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Les bouleversements du métabolisme représentent des situations problématiques pour les agriculteurs qui peuvent aboutir à des recompositions des collectifs. Ces recompositions peuvent avoir lieu dans le cadre du compromis existant : maintien de l’usage de la BR, au prix de certaines adaptations. Par exemple, un épisode de sécheresse qui va avoir pour effet de limiter la quantité de paille échangée entre un agriculteur et un éleveur, sans pour autant remettre en cause leur relation. Ou au contraire, elles peuvent aboutir à l’abandon du compromis existant et à l’adoption d’un autre compromis, par exemple l’adoption de produits commerciaux, dans le cadre d’un compromis industriel-marchand.

Je prends ici l’exemple de collectifs qui s’organisent autour de fumiers de ruminants et de pailles et qui sont inscrits dans un compromis industriel-domestique. Je reprends les exemples de situations problématiques donnant lieu à des bouleversements du métabolisme (identifiée en Chapitre X.2). Le Tableau 21 (page suivante) résume les différents types de recompositions possibles qui sont développées ci-dessous.

Des variations de flux au sein de l’exploitation : exemple d’une faible prise en 3.2.1.

compte de la vie du sol

Les épisodes de sécheresse rompent l’équilibre entre maintien de la vie du sol et solidarité paysanne, au profit de valorisations marchandes des fumiers et pailles

Les collectifs organisés autour de pailles ou fumiers de ruminants et stabilisés par un compromis industriel-domestique sont sujets à des variations de flux au sein de l’exploitation, notamment du fait d’épisodes de sécheresses. La production de pailles, en particulier, est fortement impactée par ces épisodes, notamment pour les agriculteurs qui ne disposent pas de systèmes d’irrigation sur toutes leurs parcelles. Ces épisodes de sécheresses mettent à mal un compromis entre solidarité paysanne (monde domestique) et maintien de la fertilité du sol (monde industriel).

Par exemple, Kévin(Agri11), un polyculteur, est amené à devoir choisir entre aider ses

collègues et garder ses pailles : « A priori, j'essaye de ne pas les exporter. Mais si un éleveur

me les demande, je la laisse, par solidarité. Tout en étant conscient que ce n'est pas le meilleur pour le sol. » (Kévin(Agri11)). Dans ce cas, la solidarité est souvent privilégiée :

« J'exporte un peu des pailles, même si je voulais pas. Si personne ne le fait, les éleveurs

n'en auraient pas non plus. On est bien obligés. ». Christian(Agri9) préfère couper le lien entre

ses cultures et son élevage : « Je réfléchis à broyer et à enterrer les pailles, et à en acheter

Chapitre.X. Essai d’économies de la grandeur au service d’une écologisation terrestre de la gestion des biomasses résiduaires

Situations problématiques Maintien du compromis précédent Adoption de produits commerciaux dans le cadre d’un compromis industriel-marchand

Adoption de pratiques de compostage dans le cadre d’un compromis hybride

Des variations de flux au sein de l’exploitation : exemple d’une mauvaise prise en compte de la vie du sol Les épisodes de sécheresse rompent l’équilibre entre maintien de la vie du sol et solidarité paysanne. Le compostage comme réponse aux variations de flux sur l’exploitation, par l’amélioration de la vie du sol.

Des variations de flux échangés : exemple d’une mauvaise prise en compte de la capacité d’agir de ses partenaires

commerciaux

Le développement de valorisations marchandes des fumiers et pailles fragilise les échanges de fumiers au profit d’engrais commerciaux.

Le compostage de déchets verts comme alternative aux fumiers. L’entrée de nouveaux êtres non-humains : exemple de la salmonellose Le contexte règlementaire et sanitaire contribue à rendre difficile la mobilisation des fumiers et met parfois les agriculteurs en porte-à-faux vis-à-vis de la loi.

- La contrainte règlementaire est régulièrement contournée grâce à des dispositifs techniques : l’exemple des logiciels de gestion de parcelles.

- Les fumiers sont sous- traitées et exportés vers des opérateurs privés et deviennent des engrais commerciaux.

Le compostage pour composer avec la

salmonellose, mais limitée par les contraintes règlementaires.

L’entrée de nouveaux êtres humains : exemple des tensions avec les voisins néo- ruraux

Des conflits qui reflètent l’affaiblissement de la place du monde domestique, et qui contribuent à limiter la mobilisation des fumiers au profit d’engrais commerciaux.

Le compostage comme facilitateur pour composer avec la contrainte des voisins.

Tableau 21 - Recompositions des collectifs organisés autour de fumiers de ruminants et pailles face à des bouleversements du métabolisme

Le compostage comme réponse aux variations de flux sur l’exploitation, par l’amélioration de la vie du sol

Laurent(Agri20) est un agriculteur céréalier, en agriculture biologique. Il est confronté à des

variations de quantité et de qualité de fumiers, qu’il est amené à récupérer. Il est aussi particulièrement sujet à des épisodes de sécheresse, une partie importante de ses parcelles n’étant pas irrigables. Pour faire face à ces variations, il fait le choix d’adopter un système de culture plus résilient, qui tolère ces fluctuations : plutôt que de chercher l’irrigation à tout prix, il cherche à s’inscrire dans un collectif au sein duquel l’irrigation n’est pas essentielle.

Pour pouvoir stabiliser ce collectif, il doit absolument pouvoir compter sur la qualité de son sol, qu’il perçoit notamment au travers de sa quantité de matières organiques et de sa fertilité. Son sol est déjà bon, mais pour pouvoir rendre cette stratégie viable à long terme, l’amélioration de la qualité de son sol représente un passage obligé. L’adoption du

Chapitre.X. Essai d’économies de la grandeur au service d’une écologisation terrestre de la gestion des biomasses résiduaires

compostage représente pour lui un moyen d’améliorer la vie de son sol. Pour Laurent(Agri20),

ce processus de compostage est donc pertinent, car il mime le fonctionnement naturel : « on

trouve des similitudes dans les processus d’humification et de compostage. » Le

compostage contribue aussi à lever d’autres contraintes biologiques, et notamment la présence d’adventices dans les effluents d’élevages ou dans le sol.

Des variations de flux échangés : exemple d’une faible prise en compte de la 3.2.2.

capacité d’agir de ses partenaires commerciaux

Le développement de valorisations marchandes des fumiers et pailles fragilise les échanges entre agriculteurs au profit de produits commerciaux

Les collectifs organisés autour des fumiers de ruminants et des pailles, stabilisés par un compromis industriel-domestique peuvent être parfois déstabilisés par l’entrée de considérations marchandes : les fumiers et pailles sont de plus en plus régulièrement vus comme des produits rares et recherchés (monde marchand). Hervé(Agri13), un céréalier

conventionnel et entrepreneur agricole est ainsi perturbé par le comportement d’un agriculteur du voisinage et partenaire, auquel il fournit habituellement des pailles : « cette

année, il [m’] a demandé 10 hectares [d’orge], il disait qu'il en avait besoin. ». Hervé(Agri13) est

étonné par cette demande. Il connait l’autre agriculteur et son élevage : « Je me suis dit c'est

bizarre, car les éleveurs de chèvre n'aiment pas l'orge ». Il a néanmoins accepté de fournir

de la paille. Ce n’est que plus tard, lors de la récupération effective des pailles, qu’il comprend que la nature de l’échange a changé : « C'est une [une autre personne] qui a

acheté la paille qui est venu la ramasser ». Hervé(Agri13) comprend alors qu’ « en fait,

[l’acheteur] s’est lancé dans le négoce. » Cette pratique nouvelle s’avère difficilement

compatible avec le compromis industriel-domestique préexistant : il a l’impression de « s’être

fait avoir ». La paille n’était pas pensée comme un bien marchand et cette nouvelle

caractéristique vient mettre un doute sur la relation : « Il n’a peut-être pas la sensation de

m'avoir roulé... Il m'a bien dit "je cherche" [sans préciser si c’était pour lui ou quelqu’un d’autre], mais quand même… » (Hervé(Agri13)). Vu sous l’angle de ce nouveau compromis

industriel-marchand, l’échange perd son intérêt, notamment du point de vue de la fertilité du sol : « Il l'a prise pour la revendre ! Non seulement ça gagne rien, mais ça a pourrit le terrain !

Mais aucun intérêt ! ».

Pour les agriculteurs qui composent avec ces valeurs marchandes, la mobilisation des fumiers ne va plus de soi. Les fumiers souffrent la comparaison avec d’autres BR, et notamment des engrais commerciaux : Ils ne sont pas assez stables et leurs caractéristiques ne s’avèrent plus assez bien connues : « avec l'ammonitrate, on est sûr que ça va passer,

alors qu'avec le fumier, on ne sait jamais » (Christian(Agri9)). Mieux vaut encore faire avec les

contraintes du marché qu’avec celles propres au fumier domestique : « Mieux vaut parfois

mettre encore 100€ de plus, et acheter du Végéthumus de chez Falipou, ou de l'Ovinalp [des engrais organiques du commerce], [plutôt que des fumiers] vous en mettez une tonne par hectare, et vous êtes sur de la matière que vous épandez » (Laurent(Agri20)). Dans la logique

marchande, les fumiers représentent de plus « un surcoût » par rapport aux engrais commerciaux, auxquels ils sont comparés : « Au niveau agronomique, [les fumiers] c'est

intéressant, mais au niveau économique, non : car après, il faut l'épandre avec un épandeur [..] avec mon matériel, mon fioul […] C'est pour ça que face à un engrais minéral, ou a un coût disproportionné » (Hervé(Agri13)).

Chapitre.X. Essai d’économies de la grandeur au service d’une écologisation terrestre de la gestion des biomasses résiduaires

Le compostage de déchets verts représente une alternative aux fumiers

Pour certains agriculteurs auprès desquels j’ai pu enquêter, la récupération et le compostage de déchets verts ont été vus comme des alternatives face à la difficulté de trouver des fumiers. L’insertion dans un compromis industriel-civique fait suite aux difficultés rencontrées dans le compromis industriel-domestique.

Par exemple, Claude(Agri6), un céréalier en agriculture biologique, récupérait depuis quinze

ans du fumier de bovin auprès d’un éleveur Ardéchois. Ces fumiers représentaient la majorité de sa fertilisation. Depuis quelques années, il a été soumis à une baisse, puis à une disparition progressive de son approvisionnement en fumier : « J'avais du fumier de bovin

jusqu'en 2017 [...] Le gars qui m'en fournissait a arrêté car il a trouvé des terres et garde le fumier pour lui. » Le compost de déchets verts, proposés par la collectivité, représentait pour

lui une alternative : « Quand je n'avais plus de fumier, il a fallu trouver une solution. Alors je

suis allé voir pour des déchets verts ». Le fait de diversifier ses sources d’approvisionnement,

permet de limiter les risques liés à la fermeture des élevages : « Avant, j'étais dépendant des

éleveurs. Maintenant je le suis moins, car j'ai des déchets verts » (Claude(Agri6)). Cette

nouvelle relation régulière avec la collectivité (où il va chercher les déchets verts toutes les semaines) lui convient bien, il avance que c’est aussi un service qu’il rend à la collectivité, dans un esprit d’intérêt général (monde civique). Elle lui permet aussi de développer l’activité de compostage dans laquelle il trouve beaucoup d’intérêt et de satisfaction personnelle (monde inspiré). Il expérimente, essaye plusieurs procédés différents. Il se rend sensible aux produits qu’il manipule : l’odeur, la texture du compost, à différents stades de décomposition. Il tente aussi le compostage sous bâtiment, en faisant construire un hangar exprès pour ça, grâce à un contrat avec une entreprise installant des panneaux photovoltaïques. N’ayant pas eu à payer pour la construction du hangar, il considère avoir fait une excellente affaire (monde marchand). Cette transformation l’a aussi amené à investir et à se doter d’un camion ainsi que d’un tractopelle destinés à transporter et à manipuler le compost.

L’entrée de nouveaux êtres non-humains 3.2.3.

Le contexte règlementaire et sanitairecontribue à rendre difficile la mobilisation des fumiers et met parfois les agriculteurs en porte-à-faux vis-à-vis de la loi

Pour des agriculteurs qui s’insèrent dans un compromis industriel-domestique, les cadres règlementaires représentent une contrainte lourde, qui remet en cause les pratiques traditionnelles.

Jeanne(Agri5), une agricultrice en polyculture-polyélevages, est ainsi amenée à devoir adapter

ses pratiques : « On est tellement emmerdé pour épandre [..] on a beaucoup plus de

contraintes qu'avant dans l'agriculture […] on ne peut pas épandre quand on veut, où on veut. Par exemple s'il y a une source, on ne peut pas le faire [..] Et on nous dit pourtant que le fumier c'est naturel ! » (Jeanne(Agri5)) Les fumiers sont interdits comme fertilisants sur des

PPAM. « Le problème, c'est notre fumier, on en fait quoi ? La DDT elle nous dit : "il faut

garder votre fumier"! Eh, et vous voyez ce qu'on a comme contraintes ? On se fait taper sur les doigts de partout » (Jeanne(Agri5)). Jeanne(Agri5) est amenée à composer avec ces

Chapitre.X. Essai d’économies de la grandeur au service d’une écologisation terrestre de la gestion des biomasses résiduaires

contraintes techniques et réglementaires. Ces transformations se font au dépend de la place occupée par les fumiers dans le métabolisme : les surfaces sur lesquels ils sont épandus diminuent : là où l’épandage de fumiers n’est plus possible, elle préfère mettre des engrais chimiques.

Dans d’autres cas, le cadre règlementaire est dénoncé. Par exemple, Kévin(Agri11) le décrit

comme une contrainte absurde d’un point de vue scientifique (monde industriel): « On est

obligé d'épandre tard, après on laboure tard, le gel n'agit plus ». Selon lui, cette contrainte

n’est pas légitime : « il faudrait enlever les dates d'épandage et de labour, car c'est

complètement débile. Limiter les zones non-épandables. Enlever les bandes enherbées en bio. » Plutôt que de composer avec la contrainte, il préfère la contourner : « On nous enlève tellement de surface, s'il y a un ruisseau, s'il y a une maison. […] C'est mal fait. C'est des gens dans des bureaux qui décident ça et sur le terrain, techniquement, on fait quoi ? […] Sur une parcelle de 2,2 ha, j'ai deux mille mètres carrés épandables ! [Donc] on fait quoi, on met juste une petite bande au milieu pour leur faire plaisir ? Et le reste on met pas de fumure ou pas d'engrais ? [Alors] on épand sur toute la parcelle quand même. Mais on ne peut pas le déclarer. »

La contrainte règlementaire est régulièrement contournée grâce à des dispositifs techniques : l’exemple des logiciels de gestion de parcelles

Les logiciels de gestion de parcelles sont développés par des entreprises privées, coopératives ou par les chambres d’agriculture et proposées sous la forme d’un service technique et commercial aux agriculteurs. Ils s’inscrivent dans un compromis industriel- marchand et constituent une ressource importante pour les agriculteurs, leurs permettant de composer plus facilement avec les contraintes règlementaires.

Fréderic(Agri25), céréalier, utilise Opticoop, le logiciel proposé par sa coopérative. Le logiciel lui

sert de prescripteur en matière de fertilisation : « c’est le plan d'épandage qui décide de

l'azote. Je mets ce que le logiciel me demande de mettre ». Si le logiciel propose un conseil,

il fournit aussi une justification des pratiques, selon des critères agronomiques. Le logiciel permet de faciliter les déclarations légales, et notamment les « déclarations PAC ». Mais pour Fréderic(Agri25), son rôle ne se limite pas à cela. Il permet de justifier, légalement, de la

conformité de ses pratiques en cas de contrôles : « vu qu'on est soumis à contrôle, il faut

être plus cons qu'eux [les contrôleurs] » (Fréderic(Agri25)). « C'est pour ça que je fais appel à

Opticoop. Même si ça ne me plaît pas […] sinon c’est trop compliqué [de faire les déclarations] » (Fréderic(Agri25)).

Hervé(Agri13) utilise quant à lui MesParcelles, un service proposé par la chambre d’agriculture.

Le logiciel lui permet d’augmenter sa fertilisation azotée, en jouant avec le rendement attendu de ses cultures : « Avec une irrigation normale, je suis à 115 quintaux de moyenne.

[Mais] je [déclare] que je vais faire 140 quintaux, pour qu'ils m'autorisent à mettre 220 unités d’azote. Car l'expérience me montre que si je ne mets pas les 220 unités d’azote, je n'ai pas les 115 quintaux. Mais si je mets [que je compte faire] 115 quintaux, il va me plafonner ma fumure à 115 unités d’azote, et là je ne passe pas » (Hervé(Agri13)).

Chapitre.X. Essai d’économies de la grandeur au service d’une écologisation terrestre de la gestion des biomasses résiduaires

Les logiciels de gestion de parcelles offrent aux agriculteurs un outil puissant qui leur permet en même temps d’optimiser leurs apports et de répondre aux contraintes règlementaires. Dans certains cas, ils permettent de contourner la règlementation plus radicalement encore. Selon Vincent(expert7), le logiciel peut être utilisé pour frauder la PAC, en permettant à un

agriculteur de créer plusieurs enregistrements distincts pour une même exploitation. « Beaucoup font ça. Il y a deux enregistrements de l’exploitation [dans MesParcelles] : une

pour la gestion de l’exploitation réelle, l’autre pour la [déclaration] PAC » (Vincent(expert7)).

La salmonellose limite les échanges de fumiers entre agriculteurs au profit d’opérateurs privés

L’entrée de la salmonelle sur l’exploitation reconfigure les pratiques des agriculteurs et fragilise les collectifs dans lesquels ils s’insèrent. La salmonellose déséquilibre les collectifs organisés autour de fumiers, et stabilisés par un compromis industriel-domestique, en rompant la confiance locale entre agriculteurs. Les autres exploitations, les animaux du voisinage, le matériel tout devient une source de contamination potentielle. C’est ce qui arrive par exemple pour le collectif dans lequel s’insère Pascal pour la gestion de ses fumiers : face aux rumeurs concernant la contamination d’élevages dans son voisinage, il préfère refuser une opportunité de récupérer du fumier, qu’il considère pourtant comme agronomiquement intéressante : « J'ai [un voisin] qui m'a demandé d'épandre du fumier de

volaille, avec de la salmonellose... J’ai réfléchi... Mais je ne voulais pas l'utiliser... Je ne veux pas de ça dans mon élevage. ». Il refuse toute interaction avec d’autres élevages, CUMA, ou

partage de matériel, afin d’éviter tout risque de contamination. Pour satisfaire ses besoins en azote, pour ses cultures, il préfère se tourner vers sa coopérative, qui lui fournit des engrais commerciaux.

Pour les agriculteurs dont les élevages sont touchés par la salmonellose, les contraintes règlementaires poussent les agriculteurs à abandonner leurs fumiers. Selon Bastien(expert12),

la règlementation impose un compostage des fumiers avec une montée en température contrôlée, des conditions qui s’avèrent difficiles à respecter sur une exploitation agricole. Pour y faire face, les agriculteurs sont souvent tentés de s’associer avec d’autres acteurs notamment des entreprises agréées pour le traitement des fumiers « salmonellés ». Jamonet est le seul à être agréé et connu des agriculteurs, bien qu’il se situe en dehors du territoire. En y faisant appel, les agriculteurs abandonnent des échanges dans lesquels ils sont liés, et sont contraints d’exporter leur fumier gratuitement. Les composts sont ensuite vendus comme des produits normés à une clientèle large à l’échelle régionale. Les fumiers quittent le compromis industriel-domestique dans lequel ils s’inséraient, au profit d’un compromis industriel-marchand.

Une composition avec la salmonellose grâce au compostage, mais limitée par les contraintes règlementaires

Confrontés à la salmonellose, certains agriculteurs envisagent le compostage comme une solution. En effet, le compostage permet de s’affranchir de certaines contraintes règlementaires, liées au signalement d’une contamination à la salmonellose sur une exploitation. Il permet d’assainir les fumiers, grâce à une montée suffisante en température. Mais cette montée en température exige une maîtrise technique difficile à mettre en place dans le cadre d’une exploitation agricole : les contraintes règlementaires imposent un contrôle de la montée en température, et un agrément très difficile à obtenir à l’échelle d’une

Chapitre.X. Essai d’économies de la grandeur au service d’une écologisation terrestre de la gestion des biomasses résiduaires

exploitation agricole63.

L’entrée de nouveaux êtres humains : exemple des tensions avec les voisins 3.2.4.

néo-ruraux

Les conflits avec les voisins contribuent à limiter la mobilisation des fumiers au profit d’engrais commerciaux

Les conflits entre agriculteurs et leurs voisins néo-ruraux affaiblissent le compromis industriel-domestique dans lequel s’insère la gestion des fumiers.

Prenons l’exemple du collectif dans lequel s’insère Sophie(Agri27), une éleveuse et céréalière

du Diois. Pour elle, les tensions avec ses voisins prennent la forme de plaintes et de visites