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III°) L’INCREE AU REGARD DE LA CREATION

Dans le document L'incréé chez Maître Eckhart (Page 158-165)

Aux paragraphes 7 et 73 du Commentaire du Livre de la Genèse, Eckhart s’interroge sur la relation qui lie la création à l’éternité, et donc sur les rapports entre le créé et l’incréé :

« Le commencement dans lequel Dieu créa le ciel et la terre est l’instant simple et originaire de l’éternité462, celui-là même, dis-je, qui est identiquement et absolument l’instant où Dieu reste de toute éternité et où se produit, s’est produite et se produira éternellement l’émanation des Personnes divines463. »

Déjà dans le paragraphe 16 du Commentaire de l’Exode, Eckhart définissait la procession des Personnes en Dieu comme la raison et le préambule de la création. Il se référait en cela à saint Augustin, et en particulier au livre XI des Confessions :

« C’est ainsi que tu nous appelles à comprendre la Parole, le Verbe Dieu auprès de toi qui es Dieu, lui qui est dit éternellement, et par qui éternellement tout est dit. Car il n’est pas vrai que s’achève ce qui était dit, et qu’une autre chose après soit dite de sorte que toutes puissent être dites ; mais c’est ensemble et éternellement que tout est dit464. Autrement déjà ce serait le temps et le changement, non la vraie éternité ni la vraie immortalité465. »

C’est pourquoi, ajoute Eckhart, Moïse dit que Dieu a créé le ciel et la terre au commencement absolument originaire dans lequel il est lui-même, sans aucun intermédiaire ni intervalle (sine quolibet medio aut intervallo) : « C’est pourquoi, lorsqu’on m’a demandé un jour pourquoi Dieu n’avait pas créé le monde plus tôt, j’ai répondu qu’il n’avait pas pu parce qu’Il n’était pas. Il n’avait pas été auparavant avant que le monde ne fût. En outre, comment pouvait-il créer avant, quand c’est dans l’instant même où il est qu’il créé le monde ?466 »

Maître Eckhart récuse ainsi la compréhension de la création comme un processus marqué par la succession réelle des jours, et n’en retiens que le caractère d’instantanéité :

« La création est avant le temps, au-dessus du temps et sans temps467. » Ante tempus / Supra tempus / Sine tempore.

Ces trois prépositions signifient l’Incréé du Verbe créateur : avant, au-dessus et sans, c’est-à-dire commencement et fin sans commencement ni fin, entendant par là la suprématie

462 Nous soulignons.

463 Commentaire du Livre de la Genèse, § 7, p. 249 OLME 1, Paris, Cerf. 464 Nous soulignons. Dans le texte latin : simul ac sempiterne omnia. 465 Confessions XI, 7, 9, BA p. 287.

466 Commentaire du Livre de la Genèse, § 7, p. 251, OLME 1, Paris, Cerf. 467 Commentaire du Livre de la Genèse, § 73, p. 331, OLME 1, Paris, Cerf.

du Principe. En mettant en avant la simultanéité de la création, Eckhart donne une lecture théologique tout à fait originale de Job 33, 14 et de Psaume 32, 9 :

Selon Job : « Dieu parle une fois pour toutes. » Sa parole est un engendrement éternel en cela précisément qu’il est de nature incréée. La monarchie du Père s’exprime en son Fils unique : son Dire est la création même : il ne vient ni avant, ni après, mais dans un « instant éternel », comme il l’exprime dans le paragraphe 7 du Commentaire du Livre de la Genèse : « Et il parle en engendrant le Fils, car le Fils est Verbe. Et il parle en créant les créatures : « Il dit et toutes choses furent, il ordonna et toutes choses furent créées. » (Psaume 32, 9). Ainsi l’émanation des Personnes et la création du monde sont prononcées « une seule fois » : « semel locutus est ». La création doit donc s’entendre essentiellement comme incréée, c’est- à-dire « originée » depuis le fond du Principe, depuis cette profondeur sans fond de la Trinité. Car la création ne constitue pas un second temps en regard de l’émanation des Personnes, mais un « simultané » et un « instantané ». En l’incréé de Dieu, Trinité ad intra, l’émanation des Personnes et la création sont contenues, tout entières « concentrées » dans ce fond sans fond ; le Père rassemble ainsi en son intellect incréé le monde créé et le Fils incarné, médiation entre le créé et l’Incréé. C’est pourquoi « toute la nature du Père, c’est d’être naturellement comme la racine de la Trinité, voilà ce que le Père est en lui-même468. » C’est pourquoi le Père demeure, retiré en son origine, « dans le fond et dans le noyau de l’être paternel où il a été éternellement en lui-même dans la Paternité et où il jouit de lui-même, Père en tant que Père lui-même dans l’unique Un469. » Par l’unique Un ou incréé du Principe, Eckhart se situe dans le cœur même de la création qu’il comprend depuis l’éternité ou l’origine incréée. Augustin ne disait rien d’autre quand il affirmait : « Nous savons, Seigneur, nous savons : c’est dans la mesure où elle n’est pas ce qu’elle était, et où elle est ce qu’elle n’était pas, que toute chose disparaît et apparaît. Il n’y a donc dans ta parole, ton Verbe, rien qui cède la place et rien qui succède puisqu’il est véritablement immortel et éternel. Aussi, c’est bien par le Verbe, coéternel à toi-même, que, ensemble et éternellement, tu dis tout ce que tu dis, et que se fait toute chose dont tu dis qu’elle se fasse470. »

Par l’incréé du Principe, Eckhart entend que le Père contient toutes choses en lui, mystérieusement : l’émanation des Personnes de la Trinité et la création du monde, comme « un » dans l’Unité, et non pas comme deux moments séparés. L’incréé est ainsi l’expression de la non-dualité du Principe – point de départ de la théologie d’Eckhart où s’exprime une

468 Sermon 49, JAH II, p. 119, Paris, Seuil. 469 Sermon 51, JAH II, p. 135, Paris, Seuil. 470 Confessions XI, 7, 9, BA p. 287.

éternité de la création simultanément que l’éternité de l’engendrement du Verbe au sein de la Trinité, dans ce « fond » où « Dieu est « au-dessus de l’être et au-dessus de la création471 » - « intimité cachée de la Déité cachée où il repose avec lui-même et avec toutes les créatures472. » Ainsi la création vient de l’éternité et va vers elle. C’est ainsi qu’il faut entendre l’incréé chez le Maître : comme un point de départ et comme un point d’arrivée. Ainsi, « dans le premier contact où Dieu a touché l’âme et la touche comme incréée et incréable, l’âme est par ce contact de Dieu aussi noble que Dieu lui-même. Car Dieu la touche selon lui-même473. » Quel est ce mystérieux « premier contact » de Dieu sinon celui-même de l’idée incréée de l’âme en Dieu, de sa manence dans le fond paternel. Et la création à l’image de Dieu n’est ainsi possible que si originellement cette image est contenue en Dieu. Dans l’éternité, il ne saurait donc être d’intervalle : tout est donné à l’instant (tota simul). L’absence d’intermédiaire et d’intervalle justifie l’incréé comme Principe. Ainsi l’explicite Pierre Gire : « Maître Eckhart conçoit la création comme une sorte de surgissement du monde dans la génération du Verbe, pôle de l’expression trinitaire474. » Ainsi, il montre bien que l’ex nihilo inspiré de l’Ecriture, ne peut pas se comprendre comme une disjonction centre l’incréé du Principe et la création du monde, mais il signifie bien plutôt « la différence de la manifestation extériorisée du dynamisme divin à partir duquel se déterminent des expressions objectives475. » Maître Eckhart comprend ainsi la création à partir de l’intériorité même du Principe. C’est pourquoi la génération des étants dans le Verbe incréé retient toute son attention. Fidèle à saint Thomas et à saint Augustin, il se situe ainsi dans la logique de la préexistence. Or, contrairement à ses prédécesseurs, il explicite cette préexistence, cette origine incréée du monde et des étants à partir du Verbe-Intellect divin. Eckhart définit ainsi l’originalité de sa pensée en reprenant l’acquis de l’ontothéologie médiévale et en s’en démarquant dans et par son analyse de l’In principio. On comprend ainsi en quoi le Commentaire de l’Evangile de Jean est capital et constitue le point d’aboutissement du Commentaire de la Genèse. Car si Dieu se définit comme Être dans la tradition ontothéologique, Il est avant tout cette puissance paternelle qui ne cesse d’engendrer, cette nature incréé féconde d’elle-même et de tous les existants : Le Père incréé se définit ainsi comme virtus essendi – Un avec le Fils incréé et l’Esprit incréé. Ainsi on comprend pourquoi Pierre Gire analyse l’Incréé du Principe du point de vue de la créature comme le fait

471 Sermon 52, JAH II, p. 148, Paris, Seuil. 472 Sermon 22, JAH I, p. 195, Paris, Seuil. 473 Sermon 10, JAH I, p. 112, Paris, Seuil.

474 Maître Eckhart et la métaphysique de l’Exode, Paris, Cerf, p. 71. 475 Ibidem, p. 71.

que « chaque existant se réfère, sur le plan de son pouvoir d’auto-position déterminée, à l’Absolu qui le fonde. Ainsi la puissance ontologique de Dieu reste multipliée par les êtres qui la manifestent, comme si l’intensité d’un tel rayonnement, ne pouvait s’exprimer que par la multiplication des points de diffusion476. » Il montre ainsi en quoi la réflexion autour de l’incréé du Principe pousse Eckhart à passer le langage de l’être pour chercher celui de l’Un. Ainsi les créatures dépendant de la Trinité en son fond – fond en lequel s’enracine leur essence incréée comme raison en l’intellectualité de l’Archè. Origine principielle de la créature, l’Incréé traduit ce mouvement instantané du dire et du faire de Dieu comme mouvement d’unification intelligible traversant la création de l’intérieur, et la fécondant ainsi de la Présence incréée du Verbe : présence cryptée de la Trinité dans le monde qui est ainsi le signe de Dieu, la trace « écrite » de sa Parole. Ainsi le créé n’est pas extérieur à l’incréé puisque la Trinité créé à partir de sa profondeur, de la divinité de son fond, et pose ainsi la création comme le prolongement multiplié où le rayonnement diffracté de cette lumière originelle tout entière réfractée dans le fond incréé.

Partons de l’analyse de l’In principio qu’Eckhart établit dans son commentaire de la Genèse I, n19 sqq (OLME 1, pp. 269 sqq, Paris, Cerf)

Dieu créa le ciel et la terre au commencement :

Dieu crée en lui-même. Il créa au commencement, c’est-à-dire il créa de

façon telle que les choses ne fussent pas pour autant à l’extérieur de lui. Augustin, Confessions IV, 12, 18 : “Il n’a pas fait les choses pour les quitter ensuite, au contraire tout ce qui vient de lui demeure en lui.”

C’est-à-dire maintenant. Il créa au commencement, c’est-à-dire il a créé

d’une façon telle qu’il créera toujours, Jean 5 : Mon Père œuvre jusqu’à maintenant.

Et dans le Fils. Au commencement, c’est-à-dire dans le Fils, Jean 8 : « je suis

le commencement » Il faut noter ici que de même que rien ne devient juste sinon par la justice engendrante qui, en tant que telle, est inengendrée, … ; de même rien n’est créé sinon par l’être inengendré [qui est le Père] et dans l’être engendré qu’est le Fils.

Dans la Raison. Il créa au commencement, c’est-à-dire dans la Raison. La

Raison, en effet, le Logos, ou Verbe, est le principe de toutes choses.

Eckhart reprend ces analyses du § 7 de l’In Genesim dans son Sermon allemand 22 où il va mettre l’accent sur la Déité entendue comme « In principio », « c’est-à-dire un commencement de tout être – c’est un terme de tout être car le premier commencement est là en vue du terme suprême. Oui, Dieu lui-même ne repose pas là où il est le premier commencement, il repose là où il est un terme et un repos de tout être477. » non pas que cet être soit anéanti, mais il est bien plutôt accompli là dans son terme incréé. Mais qu’est-ce que ce terme incréé ? « C’est la ténèbre cachée de l’éternelle Déité, nous dit le Maître –, elle est inconnue, elle ne fut jamais connue, elle ne sera jamais connue. Dieu demeure là en lui-même inconnu, et la lumière du Père éternel a brillé là éternellement, mais les ténèbres ne comprennent pas la lumière478. » La détermination du lieu en lequel réside le Principe, car ce n’est pas à proprement parler un « lieu », mais le Principe même479. Qu’est-ce à dire ? Dieu n’a pas de lieu à proprement parler puisqu’Il est le lieu même, le Maître rappelant ainsi que ce Lieu est l’Être, et qu’un tel Lieu est le seul où les étants peuvent subsister, c’est-à-dire demeurer en repos. Et le rapport de dépendance à Dieu qui constitue la créature, rapport exprimé dans l’idée maintes fois répétée qu’une fois Dieu ôté de la création, il ne reste rien des créatures, informe le traitement ontologique des rapports entre temps et éternité, entre créé et incréé, et donc le problème de l’incréé de la création.

L’éternité serait, dans la perspective eckhartienne, comme le lieu propre du temps et donc, de la créature elle-même. Nicolas de Cues reprendra cette idée dans son Sermon Ubi est qui natus est, et en particulier dans le paragraphe 5 : Dieu est présent éternel, ce présent est son être car seul le présent est véritablement, et c’est donc sur le plan de l’être que se détermine la nature, éternelle ou temporelle, du monde. Ainsi la création est pensée comme une sortie instantanées de l’éternité du temps, une fluxion, une explication de l’instant éternel en une succession d’instants successifs. Au paragraphe 21, il aborde une question proprement eckhartienne : « Où était Dieu avant qu’il eut créé le monde ? », question rapportée au livre XI des Confessions d’Augustin, et « Pourquoi Dieu n’a-t-il pas créé le monde avant ? » Cues reprendra les acquis du Maître et les validera, affirmant l’incréé du Principe en disant qu’avant la création il n’y avait pas de temps, donc pas d’avant. L’éternité n’est donc pas un temps avant le temps, l’incréé une création avant la création, mais l’origine et

477 Sermon 22, JAH I, p. 195, Paris, Seuil. 478 Sermon 22, JAH I, p.. 196, Paris, Seuil. 479 Voir In johannem, I, 38.

l’accomplissement même du temps et de la création. Ainsi un temps ne précède pas le temps, une création antérieure et parfaite la création que nous connaissons, mais seule l’éternité précède, comme Eckhart le montre dans le Sermon 52, selon son mode non-né ou éternellement ou incréé. La création a donc toujours été et a toujours été la création, ce qui n’est pas contradictoire puisque « toujours » signifie depuis que le monde est, c’est-à-dire à la fois éternellement selon l’action du Principe incréé et temporellement selon la réception du principié. Ainsi le commencement intemporel du monde est inscrit dans l’instant ponctuel de l’Eternité : le monde est depuis toujours et dans le temps, créé du point de vue de la raison créée, et incréée du point de vue de l’Intellect incréé. La création est donc ordonnée selon une orientation qui va de l’instant originaire, sans intermédiaire ni intervalle du tréfonds trinitaire, à l’incréé comme création continuée par le Verbe qui lui permet de revenir au Principe incréé par et dans le passage par le temps et la mort. Ainsi le monde ne saurait apparaître dans le temps que par l’apparaître éternel de Dieu lui-même, dans la manifestation du Fils révélant le Père, car le Fils incréé est image cachée du Père incréé, et les Trois comme Un le sont de la Trinité incrééé, « puissance génératrice de la Déité480. » La création est donc théophanique, car elle manifeste dans le temps ce qui se fait éternellement dans le tréfonds de la Trinité, éternité, éternité de la processio ad intra et temporalité de la processio ad extra coïncident.

Ainsi tout ce qui a été éternellement engendré dans le Verbe incréé, par sa propre génération éternelle, apparaît dans une succession temporelle comme le début de quelque création, création qui se manifeste par la puissance génératrice et incréée du Père. C’est ainsi que le rameau qui apparaît comme le commencement de l’arbre, a d’abord été semence incréée. Toute créature subsiste donc en son principe sans commencement ni fin, selon le mode incréé de son être : « Selon mon mode non-né, j’ai été éternellement et je suis maintenant et je dois demeurer éternellement481. » Incréé comme Image du Fils dans le Fils, Bild par excellence, qui se recouvrivra dans le mouvement de percée « où je suis au-dessus de toute créature, et où je suis ce que j’étais et ce que je dois rester maintenant et à jamais482. » Aussi faut-il admettre la complicatio du temps créé dans la ponctualité incréée de l’éternité, dans la mesure où le Verbe est lui-même coïncidence du temps et de l’éternité : ainsi, on ne peut opposer engendrement éternel dans l’intimité trinitaire et Incarnation du Fils. Ainsi le modèle et le fondement de la coïncidence des opposés s’établit comme l’union de la Trinité

480 Sermon 23, JAH I, p. 202 481 Sermon 52, JAH II, p. 149. 482 Ibidem, p. 149.

incréée et de la nature humaine créée : et cette union est dans le même maintenant, c’est-à- dire dans l’éternité.

Et c’est le Verbe qui apparaît comme l’instant éternel de la création, qui complique, comme le point, la ligne, touts les instants successifs apparaissant dans le temps. La coïncidence du temps et de l’éternité du Verbe est donc le fondement de l’incréé, tant du point de vue de Dieu que du point de vue de l’homme : Incréé du Principe éternel en lequel se conjugue simultanément la création et l’émanation des Personnes. C’est pourquoi Pierre Gire dira que ‘la vérité totale de l’étant n’est accessible que sur l’horizon de la génération divine483.’ Or celui-ci renvoie à l’acte pur de donation du Père engendrant éternellement son Fils et créant éternellement le monde. On comprend alors en quoi Pierre Gire voit en la genèse divine de l’être de l’étant une implication en elle-même de la constitution de son intelligibilité. Ontologie et noétique sont ainsi comprises simultanément en un même mouvement générateur qui est celui du fond sans fond de la Trinité Un-Incréé. Ainsi Eckhart maintient conjointement la transcendance du Principe incréé, son absoluité comme sa disproportion, et, son immanence, la diffusion de l’être du Principe en un monde qui ne lui est pas pleinement extérieur. Cette réalité incréée de la création s’exprime dans le symbole du Quicumque – qu’Eckhart explicite dans le § 164 du Commentaire de l’Evangile de Jean :

Egredietur virga de radice Jesse, et flos de radice ejus ascendet : ‘Radix’ pater, ‘virga’ filius, ‘flos’ spiritus sanctus.

Une bouture s’est élevée de la racine de Jessé, et de celle-ci une fleur a éclos : la racine est le Père, la bouture, Son Fils, et la fleur en est le Saint Esprit.

Sequitur enim : ‘requiescet super eum’, scilicet florem, ‘spiritus domini’. Il suit de là que : ‘sur Lui repose l’Esprit du Seigneur’, autrement dit la fleur.

Ad hoc referri potest quod ait Hermes Trismegistus : « monas monadem gignit et in se suum reflectit ardorem ».

A cela peut être référé ce qu’Hermès Trismégiste affirme : « la monade engendre la monade et réfléchit sur elle-même sa propre ardeur. »

Patet ergo quod in deo, utpote causa prima et exemplari omnis entis et entitatis, est

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