• Aucun résultat trouvé

7.2 Expérience E2 - Protocole expérimental

7.2.1 Entraînement

La phase d’entraînement du panel permet de former, à partir d’un groupe d’auditeurs « naïfs », un groupe d’auditeurs entraînés à la description verbale des sons par les mots du lexique. Cette phase s’est étendue sur une journée entière (de 9 h 30 à 18 h 00) entrecoupée de pauses régulières. Elle est constituée de deux types de sessions : des exercices d’entraînement, et des épreuves de description. Ces dernières, au nombre de trois (voir figure 7.2) préparent les auditeurs à l’épreuve d’évaluation d’une part, et permettent d’autre part de mesurer les performances du panel (pouvoir discriminant,

2

consensus, répétabilité) pendant l’entraînement. Les résultats de l’expérience E1 ont montré qu’un temps d’apprentissage d’une heure sur l’interface associée au lexique sonore augmentait les résultats d’une tâche de comparaison par paires, de manière assez modérée toutefois (58 % de bonnes réponses seulement contre 32 % sans apprentissage). Bien qu’encourageants, ces résultats suggèrent qu’un apprentissage plus lourd est nécessaire pour une bonne mémorisation et compréhension des termes du lexique. La littérature sur l’apprentissage des concepts (Fox et Sullivan 2007,Tennyson et Cocchiarella 1986), ainsi que les recommandations pour l’entraînement en analyse sensorielle (Depledt et SSHA 2009) préconisent en particulier l’utilisation d’exercices interactifs avec feedback. Nous proposons deux types d’exercices pour compléter l’apprentissage du lexique. Le premier exercice repose sur une tâche identique à celle de l’expérience E1 : les participants doivent sélectionner parmi les mots du lexique celui décrivant le mieux une paire de sons qui leur est présentée. Le second exercice propose une tâche inverse : un mot est présenté aux participants, qui doivent alors sélectionner parmi cinq sons celui qui correspond le mieux à ce mot. Dans les paragraphes suivants, nous présentons en détail les différentes étapes de la phase d’entraînement. Le titre des différentes sous-sections se réfère au protocole présenté sur la figure7.2.

7.2.1.1 Présentation de l’expérience

Les participants ont été accueillis dans une salle de l’Ircam dédiée à la pédagogie, équipée de 10 ordinateurs (voir figure7.3). La problématique générale de nos recherches (descrip-tion verbale des sons) et les objectifs méthodologiques de l’expérience ont été expliqués aux participants, afin de les impliquer davantage (cette étape est fortement recomman-dée en analyse sensorielle par Nicod et al. (2009)). L’existence de six catégories de sons prédéfinies ainsi que les références au monde ferroviaire n’ont toutefois été mentionnées à aucun moment. Nous n’avons pas non plus exposé la notion de marque et d’identité sonore lors de cette séance. L’accueil des participants et la présentation des objectifs ont duré 30 minutes.

Fig. 7.3: Salle Nono du département de la pédagogie à l’Ircam. Un poste de travail fixe a été aléatoirement assigné à chacun des participants pour l’ensemble de l’expérience

(entraînement et évaluation).

7.2.1.2 Prise en main du lexique sonore

Cette étape a permis aux participants de découvrir et d’apprendre le lexique sonore. Une version MATLAB de l’interface d’exploration du lexique sonore a été utilisée pour les besoins de l’expérience. Les participants disposaient d’une heure pour explorer librement les 21 entrées présentées sur l’interface. Ils avaient pour consigne de lire chaque définition et d’écouter attentivement (et plusieurs fois) les illustrations sonores correspondantes. Afin de s’assurer que les participants ont bien consulté l’ensemble du lexique, une feuille d’auto-évaluation leur a été distribuée (de la même manière que pour l’expérience E1). Pour chaque concept, les participants avaient pour consigne d’indiquer leur degré de compréhension sur une échelle de 1 à 5 (1 = je n’ai pas du tout compris, 5 = j’ai très bien compris). Cette étape de prise en main du lexique a duré entre 25 et 45 minutes selon les participants.

7.2.1.3 Exercice 1

Cet exercice utilise la même procédure que l’expérience E1 (voir § 6.4.2 page102) mais propose en plus un feedback aux utilisateurs selon leur réponse. Son objectif est de s’assurer que les participants ont bien compris et acquis les concepts présentés dans le lexique.

Stimuli

curseurs des encarts « variation ») du lexique, nous avons construit 30 paires de sons. La plupart de ces paires étaient les mêmes que celles utilisées lors de l’expérience E1 (voir § 6.4.2.1, page102). Nous n’avons cependant conservé qu’une paire pour un mot (ou un couple de mots) donné. Le lexique ayant été amélioré suite à l’expérience E1, les termes chaud et rond ont pu être illustrés par des paires pour cet exercice. Les mots Proche, Loin, Rond, Métallique et Strident ont été laissés de côté.

Procédure

La procédure étaient la même que celle de l’expérience E1 (compléter la phrase « Le son A est plus .... que le son B »). En revanche, un feedback était donné au participant après chaque essai pour lui indiquer s’il avait choisi la réponse attendue (auquel cas il pouvait passer à la paire suivante) ou s’il devait essayer à nouveau pour trouver l’adjectif le plus approprié. Suite à certaines difficultés observées lors de l’expérience E2, le nombre d’essais a été limité à 5 lors de l’expérience E2bis, après quoi la réponse attendue était communiquée au participant. L’exercice 1 a été conduit deux fois à l’identique, une fois en début de journée et une fois en fin de journée.

7.2.1.4 Exercice 2 : reconnaissance d’attributs

L’objectif de ce second exercice est d’habituer les membres du panel à pratiquer une écoute réduite (au sens de Schaeffer, voir chapitre 5 § 5.3.1) afin d’associer un attribut donné à un son. Cette fois-ci, les sons utilisés sont « nouveaux » pour les participants. Ils ont été selectionnés dans des bases de données pour illustrer les différents attributs du lexique. Cet exercice évalue donc également l’aptitude des participants à généraliser les concepts appris : les auditeurs doivent désormais associer les mots à des sons qu’ils n’ont jamais entendus auparavant.

Stimuli

Les stimuli utilisés pour cet exercice se répartissent en trois groupes de 175 sons, corres-pondant à trois séries de questions qui sont successivement présentées aux participants lors de l’exercice. Une série est composée de 35 questions, portant chacune sur un attri-but du lexique sonore. À chaque question sont associés cinq sons : l’un des sons constitue la « bonne réponse » (le son est bien caractérisé par l’attribut) alors que les quatre sons restant constituent les « mauvaises réponses » (le son n’est pas du tout caractérisé par l’attribut). Pour un attribut donné, par exemple discontinu, nous avons donc sélectionné 3 « bonnes réponses » (une par série) et 12 « mauvaises réponses » (quatre par série), soit 3 sons continus et 12 sons non continus. Les sons choisis sont issus de bases de données sonores de sons abstraits. Pour les termes suscitant des confusions courantes (comme la

confusion ascendant - crescendo, que nous avons identifiée à la suite de l’expérience E1), nous avons veillé à proposer des « mauvaises réponses » tenant compte de ces confusions.

Procédure

La figure7.4 présente l’interface MATLAB utilisée pour cet exercice de reconnaissance. Le mot du lexique évalué était affiché en haut de l’écran, et cinq sons étaient présentés aux participants. Ces derniers avaient pour consigne de sélectionner le son le plus représentatif du mot affiché. Les participants avaient la possibilité de réécouter chaque son autant de fois qu’ils le souhaitaient. A chaque réponse, un feedback était donné aux participants pour leur indiquer s’ils avaient choisi la réponse attendue (auquel cas ils pouvaient passer à la question suivante) ou s’ils devaient essayer à nouveau pour trouver le mot le plus approprié. La définition associée au mot évalué apparaissait en haut à droite de l’écran à partir de la première erreur. L’ordre des 35 attributs dans chacune des trois séries était tiré au sort pour chaque participant.

Fig. 7.4: Capture d’écran de l’interface MATLAB utilisée pour l’exercice 2. L’auditeur doit choisir un son parmi les cinq qui lui sont proposés pour l’associer au mot présenté en haut à gauche de l’écran. En cas de réponse incorrecte, la définition du mot est rappelée (encart en haut à droite) et l’auditeur doit réessayer jusqu’à trouver la bonne

7.2.1.5 Entraînement à l’indexation

L’objectif de cette étape est de familiariser les membres du panel à l’épreuve d’indexation principale qui a eu lieu le second jour. Contrairement aux exercices 1 et 2, cette épreuve demande aux participants d’évaluer simultanément plusieurs attributs du son. Cette étape a été conduite à trois reprises (voir figure7.2). En plus d’habituer les participants à pratiquer une écoute « multidimensionnelle » des sons, ces trois séances d’entraînement nous ont permis de mesurer l’évolution des performances du panel au cours de la phase d’entraînement.

Stimuli

Les 35 sons à indexer lors de cette étape sont issus de bases de données sonores. Ils comprennent aussi bien des sons abstraits que des sons musicaux et environnementaux. La sélection des sons s’est faite de manière à ce que le corpus de stimuli soit le plus hétérogène possible. A partir d’une large banque de sons (environ 1000) annotés par l’expérimentateur, 35 sons ont été choisis de manière à ce que tous les termes du lexique soient représentés. L’objectif était d’obtenir un corpus de sons le plus hétérogène pos-sible. Les annotations de l’expérimentateur n’ont servi qu’en tant que support d’aide à la décision dans le choix des sons, et n’ont en aucun cas été considérées comme valides par la suite. Des expériences préliminaires menées sur un petit nombre de participants ont permis de s’assurer de la pertinence de cette sélection et de la compléter.

Procédure

La procédure expérimentale est une procédure CATA (« chek-all-that-apply ») menée sur un corpus de 35 stimuli avec une liste de 35 attributs. Cette procédure, rigoureuse-ment identique pour les trois sessions d’entraînerigoureuse-ment, est la même que celle de l’épreuve principale d’indexation. Elle est détaillée dans la section suivante (voir § 7.2.2).