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Discussion des résultats se rapportant aux avantages et inconvénients concernant l’utilisation du

Chapitre VI : Discussion des résultats 122 

6.2.  Discussion des résultats se rapportant aux avantages et inconvénients concernant l’utilisation du

discussions des élèves

Cette section est divisée en deux grandes parties se basant sur une liste d’avantages et de désavantages de l’utilisation du TNI (basé sur l’étude de Mercer, Warwick, et al., 2010). Nous comparons nos résultats, premièrement, avec cinq points dits négatifs de l’utilisation du TNI sur les discussions d’élèves, puis, deuxièmement, avec les cinq points dits positifs de l’utilisation du TNI.

Les points négatifs de l’utilisation du TNI sur les discussions de

groupe

1) La hauteur du TNI

Un des premiers points négatifs pointés par Mercer, Warwick, et al. (2010) était le fait que la taille du TNI empêchait les petits enfants d’utiliser facilement toutes les parties de l'écran, et que les enfants plus grands ont un accès plus facile que les élèves petits. Du coup, l’utilisation du TNI peut être mal répartie entre les membres du groupe en raison de sa hauteur. Cependant dans nos observations des trois cas, nous n’avons pas observé ce problème de taille. Nous pensons que c’est surtout lié au fait que les élèves de la classe analysée sont de l’avant-dernier et dernier degré du primaire, ils sont donc tous assez grands pour arriver à toucher le haut du TNI.

2) L’écran non adapté à l’écriture

Le deuxième point négatif traite de la difficulté d’écrire au TNI. Mercer, Warwick, et al. (2010) avaient noté qu’un étudiant prend certainement plus de temps à écrire au TNI qu’avec un papier et un crayon. Cela a pour effet que les partenaires doivent attendre l’élève écrivant au TNI. Dans nos trois cas analysés, nous n’observons pas ce problème d’écriture. Rappelons que nous sommes dans un contexte mathématique et plus précisément géométrique (logiciel Tinkercad), cela semble donc logique que les élèves n’aient pas utilisé d’écriture. Ils ont utilisé essentiellement le « glisser-déposer », le fait de bouger, sélectionner, superposer et redimensionner des solides. Cependant, nous avons pu observer un autre problème lié à une autre difficulté : la précision sur le logiciel avec le TNI.

Un premier constat concerne notre sélection de données. Celle-ci a montré que sur les six groupes de la classe, très peu de groupes ont travaillé ensemble sur le TNI axé sur la

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tâche. La plupart des élèves ont travaillé via l’ordinateur qui était relié au TNI. Le deuxième constat est qu’au sein des trois discussions analysées, au moins un élève de chaque groupe est passé sur l’ordinateur et y reste pendant toute la discussion. On remarque qu’ils se sont réparti les tâches selon l’utilisation de l’ordinateur : un élève travaille sur l’ordinateur et fait le travail précis (augmenter, diminuer la hauteur, largeur ou/et longueur d’un bâtiment ou encore le changer de place), pendant que les autres montrent du doigt où le faire (cela a été observé essentiellement lors du cas 2 et du cas 3). Les élèves qui étaient face au TNI l’utilisaient pour les tâches simples, comme changer de couleur les bâtiments et placer les solides sur le plan, qui sont des tâches de « glissé – déposé ».

Nous pouvons donc remettre en question à la lumière de la revue de littérature et de nos observations, la précision de l’écran tactile du TNI dans le domaine des mathématiques. Il est pertinent aussi de remettre en question le logiciel, qui n’était pas, à la base, créé pour être utilisé avec un TNI.

3) Les problèmes de défaillances techniques

Le troisième inconvénient remarqué par Mercer, Warwick, et al. (2010) est que dans certains groupes, des défaillances techniques de la machine arrêtaient parfois complètement l'activité des enfants en attendant d'être réglés par l'enseignant. Nous pouvons observer qu’au sein de nos trois cas, nous avons eu, aussi, deux types de défaillances techniques. Le premier s’est passé pendant le cas 1, leur bâtiment n’a pas été sauvegardé et ils ont perdu tout ce qu’ils avaient fait pendant cette séance. Cette première défaillance technique est plus de l’ordre du logiciel et sa connexion internet. Le deuxième a eu lieu pendant l’activité du cas 3 : l’écran tactile du TNI ne fonctionnait pas.

Malgré ces deux types de défaillances (la connexion à internet et l’écran tactile) les élèves se sont débrouillés sans l’enseignant. Ces deux problèmes n’ont pas interrompu leur travail. Évidemment, ce sont des cas particuliers. Car le premier groupe (cas 1) ne travaillait pas sur son plan en lien avec la situation-problème; il testait le logiciel. Les élèves ne considèrent donc pas avoir perdu quelque chose d’important. Quant au deuxième groupe (cas 3), les élèves étaient déjà au courant que l’écran tactile ne fonctionnait pas et un réparateur était attendu pour résoudre au plus vite ce problème (qui a duré tout de même une semaine).

128 4) La surface non multitouche du TNI

Un quatrième inconvénient est qu’il n’est pas permis d’utiliser de manière dynamique le TNI vu que sa surface ne peut être touchée ou activée que par un seul utilisateur à la fois. Nous pouvions observer lors de l’analyse de notre cas 1, pendant la troisième séquence, que les participants ne se parlent pas. Si on regarde ce qu’ils font, on peut voir Jenna et Michaël qui touchent tous les deux en même temps le TNI pour tenter de modifier la grandeur de leur cube qui sera la future maison. Finalement, Jenna abandonne le stylet du TNI et laisse la place à Michaël, qui vu la difficulté d’agrandir la maison avec précision sur le TNI, décide de le faire sur ordinateur.

La difficulté du fait qu’un seul élève pouvait toucher l’écran a été remarquée. Par contre, cela n’a pas nécessairement transformé une discussion de type cumulative en discussion de type disputationnelle comme le précisaient Mercer, Warwick, et al. (2010). Les élèves semblaient connaître et avoir conscience de ce problème du TNI et ne s’y arrêtaient pas. Dans les trois discussions, on peut voir de temps en temps l’élève à l’ordinateur qui demande à l’élève au TNI d’arrêter d’y toucher. Cependant, cette demande a été dans tous les cas respectée par l’élève au TNI. Il est intéressant de noter que c’est comme si le contrôle de la tâche revenait à l’élève qui était à l’ordinateur. Peut-être que cela s’explique par le fait les élèves ont conscience que seul la personne à l’ordinateur peut être précis sur le logiciel grâce à la souris.

5) L’énergie du groupe consacré à l’aspect technique du TNI.

Le dernier point négatif de l’utilisation du TNI que Mercer, Warwick, et al. (2010) observent, est qu’une grande partie de l’énergie et du temps des membres du groupe qui sont en train d'utiliser le TNI afin de poursuivre conjointement la tâche, est consacré à la discussion sur le traitement de la nature technique de la tâche. Par exemple, lorsqu’un élève, en touchant au TNI, a fait une fausse manœuvre, l’énergie du groupe est utilisée pour tenter de rectifier l’erreur qui a été produite suite à un mauvais touché de l’écran tactile du TNI. Il y a aussi tout l’aspect technique qui porte sur l’application Web de Tinkercad. Les élèves s’occupent surtout de chercher comment utiliser la grille, de faire tourner les perspectives, de zoomer et dézoomer.

Maintenant que nous avons abordé les cinq inconvénients du TNI en rapport avec nos résultats et observations des groupes d’élèves au TNI, nous passons, dans la prochaine

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section, aux cinq points positifs de l’utilisation du TNI afin de les comparer avec nos résultats.

Les points positifs de l’utilisation du TNI sur les discussions de

groupe

1) Accès à un matériel pertinent

Mercer, Warwick, et al. (2010) explique que TNI permet d’avoir avoir accès à un matériel pertinent préparé par l'enseignant et qui permet de faire des « aller-retour » à l’aide de la technologie en fonction des besoins des élèves. Dans le cas de cette étude, la tâche préparée par les enseignants a été élaborée sur papier (sous la forme de situation- problème). C’est le logiciel qui a essentiellement servi de support pour travailler la situation-problème au TNI. D’ailleurs, nous nous sommes rendu compte que ce logiciel n’est peut-être pas adapté à l’écran tactile du TNI, car on observe que les élèves préfèrent travailler sur l’ordinateur avec la souris par souci de précision. L’affordance tactile du TNI semble donc avoir posé des problèmes et ne semble pas être un « matériel » pertinent pour la tâche demandée ici. Dans cette étude, il se trouve que le matériel pertinent est essentiellement le logiciel qui a été utilisé : Tinkercad.

2) La possibilité d’annoter

Le deuxième point positif relevé par Mercer, Warwick, et al. (2010) est la possibilité d’annoter le matériel pour tenir compte de la discussion en développement. En effet, le tébéiciel offert avec le TNI offre généralement le pouvoir de noter des remarques sur le TNI et d’y revenir quand les élèves le sentent nécessaire. Les chercheurs parlent aussi de la nature changeante de l'affichage fluide du TNI qui semblait également encourager la confiance des enfants dans l'évolution et l'annotation de l'information.

Dans nos données, nous ne voyons aucune utilisation d’un outil d’annotation. À nouveau, nous pouvons relier cela au fait que nous utilisons principalement une application web et non le tébéiciel lié au TNI (contrairement aux études explorées dans la revue de littérature). Le logiciel Tinkercad ne permet pas aux enfants d’utiliser cet outil d’annotation. Il est donc difficile de vérifier cette affordance (liée à l’annotation) au vu de nos résultats. Cependant, nous pouvons pointer le fait que les étudiants ont sans arrêt utilisé leur version du plan papier en 2D lorsqu’ils travaillent au TNI. Ils l’ont soit gardée en main et comparée sans cesse, soit affichée sur le tableau blanc à côté du TNI et comparaient alors les mesures de leur plan en 3D avec leurs mesures de leur plan 2D.

130 3) Le fait de pouvoir supprimer et modifier

Un troisième aspect positif relevé par Mercer, Warwick, et al. (2010) est le fait de pouvoir supprimer et modifier ce qu'ils ont écrit pour tenir compte des points de vue des uns et des autres et de leurs idées changeantes partagées. Dans notre étude, nous avons observé que les élèves utilisent le fait de pouvoir supprimer et modifier au sein du logiciel (et pas au niveau de l’écriture comme dans les autres études). Cependant, nous ne pensons pas que cela les ait aidés à tenir compte des différents points de vue. En effet, juste en se basant sur l’analyse de leurs discussions, on peut voir que très peu d’idées divergentes ont été partagées lors des discussions. Nous observons, par exemple, dans le cas 2, que lorsque l’élève au TNI « efface » sa règle du plan pour ensuite la remettre, son but est de montrer aux autres élèves où il place la règle. Donc, dans notre cas, le fait de pouvoir effacer et modifier a permis essentiellement de soutenir les discussions qui étaient en cours.

4) La possibilité de « voir » pour l’ensemble du groupe

Mercer, Warwick, et al. (2010) remarquent un quatrième point positif qui est le fait de veiller à ce que tous les membres du groupe puissent voir ce qui est discuté. Cela rejoint plusieurs observations faites lors d’autres études. Par exemple, les résultats des entretiens avec des groupes d’élèves de Somekh et al. (2007) et de Spach et al. (2013) avaient montré que les élèves percevaient le TNI comme quelque chose qui les a aidés à se concentrer et à mieux comprendre le contenu de ce qui leur était (ou a été) enseigné. Ils avaient mentionné à plusieurs reprises combien les élèves aiment « être capables de voir ». Le grand écran du TNI permet, en effet, au groupe de suivre de manière plus concrète ce qui se passe dans le plan Tinkercad. Ils peuvent réagir directement à ce qui se passe, contrairement au travail sur papier avec crayon. Nos observations fortuites ont montré que les élèves peuvent s’entasser autour d’une même feuille et se plaindre de ne pas « voir » ce que réalisent leurs partenaires de groupe sur cette feuille. Ce problème est « résolu » avec le grand écran du TNI qui permet un espace plus large pour la vision des élèves et leurs interventions face à ce qu’ils font dessus.

5) Les groupes sont plus concentrés sur la tâche quand ils travaillent au TNI

Mercer, Warwick, et al. (2010) avaient observé, dans leur étude, que les groupes travaillant au TNI sont restés généralement bien centrés sur les aspects pertinents du travail. Ils ne semblaient pas s’ennuyer, s’arrêter dans la tâche, se détourner par les conversations sociales ou se laisser distraire par les activités des autres enfants. Leurs

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observations fortuites ont suggéré que ceux qui travaillent au TNI avaient tendance à travailler plus longtemps sur la tâche que les autres groupes de la classe qui travaillaient avec des ressources conventionnelles (papiers et crayons). Dans leur étude, l’utilisation du TNI a motivé les enfants dans la poursuite de leur tâche. Ce que réalisait le groupe de travail au TNI était visible par toute la classe (contrairement aux autres groupes qui travaillaient avec un crayon et du papier), mais cela ne semblait pas inquiéter ou distraire le groupe de travail au TNI. Il semble les aider à générer et à maintenir un espace dialogique, et ainsi éviter d'être distraits par la vie de la classe autour d'eux. Bennett et Lockyer (2008) ont, eux-aussi, observé que les élèves travaillant en groupe au TNI se sont montrés très concentrés sur la tâche. Les élèves au TNI étaient indifférents au reste de la classe. De même pour le reste de la classe qui ne semblait pas distrait par ce qu’accomplissait le groupe au TNI.

Au sein de nos observations, nous observons deux résultats contraires. Premièrement dans deux cas sur trois analysés, les autres groupes de la classe sont intervenus dans le travail des élèves au TNI. Les élèves au TNI se retournent, réagissent aux commentaires extérieurs, puis ils retournent à leur tâche. Ces interruptions brisent le « flow » de leur discussion, mais ils reprennent leurs discussions très rapidement. Deuxièmement, nous observons aussi l’étudiante du cas 2 (Fanny), qui est distraite et non axée sur la tâche avec ses collègues. On voit que, dans ce cas, ce ne sont pas les groupes extérieurs qui interviennent, mais l’élève non attentive qui distrait son propre groupe. Le reste du groupe ne semble pas s’en incommoder, mais les interventions extérieures coupent tout de même de manière abrupte certaines discussions qui étaient en cours.

Pour conclure, nous nous rendons compte que les observations font apparaitre d’autres avantages et inconvénients que ceux nommés dans la revue de littérature. D’autres points se rejoignent, comme l’énergie du groupe consacrée à la technique du logiciel, l’accès à un matériel pertinent grâce à l’application web, le fait de pouvoir supprimer et modifier et que tout le groupe puisse voir sur le grand écran. Il nous semble important de pointer le fait que l’application web a été beaucoup mise en perspective plus que l’utilisation du TNI en lui-même.

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6.3. Discussion du rôle des enseignants dans les