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Les productions animales, principales pourvoyeuses de biomasses résiduaires 1.1.1.

azotées

Quantités totales produites par orientation d’élevage

En agriculture, les effluents animaux sont présents et diversifiés, malgré une décrue continue de l’élevage (RA, 2000, 2010). Les résultats agrégés concernant les principales productions d’effluents sont présentés dans le Tableau 12, à la page suivante. Si certaines filières (avicoles notamment) sont en croissance dans la VDD, ce n’est pas le cas des autres filières, et notamment des ruminants. Traditionnellement, l’élevage ovin viande s’appuie fortement sur le pâturage, valorisant les landes, sous-bois ou encore les alpages. L’élevage en bergerie, plus intensif, se développe, aussi bien en lait et en viande, notamment du fait de la présence de loups, car il facilite la protection du troupeau. Les élevages pratiquent une mise à l’herbe qui correspond en moyenne à 50% de l’année. La combinaison de ces éléments permet de calculer une production de 12 100 tonnes de fumiers ovin. L’élevage caprin produit quant à lui 5600 tonnes de fumier. L’élevage bovin est plutôt réduit sur le territoire, en 2010 il concerne 87 exploitations53 (RA 2010), souvent constituées de petits troupeaux54.

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Les deux tiers des UGB55 correspondent à des systèmes laitiers. Toutes les exploitations,

hormis quelques rares exceptions, produisent du fumier. L’élevage bovin représente moins de 20% des effectifs de ruminants, mais il pèse pour plus de 40% des fumiers produits, notamment en raison de l’écart entre les bovins et autres ruminants en termes d’UGB. On peut les estimer à 14 500 tonnes de fumier bovin produit par an.

L’élevage avicole concerne près de 240 bâtiments (DATARA 2016). La production de fientes et de fumiers est de 21 000 tonnes. Il s’agit d’un effluent riche en azote, qui représente une ressource importante pour les agriculteurs. L’aviculture représente, en 2020, une filière dynamique dans la VDD. Le nombre de bâtiments est actuellement en augmentation. La filière se partage entre une filière conventionnelle et une filière dite « alternative », qui regroupe les élevages en agriculture biologique et en plein air, aux systèmes similaires. La filière alternative représente moins d’un tiers de la production, mais elle représente la grande majorité des nouveaux bâtiments construits. Ce développement de l’alternatif impacte la production de fumier, en limitant la quantité d’effluents disponibles. La production porcine est anecdotique, et se concentre sur quelques exploitations industrielles, à système lisier, représentant 7000 tonnes par an.

Type de biomasses C/N Tonnage (tonnes/an) Unités d’azotes (kg N/an)

Total Bio Total Bio

Lisier porcin 2.3 6597 420 13063 832 Fientes de volaille 7.8 3387 1813 74514 39891 Fumier de poulet* 9.3 11352 4472 137181 53976 Fumier caprin 10 4462 1263 5444 1541 Fumier ovin 11 12106 4004 16222 5366 Fumier bovin 14 13533 1039 17120 1314 TOTAL 51437 13011

Tableau 12 - Présentation agrégée des principales productions d'effluents d’élevage à l’échelle de la VDD. Calculs personnels à partir de données hétérogènes (Données RA, BDNI, Agence Bio et

expertise).

Une répartition spatiale hétérogène

Les effluents animaux sont produits partout sur le territoire (voir Figure 10, page 116). Cette apparente homogénéité spatiale du point de vue du tonnage global masque une grande hétérogénéité des BR, réparties inégalement sur le territoire en fonction de leur nature et du contexte pédoclimatique. L’élevage de ruminants est plus développé dans les parties montagneuses, à l’est de la Communauté de Communes du Val de Drôme (CCVD) et dans le Diois. Ces élevages montagnards concernent majoritairement des productions ovines. Les productions caprines sont quant à elles plus présentes dans la vallée, notamment sur le

54 On compte 17 UGB Bovin par exploitation dans la VDD, contre 29 dans le reste de la Drôme

(Source : BDNI 2016).

55 Unités Gros Bovins (UGB) est une unité de référence permettant de calculer les besoins des

ruminants de manière plus précise qu’en comptant le nombre d’animaux. Par construction, une vache laitière représente 1 UGB, alors qu’une vache allaitante 0,85, et un ovin 0,15, par exemple (source : agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/calcul_UGB.pdf).

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territoire de la CCVD et de la Communauté de Communes du Crétois et Pays de Saillans (3CPS). Les bovins, concentrés dans un nombre réduit d’élevages, sont répartis sur l’ensemble du territoire.

La production de fumiers et de fientes de volaille se concentre principalement dans la partie basse de la vallée et reflète une dynamique plus large, à l’échelle de la Drôme. La majorité des exploitations avicoles drômoises se concentrent le long de l’axe Crest-Romans, parallèle au Rhône. Certaines communes présentent même une concentration particulièrement importante, comme par exemple celle d’Autichamp, liée à une présence d’installations anciennes. Depuis quelques années des nouveaux bâtiments voient le jour, et pas uniquement autour de Crest : des installations ou reconversions en élevage avicole ont lieu dans le Diois, notamment dans des communes assez éloignées de la vallée. Ces nouveaux acteurs mettent en circulation des quantités importantes de BR. Leur destination, et leur valorisation potentielle est une question importante, que nous aborderons notamment dans la dernière partie de ce chapitre. Les lisiers porcins sont sauf exceptions (rares élevages de taille modeste dans le Diois) produits dans la basse vallée de la Drôme.

La part de la production de BR en agriculture biologique varie en fonction des filières

La Figure 9 présente la production des principaux effluents, en agriculture biologique et conventionnelle. Si l’agriculture biologique est régulièrement citée comme structurante de l’identité de la VDD, sa place reste minoritaire relativement aux tonnages de BR produites. D’après mes calculs, elle ne représenterait que 25% du total. Moins de 8% des fumiers bovins sont produite en agriculture biologique, quand les fientes et fumiers de volaille et de poulet biologiques représentent 40% et occupent la première place en proportion.

Figure 9 - Production d'effluents d'élevage en tonne par an, en agriculture conventionnelle et biologique, dans la VDD. 0 2000 4000 6000 8000 10000 12000 14000 16000 Lisier porcin Fientesde volaille Fumier de volaille Fumier

caprin Fumierovin Fumierbovin

Production en agriculture biologique

Production en conventionnel Production totale

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Figure 10 - Répartition de la production d'effluents d'élevage sur le territoire, en tonnes par an, à l’échelle des communes de la VDD (Données RA, BDNI, Agence Bio et expertise, représentation SIDDT).

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Les productions végétales, génératrices de biomasses résiduaires carbonées 1.1.2.

Les résidus végétaux émanent des principales cultures végétales du territoire : les cultures céréalières, ainsi que l’arboriculture et la viticulture. En ce qui concerne les résidus de cultures de céréales, les pailles peuvent connaitre deux devenirs distincts : soit être exportées, soit être enfouies et restituées au sol. Concernant les cultures pérennes, il s’agit des déchets de taille en arboriculture, des sarments de vigne en viticulture, qui peuvent être exportés et vendus (par exemple comme alternative au charbon de bois pour le barbecue), ou brûlés à l’air libre (écobuage), bien que cette pratique soit désormais illégale. Ils peuvent également être laissés sur la parcelle. Ces BR présentent des rapports C/N (carbone/azote plus élevés (supérieur à 50) que les BR d’origine animale présentées plus haut (inférieur à 20). Le Tableau 13 présente les principales productions de BR issues des cultures végétales de la VDD.

Tableau 13 - Production de résidus des cultures à l’échelle de la VDD (Données RPG et expertise).

La production de pailles de céréales se répartit le long de la rivière Drome. On observe deux pôles majeurs : l’un dans la basse vallée, entre les communes de Loriol et de Crest, puis le second plus haut dans la vallée, entre les communes de Die et de Luc-en-Diois. Les productions arboricoles se concentrent principalement dans la basse vallée de la Drôme, et concernent notamment des productions de fruits d’été (abricots, pêche, etc.). L’agriculture biologique représente une part négligeable de la production arboricole. La raison invoquée par l’élu à la Chambre d’Agriculture est la forte pression en ravageurs, et le manque d’alternatives biologiques aux insecticides chimiques. La viticulture, qui produit des résidus en quantité bien plus modeste, est concentrée dans le Diois. La clairette de Die, première production de vin du territoire, fait partie des AOC viticoles présentant la plus large proportion de vignobles convertis à l’agriculture biologique (20%) (Agence Bio 2018). Un deuxième pôle, dans le Diois, concentre des productions de noix de Grenoble (AOP)

Type de biomasse C/N Quantité produite (en tonnes/an)

Pailles de céréales 67 26261

dont blé 13776

dont orge 5783

dont autres céréales 6702

Déchets cultures pérennes 92 9786

dont arboriculture 6583

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Figure 11 – Répartition de la production des résidus des cultures sur le territoire, en tonnes par an (Données RA, BDNI, Agence Bio et expertise, représentation SIDDT).

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Des biomasses résiduaires d’origines industrielles et urbaines 1.1.3.

Les résidus qui peuvent être potentiellement valorisés en agriculture proviennent des industries agroalimentaires (IAA) ainsi que des collectivités présentes sur le territoire. Dans la VDD, un nombre réduit d’acteurs concentre la majorité des volumes de résidus industriels. Ces BR présentent des qualités extrêmement variables, dépendantes des processus de transformation dont elles sont issues. La variabilité concerne la composition, liée notamment à leur origine animale ou végétale, mais aussi également à d’autres facteurs comme par exemple, leur taux de matière sèche. Le Tableau 14 présente les principales productions de BR issues des déchets industriels et urbains.

Type de biomasse Quantité produite

(en tonnes/an) Principaux acteurs économiques impliqués Drèches ~2000 Jaillance, Charles et Alice, brasseries artisanales

Pailles 1250 Herbarom, Coop Distillation Vercheny

Abats ~10000 Royal Bernard, abattoir de Die

Boues et eaux ~130 Royal Bernard, abattoir de Die, Troupeou

Eaux de rinçage ~800 Charles et Alice

Autres ~900 Charles et Alice, Biotop, Eurial

Déchets verts ~6000 Communautés de communes : CCVD, 3CPS, Diois

Déchets ménagers 4350

Boues de stations d’épuration ~7000 Communes de Crest, Allex, Livron, Loriol, Saillans, Montoison, Beaufort sur Gervanne, Puy Saint Martin, Saou, Die, Recoubeau Tableau 14 - Production de déchets industriels et urbains à l’échelle de la VDD. (Données enquêtes,

expertise et rapports)

Les BR d’origine animale, et notamment les abats sont principalement produits par l’entreprise Royal Bernard, producteur de volailles et de plats préparés. Près de 9000 tonnes d’abats y sont produits chaque année. L’abattoir de Die et Troupeou (un atelier de transformation des viandes) représentent en comparaison des ateliers extrêmement modestes relativement aux volumes produits.

En ce qui concerne les BR d’origine végétale, les sociétés Charles & Alice (producteur de préparations à base de fruits) et Jaillance (cave coopérative viticole, connue notamment pour sa production de Clairette de Die) représentent l’essentiel des volumes de drèches, cumulant 2480 tonnes de production par an. Des brasseries artisanales en produisent aussi, dans des proportions moindres. Enfin, la transformation de plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM) représente un troisième secteur d’activité producteur de résidus industriels. Si certains producteurs de PPAM génèrent des résidus en quantité significatives (Herbarom produit 1100 tonnes de pailles par an), d’autres, comme l’Herbier du Diois, en produisent en quantité négligeable (l’activité de ce dernier se focalisant sur le négoce et le conditionnement, peu génératrices de déchets). Le tableau présentant les détails des producteurs de BR d’origine industrielle ainsi que les volumes associés figurent en annexe 2.3.

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Les BR d’origine urbaine se rangent dans trois principales catégories : les déchets verts, les déchets ménagers, et les boues de stations d’épuration. Les déchets verts sont des déchets biodégradables issus des restes de végétaux provenant de la taille et de l'entretien des espaces verts publics et privés. Au sein de la VDD, ils sont gérés par les trois communautés de communes (CCVD, 3CPS et Pays Diois) et leur tonnage total dépasse les 600 tonnes par an.

Les déchets ménagers forment une deuxième catégorie de résidus, à hauteur de 3350 tonnes par an. Ils sont partiellement triés à la source et gérés en dehors du territoire au sein d’une station de compostage. Ils peuvent être valorisés en agriculture, en fonction de leurs caractéristiques, et notamment de leur valeur fertilisante ainsi que de leur taux de contamination en déchets inertes (métaux, plastiques, etc.).

Les boues de stations d’épuration représentent, elles, plus de 700 tonnes par an. Ces matières sont d’une grande hétérogénéité, notamment en raison de la présence inégale des industries sur le territoire, ainsi que de procédés de traitement différents. Les taux de matières sèches varient de 2,5% à 94%. Ces boues, non normées, peuvent dans certains cas connaître une valorisation agricole (notamment lorsque les boues n’incluent pas d’effluents industriels particulièrement polluants), ce qui est le cas pour la majorité des boues issues de communes de zones rurales. L’annexe 2.4 présente le détail des différentes sources de déchets urbains sur le territoire, ainsi que leur tonnage.

Les déchèteries et industries sont concentrées le long de la Drôme, majoritairement dans la partie basse de la vallée. Cette concentration se reflète dans la disponibilité des déchets verts et industriels. Les déchets verts sont rarement déplacés sur des distances supérieures à 10km, notamment en raison du transport qui représente une charge importante en matière de temps et d’argent. Ils sont majoritairement valorisés par les agriculteurs à proximité immédiate des plateformes de stockage ou déchèteries. La Figure 12 présente la répartition spatiale des productions de déchets urbains et industriels.

Chapitre.IX. Essai d'écologie industrielle au service d’une modernisation écologique de la gestion des biomasses résiduaires

Figure 12 - Répartition de la production de déchets industriels et urbains sur le territoire (Données enquête, représentation SIDDT et Gephi).

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