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Introduction du chapitre

3.1. INDICATEURS DE FORME URBAINE, ` A PLUSIEURS ´ ECHELLES

3.1.2 Indicateurs de forme urbaine : quantifier la r´ epartition des habitants dans l’espace

Dans cette section, une revue de la litt´erature de la construction d’indicateurs quantifiant la r´epartition de la population dans l’espace urbain est propos´ee, ren- voyant pr´ecis´ement aux notions de concentration et de disposition qui viennent d’ˆetre d´etaill´ees. Par la suite, de fa¸con r´eductrice, le terme de « forme urbaine » pourra qualifier la caract´erisation, par une s´erie d’indicateurs, de la r´epartition de

3.1. INDICATEURS DE FORME URBAINE, `A PLUSIEURS ´ECHELLES la population dans l’espace, pour des d´ecoupages vari´es.

La densit´e de population est, avec la population totale, le principal indicateur utilis´e pour quantifier la forme urbaine, qu’il s’agisse de la forme m´etropolitaine ou de zones plus locales (´egalement caract´eris´ees par leur distance au centre de l’ag- glom´eration). Elle ne peut toutefois rendre compte de la diff´erence entre une urba- nisation uniforme et une urbanisation mit´ee ; entre une urbanisation au tissu urbain homog`ene et une urbanisation type grands ensembles. Dempsey (2010), raisonnant `a l’´echelle du quartier, ´evoque la diff´erence entre densit´e de population r´eelle et den- sit´e de population ressentie, qui provient `a la fois d’aspects sociaux (par exemple le degr´e d’interaction avec ses voisins) et d’aspects morphologiques internes `a la zone consid´er´ee. Au niveau m´etropolitain, on peut qualifier des types d’urbanisation de compacte (Dieleman et al., 1999), diffuse (Indovina, 1990), lin´eaire (Soria y Mata, 1886) ou polycentrique (Hall et Pain, 2006), sans que ces cat´egories ne s’excluent mutuellement.

Parmi les indicateurs de forme urbaine, souvent utilis´es isol´ement, on peut citer quelques th´ematiques r´ecurrentes :

– La dimension fractale (Mandelbrot, 1977; Frankhauser et Genre-Grandpierre, 1998; De Keersmaecker et al., 2004), provenant des sciences math´ematiques et physiques, est un nombre r´eel quantifiant la structure de l’urbanisation sur un plan. Entre deux configurations extrˆemes (urbanisation uniforme de l’es- pace, qui correspond `a une dimension 2, et urbanisation strictement lin´eaire, de dimension 1), les formes d’urbanisation peuvent avoir une dimension topo- logique interm´ediaire, qui est ensuite interpr´et´ee par divers auteurs dans une perspective d’am´enagement (Reynaud, 1841, Philbrick, 1957, Pumain, 2003b). – L’entropie de la distribution, indicateur provenant des sciences physiques, quantifiant le degr´e de d´esordre d’une distribution, est classiquement utilis´ee dans le contexte urbain, pour des caract´erisations de la distribution de la po- pulation (Tsai, 2005), de la mixit´e r´esidentielle (Cervero et Kockelman, 1997), ou de la mixit´e sociale (Le Toqueux, 2007).

– Des indices de centralit´e, visant `a quantifier la polarisation de la distribution de la population par un, ou plusieurs centres ; citons l’indice d’excentricit´e de Bertaud (2001), calcul´e par le ratio de la distance moyenne au centre4, et la

distance moyenne au centre pour une distribution uniforme sur un disque fictif de mˆeme surface que la ville.

– La pente de la r´egression dans la loi rang-taille (degr´e d’in´egalit´e) (Batty, 2001) ; cet indicateur peut ˆetre interpr´et´e comme un indicateur de polycen- trisme au niveau intra-urbain. Voir l’encadr´e 8, page 35.

– L’indice de Gini est un indicateur classique d’in´egalit´e de r´epartition, couram- ment utilis´e pour ´etudier la distribution de revenus au sein d’un pays ; dans le

contexte urbain, il peut ˆetre utilis´e pour ´etudier l’in´egalit´e de r´epartition de la densit´e par rapport `a la distance au centre ; de la population par rapport `a la surface (Tabourin et al., 1995).

La litt´erature abonde de caract´erisations de la forme urbaine, selon un petit nombre d’aspects compl´ementaires (Galster et al., 2001; Tsai, 2005; Schwarz, 2010). Ces caract´erisations r´epondent `a un besoin op´erationnel, en lien plus ou moins di- rect avec les pr´eoccupations environnementales, ´economiques ou sociales qui ont ´et´e d´evelopp´ees dans la section 1.2, et les volont´es d’impl´ementation pratiques dis- cut´ees au chapitre 2. Il est crucial d’insister sur ce point : les caract´erisations de la forme urbaine sont tr`es rarement neutres, c’est-`a-dire d´econnect´ees de question- nements th´ematiques, ext´erieurs `a la stricte caract´erisation de la forme urbaine5.

Schwarz (2010) a r´epertori´e plusieurs dizaines d’indicateurs de forme urbaine, qui couvrent le spectre th´ematique ´evoqu´e ; un travail empirique conduit cet auteur `a li- miter sa caract´erisation `a un petit nombre d’indicateurs : une approche synth´etique de la forme urbaine doit offrir un compromis entre le nombre d’indicateurs et la quantit´e d’information suppl´ementaire qu’ils apportent. La convergence th´ematique est int´eressante entre les am´enageurs, les g´eographes et les ´ecologues, qui visent `a quantifier de fa¸con synth´etique l’utilisation du sol dans les villes europ´eennes et am´ericaines, notamment.

Tsai (2005) propose `a titre d’exemple une caract´erisation de la distribution des individus dans une ville, bas´ee sur quatre indicateurs compl´ementaires6 : la po-

pulation totale de la ville, la densit´e de population, renseignant sur l’intensit´e de la concentration, l’in´egalit´e de r´epartition de la population, sens´ee renseigner sur le degr´e d’´etalement de la ville et enfin le degr´e de clustering, c’est-`a-dire la propension des zones denses `a ˆetre `a proximit´e d’autres zones denses, ce qui peut ˆetre interpr´et´e de diff´erentes fa¸cons (par exemple : degr´e de diffusion ; degr´e de polycentrisme).

Ewing (1997) ´evoque les incompr´ehensions pouvant r´esulter du flou associ´e au terme d’´etalement urbain (« urban sprawl » dans la litt´erature anglophone). Dans un point de vue engag´e, il d´enonce les travaux de Gordon et Richardon, dont le concept d’´etalement urbain serait fluctuant, pouvant qualifier successivement des formes peu denses, dispers´ees, d´ecentralis´ees, polycentriques ou p´eriurbaines. Afin de pr´eciser certains termes de ce d´ebats, la revue de la litt´erature propos´ee par Galster et al. (2001) d´egage plusieurs d’utilisations du terme d’´etalement urbain :

5Un certain nombre de travaux abordent la question de l’information contenue dans une image,

quelle que soit sa nature, comme par exemple des algorithmes de compression d’images, qui peuvent ˆetre tr`es efficaces (utilisation de la th´eorie des ondelettes). Toute ces approches ´echouent cepen- dant `a proposer une caract´erisation simultan´ement synth´etique (un petit nombre d’indicateurs) et porteuses de sens, c’est-`a-dire en lien avec des politiques d’am´enagement concr`etes.

6

Leur compl´ementarit´e est ´etablie par l’auteur dans le contexte am´ericain, constatant l’ind´ependance de ces quatre dimensions pour les Aires M´etropolitaines am´ericaines de moins de 3 millions d’habitants.

3.1. INDICATEURS DE FORME URBAINE, `A PLUSIEURS ´ECHELLES

1. L’´etalement urbain peut ˆetre d´efini par rapport `a un exemple concret, comme Los Angeles, qui contiendrait les caract´eristiques accomplies de la ville ´etal´ee. 2. Le terme « ´etalement urbain » est utilis´e comme jugement esth´etique `a propos

de formes g´en´erales prises par le d´eveloppement urbain.

3. L’´etalement urbain est une source d’externalit´e, causant par exemple une forte d´ependance automobile, l’isolation des classes sociales les plus d´efavoris´ees (au centre de la ville dans le contexte Nord-Am´ericain), une d´econnexion crois- sante des lieux d’activit´e et des lieux d’emplois (« Spatial Mismatch »), ou une d´egradation de la qualit´e environnementale.

4. L’´etalement urbain est la cons´equence ou l’effet de causes externes, comme la fragmentation des gouvernements locaux, un am´enagement urbain inefficace, ou encore un zonage fonctionnel.

5. L’´etalement urbain sert `a qualifier un ou plusieurs types de d´eveloppement. Les types les plus souvent cit´es sont : une faible densit´e, le mitage, une distance au centre importante, la dispersion de l’emploi et des zones r´esidentielles, ou un d´eveloppement selon des corridors d’urbanisation (Ewing, 1997).

Galster et al. (2001), s’appuyant sur plusieurs couches de donn´ees : distribution de la population, distribution des emplois, voire distribution des commerces dans l’espace urbain, propose par exemple de quantifier le niveau d’´etalement urbain des agglom´erations selon huit crit`eres :

1. Density : le nombre d’unit´e d’habitations par unit´e de surface urbanisable 2. Concentration : quelle surface urbanis´ee par rapport `a la surface urbanisable

totale ?

3. Clustering : observe t-on un regroupement spatial des zones les plus urba- nis´ees ?

4. Nuclearity : le nombre de « noyaux » d’urbanisation. 5. Centrality : l’urbanisation est-elle proche du CBD ?

6. Continuity : on pourrait ´egalement parler de convexit´e : existe t-il des « trous » dans l’urbanisation ?

7. Mixed Use : observe t-on des formes s´egr´eg´ees d’usage du sol (r´esidence, em- ploi, commerce), ou au contraire une urbanisation mixte, correspondant `a une ind´ependance spatiale entre les formes d’urbanisation.

8. Proximity between uses : distance entre diff´erentes formes d’usage du sol. On retient de cette revue de la litt´erature plusieurs oppositions entre formes id´eales de morphologie urbaine, `a l’´echelle urbaine comme `a l’´echelle locale. A l’´echelle urbaine, l’opposition entre ville compacte et ville ´etal´ee est la plus r´ecurrente, avec le d´ebat sur la bonne intensit´e de concentration. A l’´echelle locale, l’urbanisation

est compacte, surtout autour des gares ferroviaires. Issu du constat que l’urbanisa- tion `a l’`ere automobile s’est faite de fa¸con plus diffuse qu’`a l’´epoque ferroviaire, et du fait d’un certain retour en grˆace des transports collectifs dans les villes europ´eennes, l’opposition entre urbanisation continue et urbanisation diffuse, `a plusieurs ´echelles, est souvent d´ebattue. Enfin, l’opposition entre ville monocentrique et ville polycen- trique est peu ´etudi´ee de fa¸con syst´ematique, mˆeme si des travaux r´ecents (Meijers, 2009) s’int´eressent `a cette probl´ematique. Pour illustrer le type de formes urbaines envisag´ees par la litt´erature, et mettre en exergue la difficult´e qu’il y a `a appr´ehender la diversit´e de formes urbaines envisageables, `a diff´erentes ´echelles, on donne la fi- gure 3.2 donne un petit nombre de configurations urbaines de mˆeme densit´e de population.

a/ Forme urbaine compacte.

b/ Urbanisation en « plateau d’´echec » (Tsai, 2005). Selon l’´echelle d’analyse, il peut s’agir d’un tissu tr`es compact (´echelle locale, on peut penser `a l’urbanisation de Manhattan), ou tr`es diffus (`a l’´echelle d’une m´etropole, une telle forme urbaine pourraˆıt ˆetre qualifi´ee de « mit´ee »).

c/ Polycentrique avec centres hi´erarchis´es. A l’´echelle locale, on pourrait parler d’al- ternance entre des quartiers pavillonaires, en creux, et des quartiers de grands en- sembles, plus denses, entrecoup´es de parcs et d’espaces verts. A l’´echelle m´etropolitaine, la Randstad semble une r´ef´erence convenable, avec des centres urbains denses ´eloign´es les uns des autres, quelques centres secondaires existant dans les inter- stices.

d/ Polycentrique avec centres de mˆeme poids. Il s’agit d’un compromis entre les formes urbaines b et c qui selon l’´echelle d’analyse, peuvent ˆetre d´ecrites de plusieurs fa¸con diff´erentes.

e/ Monocentrique (suit le mod`ele de Bussi`ere, 1972). Ce mod`ele correspond naturel- lement `a l’´echelle urbaine (aires fonctionnelles), selon le mod`ele urbain classique. f/ Monocentrique discontinue. Possible mutation diffuse du mod`ele monocentrique, apr`es l’arriv´ee de l’automobile, tout en conservant une densit´e au centre impor- tante.

3.1. INDICATEURS DE FORME URBAINE, `A PLUSIEURS ´ECHELLES

Fig.3.2 – Diff´erentes formes d’usage du sol, de mˆeme densit´e de population (25000 individus sur une grille de 100 × 100). Ces grilles s’inspirent librement de travaux de Bertaud et Malpezzi (2003) et Tsai (2005)

Calcul des indicateurs

Les indicateurs de forme urbaine propos´es sont calcul´es `a partir d’une grille carr´ee constitu´ee de n cellules, de surface s : Gs

n = (csi)1≤i≤n. Les limites de cette grille

peuvent correspondre `a une aire fonctionnelle, comme analys´e dans ce chapitre, `a des bassins d’emplois, comme propos´e dans le chapitre 5, `a des communes (chapitre 4) ou de fa¸con th´eorique `a tout autre d´ecoupage de l’espace. Faisant ´echo `a la section 1.1.4, rappelons l’importance de l’information contenue dans la d´elimitation de l’espace urbain, question abord´ee bri`evement en fin de chapitre (voir encadr´e 23).

Soit ps

i la population de la cellule csi. On note Pns = (csi)1≤i≤n la suite des popu-

lations des cellules, ordonn´ee par ordre d´ecroissant. La densit´e de population de la cellule s’´ecrit alors : cs

i : ρsi =

ps i s.

Un certain nombre d’indicateurs peuvent ˆetre calcul´es directement en fonction de la distribution de la suite finie (Pns), parmi lesquels les plus couramment utilis´es, la

population totale P (Ps

n) =

P

ipsi et la densit´e de population globale ρ(Pns) =

Pn

i=1psi n×s

On note n(eρ) le nombre de cellules dont la densit´e de population est sup´erieure `a e

ρ ∈ R. Si on fait l’hypoth`ese qu’une zone est urbanis´ee d`es lors que la densit´e de population est sup´erieure `a ρ0 > 0, on peut calculer la densit´e de population par

rapport `a la surface urbanis´ee : ρ(Ps n(ρ0)).

De fa¸con g´en´erale, si I est un indicateur « simple » de Ps

n (c.a.d. calcul´e `a n et s

fix´es), on peut d´eriver des indicateurs `a partir des suites (I(Ps

n)s∈R) et (I(Pns)n∈N).

Concr`etement, deux indicateurs utilis´es dans le contexte urbain se placent dans un tel cadre :

1. La dimension fractale : il s’agit d’´etudier, une densit´e minimale d ´etant fix´ee, la variation de l’indicateur suivant avec la surface ´el´ementaire s : I(Ps

n) = #(Pns)7.

De fa¸con empirique, dans le contexte urbain, on observe que log(#(Ps n)) est

proportionnel `a log s, conform´ement `a d’autres exemples dans le milieu « natu- rel » (Mandelbrot, 1977, page 118), quel que soit le seuil de densit´e ρ0 (auquel

correspond le nombre de cellules n(ρ0)). On note fρ0 la pente de la droite

d’ajustement entre log(n(ρ0)) et log s, qui correspond pour toutes les villes

´etudi´ees `a un coefficient entre 1 (ville lin´eaire) et 2 (ville surfacique) :

n(ρ0) = Asfρ0 (3.6)

2. La pente de la loi rang-taille. On ´etudie, une surface ´el´ementaire s ´etant fix´ee, la distribution du mˆeme indicateur : I(Ps

n) = #(Pns). On observe empiriquement

une proportionalit´e entre log(#(Ps

n(ρ))) et log ρ. La pente de la loi rang-taille

(encadr´e 8) est appel´ee degr´e d’in´egalit´e, et d´epend de s : on la note RTs, qui

est par convention telle que :

ρ = Bn(ρ)RTs (3.7)

3.1. INDICATEURS DE FORME URBAINE, `A PLUSIEURS ´ECHELLES

Dans le cadre d’une ´etude g´eographique, il est naturel de s’int´eresser `a la position des cellules dans l’espace. Pour ce faire, on utilise une matrice de distances entre cellules, (ds

ij)(1≤i≤n;1≤j≤n).

Pour sch´ematiser, nous utiliserons deux familles d’indicateurs dans le contexte urbain : les indicateurs non spatiaux, bas´es uniquement sur la distribution de la po- pulation ps

i8, et les indicateurs spatiaux utilisant de fa¸con suppl´ementaire la matrice

de distances (ds

ij), ou utilisant explicitement la superficie s (densit´e de population).

Encadr´e 23 (Grille et distribution de population) L’influence de la maille d’´etude sur les r´esultats d’une ´etude statistique a ´et´e mis en ´evidence par Openshaw (1984). Nous travaillerons pour des grilles th´eoriques, ainsi que pour les 300 LUZ europ´eennes pr´esent´ees page 192, sur des grilles carr´ees, dont la cellule ´el´ementaire sera de superficie variable.

Afin d’illustrer les difficult´es de maillage, nous donnons trois exemples de maillages qui orientent la d´etection ´eventuelle d’une seconde polarit´e, en bas `a gauche de la carte. La premi`ere grille, la moins fine, masque compl`etement l’information, et pour la plus fine, du fait de l’ex- tension de la zone urbaine la plus importante, la polarit´e se- condaire apparaˆıt en continuit´e avec l’extension spatiale de l’ag- glom´eration. Le dernier maillage,

au contraire, fictivement issu de la d´elimitation historique des villes, sou- ligne de fa¸con exag´er´ee l’importance des centres dans l’agglom´eration. En tout ´etat de cause, nous admettrons que la variabilit´e de l’information entre plusieurs maillages constitue une nouvelle information (Mathian et Piron, 2001). Voir Grasland et al. (2000) pour une analyse bien plus compl`ete de ce ph´enom`ene.

8

En toute rigueur, mˆeme de tels indicateurs ont un lien avec l’espace, puisqu’ils d´erivent d’un d´ecoupage de l’espace.

Encadr´e 24 (Grille de densit´e de population)

L’utilisation du sol des villes europ´eennes est disponible sur le site de l’Agence Europ´eenne de l’Environnement (2002). , provenant de la base de donn´ees Corinea

Land Cover, qui propose une typologie de l’usage du sol, en 44 postes, `a partir du traitement d’images satellites (d´etaillant les territoires artificialis´es, les territoires agricoles, les forˆets, les zones humides et les ter- ritoires en eaux). Il s’agit de donn´ees vectorielles, qui correspondent `a une r´esolution maximale de 25 hectares - autrement dit, les zones urbanis´ees de moins de 25 hectares ne sont pas rep´er´ees, ce qui repr´esente 29% des com- munes europ´eenes d’apr`es Gallego (2008). Les donn´ees d’usage du sol sont disponibles `a trois dates (1990, 2000 et 2006) et ont ´et´e utilis´ees dans le contexte urbain par Gu´erois (2003), qui a par exemple ´etudi´e la distribution spatiale de l’intensit´e de l’urbanisation dans les villes europ´eennes. L’Agence Europ´eenne de l’Environnement (2002) utilise cette base de donn´ees pour induire une grille de population au niveau europ´een, avec un pas de 100 m`etres.

Gallego (2008) d´etaille la m´ethodologie utilis´ee, qui s’appuie sur les donn´ees de population au niveau NUTS-5 b

de chaque pays europ´een. En fonction de 8 postes d’utilisation du sol sp´ecifiquement adapt´es au contexte urbain, il s’agit de r´epartir la population de chaque zone NUTS-5, en premier lieu dans les tissus urbains les plus denses, puis dans les zones urbaines disconti- nues et enfin dans les autres types d’espace. L’article d´etaille les probl`emes m´ethodologiques rencontr´es, parmi lesquels l’absence, pour certaines com- munes, de zone urbanis´ee, voire de zone artificialis´ee.

La grille de points obtenues, bien que tr`es fine spatialement, poss`ede des biais li´es au d´ecoupage communal ´el´ementaire. Toutefois, pour l’´etude de la forme urbaine d’une m´etropole enti`ere, cet effet peut ˆetre n´eglig´e. L’utili- sation d’une grille tr`es fine (le pas ´el´ementaire est de 100 m`etres) permet d’effectuer des calculs d’indicateurs pour toutes les ´echelles g´eographiques ´evoqu´ees jusqu’alors, du quartier `a la m´etropole. On se concentre dans ce chapitre sur des attributs m´etropolitains de la forme urbaine, afin de pro- poser une typologie des villes europ´eennes bas´ee uniquement sur des aspects morphologiques.

a

COoRdination of INformation on the Environment.

b

Nomenclature des Unit´es Territoriales et Statistiques

Pour l’ensemble des villes ´etudi´ees, ainsi que pour les distributions th´eoriques g´en´er´ees, il est possible de calculer une s´erie d’indicateurs de morphologie urbaine, issus principalement de la litt´erature qui vient d’ˆetre ´evoqu´ee. Une utilisation origi- nale de la distance moyenne entre deux individus, indicateur propos´e par Bertaud

3.1. INDICATEURS DE FORME URBAINE, `A PLUSIEURS ´ECHELLES

(2001), permet de plus de quantifier l’´eloignement au mod`ele monocentrique de Bussi`ere (1972). Les indicateurs suivants seront utilis´es, qui hormis la dimension fractale, d´ependent de la surface ´el´ementaire s fix´ee :

1. Dimension fractale (´equation 3.6). 2. Pente de la loi rang-taille (´equation 3.7). 3. Entropie de la distribution (´equation 3.8). 4. Indice de Hoover (´equation 3.9).

5. Indice de Moran (´equation 3.10).

6. Densit´e nette de population (´equation 3.11).

7. Distance moyenne entre deux individus (´equation 3.12). 8. Distance relative entre deux individus (´equation 3.13). 9. Indicateur d’ « acentrisme » (section 3.1.3).

Entropie

L’entropie est un indicateur classique, utilis´e depuis un demi-si`ecle dans les sciences physiques et depuis plusieurs d´ecennies dans le contexte urbain. Compte- tenu du type de donn´ees disponible ici, l’entropie repr´esente le degr´e de d´esordre de la distribution de population. L’indicateur 3.8 varie entre 0 et 1, valeurs indi- quant respectivement un ordre total, i.e. une population concentr´ee dans une seule zone (ville compacte), et un d´esordre total, autrement dit une distribution uniforme de la population. Les valeurs interm´ediaires peuvent indiquer, selon le contexte et l’´echelle g´eographique, des formes urbaines plus ou moins ´etal´ees, plus ou moins diffuses, voire plus ou moins polycentriques. Dans cette formule, N est le nombre de zones utilis´ees, et PN la population totale.

ENs = − N X i=1 ps i PN log (p s i PN ) log(N ) (3.8) Indice de Hoover

L’indice de Hoover peut ˆetre utilis´e pour quantifier l’in´egalit´e de r´epartition de la population sur la surface totale (Grasland, 2008). Utilisant la population ps

i et la

surface si de la zone i, cet indicateur distingue les r´epartitions uniformes (H = 0) et

compacte (H = 1 si la population est concentr´ee dans une seule zone). Dans la for- mule (3.9), SN indique la superficie totale de la ville (c’est simplement N × s dans le