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C) Les Forces et difficultés des PME

Plusieurs auteurs ont décrit la PME comme une firme qui accumule des désavantages tels que le manque de capacités et de moyens. Elle est analysée sous le spectre d’une grande entreprise qui accumule des inconvénients du fait de sa taille réduite, du manque de capitaux, d’absence d’organisation formalisée. Elle serait incapable de planifier ses actions sur le long terme et de ce fait de développer son potentiel stratégique sur le long terme. De ce fait, selon ces chercheurs, la taille optimale d’une firme ne peut être que grande.

D’autres chercheurs ont démontré que la plupart des petites entreprises ne cherchent pas la croissance (Davidsson,1991). Comme nous l’avons indiqué, il existe plusieurs freins à la croissance qui sont de l’ordre de la compétence du dirigeant, légales53, ou résultent d’une

nécessité de modification de la structure qui ne convient pas au dirigeant. A partir d’un certain seuil du nombre de salariés il faut réorganiser la structure en fonctions, embaucher des directeurs de fonctions etc. Ce changement se fait au détriment de l’organisation simple et flexible qui était la force de la PME et qui est connue du dirigeant. Celui-ci peut avoir des doutes sur sa capacité de gérer son entreprise avec la même efficacité si l’entreprise croît. Le manque de confiance dans l’avenir peut également être un frein à la croissance puisqu’il va induire des changements structurels et organisationnels qui ont un effet irréversible.

Notamment quand il s’agit de réaliser des économies d’échelles, les PME sont désavantagées et ne peuvent concurrencer les GE. Les économies d’échelles se réalisent jusqu’à un certain seuil pour inverser la tendance par la suite. L’accroissement de la taille s’accompagne également d’une hausse des coûts, notamment de contrôle, de transaction et de gestion. Ainsi, une bonne partie des économies d’échelles réalisées sont pondérés par des déséconomies d’échelles. De plus, la taille peut devenir un facteur de rigidité, plus l’organisation grandit, plus elle va perdre en flexibilité de réaction (la force des PME qui ont une organisation simple) car l’organisation se bureaucratise, la formalisation des procédés induits par l’augmentation de la taille alourdissent le fonctionnement auparavant simple et rapide.

Ainsi, les PME présentent des forces inhérentes à leur taille et leur mode organisationnel qui en même temps est à l’origine des freins à la poursuite de leur développement. Ces difficultés peuvent être surmontées soit par un changement de stratégie de la PME elle-même comme la

53Par exemple, en France la mise en place d’un Comité d’entreprise est exigée à partir de 50 salariés ce qui a comme conséquence de consacrer 2% de la masse salariale à cet effet.

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recherche de ressources informationnelles soit par la diversification des ressources financières. Les pouvoirs publics peuvent également intervenir dans la solution des problèmes financières notamment ou en fournissant des ressources informationnelles, ou en règlementant les relations entre leurs clients (qui peuvent être des grands groupes notamment dans le cas de la sous- traitance) etc.

Tableau 11: Forces et difficultés des PME

FORCES DIFFICULTES

Flexibilité d’organisation et réactivité rapide Manque de ressources humaines et ressources informationnelles

Prise de décision rapide Capital détenu par la famille qui ne peut financer tous les investissements

Management informel Faibles ressources financières et difficultés de financement

Proche de leur marché et du client Vulnérabilité a la conjoncture

Proposition de différenciation des produits Pas ou peu de pouvoir de marche

Echelles de production courtes Manque de pouvoir de négociation avec les fournisseurs, clients.

Faible coût de structure Ne profitent pas d’économies d’échelle

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Conclusion

L’importance des PME dans l’activité économique et leur apport dans la création d’emploi ne sont plus à prouver. Leur croissance fait l’objet de toutes les attentions de la part des autorités publiques puisqu’elle jouent un rôle important dans la dynamique économique et dans la création d’emploi. Les mesures de soutien aux PME se justifient par l’idée d’une taille insuffisante qui les maintient en dessous de l’échelle minimale d’efficience (Acs et Audretsch, 1990), ayant pour conséquences des impacts négatifs sur leur survie, sur leur compétitivité par rapport aux grandes entreprises, sur les parts de marchés etc.

La manière de soutenir efficacement ce type d’entreprises dépend d’une parfaite connaissance de leurs atouts et difficultés à développer leurs activités. Malgré leur spécificité, la difficulté de mise en place d’une politique de soutien adaptée réside dans le fait qu’il n’existe pas de définition unique acceptable en raison de l’hétérogénéité de ces entreprises (Storey, 1994 ; Torres, 1998 ; Julien, 2008). D’autant plus, que la comparaison entre PME elles-mêmes est rendue difficile à cause de l’hétérogénéité des entreprises appartenant pourtant à la même catégorie d’analyse statistique.

Plusieurs courants appartenant aux sciences de gestion se sont essayés à établir des modèles retraçant leurs spécificités ou leurs diversités. Mais un problème récurrent commun se dégage, bien que ce type d’organisation constitue une catégorie d’entreprises statistiquement saisissable, leur hétérogénéité ne permet pas l’établissement d’une typologie unitaire pouvant servir de cadre d’analyse à toutes les PME.

De plus, même si on constate leur existence empiriquement, la théorie économique semble l’ignorer. C’est à partir des travaux de l’entrepreneuriat qu’on note des avancées dans l’établissement d’un cadre théorique en économie. L’entrepreneuriat prenant en compte l’entrepreneur, qui est une figure centrale et intimement lié au fonctionnement des PME, va apporter des avancées dans l’analyse des PME présentant un comportement entrepreneurial pour les distinguer des PME traditionnelles. La PME et l’entrepreneur font partie de courants distincts qui mériteraient qu’on établisse un lien entre les deux disciplines car ce dernier joue un rôle déterminant dans la conduite des affaires des PME.

La connaissance de leur fonctionnement et les facteurs et freins à la croissance, sont de la plus haute importance pour soutenir efficacement ce type d’entreprise. Notamment le fait que certaines PME ne croîtront jamais en raison de l’aversion de leur propriétaire-dirigeant au

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changement qu’implique la croissance. D’autres ne grandiront pas en raison du fait que certaines règles législatives peuvent avoir un effet négatif sur le désir de croissance pour les dirigeants de certaines PME. Ainsi, toute mise en place de politiques de soutien pour ces entreprises s’avère inefficace.

Alors que les PME « hypercroissantes » sont des entreprises qui vont croître plus vite que leurs alter ego traditionnels à certains stades de leur vie, du fait de leur activité et de leur petite taille, elles rencontrent des difficultés qui peuvent être d’ordre financier, d’accès informationnel, etc. Un soutien ciblé concernant leur activité leur permettra de se développer et augmentera leurs chances de survie et de développement. Mais ce ne sont pas uniquement ces entreprises qui méritent l’attention des autorités publiques. Les PME plus traditionnelles, déjà installés qui certes présentent des courbes de croissance moins spectaculaires que leur alter ego « hyper- croissantes », moins menacées par un taux de mortalité important car évoluant dans des activités moins risquées, doivent bénéficier d’un soutien différent. Notamment, sous forme d’informations respectives à l’internationalisation, des aides facilitant l’internationalisation (financières, accompagnement à l’international, etc.), des informations concernant les aides à l’embauche qui peuvent les concerner, etc.

Les PME possèdent des avantages concurrentiels grâce à leur structure flexible et leur grande capacité d’adaptation. Leur petite taille est un frein à leur développement en raison de difficultés dans l’obtention de financements, d’un faible pouvoir de marché ou de se lancer dans des activités d’exportation. A cet effet nous avons apporté une distinction entre plusieurs types de PME qui tout en gardant quelques caractéristiques communes (petite taille, importance de l’entrepreneur dans la direction des affaires, organisation fléxible) : les PME qui ont un comportement entrepreneurial, les PME innovatrices, les PME traditionnelles qui ont un désir de croître, les PME managériales qui ont des comportements d’expansion et les PME traditionnelles sans prétention de croissance.

La difficulté réside dans le fait de savoir les soutenir efficacement. A cet effet, connaître les forces et difficultés en matière de croissance de ce type d’entreprise peut aider à la mise en place d’un soutien efficient. Afin de mettre en place une politique spécifique d’aide aux PME pour pouvoir pallier leurs difficultés de développement et pouvoir les désigner comme destinataires de mesures spécifiques, deux conditions doivent être réunies (Besse, 1983) :

- Premièrement, il faut que la spécificité de cette fraction de l’appareil productif soit indiscutablement établie.

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- Deuxièmement, compte tenu des stratégies industrielles retenues (si elles existent), les autorités publiques doivent trouver l’intérêt ou la nécessité d’intervenir en raison des traits particuliers qui fondent ou accompagnent cette spécificité.

Dans cette perspective, s’ajoute le problème de la situation nationale des PME. Chaque PME évolue dans un environnement spécifique qui est la région, le pays où elle est ancrée. Les PME françaises et allemandes, comme nous le verrons dans le chapitre 2, se comptent parmi le contingent des PME. On pourrait s’attendre à des similitudes dans les performances et comportements, mais ces entreprises montrent des comportements et performances distincts dans certains domaines. L’hypothèse qu’on peut formuler est que leur environnement national ou régional doit avoir une influence. Le fait qu’elles n’évoluent pas dans le même environnement national, peut avoir un effet positif sur leur développement et de ce fait constituer un facteur de croissance supplémentaire.

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CHAPITRE 2

Les PME françaises versus PME allemandes : entre