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Section II. Travailler à l’arrière aux Bouffes du Nord

A. Interconnaissances et accès

Qu’il s’agisse du personnel dont la participation au TBN est ancienne ou du personnel recruté lors de la période d’observation, l’accès à l’organisation s’est surtout fait par le biais de liens personnels directs ou indirects entre les nouvelles recrues et des membres du théâtre. La personne qui suscite l’embauche n’est pas un simple membre de l’organisation, mais l’un de ses responsables. L’action directe de ceux-ci a deux explications distinctes selon qu’il s’agisse de la période de création de l’organisation ou d’une époque récente.

Au tout début de l’organisation, la constitution ex-nihilo d’une équipe administrative pour la gestion du théâtre par la directrice Micheline Rozan justifie qu’elle ait elle-même procédé à la recherche d’employés et à leur recrutement. Son activité préalable d’agent d’acteurs et de productrice indépendante employant 5 ou 6 personnes, lui a permis de solliciter en premier lieu certaines de ses employées. Ce fut le cas de Nicole Dinard qui travaillait déjà comme

secrétaire auprès de Micheline Rozan depuis l’âge de 20 ans, à l’époque où celle-ci était employée de l’agence Cimura. Nicole Dinard « a été embarquée », selon ses propres termes, par Micheline Rozan lors de la création par celle-ci de sa société d’agent et de production de spectacles en 1962, puis, en 1970 à la fondation de la société civile en partenariat avec Peter Brook, le Centre international de recherche théâtrale, C.I.R.T. en tant que secrétaire bilingue. Les liens d’employée à employeur avec la directrice administrative sont parfois moins directs mais néanmoins très forts. C’est ce qu’illustre les exemples de Corinne Rodriguez et Weronika Maresz toutes deux liées à la famille Rozan par une relation de service aux particuliers.

Corinne Rodriguez

Corinne est née à Paris en 1954. Sa mère est alors gouvernante dans la famille de Micheline Rozan. Elle n’a jamais connu son père. Après son baccalauréat Corinne travaille dans une agence de voyage. Lorsque Micheline Rozan inaugure le Théâtre des Bouffes du Nord, elle lui propose de gagner un peu plus d’argent en travaillant le soir comme placeuse. Corinne y travaille jusqu’au milieu de l’année 1975. Elle vient ensuite ponctuellement apporter une aide au travail du personnel de location alors composé d’une seule personne. En 1981, elle intègre l’équipe du personnel administratif du Théâtre des Bouffes du Nord – C.I.C.T. en tant que secrétaire. Les bureaux sont alors situés rue du Cirque, mais elle se rend souvent au Théâtre le soir pour y effectuer les « contrôles » aux côtés de la directrice administrative. À la fin des années 80, Corinne commence à s’occuper des tournées en assistant les différents administrateurs et administratrices qui se sont succédés au Théâtre des Bouffes du Nord. Lorsque la Directrice administrative est partie et que Stéphane Lissner est arrivé, certaines fonctions ont été redistribuées et l’administrateur a cessé d’être la personne qui accompagnait les tournées pour se consacrer au travail de recherche de production de différents spectacles. Corinne a alors commencé à accompagner la troupe à l’extérieur jusqu’à ce que cette activité ne soit reprise par un personnel embauché spécifiquement pour l’organisation et la gestion des tournées. La participation de Corinne aux Bouffes du Nord prend fin en décembre 2001, date à laquelle elle est licenciée. Elle est aujourd’hui assistante du directeur d’un théâtre national.

En 1981, alors que Weronika Maresz doit passer des vacances en Angleterre, celle-ci est de passage chez sa sœur travaillant en France lorsque la situation politique devient très instable en Pologne238. Sa famille lui déconseille de rentrer à Varsovie et Weronika reste en France comme jeune fille au pair. Sans nouvelle de sa famille et décidée à apprendre la langue

238

En 1980, l’organisation Solidarnosc, conduite notamment par Lech Walesa et regroupant plusieurs mouvements, syndicaux obtient la création de syndicats indépendants et autogérés ainsi que la libération de prisonniers politiques. Le Président du Conseil d’État, E. Gierek est remplacé par S. Kania à la tête du parti communiste (POUP). Les manifestations de Solidarnosc et de l’Église catholique suscitent une pression soviétique pour une reprise en main de la situation.

française afin de disposer d’un atout professionnel supplémentaire une fois de retour en Pologne, elle suit des cours à l’Alliance française tout en s’occupant des enfants d’une famille résidant en banlieue parisienne. Sans permis de travail, Weronika n’a pas accès à des emplois correspondant à sa formation, mais trouve une embauche dans les services aux particuliers.

J’en avais assez de m’occuper d’enfants. Par une cousine, j’ai trouvé un autre travail. Je suis devenue dame de compagnie d’une dame âgée. C’est comme ça que j’ai rencontré Micheline Rozan parce que c’était sa mère. J’étais comme une étudiante, parce que je continuais à prendre des cours de français dans une école privée. J’ai eu le premier contact avec les Bouffes du Nord dont elle était directrice. J’ai appris qu’elle travaillait avec Peter Brook dont je connaissais un peu l’esprit de son théâtre. Le premier spectacle que j’avais vu aux Bouffes du Nord avant d’y travailler, c’était

La Tragédie de Carmen en 1982. Après, ça a été La Cerisaie. La mère de Micheline

Rozan est décédée en 1985 et elle m’a proposé de travailler au secrétariat de son théâtre.

Pour reprendre l’appellation utilisée par Claude Thélot afin de qualifier le processus que connaissent les fils de cadre qui deviennent ouvriers, on peut dire que Wéronika, à travers son statut d’employée à domicile, a d’abord connu une « descente sociale»239. Contrairement aux ouvriers étudiés par le sociologue, cette « descente sociale » n’est pas due à l’appartenance du père à une catégorie professionnelle plutôt intermédiaire et à un faible niveau de formation. Elle est lié au caractère exceptionnel d’une expatriation forcée. Le recrutement ultérieur de Weronika aux Bouffes du Nord correspond à une mise en valeur de sa formation d’assistante et à la possibilité de retrouver un statut plus conforme à ses origines sociales. Le personnel administratif du Théâtre des Bouffes du Nord comprend alors trois salariés du C.I.R.T. Deux directeurs, Peter Brook, Micheline Rozan et une secrétaire, Nicole Dinard, qui à ce moment-là gère la comptabilité. Wéronika vient compléter l’équipe du Centre international de création théâtrale – C.I.C.T. fondé en 1974 lors de la reprise du Théâtre des Bouffes du Nord. Élisabeth Thomas est alors chargée d’établir les contrats, Gabrielle est l’Administratrice du théâtre, Corinne secrétaire et Natalia, l’assistante particulière de Peter Brook. L’ensemble du personnel administratif occupe des bureaux situés rue du Cirque dans le 8° arrondissement de Paris. Parmi celles-ci, Natalia a également connu une forme de « descente sociale ». Son portrait nous permet d’en comprendre les raisons et de suivre son évolution.

239

THÉLOT, C., « Les fils de cadres qui deviennent ouvriers », Revue française de sociologie, XX, 1979, pp. 409-430.

Natalia Riga

Natalia est née à Bournemouth pendant la guerre alors que sa mère avait fui les bombardements londoniens. Sa mère , d’origine russe a été actrice, mais ne travaille plus depuis son mariage. Son père, d’origine écossaise, est réalisateur et producteur de cinéma. Elle pratique la danse qui la passionne mais dont elle ne cherche pas à faire une profession et délaisse les études. Bien qu’elle ait joué dans 6 films durant son enfance (elle a débuté à 6 ans), elle ne souhaite pas devenir actrice. À l’âge de 15 ans, elle abandonne l’école pour suivre des cours de danse auprès d’un danseur américain membre de la troupe venue joué West Side Story à Londres. Sa mère la persuade de faire une formation de sténodactylo afin de pouvoir trouver du travail. Bien qu’elle déteste cette formation, elle obtient son diplôme. Peter Brook, qu’elle connaît depuis l’âge de huit ans parce qu’il est le mari de sa sœur, de 15 ans son aînée, la convainc de commencer à travailler, par égard pour ses parents. Elle dit de lui qu’il a toujours joué un rôle de père qu’elle a un peu craint car, au contraire de ses parents, il était exigeant avec elle et elle éprouvait un grand respect à son égard. Natalia entre au British Council (équivalent de la Direction du Théâtre et de la Musique en France) comme assistante du directeur de la section Théâtre. Invitée par Peter Brook à l’accompagner en Union Soviétique pour la tournée de son spectacle King Lear, Natalia part avec sa sœur et sa mère. Khrouchtchev est alors Président de l’Union Soviétique et la troupe est reçue partout avec une débauche de luxe. Entre son père cinéaste et Peter Brook metteur en scène, Natalia a le sentiment d’avoir bénéficié d’un « héritage culturel énorme ». En 1963, Natalia part en Tunisie rendre visite à des amis qui dirigent le Théâtre municipal de Tunis. Elle décide d’y rester et trouve un emploi dans un organisme gouvernemental. Puis elle travaille en tant qu’administratrice de l’école américaine. Natalia est invitée à voir le spectacle de Peter Brook

Orghast à Persépolis. Elle remplace au pied levé le régisseur tombé malade. L’expérience lui plaît tellement

qu’elle demande à Peter Brook, alors installé à Paris s’il a un travail pour elle. Elle devient assistante à la régie sur Kaspar, au Mobilier National. En-dehors des acteurs et du metteur en scène, l’équipe compte un régisseur et son assistante personnelle, une assistante à la régie et des assistants à la mise en scène. Elle s’occupe des accessoires, note tout ce qui se passe durant les improvisations à partir de la pièce où les comédiens tournent sur les rôles. Natalia accueille également des participants aux différents stages organisés par Peter Brook et les acteurs du C.I.R.T. Elle occupe une chambre de bonne située au-dessus de l’appartement de Jeanne Moreau et des bureaux de Micheline Rozan. Natalia participe à la tournée aux Etats-Unis. De retour à Paris, Peter Brook lui propose de s’occuper de son courrier personnel. Lorsque les répétitions reprennent au Théâtre, Natalia reprend ses tâches d’assistante à la régie tout en continuant à assumer le secrétariat de Peter Brook. Lorsque la troupe s’installe aux Bouffes du Nord, elle participe aux exercices que le metteur en scène fait systématiquement avec acteurs et techniciens avant chaque répétition. La charge devient trop lourde et trop fatigante pour Natalia qui peut de moins en moins prendre part aux répétitions. En 1978, elle découvre le Khatakali, une danse sacrée indienne, au travers de la venue d’une troupe. Parallèlement, elle dit avoir pris conscience que les tâches techniques qu’elle menait à bien auprès des acteurs ne lui permettaient pas de grandir comme eux le faisaient auprès de Peter Brook. Sur les conseils de celui-ci, Natalia se consacre entièrement au travail administratif qui lui laisse le temps de suivre une formation de Khatakali. Elle part en Inde chez l’un des danseurs qui devient son professeur. De retour à Paris, elle poursuit sa formation auprès de Karuna Karan. En 1979, elle fait son premier spectacle de Khatakali avec celui-ci. Depuis lors, Natalia est l’assistante particulière du metteur en scène.

La « descente sociale » de Natalia est liée, pour sa part à une absence de véritable socialisation professionnelle. Bien qu’ayant joué des rôles au cinéma depuis son plus jeune âge, Natalia n’a jamais souhaité être actrice et ne définit donc pas cette activité comme professionnelle. Son attraction pour des activités artistiques est précoce et elle peut bénéficier du soutien de son entourage familial pour favoriser l’accès à un travail dans le secteur du cinéma. Cependant, le choix de sa mère de lui faire acquérir une compétence technique de secrétariat afin «qu’[elle] puisse toujours trouver du travail » et l’intervention de Peter Brook, au lieu de favoriser sa participation au monde de l’art à travers un emploi défini comme artistique, va orienter sa socialisation professionnelle vers un travail administratif.

Aux côtés de ce personnel féminin recruté dans les premières années de fonctionnement de l’organisation, on trouve aujourd’hui de jeunes employés embauchés depuis le rachat des parts de Micheline Rozan par Stéphane Lissner, en 1998. Ancien directeur du Théâtre du Châtelet et directeur du Festival d’Aix-en-Provence, Stéphane Lissner a, dès sa prise de fonction, emménagé avec ses collaborateurs dans de nouveaux locaux situés boulevard de Rochechouart et qui accueillent également le personnel du C.I.C.T. (le C.I.R.T. ayant été dissout en 1990). Par ailleurs, Stéphane Lissner recrute également de nouvelles personnes. C’est ainsi que fin 1999, il embauche Beatriz Heinz, une jeune Argentine âgée de 25 ans. Celle-ci a travaillé comme assistante à la mise en scène et à l’administration auprès d’un metteur en scène argentin propriétaire de son propre théâtre qui vient de décéder.

J’ai décidé de m’éloigner un peu et de venir en France pour faire un stage avec Ariane [Mnouchkine]. On était en contact parce que la personne qui s’occupait de tout chez Ariane c’est une Argentine, qui connaissait très bien l’un des mes frères, réalisateur de cinéma. Je suis venue pour trois mois. J’ai passé les auditions comme tout le monde même si moi je voulais pas être comédienne, je voulais voir un peu son travail. Il y avait 2000 personnes. Il y a d’abord un stage gratuit de deux semaines. Il y a d’abord une présélection sur C.V. Tu rencontres quelqu’un du Soleil, ensuite tu fais une journée avec la personne qui fait la danse et la musique. Et ensuite, deux journées avec Ariane. Ils en gardent 200. Je suis restée au Soleil, pendant un an et demi comme auditrice puis à la production. D’abord, faire les photocopies, dire « Théâtre du Soleil, bonjour » et ensuite, m’occuper un peu des voyages avec Ariane, l’aider quand son assistante n’était pas là pour régler la tournée. Là, j’ai commencé à apprendre le français. J’ai la double nationalité italienne et argentine donc, pas de problème de papiers. C’était l’année où Irina [Brook] a travaillé avec la troupe du Soleil pour Tout

voulait travailler avec quelqu’un des Bouffes du Nord. Moi, je ne connaissais personne, sauf l’histoire, très bien. On a rencontré [Ray Burgess]. On a fait un stage avec lui à Dijon. C’était génial parce que, il n’y avait pas la pression, parce que contrairement aux autres, je me disais pas « après je peux jouer avec Peter Brook ». J’n’avais rien à perdre. C’était génial, génial. Ça c’est tellement bien passé que je me suis dit, il faut que je joue encore. Pourquoi pas. En plus, c’était un travail autour de Shakespeare. J’ai fini le stage, je suis rentrée au Soleil, je suis partie à Avignon avec la troupe et Irina. À ce moment-là, le directeur du Festival de Buenos-Aires, que je connaissais un peu m’a demandé si je pouvais l’aider pour toutes les rencontres à Avignon, parce que l’année suivante, ils allaient programmer l’Amérique du Sud. J’ai commencé à l’aider à Avignon, je lui ai donné des idées sur des spectacles argentins pour Avignon. À ce moment-là, ma mère a commencé à être très, très malade et j’ai décidé de quitter le Soleil. Le Soleil, je m’entendais très bien avec Ariane, avec l’équipe, mais je sentais que c’était un plafond pour moi. Je suis rentrée en Argentine en septembre 1998, et le Festival [de Buenos-Aires] m’a proposé d’inviter Peter Brook pour le Festival de 1999. J’avais aucun contact sauf [Ray]. Je me suis dit que c’était une bonne idée d’être à Paris ou à Buenos-Aires et de mener à bien un projet. Ma mère allait un peu mieux. Donc, j’ai étudié la possibilité d’amener l’Homme Qui. J’ai envoyé un fax pour avoir des informations pour une tournée. À ce moment-là, c’était un peu particulier, il y avait [Valérie], puis [Marianne] et [Rob] (il s’occupe des tournées en Angleterre). Le directeur du Festival m’a demandé de faire toute la production étrangère. J’ai fait ça sans avoir du métier. J’ai fait la moitié de la programmation. J’avais une maison, ici. J’avais aménagé un bureau en bas. Finalement, ça s’est fait pour l’Homme qui. À la fin des représentations à Buenos-Aires, ils sont tous venus ([Pierre-Louis], [Soumaoro], [Shigekuni], [Ray], [Stephen], [Isabelle]). Le jour de la Première du Costume, j’étais au comptoir, je venais prendre mon ticket, j’ai vu Stéphane [Lissner]. Je l’avais déjà vu parce que j’étais déjà allée au Festival d’Aix avec ma mère. Il savait qui j’étais, il m’a dit : « j’aimerais avoir un rendez-vous avec vous pour vous proposer un travail ». J’ai vu le spectacle, en sortant, on a pris un café, il m’a donné son numéro. Le lendemain, il m’a téléphoné. Il m’a proposé de m’occuper de la prochaine tournée de Peter. Pour moi, c’était le délire, je connaissais beaucoup de choses, mais j’avais pas vraiment de formation de production. Tout s’enchaînait, et c’était de plus en plus incroyable. Je lui ai dit, je pars à Buenos-Aires, je reviens et on voit. Je suis partie en vacances, je suis venue et j’ai dit oui. Mais à la condition … parce qu’il y avait trop, trop de changements ici. Des gens qui partaient. Je lui ai demandé de travailler à la maison, pas aux Bouffes. Il a accepté. Très clair, avec lui. Il m’a beaucoup aidé. La première fois que je l’ai vu, je lui ai dit, ça c’est les choses que je sais faire : les contacts, et la partie technique. Je savais beaucoup de choses. Et ça, c’est les choses que je ne sais pas faire : les contrats, par exemple.

Fille d’un avocat, président d’une fondation d’art et mécène, Beatriz est la petite dernière d’une famille de onze enfants. Elle a vécu toute son enfance dans un milieu très aisé qui mêle éducation occidentale (école italienne de Buenos-Aires) et fréquents voyages culturels en Europe (Paris, Milan et Berlin). Comme on le voit à travers cet extrait d’entretien, Beatriz a ainsi bénéficié d’un important réseau de connaissances à toutes les étapes de sa socialisation professionnelle. Sa participation aux mondes de l’art a été précoce et s’est faite au sein des « coteries »240 les plus réputées de chacun des mondes spécifiques que constituent le théâtre et la musique. Son recrutement au sein de l’organisation Théâtre des Bouffes du Nord est autant le fruit de son travail personnel que de son identification à ces « coteries ». La première est l’association à un mécénat d’art et plus spécifiquement lyrique et musical qui lui permet d’être connue de Stéphane Lissner en tant que directeur du Festival d’Aix-en-Provence, la deuxième est la participation à des spectacles de théâtre auprès des metteurs en scène les plus en vue du moment ainsi que de certaines proches de Peter Brook (sa fille Irina ainsi qu’un de ses fidèles acteurs, Ray Burgess). Cette conjonction permet à Beatriz d’obtenir très vite un poste de conseillère artistique au Festival de Buenos-Aires qui, en plus de son identification à un monde de l’art, lui permet d’obtenir une identité professionnelle et d’être ainsi recrutée comme chargée de diffusion au Théâtre des Bouffes du Nord.

La prégnance des interconnaissances dans les processus de recrutement au sein du Théâtre des Bouffes du Nord se retrouve au travers du parcours de Goran, un jeune homme âgé de 21 ans au moment de son embauche.

J’avais fait mon DEUG de droit. Ça ne m’intéressait pas beaucoup donc je suis passé dans un cursus qui s’appelle « Conception et mis en œuvre de projets culturels ». J’ai commencé la Licence. C’est un cursus universitaire professionnalisant. C’est assez