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La femme comme figure symbolique ambigüe

4. Discours sur le féminin et le masculin dans l’islam et le soufisme

4.3. La femme comme figure symbolique ambigüe

Deux niveaux sont à distinguer dans la pensée d’Ibn ʿArabī à ce propos: les femmes en tant qu’êtres humains et le féminin en tant que principe cosmique. Le concept de féminin est pensé en duo avec le concept de masculin. Le terme féminin désigne un degré ontologique, une qualité, une position et un rôle mais pas un être spécifique. Ainsi un homme peut se situer au degré de la féminité (un homme féminin) et une femme peut se situer au degré de la masculinité (une femme masculine) ou la même personne être féminine par certains côtés et masculine par d’autres (Al-Hakim, 2008, p. 112)62.

Ces deux niveaux sont aussi présents chez Cemalnur Sargut. Jusqu’à présent, j’ai abordé le discours de la mürşid sur des personnalités féminines de l’histoire de l’islam et du soufisme. Je passe maintenant à l'échelon où il n’est plus question des femmes en chair et en os mais de la femme en tant que symbole. Dans les enseignements de la guide, la femme est représentée tantôt comme le symbole de la nefs, élément connoté très négativement dans le soufisme, et tantôt comme un reflet de la beauté de Dieu. Cette image paradoxale, très polarisée de la femme se retrouve aussi chez Rūmī (Chittick, 1983, p. 164).

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Cet article a aussi été publié dans Journal of The Muhyiddin Ibn 'Arabi Society (vol. 39, 2006) et peut être consulté sur la page internet suivante: http://www.ibnarabisociety.org/articles/women.html (page consultée le 20.02.2009).

La femme comme symbole de la nefs

J’ai présenté au chapitre 3 le concept de nefs en tant qu’âme charnelle, siège des passions, qui doit être maîtrisée à l’aide de l’intellect (akıl). Or, ces deux éléments de l’être humain sont genrés. En effet, grammaticalement, le mot nefs est du genre féminin en arabe. En islam, la femme est souvent considérée comme un symbole de la nefs. A l’opposé, l’homme est considéré comme un symbole de l’intellect63. Comme l'explique William Chittick (1983), les hommes et les femmes reflètent ces caractéristiques sur le plan humain. Les hommes ont une affinité innée avec l'intellect et les femmes sont plus directement influencées par la nefs. Cependant, cela ne signifie pas que tout homme est plus dominé par l'intellect que toute femme, puisque, comme nous l'avons vu au-dessus, le lien entre les deux niveaux n'est ni simple, ni automatique. Cemalnur Sargut distingue parfois ces deux niveaux en précisant que lorsqu'elle utilise le mot "femme", elle ne fait pas allusion aux femmes en chair et en os, mais aux personnes qui se comportent comme la nefs, qui peuvent être des hommes ou des femmes. Inversement, lorsqu'elle utilise le mot "homme", elle fait référence aux personnes qui agissent en fonction de leur intellect. Malgré ces précisions, elle passe constamment d'un niveau à l'autre, sans se soucier de bien les différencier.

Dans les vers de Rūmī les "hommes" sont souvent des symboles pour les saints et les "femmes" des symboles pour les incroyant·e·s. Les aspirations spirituelles relève du domaine des hommes tandis que les femmes s'occupent d'affaires mondaines. De ce point de vue, la féminité porte une charge négative en raison de son affinité avec la nefs et le monde sensible. Cemalnur Sargut transmet aussi cette idée de la femme comme symbole de la nefs, mais elle lui donne un aspect positif. En effet, elle n’insiste pas, comme d’autres auteurs soufis, sur l’idée de nefs dont la sensualité s’opposerait aux aspirations élevées des hommes, mais au contraire sur les possibilités de maturation de la nefs. Celle-ci peut, au terme d’un long processus, se transforme en esprit:

La station (makam) de la femme est la station de la nefs. [S'adressant aux femmes:] Il ne faut pas vous fâcher parce que la nefs est le seul élément (makam) qui peut évoluer, mûrir. Les autres restent comme ils sont. (Conférence de Cemalnur Sargut, Neuchâtel, 26.04.2006)

Parfois, elle va jusqu'à présenter cela comme un avantage par rapport aux hommes, comme si les femmes venaient de plus loin, mais par un chemin paradoxalement plus court:

La femme représente l’ego, ce qui est terrible, mais il est plus facile de dépasser l’ego que la raison. La raison peut aider mais elle peut aussi rendre le processus plus difficile. C’est pourquoi les femmes peuvent avancer plus vite [sur le chemin spirituel]. (Cemalnur Sargut, 26.10.2007)

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Des conceptions similaires du masculin et du féminin se retrouvent dans d'autres religions, notamment le christianisme.

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En parcourant toutes ces étapes, la femme, ou la nefs, atteint le stade de la perfection qui est souvent défini comme la station de er (voir l'encadré ci-dessous pour le détail des étapes). Le terme "er" signifie "homme" en turc, voire "soldat", et correspond au terme arabe "raǧul". La guide l’utilise toutefois comme Ibn ʿArabī, qui précise que le terme riǧāl (pl. de raǧul) ne fait pas référence aux seuls mâles mais englobe les hommes et les femmes. La ruǧūliyya, pour Ibn ʿArabī, n’est pas liée à la virilité biologique: elle exprime la plénitude d’une perfection humaine sexuellement indifférenciée (Chodkiewicz, 1995, p. 109). Donc, les différences entre les hommes et les femmes existent au niveau du corps biologique mais disparaissent tandis que la personne progresse sur la voie et se détache des désirs du corps. Hoffman relève que le choix du concept d'er ou de raǧul pour désigner le stade de perfection spirituelle contient une dégradation implicite des femmes et démontre une fois de plus qu'on attend une réelle spiritualité que de la part des hommes. Elle ajoute cependant que les femmes qui ont atteint ce stade, comme Rābiʿa, sont aussi appelées "er", ce qui indique que le genre n’est pas une barrière à l’inspiration et à la grâce divine (Hoffman, 1995, p. 230).

Dans la pensée de Cemalnur Sargut, il existe deux manières de définir le stade que la nefs doit chercher à atteindre. La guide en parle indéfiniment comme de la station de "er" ou de la station de la femme idéale ou de la vraie femme:

La femme représente dans tous les livres religieux la nefs et l’homme représente dans tous les livres religieux l’intellect mais il ne faut pas vous laissez égarer. Comme vous le savez, ce n’est qu’au travers de sa nefs qu’une personne atteint la perfection, l’intellect joue simplement un certain rôle dans ce processus. Ainsi, la femme, pour dépasser l’état femelle (dişilik) et devenir une vraie femme (gelçek kadın) ou atteindre la station de l’humain sexuellement indifférencié (er makamı), doit se parfaire. Si la nefs dépasse ce stade d’égoïsme, la différence entre homme et femme disparaît. Nous les appelons er, comme si ce mot unifiait les deux sexes. (Conférence de Cemalnur Sargut, Francfort, 10.11.2006)

La guide défend l'idée que la femme, lorsqu’elle maîtrise sa nefs, atteint le stade de la vraie féminité. Cet idéal féminin, qui peut être atteint par les femmes comme par les hommes, est le mieux représenté par la figure de Marie. Cette femme idéale qui symbolise la vertu et la compassion divine a joué un rôle important dans le développement de la théosophie soufie, notamment dans la pensée d’Ibn ʿArabī (Elias, 1988, p. 209). Selon la guide, c’est au travers d’exemples de femmes aimantes aspirant à retrouver leur bien aimé que l’on peut comprendre l’amour du Divin et la beauté de Celui qu’elles aiment, car l’amour humain préfigure l’amour divin. Elle raconte souvent l’histoire de Züleyha (ar. Zulaiḥā) qui, par son amour passionné pour le beau Joseph, symbolise parfaitement l’âme qui aspire à Dieu. Elle représente certes l’âme charnelle, la nefs, qui tombe amoureuse de Joseph et qui le désire ardemment alors

qu’elle est mariée à un autre. Mais elle est finalement purifiée par son amour immense et les souffrances infinies que celui-ci engendre (Schimmel, 2000)64.

Ainsi, Cemalnur Sargut accepte l’idée que la femme est le symbole de la nefs et que l'homme représente l’intellect, mais loin de rester sur l’image négative de la nefs en tant qu’âme charnelle incitant l’être humain au mal et à la bassesse, elle insiste sur le fait que la nefs est le seul élément d’une personne qui peut se développer. Elle magnifie la nefs en accentuant sa transformation en ruh et son rôle essentiel dans le développement spirituel des êtres humains. Dans un texte non publié qu’elle a écrit sur les femmes dans le soufisme, elle souligne bien les limites de l’intellect dans ce processus:

Ils disent que les hommes sont dotés de plus de raison que les femmes. Admettons un instant que c’est le cas, que ceci est vrai. Mais l’intellect est-il suffisant pour trouver Dieu, pour L’atteindre, pour avoir connaissance des secrets divins? L’intellect a-t-il ce pouvoir? Tous les soufis disent que l’intellect n’est pas suffisant ni compétent à ce sujet. Rūmī dit "L’intellect est aussi impuissant dans ce domaine qu’un âne tombé dans la boue" et il ajoute "sacrifie ton intellect en la présence de Mohammed." Dans un domaine où l’intellect est impuissant, quelle différence cela fait-il que l’intellect soit complet ou défectueux. Alors qu’on parle d’un domaine où l’intellect de l’homme que l’on prétend complet ne sert à rien, pourquoi le fait que les femmes soient incomplètes au niveau de l’intellect serait-il une tare? Si le chemin pour atteindre les secrets et les vérités divines passe par l’amour, la gaieté, l’extase, l’aide, l’amour, l’intuition et l’inspiration, ces propriétés sont plus fortes chez les femmes (ma traduction).

Encadré 7, Les 7 stations de la nefs

Selon Cemalnur Sargut, il existe sept étapes dans le processus de purification de la nefs. La station la plus basse est celle de la nefs-i emmare (ar. nafs ammāra), l’âme qui incite au mal, c’est-à-dire aux instincts inférieurs et aux passions. Selon la guide, à ce niveau, la personne dit "je"; "je suis au-dessus de tout" et ne vit que pour elle-même. L’être humain est vivant d’un point de vue matériel mais mort d’un point de vue spirituel. Puis la nefs-i emmare fait progressivement place à la nefs-i levvame (ar. nafs lawwāma), l’âme qui ne cesse de blâmer son ou sa propriétaire et aspire à la lumière. La personne commence à comprendre qu’il y a une force qui la dépasse et elle se repent (tr. tövbe, ar. tauba). Si on mûrit un peu, on arrive à la troisième station, appelée nefs-i mülhime (ar. nafs mulhama), l’âme qui reçoit de l’inspiration. La mürşid explique cette étape comme suit: La nefs connaît son Dieu, Le ressent et en a peur. Elle ne s’est pas encore entièrement soumise. La personne se met à aider, servir mais elle n'a pas encore réussi à dépasser le stade du "je". Sur cette station, on croit en Dieu et on fait ses prières mais on dit "c’est moi qui les fait". La quatrième étape, mutmainne (ar. muṭmaʾinna), l’âme apaisée, est essentielle. On ne peut l’atteindre qu’avec l’aide d’un·e maître. C’est la station de la certitude en Dieu, où la personne a atteint la soumission totale à la volonté divine. La mürşid s’arrête en général un peu plus longtemps sur cette étape et l’explicite en l’illustrant par une histoire tirée de sa propre vie: "Cette station est celle d'Abraham. Vous savez que Nemrut a poussé Abraham dans le feu mais le feu est devenu un jardin de roses. Vous avez déjà entendu quelque chose d'aussi bête? C'est un miracle, oui, mais il a une signification profonde. Je suis aussi un Abraham, vous êtes aussi des Abraham. Chaque fois qu'un souci lui tombe dessus, si la personne sent de la sérénité dans son cœur, c'est un Abraham. Je l'ai vécu, ma fille est morte. C'est difficile de perdre sa fille pour une mère. Le cœur brûle un peu, c'est vrai.

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Mais nous, les musulman·e·s, croyons que si un enfant meurt avant sa mère, il va voir Dieu et Le supplie de pardonner tous les péchés de sa mère. Cela m'a rendue très heureuse. C'est ainsi que mon enfer s'est transformé en jardin de roses. Croyez-moi, j'ai senti tellement d'amour en moi que j'ai eu envie de partager cet amour avec le monde entier. Je sentais comme une rose et tout le monde aimait cette odeur. Si seulement j'avais pu rester dans cet état! Malheureusement, la nefs est très puissante." (Conférence de Cemalnur Sargut, Etats-Unis, 28.02.2006)

Cette étape est très importante aussi, car c’est là que cesse l’état femelle, selon Cemalnur Sargut et que l’état de er commence, le sexe est dépassé. Au-dessus, il y a la cinquième station, radiye (ar. rāḍiya), ce qui signifie être satisfait de tout parce qu’on est convaincu que cela vient de Dieu: "Tout le monde peut atteindre cette station en fait, en étant heureux avec les circonstances et en les transformant en paradis. Je veux vous parler d’une situation qui s’est produite proche de moi. Une jeune femme dont certains membres de sa parenté sont avec nous ce soir est restée cinq jours sous les décombres lors du tremblement de terre à Adapazarı en 1999. Sa mère et son père étaient morts à côté d’elle. Tous ses proches étaient morts. Elle était couchée et ne savait rien. Cette jeune femme m’a dit plus tard: ‘J’avais très soif et Dieu m’a donné de l’eau. J’avais très faim et Dieu a pris soin de moi. J’étais 5 jours au paradis là- bas. Je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie.’ Vous voyez comment on transforme l’enfer en paradis. Ne dites pas que vous ne pouvez pas le faire. Si vous êtes en lien avec Dieu lors de chaque difficulté, Il l’allégera pour vous." (Conférence de Cemalnur Sargut, Francfort, 11.11.2006)

C’est la dernière station que l’être humain peut atteindre par ses propres efforts, les suivantes dépendent uniquement de Dieu. Au-dessus, il y a merdiyye (ar. marḍiyya), où Dieu est satisfait avec sa créature. Finalement, le septième et dernier niveau, safiye (ar. ṣafiyya ), la pureté. C’est la station du Prophète, mais aussi celle de Marie.

La femme en tant que manifestation de Dieu

La littérature soufie est pleine d'allusions célébrant la femme comme une image du Bien-aimé divin. Cette idée de la femme en tant que manifestation de Dieu est fréquemment soulignée par Cemalnur Sargut dans ses efforts pour montrer le côté positif du féminin dans l’islam. Ainsi, il s’agit de respecter et d’aimer les femmes parce que c’est en elles que Dieu se reflète de la manière la plus parfaite. Les femmes désignées comme bien-aimées dans la littérature mystique sont en effet des symboles ésotériques figurant l'Être divin tant désiré. Si de telles idées sont plutôt éparpillées dans l’œuvre de Rūmī, elles sont au contraire développées de manières systématique dans les ouvrages d’Ibn ʿArabī (Schimmel, 2000, p. 125). Deux passages de Rūmī à ce propos sont souvent cités par la mürşid, notamment celui où il écrit que, dans la femme, la splendeur divine se manifeste à travers le voile le plus fin (Maṯnawī, VI, 961). Deuxièmement, Rūmī commente la parole prophétique: "En vérité, les femmes l’emportent sur l’homme sage, et l’homme ignorant l’emporte sur elles" par cette autre phrase surprenante: "La femme est un rayon de la lumière divine […] elle est créatrice bien plutôt que créature65" (Maṯnawī, I, 2437). Il nous rappelle que les femmes doivent être respectées

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puisque, comme elles donnent naissance, elles manifestent le plus clairement la qualité divine de Créateur (Safi, 2007, p. 3).

C'est à Ibn ʿArabī que l'on attribue le rôle le plus éminent dans cette interprétation approfondie du principe féminin. Il souligne que, grammaticalement, non seulement la nefs est féminine mais aussi ḏat, "essence divine", de sorte que la féminité, dans son oeuvre, est vue comme la vraie révélation de la miséricorde et de la créativité de Dieu. A ses yeux, la contemplation de Dieu dans la femme est plus accomplie que dans tout autre support de la manifestation divine, dans la mesure où elle lui paraît dotée à égalité de l’élément passif et de l’élément actif. Cemalnur Sargut cite très souvent son interprétation du fameux hadith qui dit que le Prophète a aimé de ce monde le parfum et les femmes, et que sa satisfaction réside dans la prière. Selon le maître andalou, l’amour de la femme fait partie intégrante de l’exemple donné par Mohammed (Geoffroy, 2003; Schimmel, 1975, 2000).

Reflet de cette conception du féminin et du masculin dans la vie

quotidienne du groupe

J'aimerais maintenant m'attacher à comprendre comment cette articulation les deux niveaux mis en évidence plus haut se fait dans les activités quotidiennes du groupe et quelle incidence cette image polarisée de la femme a sur la vie des mürid. Pour ceci, je me fonderai sur une analyse de la perception de la différence entre les hommes et les femmes telle qu'elle s'exprime dans les leçons données par Cemalnur Sargut.

Au chapitre précédant, trois formes de cours ont été présentées: les cours de Coran suivi par une majorité de femmes, les cours de Fuṣūs pour les hommes et un autre cours de Fuṣūs pour quelques femmes triées sur le volet. L'existence de ces trois cours séparés suggère qu'une différence est faite non seulement entre les hommes et les femmes, mais encore au sein des femmes66.

Ces cours présentent des différences notables. La première particularité frappante est que les hommes, ainsi que le petit groupe de femmes, lisent l’un des textes réputés les plus difficiles et les plus ésotériques de la littérature soufie, tandis que les femmes de l'autre groupe travaillent sur le Coran. Par ailleurs, la perception qu'ont les mürid de la différence d'ambiance entre les cours de Coran et de Fuṣūs est aussi remarquable. Les propos de la guide à ce sujet révèlent la perception d’un manque de sérieux parmi les femmes du cours de Coran:

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Cemalnur Sargut n'est pas d'accord avec cette analyse. Elle insiste sur l'idée qu'elle ne fait aucune différence entre les hommes et les femmes. L'existence de trois cours différents est due, selon elle, à diverses raisons contingentes, mais n'atteste certainement pas d'une différenciation entre les disciples en fonction du genre.

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Utilisez-vous des méthodes différentes quand vous enseignez aux hommes et quand vous enseignez aux femmes?

Je suis plus tranquille avec les femmes, bien sûr. J’ai plus de plaisir avec les hommes parce qu’ils écoutent avec edep (comportement convenable, courtoisie spirituelle). Chez les femmes…- je dois préciser que les quatre avec lesquelles je fais les leçons particulières écoutent aussi avec beaucoup d’edep, nous avançons vite. Mais tu vois les cours de Coran. Cela ne se passe pas comme je veux. Mais, puisqu’elles aiment ça et disent que cela leur est utile, je ne dis rien. Les femmes, au moindre verset, elles sont prêtes à te raconter toute leur vie. Donc, la leçon s’allonge et perd de son sérieux. Avec les hommes, c’est plus facile, parce qu’ils te voient vraiment comme leur hoca et leur mürşid. Avec edep, ils te posent des questions très polies (kibar) et ils essayent de comprendre, d'apprendre. A vrai dire, je n’ai pas de tactiques