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Cinq types d’exploitations selon la production, l’utilisation et les échange de 3.1.1.

biomasses résiduaires

Afin de rendre lisible cette hétérogénéité, j’ai effectué un travail typologique, me permettant d’identifier cinq types d’exploitations agricoles (EA) qui se distinguent en fonction de leur dépendance aux engrais commerciaux et de leurs échanges de BR : substituants, importateurs nets, producteurs-échangeurs, hubs et quasi-autonomes. Le Tableau 16 (page 131) présente les types d’EA en fonction de trois indicateurs, ainsi qu’une description des systèmes de production associés et des BR les plus mobilisées.

Les substituants (7 cas)

Les « substituants » regroupent des exploitations qui ne mobilisent pas de BR comme source d’azote. Leur système de productions s'appuie sur une substitution des BR par une autre source d'azote : les engrais commerciaux. On retrouve dans cette catégorie des exploitations céréalières conventionnelles, de surfaces relativement élevées (François(Agri12),

Didier(Agri31), Hervé(Agri13)) et qui donnent une place importante à la fertilisation chimique.

Certaines exploitations en agriculture biologique entrent aussi dans cette catégorie, en dissociant la question de la gestion du carbone et de l'azote dans leur système de production. Le carbone est géré grâce à des BR à rapport C/N fort, comme des déchets verts ou des pailles, ainsi que des pratiques de conservation comme un travail du sol limité ou des rotations longues. L'apport en azote s'effectue exclusivement à l'aide d'engrais commerciaux. Dans mon échantillon, cela concerne une exploitation céréalière (Fréderic(Agri25)) ainsi qu’une

exploitation arboricole et viticole (Etienne(Agri28)). On retrouve aussi deux exploitations

avicoles, qui font le choix d’exporter leurs fientes et fumiers plutôt que de les utiliser, et d’acheter des engrais commerciaux à la place (Sophie(Agri27), Michael(Agri24)), notamment pour

Chapitre.IX. Essai d'écologie industrielle au service d’une modernisation écologique de la gestion des biomasses résiduaires N

-

circulaire Type Dépendance aux engrais commerciaux C/N

<25 C/N > 25 Nb EA Systèmes d’exploitation typiques Biomasses résiduaires aux tonnages les plus importants

1 Substituant Haute Pas d’échange 7 -Céréaliers conventionnels -Céréaliers Bio qui séparent apports de C et de N et qui s’appuient sur des engrais commerciaux 1. Déchets verts 2. Compost végétal 3. Fumiers avicoles

Export -Agriculteurs qui exportent des

effluents sans les valoriser et y substituent des engrais

commerciaux

2 Importateur

net Faible Import 10 -Exploitations en bio avec des cultures à haute valeur ajoutée (semences, maraîchage, viticulture) 1. Déchets verts 2. Compost mixte 3. Fumiers avicoles 3 Producteur

-échangeur Import Export 7 -Polyculteurs-éleveurs de taille moyenne -Petites exploitations de polyculture 1. Fumiers ovins 2. Compost d’effluents d’élevage 3. Fumiers avicoles ou Export Import

4 Hub Import et export 6 -Elevages bovin ou poly-

élevages -Négociants en paille -Composteurs-revendeurs 1. Fumiers avicoles 2. Déchets industriels 3. Fumiers bovins 5 Quasi-

autonome Pas d’échange 2 -Petites exploitations polyculture-élevage 1. Fumiers ovins 2. Fumiers bovins 3. Compost d’effluents d’élevage + circulaire

Tableau 16 - Typologie d'agriculteurs en fonction de leur dépendance aux engrais commerciaux et de leurs échanges de BR.

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Les importateurs nets (10 cas)

Les « importateurs nets » sont dépendants des BR pour leur fertilisation azotée et leurs amendements. Ils importent aussi bien des biomasses riches en azote (fumiers, composts) que des biomasses fortement carbonées (déchets verts, etc.). La majorité représente des exploitations agricoles en agriculture biologique sans élevage, qui entretiennent la fertilité de leur sol par des apports de multiples BR. Elles produisent des cultures à haute valeur ajoutée, notamment les cultures légumières, semencières ainsi que la viticulture. Parmi les petites exploitations, on compte des exploitations en maraîchage biologique (Marc(Agri3),

Jean(Agri2), Brigitte(Agri17)) ou en viticulture (Sylvie(Agri23)). On compte aussi des exploitations

céréalières en bio, productrices de semences, et qui s’appuient majoritairement sur des fumiers et divers déchets verts venant de l’extérieur (Claude(Agri6), Bernard(Agri32), Luc(Agri7),

Ivan(Agri8), Patrick(Agri19)). Les importateurs nets mobilisent principalement des déchets verts et

des fumiers avicoles. Ils s’appuient régulièrement sur des composts mixtes (animal et végétal). Les importateurs nets, disposent de marges de main d’œuvre importantes, notamment du fait de cultures à haute valeur ajoutée. Ils sont en mesure d’importer des BR diverses : « Il y a deux types de bio : ceux qui se contentent de ce qu’ils ont, et ceux qui

complètent. Ça suppose des produits à haute valeur ajoutée, car ça coûte cher » (Lina(expert11)).

Les producteurs-échangeurs (7 cas)

Les « producteurs-échangeurs » produisent et exportent au moins un type de BR. On distingue deux sous-types : les producteurs-échangeurs C (carbone) et les producteurs- échangeurs N (azote), selon que les exploitations se spécialisent dans l’élevage ou dans les cultures.

Les producteurs-échangeurs N exportent des BR à rapport C/N faible. Ce sont typiquement des éleveurs (chèvres, poules pondeuses), qui utilisent et exportent leurs surplus de fumiers (Sébastien(Agri29), Michel(Agri4), Jeanne(Agri5), Sylvain(Agri10)). Ils participent activement à la

circulation des flux de C et de N, importent potentiellement des BR à C/N fort, notamment de la paille pour leurs élevages, et sont moyennement dépendants des engrais commerciaux. Les producteurs-échangeurs C importent de l'azote, qui prend la forme de matières organiques, destinées à la fertilisation. Le carbone exporté concerne les pailles de céréales, vendues en ballots ou exportées sur pied. Il s'agit principalement de petites exploitations de polycultures, en bio ou en conversion bio (Gérard(Agri1), Kévin(Agri11), Patrice(Agri22)). Les

principales BR mobilisées sont des fumiers ovins et avicoles, ainsi que des composts d’effluents d’élevage.

Les hubs (6 cas)

Les « hubs » regroupent des exploitations où se pratiquent l'import et l'export pour au moins un type de biomasse. Ce sont des exploitations qui vont être amenées à jouer le rôle de plaque-tournante, en centralisant des flux de BR pour d’autres agriculteurs. Dans cette catégorie, on trouve des exploitations spécialisées en élevage (bovins, caprins), qui exportent leurs fumiers et qui complètent cette activité par une gestion des fumiers d'autres agriculteurs (Arthur(Agri26), David(Agri21)). Dans la même catégorie, certaines exploitations sans

élevage importent des BR diverses, compostent, et fournissent du compost à d’autres agriculteurs (Léo(Agri30), Eric(Agri16)). Le réseau joue un rôle important : « Il y a beaucoup de

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vignerons à Die. » (Arthur(Agri26)) Cette catégorie concerne aussi des exploitations de

grandes cultures qui pratiquent le commerce de pailles (David(Agri21), Laurent(Agri20)). Les hubs

mobilisent des fumiers animaux divers (notamment ovins et avicoles) mais aussi des déchets industriels (transformation de fruits, lavandes).

Les « quasi-autonomes » (2 cas)

Les « quasi-autonomes » regroupent des exploitations qui n'importent pas de BR à vocation fertilisante et qui sont faiblement dépendants aux engrais commerciaux, chimiques ou organiques. Il s'agit d'exploitations en polyculture-élevage, de petite taille, en agriculture biologique (Jean(Agri18)). La biomasse est entretenue dans le sol, notamment à l’aide de

cultures de légumineuses et d’un travail du sol peu profond. Les BR les plus mobilisées sont les fumiers ovins et bovins. Si je parle de quasi-autonomes et non d’agriculteurs autonomes, c’est que, dans l’échantillon enquêté, l’autonomie réelle n’existait pas. Tous les agriculteurs étaient dépendants, au moins dans de faibles proportions, d’engrais commerciaux.

Des exploitations qui entretiennent des relations d’interdépendance et de