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Les déséquilibres entre la production et les apports de BR présentent une hétérogénéité spatiale. Si celle-ci n’est pas un problème en soi, elle induit des échanges et des interdépendances entre territoires, qui peuvent poser des questions logistiques et économiques. J’appuie mes analyses sur deux figures :

- La Figure 16 présente la différence entre la quantité de BR produite et les apports sur cultures en unités d’azote/an.

- La Figure 17 présente la répartition de la quantité de BR produite par surfaces totale et en agriculture biologique en unités d’azote par hectare et par commune.

La production de biomasses résiduaires et les apports en azote sont concentrés 2.2.1.

dans la basse vallée de la Drôme

La basse vallée de la Drôme (entre les communes de Loriol et Crest) présente une plus forte concentration d’effluents d’élevage, aussi bien en conventionnel qu’en agriculture biologique et dont les élevages avicoles sont les principaux contributeurs. La Figure 16 nous montre que ce secteur est aussi, paradoxalement, le plus déficitaire en BR : les élevages intensifs de volaille, ainsi que les industries présentes ne suffisent pas à combler les besoins d’une agriculture biologique céréalière intensive.

Ces déséquilibres se traduisent par l’inclusion de certaines communes de ce secteur en zone dite « vulnérable » : le classement concerne des communes où la pollution des eaux par les nitrates menace à court terme la qualité des milieux aquatiques et plus particulièrement l’alimentation en eau potable57.

56 La notion d’élevage « industriel » a longtemps manqué de définition administrative. Le 30 octobre

2020, le Comité National de l’AB (CNAB) a apporté une clarification : sont exclus notamment les élevages en système caillebotis ou en cage. Les seuils restent très larges : 85 000 emplacements pour les poulets ; 60 000 emplacements pour les poules, ce qui limitera à coup sur la portée de ce règlement.

57 Sont désignées comme zones vulnérables les zones où (1) Les eaux douces superficielles et

souterraines, notamment celles destinées à l’alimentation en eau potable, qui risquent d’avoir une teneur en nitrates supérieure à 50mg/l ; (2) Les eaux douces superficielles qui ont subi ou

montrent une tendance à l’eutrophisation susceptible d’être combattue de manière efficace par une réduction des apports en azote. Dans la Drôme, celles-ci sont délimitées par l’arrêté préfectoral de désignation n°17-055 du 21 février 2017, ainsi que l’arrêté préfectoral de

Chapitre.IX. Essai d'écologie industrielle au service d’une modernisation écologique de la gestion des biomasses résiduaires

Pour le département de la Drôme, 131 communes sont classées en zone vulnérable aux nitrates, dont 10 communes dans la basse vallée de la Drôme. Cette classification administrative se traduit par des contraintes spécifiques, déclarations, restrictions sur les pratiques de fertilisation qui sont largement dénoncées comme problématiques par les agriculteurs.

Lors de mes entretiens, certains agriculteurs ont exprimé explicitement que cette situation pose des problèmes agronomiques pour leur exploitation, la présence d’élevages relativement intensifs quant au nombre d’animaux par hectare de SAU leur impose d’exporter leurs effluents. La composition des fientes de volailles fait qu’elles ne peuvent être complètement valorisées localement, sous peine de surcharger durablement les sols en potasse.

Le Diois et le pays de Saillans : un certain équilibre 2.2.2.

En comparaison, le Diois et le pays de Saillans semblent plus équilibrés. Ces territoires présentent bien un déficit de BR, mais il est moindre. En cause, la plus faible surface occupée par des cultures présentant des besoins importants, et en particulier les grandes cultures irriguées. A la place, on trouve des pâturages, des landes, en particulier dans le Diois, mais aussi des cultures aux besoins plus faibles telles que des PPAM ou des vignes. Cet équilibre macroscopique masque des déséquilibres à des échelles plus fines. Dans la 3CPS, les communes de Mirabel-et-Blancons et d’Aouste-sur-Sye présentent un déficit marqué en termes d’unités d’azote (en rouge sur la Figure 16). Dans le Diois et notamment les communes le long de la rivière Drôme où se concentre la population, le déséquilibre est plus fort en particulier pour les communes de Molières-Glandaz, Aix-en-Diois, et Recoubeau- Jansac (en rouge ou orange) présentant un déficit important.

Ramenés à la SAU (Figure 17), les déséquilibres entre production et apports en unités d’azote révèlent une autre hétérogénéité : alors que dans le Diois, la majorité des communes présentent un chargement à l’hectare faible en unités d’azote d’effluents, la situation est différente dans la 3CPS puisqu’il s’agit d’un territoire plus habité, où l’on trouve une concentration importante d’élevages avicoles, mais aussi des élevages caprins. Parmi ces élevages, certaines exploitations ont la spécificité de ne pas disposer de terres pour épandre (ou alors très peu de terre, sans commune mesure avec la taille de l’élevage), et doivent donc exporter la grande majorité de leurs fumiers. En contraste avec ce qu’on observe dans la CCVD, les exploitations de la 3CPS avec un atelier avicole disposent moins souvent de grandes surfaces de terres cultivées en « grandes culture » pour épandre sur l’exploitation ou à proximité immédiate.

Chapitre.IX. Essai d'écologie industrielle au service d’une modernisation écologique de la gestion des biomasses résiduaires

Figure 16 – Ecart entre la production de BR élevage et les apports de biomasses résiduaires pour les cultures (en unités d’azote/an) (Données RA, BDNI, Agence Bio et expertise, représentation SIDDT).

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Figure 17 - Répartition de la quantité d’effluents produits par SAU en unités d’azote par hectare et par commune (Données RA, BDNI, Agence Bio et expertise, représentation SIDDT).

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Une approche relationnelle : circulation des biomasses résiduaires