps, et le soi personnel, composé des caractéristiques propres de la personne, comme ses attentes, ses valeurs et son mérite personnel (Roy, 2009).

- Le mode fonction des rôles : Ce mode touche les individus, ainsi que les groupes. Pour ce qui est des individus, ce mode concerne le rôle de la personne dans la société. Il s’agit de l’ensemble des attentes en regard de comment un individu occupe une position par rapport à un autre. Ce mode correspond à l’intégrité sociale de l’individu et désigne les rôles que l’individu assume dans la société (Roy, 2009).

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- Le mode interdépendant : Ce mode représente les interactions qui visent à donner ou à recevoir de l’amour, du respect et de la valorisation. Il correspond au sentiment de sécurité procuré par les relations interpersonnelles et à l’intégrité relationnelle qui en découle. Il se centre sur deux relations spécifiques soit, les proches significatifs, c’est-à-dire les personnes qui sont les plus importantes, ainsi que sur les systèmes de support, les autres qui contribuent à combler le besoin d’interdépendance de l’individu (Roy, 2009).

Bref, la personne en tant que système adaptatif sera bien visible, de façon à ce que celle-ci soit le centre d’intérêt de l’infirmière. En ciblant le niveau d’adaptation, les mécanismes d’adaptation et les modes d’adaptation, l’infirmière sera en mesure d’influencer les capacités d’adaptation de la personne.