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La délimitation des frontières des PME la pertinence des critères de distinction

Les autorités distinguent les PME des GE en termes de taille (nombre d’employés) ou de chiffre d’affaires. Le critère de taille paraît comme le plus évident mais aussi le plus complexe. Si une approche privilégiant l’effectif permet d’insister sur l’importance de la notion de seuils de découpage de populations d’entreprises qui permet d’apporter une distinction entre différentes catégories de firmes, la difficulté majeure réside dans l’établissement d’un seuil de frontière pertinent. L’avantage de cette approche réside dans le fait de la facilité de comparaison d’entreprises de la même catégorie de taille. Comme le remarquent Jean Bernard et Jacques- Laurent Ravix (1988, p.194) à propos de ces seuils économiquement significatifs « malgré leur utilité dont témoigne l’usage très répandu qui en est fait par les statisticiens et les économistes, les critères dimensionnels quantitatifs sont considérés comme insuffisants par de nombreux auteurs qui préconisent l’utilisation de critères qualitatifs ».

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Les auteurs poursuivent dans leur logique en indiquant que la délimitation du secteur des PME dans chaque pays se fait en fonction de la structure industrielle de l’économie nationale. Selon

les pays où le nombre de PME est relativement important, comme par exemple la Belgique34

ou le Danemark qui classent les PME dans un cadre de respectivement 50 ou 100 salariés, alors que le Canada comme l’Allemagne considèrent les firmes comme PME en dessous du seuil de 500 salariés. L’Europe préconisant un seuil de moins de 250 salariés35 afin d’harmoniser les

comparaisons entre pays.

L’utilisation de ces paramètres sert deux finalités, premièrement de définir des catégories de taille d’entreprises, qui peuvent être distinguées sous les dénominations de « micro », « petites », « moyennes » et « grandes » entreprises et d’appliquer à chacune de ces catégories des analyses ou réglementations différenciées. Deuxièmement, elle sert à la description du système productif à travers le découpage par taille. La limite principale de l’utilisation de la taille comme paramètre de catégorisation des firmes réside dans le fait « qu’elle définit des sous-ensembles réputés homogènes d’entreprises ; cette propriété, qui est une vertu statistique, est cependant un obstacle à la connaissance de la diversité des unités de production » (ibid., p. 197).

De nombreux travaux académiques ont cherché à démontrer l’influence de la taille sur l’organisation, sa structure et sa croissance et d’autres ont affirmé qu’il n’y a aucune influence. Pareillement, de multiples études empiriques ont également tenté de définir des seuils pertinents de division mais se sont heurtés à des problèmes d’hétérogénéité des situations. Néanmoins, la taille reste le critère quantitatif le plus utilisé qui doit être employé comme un effet contingent et non universel si on veut ouvrir la « boîte noire » (Faber, 2000).

Selon le secteur d’activité, la taille de l’entreprise peut prendre une importance différente. Par exemple, une entreprise appartenant au secteur du commerce de détail employant 200 salariés peut être considérée comme étant importante, alors qu’une entreprise évoluant dans un autre secteur d’activité qui présente la même taille n’est pas considérée comme présentant une taille importante ou ayant atteinte la taille critique de performance. D’autres travaux qui sont à

34 La Belgique fait une distinction entre petites et grandes entreprises. Toutes les entreprises ayant une moyenne

annuelle du nombre de travailleurs occupés qui est de 50 ou moins, un chiffre d'affaires maximal (hors TVA) de l’ordre de 7.300.000 Euros ou total du bilan qui n’excède pas 3.650.000 Euros sont considérés parmi les petites entreprises, celles qui dépassent ce seuil sont considérées comme grandes entreprises.

35 La catégorie des petites et moyennes entreprises (PME, selon la recommandation 2003/361/CE de la

Commission Européenne) est constituée des entreprises qui occupent moins de 250 personnes, et qui ont un chiffre d'affaires annuel inférieur à 50 millions d'euros ou un total de bilan n'excédant pas 43 millions d'euros.

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compter parmi ceux sur les typologies d’entreprises, prennent en compte les critères productifs et financiers ou encore des variables de marché comme la diversification des activités, la concurrence sur le marché, les exportations, l’accès aux marchés publics etc. Dans le même souci de pouvoir mieux catégoriser les entreprises, on peut citer les travaux concernant la diversité des comportements en fonction de l’espace régional et les technologies.

Notamment, les travaux s’intéressant cette fois-ci à la modernisation de l’appareil productif et l’existence de certains types de procédés pour expliquer les différences de structure de coûts entre les entreprises produisant le même bien. Ces travaux parmi une multitude d’autres ont tâché de démontrer que le critère unitaire comme par exemple la taille de l’entreprise n’est pas suffisant à lui seul pour expliquer la complexité des firmes qui forment le système productif. Marshall (1934), qui admettait l’existence des firmes de petite taille, décrit ces dernières comme étant plus proches des préoccupations des consommateurs et connaissant de ce fait mieux leurs besoins, contrairement à la GE industrielle. Leur maintien dans les quartiers pauvres s’expliquerait par la faiblesse du coût du service et une organisation familiale (le commerce étant tenu par un couple). Un autre avantage de ces structures réside dans son organisation flexible qui peut fournir une demande spécifique.

Comme pour les PME traditionnelles, la PME innovante est marquée par l’entrepreneur qui joue un rôle essentiel mais qui se différencie de celui de la PME traditionnelle par une plus grande prise de risques. Schumpeter indiquait dans ces écrits dans les années 1930 que les changements accélérés dans l’économie peuvent être expliqué pour une grande partie par une croissance de l’entreprenariat et le nouveau rôle des petites firmes qui ont été créé par ce dernier (Julien, 1993). Ainsi le mécanisme de la « destruction-créative » tient toute son importance dans des économies changeantes.

1.3.2. Le monde de la PME, entre une extrême complexité et des caractéristiques communes qui