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C) L’heure du bilan : un constat accablant

1) Des dégâts considérables

Le recensement des dégâts s’opère de façon très structurée, par différents services, en fonction de la nature des dommages et des lieux concernés. Ainsi, un ingénieur du département est chargé de constater les dommages survenus aux berges de la Lauch. Les techniciens de la DDE et les maires dénombrent les dégâts occasionnés à la voirie communale et les services techniques des différentes communes procèdent à l’estimation des dommages aux équipements publics. Au-delà, des dégâts aux entreprises et aux particuliers sont également constatés. Aussi, est apparue la nécessité de tirer les premiers enseignements et de déclencher les procédures d’indemnisation.

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a) Localisation des dommages par commune

Le constat des dommages occasionnés par la crue de février 1990 s’organise de la manière suivante : tout d’abord sont mentionnés les dommages survenus dans les communes de l’amont puis ceux survenus dans les communes de la plaine

 Dans la zone de montagne

En amont d’Issenheim, en l’absence de rapport récapitulatif, nous avons procédé à un inventaire des lieux sinistrés mentionnés dans les diverses sources archivistiques à notre disposition72. Nous avons ensuite pu reconstituer plusieurs cartes de localisation des dégâts dans les communes de Linthal, Lautenbach-Zell, Lautenbach, Buhl et Guebwiller.

 A Linthal, les flots tumultueux de la Lauch ont provoqué l’effondrement d’une maison (Café Hurth). A la suite du déferlement des eaux, le lit de la rivière est plus bas d’un mètre. Les fondations d’un immeuble de la rue de la Lauch à Lautenbach-Zell ont été mises à nues, la solidité de l’ouvrage est désormais précaire73. Le propriétaire sollicite l’intervention du syndicat pour effectuer les travaux de réparation qui s’imposent.

72 Conseil général 68, DDT-DDAF 68, DREAL-DIREN Alsace, Archives municipales, etc. 73

Lettre d’un habitant de la rue de la Lauch à Lautenbach-Zell au président du Syndicat mixte de la Lauch supérieure, le 26 février 1990.

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Figure 5 : Emprise de la crue de février 1990 à Linthal, Lautenbach-Zell, Lautenbach et Buhl

 Entre Lautenbach et Buhl (usine Sévylor), la « pénétrante » (RD 430) est littéralement arrachée et de nombreux automobilistes ont été pris au piège. L’usine Sévylor et le village de Buhl ont été submergés, les eaux de la Lauch ruisselant dans les rues du Colonel Bouvet, de la Scierie et rue Saint-Gangolf. Dans la rue du Florival, la berge est arrachée. La rivière a charrié toute sorte de matériaux (branches, troncs d’arbre, pierres, etc.) qui ont causé de nombreux dommages. Le mur de soutènement bordant la Lauch en rive gauche, rue du colonel Bouvet à Buhl, est sérieusement raviné dans le bas. La marche de retenue qui traverse la rivière s’est déplacée laissant un trou béant à la limite inférieure du mur, où l’eau peut aisément s’engouffrer et saper l’ouvrage.

Pour dresser le bilan des dégâts à Buhl, nous avons eu accès à une source tout à fait inédite, il s’agit du rapport d’intervention74

du corps des sapeurs pompiers75. Ce dernier s’est trouvé confronté à divers problèmes de gestion des interventions durant la crue de février 1990, notamment en raison du nombre important d’appels mais également de la

74 Rapports d’intervention (heure par heure) des sapeurs pompiers de Buhl lors de la crue du 14 au 20 février

1990, établi par l’adjudant Hurth.

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Le corps des sapeurs pompiers de Buhl se compose de 35 membres actifs pour une population avoisinant les 3 000 habitants. Lors des crues de février 1990, 31 sapeurs pompiers sont intervenus sur le terrain.

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présence de nombreux secours extérieurs76 et d’engins, à gérer. Pendant 7 jours, du 14 au 20 février 1990, les interventions se sont enchaînées à un rythme soutenu : sauvetages à dos d’homme, hélitreuillage, vidanges de caves, évacuation de la boue, etc. Au final, 149 interventions sont enregistrées, soit un total de 2 040 heures, prises intégralement en charge par la commune. Le rapport d’intervention des sapeurs pompiers inventorie et détaille, jour après jour, les interventions opérées par les pompiers au cours de la crue, en précisant l’objet de l’intervention, la date et surtout le lieu exact de celle-ci. Ces informations, additionnées à celles livrées par les témoignages locaux, les archives de la presse et des services techniques de la DDAF et du Conseil général, ont permis la reconstitution de la carte ci-dessous.

Comme en témoigne cette reconstitution cartographique, 20 à 25 % de la commune de Buhl se trouvent submergés. Le chemin emprunté par les eaux de débordement en rive gauche est ici bien visible et laisse présumer de l’ampleur des dégâts puisque, selon la presse, 11 entreprises et 167 particuliers77 sont touchés, parmi lesquels, deux familles devant être relogées.

76 Les corps des sapeurs pompiers de Guebwiller, Ensisheim, Fessenheim, Wittelsheim et Soultz étaient présents

ainsi que des hommes du 9e Régiment du Génie de Neuf Brisach, du 152e Régiment d’Infanterie de Colmar et du 57e Régiment de Transmission de Mulhouse.

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 Dans la traversée de Guebwiller, les dégradations sont nombreuses. Les eaux ont affouillé les berges devant l’hôpital et éventré le mur de rive de l’avenue Foch. Les eaux de débordement ont gagné via la rue de l’Electricité, plusieurs rues du lotissement situé au sud-est de la ville en direction de Soultz (rue des Prés, des Jonquilles, des Anémones, Chemin noir, etc.). Des maisons sont encerclées par les flots. Du côté de l’usine à gaz, route d’Issenheim, une partie des berges a été emportée (rue du Saering). Des terrains ont été endommagés également dans le secteur de la Kapellmatt), (cf. carte ci-dessous).

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Si certaines pertes sont chiffrables, d’autres ne le sont pas : souvenirs, objets de valeur sentimentale, des mois voire des années de travail anéantis en quelques heures seulement, etc. On parle de désolation chez les personnes sinistrées, de détresse morale et de choc psychologique78.

 Dans la zone de plaine

Le président et plusieurs membres du Syndicat fluvial de la Lauch inférieure, accompagnés de deux ingénieurs de la DDAF, se rendent fin février, à Guebwiller, Issenheim, Merxheim, Gundolsheim, etc., pour constater et évaluer les dégâts causés aux ouvrages de la Lauch. Cette visite doit servir à élaborer un dossier technique destiné au préfet et au Conseil général, afin de chiffrer les travaux et obtenir les aides nécessaires (80 % de la subvention départementale) pour entreprendre les réparations. Ce rapport technique doit également permettre de déterminer les travaux à effectuer en priorité, afin d’éviter de nouvelles inondations lors des prochaines crues.

Deux membres du Syndicat mixte des gardes-champêtres intercommunaux du Haut-Rhin, effectuent une visite complémentaire des lieux et établissent un relevé des dégâts causés par la crue, aux territoires de plusieurs communes riveraines de la Lauch.

Le constat dressé est le suivant :  Dans la commune d’Issenheim79

:

 Dans la partie ouest du ban communal, la Lauch a quitté son lit pour envahir terres agricoles et habitations riveraines (quartier Speck). Les dégâts tant privés que publics sont nombreux : lessivage et ravinement occasionnés par les eaux(cf. n°1 sur plan).  Le pont qui enjambait la Lauch près de l’église a été démonté par la commune en

raison de l’ampleur de la crue. En effet, l’ouvrage risquait d’entraver l’écoulement des eaux et d’aggraver la situation (cf. n°2 sur plan). Ont été également submergées différentes rues de ce quartier, notamment : les rues du Canal, des Ecoles, d’Ostein, le quai de la Lauch.

 La Lauch est sortie de son lit à l’est de l’agglomération, emportant partiellement les berges de retenue et envahissant les terres agricoles occasionnant des dépôts

78 DNA du 24/02/1990 et L’Ami du peuple du 25/02/1990.

79 Archives du Conseil général du Haut-Rhin, Procès-verbal de la visite des lieux sinistrés à Issenheim par les

inondations de février 1990 et relevé des dommages par deux agents du Syndicat mixte des gardes-champêtres intercommunaux du Haut-Rhin, le 24 février 1990.

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impressionnants d’alluvions et de matériaux en tous genres (bois, plastique, etc.) (cf. n°3 sur plan). Dans ce secteur, la coopérative agricole Cacoja est sinistrée.

 Le Rimbach a partiellement endommagé le pont de l’ancienne route nationale 83 (cf. n°4 sur plan).

 Les terres agricoles en bordure de la RN 83 sont lessivées par les débordements de la Lauch (cf. n°5 sur plan).

Figure 8 : Zones inondées à Issenheim en février 1990

 Dans la commune de Merxheim80

:

 Les conséquences de cette crue exceptionnelle sont dues à la rupture d’une berge localisée à l’ouest de Merxheim sur le territoire d’Issenheim (cf. n°1 sur plan). Un nouveau lit s’est creusé, emportant sur son passage une partie des terres agricoles.  Au nord de la localité, la Lauch a partiellement emporté la berge de la rive gauche et

son enrochement (cf. n°2 sur plan).

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Archives du Conseil général du Haut-Rhin, Procès-verbal de la visite des lieux sinistrés à Merxheim par les inondations de février 1990 et relevé des dommages par deux agents du Syndicat mixte des gardes-champêtres intercommunaux du Haut-Rhin, le 24 février 1990.

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 Les abords de la rivière laissent apparaître les stigmates de la crue par l’affaissement de berges et l’apport considérable d’alluvions et autres matériaux (bois, plastique, etc.)  Les dégâts les plus notables se situent au nord-est de la commune où la Lauch est sortie de son lit, à hauteur de l’ancien abattoir (cf. n°3 sur plan), creusant un nouveau cheminement (cf. n°4 sur plan) et emportant une partie d’un chemin rural goudronné et plusieurs centaines de m3 d’un terrain agricole (cf. n°5 sur plan). Le lit créé lors de la crue rejoint le lit originel de la Lauch, plus en aval (cf. n°6 sur plan).

 Situé entre la Lauch et le Schecklenbach, le village de Merxheim a été submergé par les eaux de débordement, occasionnant des dégâts aux habitations et au domaine public. Plusieurs rues du centre-ville étaient sous les eaux : rues des Vosges, de Landersheim, de la Gare.

Figure 9 : Zones inondées à Merxheim en février 1990

D’après les riverains de la Lauch à Issenheim et Merxheim, le curage de la rivière reste indispensable pour éviter, à l’avenir, de pareilles inondations.

74  Dans la commune de Gundolsheim81

:

 Le centre du village est épargné par la crue. En effet, les berges et les digues sont parvenues à bien contenir la violence des flots. Seules les terres agricoles de la rive droite, entre la Lauch et la voie de chemin de fer, ont subi les débordements, à savoir : lessivage, ruissellement et dépôts d’alluvions. (cf. n°1 sur plan). Situées à une altitude inférieure, ces terres ont ainsi offert un cheminement au débordement.

 Les eaux de débordement ont laissé des traces de leur passage jusqu’à hauteur de l’ancienne gare de Gundolsheim, au nord-est de la commune (cf. n°2 sur plan).

Figure 10 : Zones inondées à Gundolsheim en février 1990

81 Archives du Conseil général du Haut-Rhin, Procès-verbal de la visite des lieux sinistrés à Gundolsheim par les

inondations de février 1990 et relevé des dommages par deux agents du Syndicat mixte des gardes-champêtres intercommunaux du Haut-Rhin, le 24 février 1990.

75  Commune de Rouffach82 :

 Les abords de la Lauch ont été recouverts par les eaux d’inondations, (cf. n°1 sur plan).

 De nombreux terrains agricoles (cf. n°2 et 5 sur plan) et jardins (cf. n°3, 4 et 6 sur plan) sont lessivés et ravinés par les eaux.

 Plusieurs bâtiments (coopérative agricole) et habitations proches de la Lauch sont sinistrés, notamment dans le quartier de la gare SNCF, (cf. n°7 sur plan).

 Des biens publics sont endommagés : buse d’évacuation (cf. n°8 sur plan), clôture (n°9), chemin (n°10), etc.

 Selon les riverains, le quartier du « Schindlach », où se situent un lotissement et le magasin Intermarché, a également souffert de la crue, mais, en raison d’un refoulement des eaux, (cf. n°11 sur plan). En effet, les eaux de la Lauch stockées dans le champ d’inondation se sont déversées dans le village, via un fossé, alors que l’inverse aurait dû se produire.

82 Archives du Conseil général du Haut-Rhin, Procès-verbal de la visite des lieux sinistrés à Rouffach par les

inondations de février 1990 et relevé des dommages par deux agents du Syndicat mixte des gardes-champêtres intercommunaux du Haut-Rhin, le 24 février 1990.

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77  Commune de Pfaffenheim83

:

 Seules les berges semblent avoir été légèrement ravinées.

 L’enlèvement des matériaux (bois, plastique, etc.) obstruant le pont au lieu dit « Hinter der Mühle » a permis l’écoulement des eaux dans de bonnes conditions. (cf. n°1 sur plan).

 Les parcelles agricoles situées sur les bords de la Lauch ont été recouvertes par les eaux sans occasionner de dégâts. (cf. n°2 sur plan).

Figure 12 : Zones inondées à Pfaffenheim en février 1990

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Archives du Conseil général du Haut-Rhin, Procès-verbal de la visite des lieux sinistrés à Pfaffenheim par les inondations de février 1990 et relevé des dommages par deux agents du Syndicat mixte des gardes-champêtres intercommunaux du Haut-Rhin, le 25 février 1990.

78  Commune de Herrlisheim84

:

 Les eaux ont envahi les étangs au sud de la commune (cf. n°1 sur plan) et partiellement noyé les terres agricoles situées au bord de la Lauch (cf. n°2 sur plan).  Le chemin d’exploitation du « Wiedenroth », au sud de la localité, a été dégradé par la

montée des eaux. (cf. n°3 sur plan).

Figure 13 : Zones inondées à Herrlisheim en février 1990

b) Les dégâts aux infrastructures

D’après un premier inventaire des ouvrages publics sinistrés, dressé par le Conseil général et la DDE, il convient de prévoir un budget conséquent pour la réparation des routes85. En effet,

84 Archives du Conseil général du Haut-Rhin, Procès-verbal de la visite des lieux sinistrés à Herrlisheim par les

inondations de février 1990 et relevé des dommages par deux agents du Syndicat mixte des gardes-champêtres intercommunaux du Haut-Rhin, le 25 février 1990.

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sur plusieurs kilomètres depuis l’entrée de Buhl jusqu’à Lautenbach, la RD 430 offre une « vision d’apocalypse » et n’est plus que l’image de la dévastation. Quatre ans de travaux et 19,3 millions de francs d’investissement ont, au bas mot, été balayés par les eaux de la Lauch. Lors de cet épisode de crues, le réseau hydrométrique du ministère de l’Agriculture, géré par le Service régional d’aménagement des eaux - Alsace (SRAE Alsace), subit de grandes dégradations. En effet, dix stations limnigraphiques86 sont endommagées voire totalement détruites, portant le coût des réparations à la somme de 300 000 F. Ainsi, la station limnigraphique (de type Omega à pression) de Linthal sur la Lauch a été arrachée par l’eau et les corps flottants, aucun élément ne pouvant être récupéré. L’échelle limnimétrique a également été emportée. A la station de Guebwiller, c’est la prise de pression du limnigraphe qui a été arrachée ainsi qu’une partie de l’échelle limnimétrique87

.

c) Bilan des dommages aux entreprises et à quelques particuliers

Malheureusement, nous n’avons pas eu accès aux formulaires de déclarations de dommages émanant des particuliers pour des raisons de confidentialité. Ces fiches, contenant des données personnelles, sont soumises à un délai légal de communication de 50 ans88. Cependant, grâce à un dossier conservé aux Archives municipales de Guebwiller, nous avons tout de même eu accès à quelques déclarations émises par des entreprises et à plusieurs lettres produites par des particuliers du lieu.

 Les entreprises

 La société Nicolas Schlumberger & Compagnie (NSC) dresse le bilan des pertes éprouvées suite aux intempéries des 14 et 15 février 1990, sur ses différents sites :

 Site Buhl 1 : des fissures et un affaissement de la voûte du pont ; le mur bordant la Lauch s’est effondré sur 45 m de long.

 Site Buhl 2 : il y a une brèche dans le mur de la rivière sur 6 m de long et décollement de ce dernier sur 15 m. Le mur de la Lauch s’est effondré sur 20 m, provoquant l’effondrement du bâtiment n°133. NSC accepte la proposition de la DDAF consistant à participer à hauteur de 40 % (soit 12 000 F HT) à la reconstruction du mur.

86 La limnimétrie est le nom commun à la mesure du niveau des eaux. Le limnigraphe est l’appareil permettant

d’effectuer de tels relevés.

87

Archives DREAL, SRAE : Rapport sur la crue du 15 février 1990, 28 mars 1990.

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 Site du moulin : effondrement du mur et de la berge sur 15 m ; affouillement et effondrement partiel de la culée du pont ; destruction du seuil de la rivière près du pont.

 De nombreux affouillements et effondrements sont survenus aux murs et berges de la Lauch longeant les propriétés de la NSC. Plusieurs grands arbres ont également été déracinés le long des berges89.

 La Société alsacienne de filature de Guebwiller signale qu’un pan de mur de soutien a été emporté sur 15 m de long et 10 m de haut, sous le pont SNCF, près du Heissenstein90. Le 13 décembre 1990, elle écrit une lettre au Syndicat mixte de la Lauch supérieure, rien n’ayant encore été fait pour réparer le sinistre. Il faudra attendre le printemps 1991 pour que des travaux de réfection soient réalisés et pris en charge par le Syndicat mixte.

 La sérigraphie Eggmann, route d’Issenheim à Guebwiller, éprouve une perte de matériel professionnel pour un montant de 64 500 F. Un artisan chauffagiste-sanitaire du Chemin Noir subit d’importantes pertes de matériaux et matériels professionnels, le sol en bois de l’atelier prend l’eau et le carrelage des toilettes est soulevé. A l’Hôtel de l’Ange, rue de la Gare, la cave est inondée, les chaudières et brûleurs sont totalement immergés91.

Face aux dégâts matériels considérables, les déclarations de sinistres affluent.

 Les lettres des particuliers

Plusieurs personnes écrivent au maire de Guebwiller pour signaler les dégâts subis à leur domicile et dressent un inventaire de la nature des dommages : il s’agit notamment de véhicules, de chaudières et chauffe-eau, d’électroménager, d’outils de bricolage et jardinage, de matériaux de construction, de mobiliers divers, de denrées alimentaires, de vêtements, de souvenirs personnels, de dégâts aux portes de garage, etc. En règle générale, il s’agit de tout ce qui est habituellement entreposé dans une cave ou un garage, sans oublier les infiltrations d’eau dans les murs. Une coulée d’eau est venue de la rue de l’Ermite, le chemin d’accès à

89

AMG 13 W 10, Déclaration de sinistre Nicolas Schlumberger & Cie à la mairie de Guebwiller, le 20 février 1990.

90 AMG 13 W 10, Lettre de la Société alsacienne de filature au maire de Guebwiller, le 23 février 1990. 91

AMG 13W 10, Lettres de Gilbert Meyer, vice-président du Conseil général à MM. les maires de Buhl et Lautenbach-Zell, le 21 février 1990.

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une propriété de rue de la République est raviné sur 40 m de long ; même cas de figure au chemin du Kitterlé, où l’eau est, cette fois, venue du vignoble92

.

Certaines déclarations privées de sinistres mentionnent les hauteurs d’eau relevées à Guebwiller :

- 20 cm et 40 cm d’eau boueuse dans la cave de deux maisons sises allée des Prés ; - 75 cm d’eau boueuse dans le sous-sol d’une maison située rue de l’Electricité ; - 50 cm d’eau dans une cave, avenue Foch ;

- 80 cm à 1 m d’eau dans une cave et un garage du Chemin Noir ; - 1,20 m d’eau dans une cave, rue du Rhin93.

d) Les premières leçons à tirer de cet évènement

Une semaine après les inondations, le ministre de l’Intérieur annonce au préfet l’adoption d’une procédure accélérée pour le traitement des dossiers de catastrophe naturelle94

. Les sous- préfets réunissent les maires de leur secteur respectif afin de dresser un inventaire des dommages et des interventions d’urgence à prévoir.

Dans l’arrondissement de Colmar, plusieurs maires proposent, pour éviter de nouvelles catastrophes, de nettoyer le bord des rivières et de remettre en état les berges de l’Ill. Par ailleurs, les maires demandent à être mieux informés sur les moyens en génie civil susceptibles d’être mobilisés en cas de nécessité.

Dans l’arrondissement de Guebwiller, la plus grande plaie est la route départementale 430, totalement détruite et la commune de Buhl, entièrement sinistrée. Lors de la réunion bilan organisée à la préfecture en présence des maires, conseillers généraux, sous-préfets, etc., le maire de Buhl évoque le manque de moyens de communication lors de la catastrophe et propose de mener une réflexion commune et concertée aux fins de prévention95.

De cette réunion il résulte la nécessité de favoriser une meilleure coordination des actions