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Une estimation du coût des crues de février 1990 à l’échelle départementale

E) L’heure des comptes : le coût de la crue de février 1990

2) Une estimation du coût des crues de février 1990 à l’échelle départementale

Nombreuses sont les communes à signaler et déclarer des dégâts aux équipements publics (chemins forestiers, voirie, assainissement, berges de rivière). Les dégradations dans le département du Haut-Rhin concernent 111 communes pour un montant total de 108 millions de francs153. Au vu de ces chiffres, le préfet demande au ministre de l’Intérieur, la mise en place de fonds exceptionnels pour les réparations des dégâts aux équipements publics des collectivités. Le ministre répond favorablement à cette demande et accorde une dotation spéciale de 2,8 millions de F, à répartir entre les communes les plus sinistrées. Ainsi, toutes les communes et les syndicats fluviaux peuvent formuler une demande d’aide exceptionnelle au titre des calamités publiques s’il leur reste des travaux de réparation à effectuer aux équipements publics non assurables154. Le Syndicat mixte de la Lauch supérieure avait fait une demande de ce type auprès du préfet, mais celle-ci n’aboutit pas155.

150 AMG 13 W 10, Lettre du président du Syndicat mixte de la Lauch supérieure à une habitante de Linthal, le 3

avril 1990.

151 Linthal, Lautenbach-Zell, Lautenbach, Buhl, Guebwiller, Issenheim et Merxheim.

152 AMG 13 W 10, Extrait du procès-verbal de la commission administrative, le 9 juillet 1990. 153 Données de la préfecture du Haut-Rhin.

154 AMG 13 W 10, Lettre du préfet au président du Syndicat mixte de la Lauch supérieure, le 15 mai 1991 et

Lettre du sous-préfet de l’arrondissement de Guebwiller au maire de Guebwiller, le 8 avril 1991. A noter que l’attribution d’une aide exceptionnelle n’est applicable qu’aux projets n’ayant pas encore débuté.

155 AMG 13 W 10, Demande du Syndicat mixte de la Lauch supérieure visant à l’attribution d’une aide au titre

des calamités publiques, le 8 juillet 1991 et Refus du préfet quant à l’attribution d’une aide, le 12 décembre 1991.

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En mars 1993, à la suite de la défaillance de l’Etat, le Conseil général vote les derniers crédits destinés aux travaux de réparation de la crue de 1990. Le montant des travaux atteint 76 656 400 F HT (cf. tableau 6) sur lequel, l’Etat accorde généreusement 886 300 F (soit 1,15 %). A cela, s’ajoutent les 40 millions de francs destinés à la réparation des ouvrages départementaux, parmi lesquels 20 millions de francs sont nécessaires à la reconstruction de la « pénétrante ». Or, si le plan Orsec avait été déclenché, les subsides de l’Etat auraient été bien plus importants156.

Tableau 6 : Inscriptions réalisées dans le cadre des programmes départementaux de réfection des dégâts de la crue de février 1990.

(Source : AMG 13 W 10, Inscriptions réalisées dans le cadre des programmes départementaux de réfection des dégâts de crue, 11 février 1993)

En définitive, le coût total des dégradations occasionnées aux équipements publics par la crue de février 1990 dans l’ensemble du département se monte à 108 000 000 F157

, dont 31 207 028 F estimés pour les communes riveraines de la Lauch entre Linthal et Merxheim, tandis que le coût total des travaux de réparation effectués dans tout le département s’élève à

156

AMG 13 W 10, Lettre du Conseil général au maire de Guebwiller, le 19 février 1993.

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116 656 400 F (76 656 400 F + 40 000 000 F)158. Cette différence de plus de 8 millions de francs entre la somme des dégradations et la somme des réparations s’explique, entre autres, par le fait que les ouvrages ne sont pas reconstruits à l’identique. En effet, la reconstruction tient compte des leçons livrées par les évènements extrêmes de février 1990. Certains ouvrages se révélant insuffisants ou défaillants159 sont ainsi modifiés et améliorés pour éviter le retour de pareilles circonstances.

Il convient néanmoins de formuler quelques remarques. En premier lieu, l’essentiel des données disponibles ne concerne que la partie amont de la vallée de la Lauch. Il est donc impossible de savoir quel est le montant total des dommages survenus dans toute la vallée puisque les dommages survenus dans la partie inférieure du cours d’eau sont totalement occultés. En second lieu, il importe de signaler qu’il s’agit d’estimations, non de décomptes définitifs, ne permettant pas de chiffrer exactement le coût de la crue de février 1990, mais, cela permet tout de même de se forger une idée sur le coût approximatif d’un tel évènement. Enfin, n’entrent pas ici en ligne de compte les dommages survenus aux biens des particuliers, ayant fait l’objet d’une déclaration dans le cadre de la procédure de constatation de l’état de catastrophe naturelle, dont l’information, confidentielle, est détenue par les compagnies d’assurance et qu’il conviendrait de rajouter au total départemental des dégâts (108 000 000 F) et des réparations (116 656 400 F).

Conclusion :

En février 1990, des pluies torrentielles d’une rare intensité (de l’ordre centennal en 2 jours), accompagnées d’un important redoux (effet de foehn), ont raison du manteau neigeux (50 cm) accumulé sur le massif vosgien. Toute la partie ouest de l’Alsace subit les effets dommageables d’une crue vosgienne d’ordre centennal, à peine appréciable dans l’extrême sud du Haut-Rhin. Dans la vallée de la Lauch, la crue de février 1990 apparaît « extraordinaire » par bien des aspects, notamment parce qu’elle inonde en partie plusieurs villages de la haute vallée, atteint un débit remarquable supérieur à 50 ans de retour et provoque des dégâts très considérables. Ainsi, les dommages aux biens publics des communes, situées entre Linthal et Merxheim, s’élèvent à plus de 31 millions de francs.

158

D’après le Conseil général du Haut-Rhin.

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Equivalant à 11 % du territoire haut-rhinois, le bassin versant de la Lauch concentre à lui seul près du tiers des dommages occasionnés lors de cet évènement.

En l’absence du déclenchement du Plan Orsec, des moyens d’envergure (80 millions de francs) sont mis en place par le Conseil général du Haut-Rhin pour réparer les dommages aux différents ouvrages et venir en aide aux communes sinistrées, pour lesquelles les évènements ont de graves conséquences économiques.

L’importance des sommes allouées aux réparations160

ainsi que les moyens mis à disposition des communes sur le long terme, témoignent du caractère dévastateur de cette crue. Au regard de l’estimation du coût de la crue de février 1990 et de la longueur des travaux de réparation qui s’échelonne jusqu’en 1994 (voire jusqu’en 1999 pour certains), nous pouvons apprécier toute l’ampleur et la gravité de cet évènement. Par ailleurs, cette crue est également révélatrice de la nécessité de conserver les zones inondables pour l’épandage des crues dans la plaine.

Au-delà des conditions météorologiques à l’origine de la crue de février 1990, d’autres éléments ont-ils concouru à la survenue, voire à l’aggravation, de tels évènements ?