• Aucun résultat trouvé

IV. L’écriture prométhéenne

IV.2. Anatomie d’un enrôlement

IV.2.3. La conversion dans La nuit baroque

IV.2.3.2. De la fragile rigidité du canon

Cette première passe d’armes, à fleurets mouchetés, en annonce une autre, beaucoup plus orageuse, qui intervient à la fin du roman et constitue, à n’en pas douter, l’une de ses scènes capitales. À ce stade du récit, le père Had a abandonné tous ses projets réformistes mais la Compagnie exige qu’il fasse bâtir une église pour compléter la chapelle ; or la comtesse, supposée pourvoir à son financement, ne dispose plus d’aucune ressource vaillante et la solliciter reviendrait à la précipiter dans l’indigence. Il vient donc quémander auprès du provincial Tanner que lui soit épargnée cette ultime humiliation. Tanner est, lui, au terme de son second mandat de provincial, toutes ses perspectives de promotion sont bouchées et il s’apprête à redevenir simple père recteur. Ses ambitions le portaient bien plus haut en esprit et il vit donc cette fin de carrière comme une défaite qui le rend irascible. Aussi, lorsque le père Had lui présente sa requête, loin de s’occuper de l’affaire qui l’amène, il le sonde sur son sentiment à l’égard de la Compagnie. Il entame en raillant leurs entretiens précédents. Le père Had défend leur valeur en arguant :

- Vous m’avez enseigné le libre arbitre. - Tiens ! Et vous l’avez ?

- Oui. Mais il dort.

- Eh bien, prenez-le avec précaution, par crainte de le réveiller, et vous nous le rendrez librement. Vous le restituerez à la Compagnie de Jésus. Un point, c’est tout359.

Le père Had ne s’offusque guère de cette première remontrance, à laquelle toutes ses interactions avec la Compagnie l’ont préparé ; il pense cependant toujours s’adresser à un esprit réceptif à la critique, pour peu que cette dernière ait un quelconque fondement. Il surmonte donc sa crainte pour dresser un bilan du travail de la Compagnie à Košumberk conforme à ses observations :

Père provincial, notre travail à Košumberk n’a pas de sens. C’est le serpent qui se mord la queue. Les gens n’en tirent aucun profit. […] Nous avons la victoire. Et la puissance, et la parole, et les

359 Šotola, Jíři. Op. cit., p. 342. [- Naučil jste mě mít svobodnou vůli. - Tak ? A máte ji ?

- Mám. Ale spí.

- Tedy ji opatrně vezmete, aby se neprobudila, a zase nám ji svobodně vrátíte. Tovaryšstvu Ježíšovu ji vrátíte. A dost.]

167

biens. Et, en même temps, nous n’avons rien. Parfois, je me dis qu’il vaudrait peut-être mieux avoir le dessous360.

Dans ce bilan, le père Had inscrit pour la première fois la vérité dans une relation avec le pouvoir : il est impossible de cumuler simultanément le monopole de l’un et de l’autre. La raison de cette impossibilité n’est pas encore précisée mais elle ne semble pas faire de doute dans son esprit puisqu’il y revient quelques répliques plus tard, signalant sans détour sa préférence pour une vérité humble, plutôt que pour une toute-puissance erronée :

Nous devons tout recommencer. Nous arrêter pendant qu’il en est encore temps. Revenir à l’époque où, n’ayant point le pouvoir, nous avions pour nous la vérité361.

Cet appel à l’humilité coïncide mal avec la disposition d’esprit du père provincial qui est pris d’une rage incontrôlable, laquelle l’incite à une franchise qu’en d’autres circonstances il aurait probablement réfrénée :

Votre vie durant vous n’avez jamais fait que l’indispensable. Vous montrant obéissant dans les seuls cas extrêmes. Du reste, à contrecœur. […] Mais la Compagnie veut, elle. Elle exige votre obéissance. Votre zèle. Votre vie. Votre conscience, la paix de votre âme, et votre liberté. Ramassez le tout pour le remettre à nous. […] Si nous vous ordonnons de tuer, vous tuerez : seule la Compagnie sait ce qui est péché et ce qui ne l’est point362.

Celle-ci recoupe tous les éléments identifiés précédemment chez Torquemada : l’eschatologie comme seule source de sens dans la compréhension de l’action publique et le sacrifice total comme engagement minimal de tous les serviteurs de celle-ci, laquelle suppose qu’on lui abandonne de son plein gré existence et libre arbitre, jusqu’au test d’obéissance ultime, jusqu’au meurtre sur commande.

Quant aux démangeaisons réformistes qui les avaient chatouillés dans leur jeunesse, Tanner les anéantit en une formule :

Vivre, c’est remplir un pot. Les uns y mettent du miel, les autres de l’eau, seulement le pot existe de toute éternité. Ne le cassez pas. Sinon vous ne verseriez que sur des tessons. Changer signifie détruire. Or, notre mission consiste à remplir. Le changement est notre mort363.

360 Šotola, Jíři. Ibid., p. 343.

[Naše práce na Košumberku je nesmyslná, otče provinciále. Je to had žeroucí svůj vlastní ocas. Lidé z ní nemají nic. Mají jen strach. Mlčí, zlhostejněli, chtějí žit. (...) Vyhráváme. Máme moc, máme slovo, máme majetek. A přitom nemáme nic. Někdy si myslím, že by snad bylo lepší prohrávat.]

361 Šotola, Jíři. Ibid., p. 345.

[Musíme začít znovu. Zastavit se, dokud je snad jěště čas. Vrátit se do dob, kdy jsme neměli moc, ale měli jsme pravdu.]

362 Šotola, Jíři. Ibid., p. 345.

[Konal jste po celý život jenom to nejnutnější. Byl jste poslušný jenom v krajních případech. A jěště nerad. (...) Ale Tovaryšstvo chce. Chce vaši poslušnost. Chce vaši horlivost. Chce váš život. Chce vaše svědomí, klid vaší duše a vaši svobodu. To všechno vezmete a odevzdáte nám. (...) Přikažeme-li vám zabít, zabijete ; Tovaryšstvo samo ví, co je a co není hřích.]

168

Cette métaphore du canon totalitaire est intéressante en ce qu’elle éclaire l’une des relations qui le structure à son niveau le plus élémentaire, soit le rapport que sa rigidité entretient avec sa fragilité : plus il est rigide et, paradoxalement, plus il est fragile. Ce trait d’esprit de Tanner renvoie tout à la fois au postulat léniniste d’une nécessaire unité d’action qui implique une nécessaire unité de pensée, mais aussi au repli du camp soviétique, sous le poids des circonstances historiques, dans la « mentalité

obsidionale » que nous avons déjà mentionnée. Elle illustre la façon dont l’opposition constitutive entre une intériorité et une extériorité se structure dans le cas d’un canon totalitaire. Ce dernier se distingue en cela qu’il perçoit son intériorité comme menacée par la pression environnante de son

extériorité, si bien que chaque remodelage risquerait d’entrouvrir une brèche par laquelle le dehors se ruerait au dedans, rompant son enveloppe de discipline protectrice. C’est pourquoi le canon totalitaire, parvenu au stade de repli paranoïaque décrit dans ces romans, n’est plus capable d’envisager rien d’autre que le remplissage de soi par soi, conduisant à une apologie systématique du semblable et à une méfiance de l’altérité qui ont très certainement fourni l’impulsion conceptuelle aux campagnes à relents nationalistes et antisémites qui ont jalonné l’histoire soviétique. L’autre conséquence de cette métaphore est qu’il est indispensable pour cette intériorité menacée de trouver une confirmation de sa justesse dans chaque fait de l’existence, sans quoi elle devrait admettre la possibilité de sa propre imperfection et mener une opération à hauts risques de refaçonnement de soi. C’est pourquoi les observations de terrain alarmistes du père Had irritent à ce point le père Tanner, qui s’empresse de les rejeter pour en appeler à la raison supérieure de la protection du canon et jouer de sa position d’autorité pour rappeler l’impertinent à plus d’obéissance.

Cet échange, par sa violence, met aussi en lumière l’évolution individuelle de Tanner qui, de réformiste fougueux, est devenu l’un des gardiens les plus hargneux de la discipline idéologique de la Compagnie. Cette lente métamorphose, observable au cours des apparitions successives de ce personnage, lui a valu des responsabilités considérables. Son ami de longue date, l’archevêque de Prague, qui vient le trouver peu après son entretien avec le père Had, résume à rebours la transaction à laquelle son hôte et lui-même se sont livrés au cours de leur carrière : « Plus vaste est la puissance, moins grande est la liberté364 ». En d’autres termes, la conquête du pouvoir a un coût pour tout individu, celui de sa conformité aux nécessités de l’institution dont il gravit les échelons, et donc de l’abandon progressif de ses convictions individuelles au profit des vérités profitables à l’institution qu’il représente. Ce processus de renouvellement des cadres qui exclut de sa sélection toute manifestation d’indépendance de pensée condamne l’institution à se figer autour de la vérité

[Žít, to je naplňovat džbán. Někdo medem, někdo jen vodou, ale džbán je tu od věčnosti. Nerozbíjejte ho. Lil byste pak jen do střepů. Měnit znamená rozbíjet. Ale náš úkol je naplňovat. Změna je naše smrt.]

364 Šotola, Jíři. Ibid., p. 348.

169

immuable qui lui a valu son succès. C’est là le sens des regrets formulés précédemment par le père Had, lorsqu’il souhaitait « revenir à l’époque où, n’ayant point le pouvoir, nous avions pour nous la vérité ». Lorsque l’Église était balbutiante, elle n’avait pas pour objectif premier de consolider ses succès et ménageait encore des espaces de discussion sur le sens de son action. La vérité y apparaît donc moins comme l’ensemble de préceptes établis dont Tanner et consorts s’efforcent de défendre la constance que comme un processus d’interrogation qui sait ne jamais pouvoir entièrement se résoudre mais n’abandonne néanmoins pas ses recherches. Si l’on devait transposer ces réflexions à l’époque de leur rédaction pour en reconstruire le sens latent, cela reviendrait à présenter la vérité qu’incarnait le marxisme comme ayant été une philosophie valide tant qu’elle était l’outil critique d’appréhension d’une réalité massivement inégalitaire (en cela conforme à la compréhension que le père Had avait de la théologie) mais qui, dès lors que la révolution lui avait valu de devenir une pensée

d’État, s’était figée en un système clos qui ne veillait plus qu’à sa propre reproduction (comparable à la rigueur principielle que lui confère le père Tanner). Ainsi, à en croire le père Had, qui semble ici relayer la pensée de son auteur, la détention du pouvoir détermine directement la capacité d’un individu, et partant de l’institution qui l’emploie, à jouir de sa liberté de penser, c’est-à-dire à avoir toute latitude de mener une recherche indépendante de la vérité, à exercer son libre arbitre dans une quête de sens.

IV.2.4. La confirmation

Si l’entrée en religion est une décision du fidèle, elle n’a pas encore valeur d’acte, elle n’est qu’une profession de foi, une promesse d’engagement. Celle-ci prend tout son sens lorsqu’elle se traduit pour la première fois en un geste qui suppose d’appliquer la nouvelle échelle de valeurs à laquelle le croyant adhère. Ainsi, assez vite, Diego et le père Had se voient confrontés à des situations qui nécessitent de poser des actes à la hauteur de leur engagement.

Au cours du troisième chapitre, alors que Diego est membre depuis quelque temps déjà du cercle de proches de l’Inquisiteur, qu’il a pu assister à une première campagne de délations, suivies de purges, au sein de sa garde rapprochée, il apprend qu’il va devoir accompagner son maître lors de son déplacement à Villa-Réal, la ville de son ancien monastère. Son ancien camarade, le frère Mateo, le fait saluer par un émissaire portant missive à l’Inquisiteur. Diego est alors saisi de crainte. Son ancien camarade est la mémoire vivante de ses convictions d’antan, il pourrait lui rappeler le croyant imparfait qu’il avait été et ainsi salir son nom désormais lié à celui de Torquemada, ce qui au passage compromettrait ses chances d’avancement, voire l’exposerait à de plus grands périls encore. Il résout donc de s’en ouvrir à l’Inquisiteur qui le félicite de sa vigilance et lui dicte une lettre d’incarcération de son ancien ami. Diego s’exécute sans rechigner, ce pour quoi l’Inquisiteur le félicite : « J’ai attendu plusieurs mois cet instant, mon fils. (…) Je savais que tôt ou tard viendrait le jour où tu retrouverais

170

finalement, sans hésitation, réserve ni doute, ta véritable nature. Et voici que c’est arrivé aujourd’hui365 ». Loin d’en concevoir du remords : « [Diego] se sentait infiniment heureux, en sécurité et en liberté — comme si une lourde porte se refermait soudain et pour toujours sur le chaos qui l’avait assailli de toutes parts jusqu’à présent366 ». L’euphorie qui suit l’acte est donc celle de la confirmation d’un engagement par un geste irréversible, qui transgresse les normes morales du commun, bannissant son exécutant de sa communauté préalable pour le faire rentrer dans un cercle

de complicité, clos par son estime pour les exécutants d’une violence nécessaire, dont le sens demeurera à tout jamais inaccessible aux craintifs et aux tièdes.

Le père Had se voit, lui, nommer père supérieur de la résidence de jésuites qu’il est parvenu à faire bâtir aux frais de la comtesse. Un père admoniteur lui est assigné pour l’aider dans sa tâche, Simon Hampl, orphelin élevé par la Compagnie : « Il n’avait pas encore l’usage de la parole qu’il était déjà jésuite. (…) Son instruction était des plus sommaires, fort courte sur le point des vérités sacrées ; en revanche, le moindre doute ne l’avait jamais effleuré quant à celles qu’il connaissait367 ». Celui-ci fonctionne dans le récit comme une variation caricaturale des révolutionnaires ascétiques. Il est animé par la même énergie et la même détermination inébranlable de faire triompher sa foi, pourtant celles-ci se traduisent invariablement par des mesquineries bouffonnes qui rebutent le père Had. Il entreprend, par exemple, de tenir un registre des présences à la messe pour en stimuler la fréquentation. Lorsqu’un meunier vint à manquer à l’appel, il le fait convoquer. Celui-ci se présente donc aux offices mais, en signe de protestation, refuse d’y ôter son chapeau. Hampl profite alors de la venue de l’artisan à l’Église pour mettre le feu à sa chaumière, prétendant ensuite qu’il s’agissait d’une vengeance divine pour son incurie. Le père Had, fort de sa conviction nouvelle, perce à jour ce mensonge grossier et n’y trouve aucun plaisir mais il songe que la chose est probablement nécessaire. Hampl poursuit donc son travail en manufacturant de toutes pièces un miracle, feignant en pleine messe qu’une image sainte de la Vierge tombée au sol y soit restée collée, face cachée. Il argue qu’elle s’est détournée de ses fidèles pour les punir d’avoir toléré parmi eux un hérétique et présente à la foule un ancien habitant de la contrée, héritier possible de la comtesse, revenu d’exil, qu’il désigne à sa colère, l’accusant d’être l’instigateur du chagrin de Marie. Il invite les fidèles à le lapider sur le

365 Andrzejewski, Jerzy. Op. cit., p. 106.

[Wiele miesięcy czekałem na tę chwilę, mój synu. (…) Wiedziałem, że prędzej czy później musi nadejść dzień, kiedy ostatecznie, już bez żadnych wahań, zastrzeżeń i wątpliwości, odnajdziesz swoją prawdziwą naturę. I oto ten dzień nadszedł.]

366 Andrzejewski, Jerzy. Ibidem.

[Czuł się bezgranicznie szczęśliwy, pełen wolności i bezpieczeństwa, jakby nad zamętem, który go dotychczas zewsząd napastował, zatrzasnęły się nagle i na zawsze ciężkie drzwi.]

367 Šotola, Jiří. Op. cit., p. 283.

[On ještě ani mluvit neuměl a už byl jezuita. (…) Školy měl jen ty nejnutnější, svaatých pravd znal málo ; o těch které znal, však nikdy nepochyboval.]

171

seuil de l’église. Le père Had est gagné par l’effervescence populaire et, sur invitation du père Hampl, lance, lui aussi, une pierre en direction du malheureux. Finalement, un évêque présent à l’office s’interpose entre la foule et sa victime et tous rentrent chez eux, vaguement honteux de la rage qui les a gagnés : « C’était abject. Mais c’était un acte. Et le père Had sut alors, au vrai il savait depuis bien des lunes, que les actions situées à la portée de sa main étaient médiocres et nullement sans souillure, et que la fausse saveur que leur accomplissement dépose sur la langue n’est d’ordinaire rien moins qu’exquise. Or, le père Had avait fait la promesse et il avait la volonté d’agir. Et il n’existait point d’autres actes368 ». Il est donc nettement moins satisfait de son expérience que Diego, et se montre perméable à une certaine forme de remords. Du moins se sent-il souillé par la bassesse de son geste. Il cherche tout de même à excuser cette bassesse par une vision grandiose de la victoire à laquelle elle doit mener. Il se représente le royaume divin où n’entreront que les justes : « Et derrière [eux], les lourds vantaux ne vont point tarder à se refermer lentement. (…) ; qui ne sera pas entré périra. Il n’y aura personne devant les portes, seul, éperdu, rejeté, pour s’écrier qu’au fond de la plaine désertique resplendit à sa vue une cité regorgeant d’eau, d’hymnes, d’hommes, d’oriflammes, et que c’est un leurre369 ».

On retrouve dans cette vision la distinction constitutive du canon totalitaire entre une

intériorité et une extériorité inconciliables, laquelle fait craindre à ses membres d’être bannis de son intérieur, contraints à un exil définitif au dehors. Néanmoins, le père Had introduit un élément qui jette un voile de suspicion sur la validité de cette représentation. La cité miraculeuse qui intervient dans ce paragraphe comme une illustration métonymique du canon ne serait, en réalité, qu’un « leurre ». C’est sur ce mot que se clôture le chapitre, lui permettant de résonner avec une puissance particulière, indiquant que la résolution du père Had, loin de s’être trouvée renforcée par le passage à l’acte, a suscité chez lui un dégoût qu’il ne parvient pas à rationaliser de façon pleinement satisfaisante.

On notera encore le rôle du père Hampl dans la confirmation du père Had. C’est ce personnage de bolchévique parfaitement hermétique au doute qui suscite une situation dans laquelle le père Had ne peut plus s’esquiver. Autant Diego, par sa ferveur, incarne la trajectoire des hauts dirigeants communistes, autant le père Had illustre, quant à lui, les dilemmes de son infanterie, des membres de

368 Šotola, Jiří. Ibid., p. 365-366.

[Bylo to odporné. Ale byl to čin. A páter Had uz věděl, on koneckonců už davno věděl, ze činy, na které je mu dáno rukou dosáhnout, jsou činy malé a nikoli neposkrveněné a pachuť na jazyku po jejich vykonání nebývá příjemná. Páter Had ale konat činy slibil a chtěl. A jiných nebylo.]

369 Šotola, Jiří. Ibid., p. 366.

[A brána se už za nimi brzy začne zavírat. (…) ; kdo nevešel, zemře. Nebude nikoho, kdo by před bránou, sám, zmaten a vyvržen, křičel, že se před ním na vyprahlé planině leskne město plné vody, zpěvu, lidí, korouhví, a ze je to past.]

172

sa base, contraints par le zèle de plus arrivistes qu’eux à concéder des gages d’engagement toujours plus transgressifs vis-à-vis de leurs anciens repères moraux.

En somme, le passage à l’acte semble entraîner des conséquences opposées chez ces deux personnages : une euphorie née du soulagement de s’être délesté de ses doutes pour Diego et un dégoût mêlé de résignation pour le père Had. Pourtant, fait notable, indépendamment de ces sentiments, l’un et l’autre poursuivront leur action. Et si Diego le fait avec un engouement volontariste et Had à contrecœur, tous deux n’en continueront pas moins de poser de nombreux gestes avilissants sans plus jamais signaler leur opposition. Ainsi la conversion, du moment qu’elle se confirme par un

acte et quel que soit le sentiment que cet acte entraîne, enferme le croyant dans un cercle de complicité dont il lui devient extrêmement difficile de s’extraire.