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Dimension poétique de la « fonction être »

FONCTION ÊTRE FONCTION MÉTA , FONCTION MÉNIQUE

2.2. Dimension poétique de la « fonction être »

Parler d’une dimension poétique de la « fonction être» chez Breton c’est souligner essentiellement ce versant poétiquequ’il met en exergue dans les textes consacrés à la fonction méta. En effet, analysant le préfixe Méta, comme on l’a montré, Breton se demande s’il n’est

262Nous avons été rendu sensible à la possibilité d’un rapprochement entre la pensée du « méta » chez Breton et sa mise en œuvre par Rosenzweig, lors du Séminaire de Philosophie de la Religion intitulé : « ‘‘Dieu en tant que Dieu’’ : un problème philosophique. Lecture de Franz Rosenzweig », dirigé par Philippe CAPELLE, Année

universitaire 2009-2010, second semestre.

Un autre rapprochement plus explicite a aussi retenu notre attention lors de la décade Stanislas Breton à Cerisy, en août 2011. Dans la présentation de sa communication : « Etre-dans, être-vers: fonction-méta et critique de la mystique dans L’étoile de la rédemption de Franz Rosenzweig » Carla CANULLO estime que : « chez

Rosenzweig, ce "méta" peut être interprété dans le sens proposé par Breton, c’est-à-dire en tant que fonction d’orientation "dans" et "vers", voire dans le sens d’un double ‘‘se transcender’’ ».

263 ER, p. 155.

264 « Ce nouveau concept de la philosophie a du moins encore le mérite de rendre possible un philosopher après Hegel […] A la place de l’ancien type de philosophe, impersonnel par vocation, employé comme simple lieutenant de l’histoire de la philosophie, et d’une philosophie naturellement unidimensionnelle, apparaît une figure

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pas « le signe par excellence de cet être-vers, immanent au poétique et à la poésie ». Comme on le faisait remarquer, Breton justifie l’emploi du terme « fonction » dans une réflexion sur le poétique par l’audace du poète.

Ces affirmations situent d’emblée dans la sphère du poétiqueέ Mais n’est-il pas possible de retrouver ce qui se présente dans cette « fonction méta » comme relevant spécifiquement de l’ordre du poétique ? Breton rattache donc explicitement la « fonction meta » au poétique et à la poésie.

Chaque poète, écrit-il, a sa manière à lui, et inconfusible, de la pratiquer. Mais dans sa singularité irrépétible, qui ne l'enferme pas dans un corset de fer, cette pratique réalise une fonction qui le traverse plus qu'il ne la maîtrise.265

On est ici en présence d’une sorte de redoublement de fonctionέ Faut-il parler de la fonction de la « fonction meta » ? Il va sans dire que la « fonction méta » a une véritable fonction philosophique à remplir dans les divers univers où on sait la convoquer. Selon Breton, le poème est et reste le paradigme « incontesté » de l’être-vers. Cet « être-vers » peut être bien saisi à travers l’apparente énigme de « la fonction Méta ».

Pour être ce qu’elle est, la « fonction Méta » intègre plusieurs facteurs qui s’articulent les uns aux autres. En effet, Breton lui reconnaît trois facteurs essentiels qui sont aussi trois puissances. Nous les avions déjà évoquées en analysant la particule méta qui les rend possibles. On peut insister, à la suite de Breton, en rappelant que « Méta, particule grecque dont nous avons fait Métaphysique, signifie, au gré des flexions, l’instabilité qui bouscule toute forme fixe (méta-stase !), l’élan de métaphore qui transporte et ravit, la métamorphose qui, sur chaque ligne d’univers, inscrit les caprices d’une libertéέ »266

265 PS, p. 46. 266 PS, p. 157.

102 2.2.1. La métastase

Sans ignorer toute la complexité de ce terme en ces connotations négatives ou positives, Breton retient, pour exprimer cette première puissance de la « fonction méta », son trait le plus caractéristique.

Plus généralement […] la métastase, en sa formule la plus neutre, évoque une labilité, une impatience qui secoue toute fixité d’établissement, et qui pousse toutes choses vers l’au-delà de leur forme ou de leur sens, qu’il s’agisse d’êtres-réels ou d’identités sémantiques267.

Dans quel sens faut-il comprendre cette puissance qui semble n’admettre aucune forme de stabilité ? Serait-ce un éloge de l’instabilité ou de l’errance ? Certainement pasέ Si la métastase est signe de labilité, ce n’est sans doute pas parce qu’elle n’est qu’instabilitéέ On comprend dans la définition de Breton que l’impatience dont brûle la métastase n’est pas pure précipitation ni absence de réflexionέ La promptitude dont elle témoigne est ce qui lui permet d’inviter à la vigilance afin que nulle envie de se fixer quelque part n’empêche de toujours porter son regard et son jugement vers cet au-delà du sens ou cet au-delà de l’êtreέ C’est grâce à une telle puissance que des « déplacements » de sens sont toujours possiblesέ Le déplacement n’est pas négation du lieu où on se tenait, il est élargissement, et comme tel source d’enrichissementέ

Et à titre d’illustration, Breton fait appel, entre autres, à l’image du masque ; une image qu’accompagne nécessairement une réflexion sur le visageέ Faut-il alors penser que cette méditation sur le masque et sur la métastase est d’abord un lieu où le visage est démasqué ou dévoilé ou révélé, et saisi pour ce qu’il est, dans son expression multiple, tout en échappant à toute réduction à quelque figure « tracé une fois pour toutes » ? C’est une lecture possibleέ

Mais là se lit aussi un continuel transit du visage. Le visage (celui de la dernière heure tout comme celui de la première heure) pose la double question du commencement et de la fin, de l’apparition et de la disparition de la vieέ Mais que peut bien insinuer le visage de la dernière heure ? « Ce regard qui ne regarde rien mais qu’une lumière invisible éclaire à l’oblique […]

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écrit Breton, indique, en-deçà de l’agitation où se divise notre agir, ce lieu in-défini d’un demeurer fondamental dont la mort, dans les songes les plus anciens de notre vieille humanité, reste la plus singulière manifestation. » Quel est donc ce lieu ? Et quel sens recouvre ce « demeurer fondamental » ? Faut-il entendre par là que le dernier regard, en dépit de la fixité qui le caractérise, invite à la contemplation de quelque réalité au-delà de tout regard et de toute vision humaine ? Peut-on aussi y lire le postulat d’un au-delà ? Ce « demeurer fondamental » dont la mort est la manifestation serait-il une manière de nommer cet au-delà ? Au-delà de quoi ? De la vie avant la mort, et même de la mort ? Toutes ces interrogations peuvent aussi se lire sur les traits plus ou moins esquissés du masque.

L’énigme du masque est liée à celui du divin et du devenirέ Il suggère en effet « un pouvoir mystérieux de tout devenir. »268 Et son évocation du divin a lieu par le non-être. « On peut dès lors se demander, s’interroge Breton sous le mode d’une hypothèse, si le masque ne serait pas la matrice, secrète et poétique, de toutes les théologies négatives ». En effet le masque tout en témoignant de la présence d’une réalité qui transcende la sensibilité humaine, ne fait pourtant que la suggérer, car il est incapable de la nommer. Et ainsi il ouvre un large champ de possibles. Tel se présente le premier facteur de la fonction méta. La richesse de son expression requiert sans doute un élan qui accompagne sa volonté de dépassement de toute forme de fixité.

2.2.2. La métaphore

Et il est possible, nous semble-t-il, de trouver un tel élan dans la mise en œuvre de la deuxième puissance de la fonction méta ; puissance que Breton désigne du nom de métaphore. Mais que recouvre la métaphore ? Et quelle sorte de puissance est-elle dans la « fonction Méta » ?

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« Transit » et « pouvoir de transiter » μ c’est ce que nomme le terme métaphoreέ La métaphore en lien avec le possible comme ouverture signifie ou « suggère la liberté du mouvement, plus exactement l’ensemble de ses degrés de liberté »269.

Et c’est par l’image de l’ange ou de l’aile de l’ange, que Breton illustre la métaphoreέ « Je fais de l’ange l’aile porteuse de cette matière lourde, la tournure poétique de ce sensible pesant qu’est notre corps sentantέ »270 L’ange qui ne manque pas de séduire et qui a séduit bien des poètes trouve bien sa place selon Breton, dans sa poétique du sensible. On peut se demander d’emblée si cette question de l’ange n’est pas une invitation à éviter un certain alourdissement de la pensée en lui ouvrant l’espace d’une certaine agilitéέ La subtilité de l’ange réside selon lui dans le fait qu’« il est moins ce qu’il y a que ce qui me donne à penser le ‘‘il y a’’ dans une multiplicité de registres, que n’épuisent pas nos nomenclatures du réelέ »271

Un de ces registres est la sensibilité du corps ou la question du corps sensoriel. Il vient ici comme un approfondissement de la sensibilité fondamentale concernant le mondeέ C’est à travers un « se sentir » en tant qu’opération nulle ou élément neutre, qu’une poétique du corps advient réellement non pas seulement et avant tout sous le mode réflexif, mais aussi et surtout sous le mode de « cette libre mobilité, qui nous est devenue de plus en plus difficile, de par notre fixation au monde de notre représentation quotidienne et notre commun souci. »272

C’est aussi toute la question du rapport entre la matière et l’immatériel qui est posée et qui sollicite une réponse toujours renouvelée. Il nous faut donc cette audace qui nous incite sans cesse à « nous mêler aux choses et nous en éloigner » à la fois. « Le champ métaphorique dans son ensemble, écrit Ricœur, est ouvert à toutes les figures qui jouent sur les rapports du semblable et du dissemblable dans quelque région du pensable que ce soit »273.

Dans le sens de cette ouverture, la fonction métaphorique de la fonction méta – si l’on peut la nommer ainsi – serait alors de permettre à l’humain d’aller aussi bien avec son corps

269 PS, p. 36. 270 PS, p. 70. 271 Ibid. 272 Ibid., p. 71.

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qu’avec son esprit, et dans un élan toujours renouvelé, au-delà de ce qui sans cesse a, ou aura tendance à lui faire oublier l’impératif du « transit ».

2.2.3. La métamorphose

Il est un troisième facteur qui vient éclairer de son feu la dimension poétique de la fonction métaέ Il s’agit de la métamorphoseέ Pour penser la spécificité de cette troisième puissance, il choisit le feu, sans doute en raison de son pouvoir de transformation. Mais le changement qu’elle porte ou apporte était déjà suggéré dans les deux premières puissances. En effet, « Le feu a, selon lui, l’instabilité de la métastaseέ Il se prête aux jeux de la métaphore verticale. »274

Liée à cette image du feu, la méditation du rien se révèle ici d’une grande importanceέ En effet Breton s’interroge sur la fonction et le schème du rien : « quelle fonction assume le rien dans un régime de pensée ? Quel en serait le schème dans notre langage d’aujourd’hui ? » En quoi donc le rien est-il lié à la question du feu ? Parce que « curieusement, […] le feu brûle sur fond de nuit et de rienέ Mais ce rien que nous cherchons à cerner, il l’a depuis toujours trouvé puisqu’il le porte en lui-même comme sa propre puissance. »275

« La fonction ‘‘méta’’, écrit Capelle, fait binôme avec la fonction ‘‘ménique’’, à la manière exacte dont l’‘‘être-vers-le-monde’’ fait tension avec le ‘‘demeurer-dans-le-monde’’ »276 Cette remarque confirme le fait que la fonction méta relève fondamentalement de l’ordre du poétique, si tant est que le poème est le paradigme de l’être-vers, et si on considère le fait que les réflexions bretoniennes sur la fonction méta sont comme résolument orientées vers la manifestation de cette dimension poétique du penser et de l’être métaphysiqueέ

274 PS, p. 93. 275 Ibid., p. 97.

276 Philippe CAPELLE-DUMONT, « Phénomène et fondement. Raison métaphysique et raison théologique », in :

106 2.3. Enjeux philosophiques de la « Fonction méta »

Pour entendre la fonction méta dans le sens où l’entend Breton, nous avons tenté de comprendre non seulement chacune de ses puissances mais surtout l’ensemble qu’elles formentέ En effet, c’est l’ensemble qu’il faut prendre en compteέ « Méta-stase, méta-phore, méta- morphose […] L’ensemble de ces puissances constitue ce que j’appelle la fonction Métaέ »277 Elle ne saurait donc se réduire à l’une ou l’autre de ses composantesέ Nous retrouvons ici, cette sensibilité bretonienne à toujours tenir ensemble certaines réalités qu’il appelle pourtant à distinguer. Il nous fallait passer par la voie de la distinction pour mieux comprendre chacune des puissances de la fonction méta, sans perde de vue l’ensemble qu’elle constitueέ

Une des caractéristiques commune aux trois puissances semble être le « déplacement », le mouvement, et partant, le dynamisme ou l’énergie ; toutes choses qui rappellent ce que promettait la particule méta et les divers sens qu’elle suggéraitέ La « fonction Méta, que nous rattachons au poétique et à la poésie, selon toute l’extension que nous leur conférons, unit indissolublement énergie et loi de structuration. »278

Pour prolonger cet essai de compréhension de la « fonction méta » et de ses enjeux, on peut se référer à l’analyse qu’en fait Jean Greisch, en parallèle avec l’approche qu’en propose Paul Ricœur279.

Réfléchissant sur le statut de la « fonction méta » dans la philosophie contemporaine, il se propose, entre autres, d’en dégager « les implications philosophiques, voire métaphysiques ». Selon lui, ce que formule Breton à travers « la fonction méta » est une théorie qui sous-tend une pratiqueέ En l’occurrence elle sous-tendait, concrètement, la pratique de ces « exégètes, philosophes, psychanalystes, historiens »280 qui constituaient un groupe de réflexion

277 PS, p. 44.

278« Réflexions sur la Fonction Méta », p. 46.

279 « Il est remarquable, écrit Capelle, que tout en formant une triple topique de la fonction ‘‘méta’’ […], Sέ Breton se reconnaissait entièrement dans ce que, selon son propre lexique, Pέ Ricœur appelait la métaphore vive, iέeέ la ‘‘puissance au cœur de tout ce qui est’’ » Philippe CAPELLE-DUMONT, art. cit., p. 33.

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interdisciplinaire dans les années 1λ8ίέ Ce qu’a perçu Jean Greisch, à travers les réflexions de Breton dans ce groupe, c’est que chacun doit savoir mettre en œuvre sa propre fonction métaέ C’est là justement une des choses fondamentales que retient Greisch, et que nous avons souligné en étudiant la notion de « fonction méta » chez Breton. La « fonction méta » n’appartient pas en propre à la philosophie, à la métaphysique. On pourrait dire que chaque secteur de la philosophie tout comme chaque discipline non philosophique a sa « fonction méta » ou sa manière propre d’articuler la « fonction méta » avec la démarche qui est la sienne.

Greisch reprend dans Le Cogito herméneutique les circonstances où lui apparurent avec plus de lumière « les implications philosophiques, voire métaphysique de la ‘‘fonction Méta’’ ». Et se propose de « repenser la ‘‘fonction méta’’ à la lumière de la question kantienne : ‘‘Qu’appelle-t-on s’orienter dans la pensée ? »281, question que Breton convoque aussi dans ses réflexions.

Cette méditation illustre donc, s’il en est besoin, la possibilité que laissait entrevoir la proposition bretonienne rapportée par Jean Greisch. A savoir que chacun est invité « à expliciter le sens que revêt la ‘‘fonction méta’’ dans son propre champ disciplinaire »έ C’est là une véritable ouverture qui permet donc à tout humain d’avancer sur les chemins de la vie, de l’existence, ou sur la voie métaphysique en tentant de mettre en œuvre sa propre « fonction méta ».

La réalité que souligne Ricœur de son côté est d’un grand intérêt pour ce que nous tentons de discerner chez Bretonέ Rappelant un passage de Ravaison, il montre qu’« en ouvrant le jeu par le thème de la polysémie de l’être et en optant pour la signification de l’être régie par les termes energeia et dunamis, il a empêché la métaphysique de s’enliser dans les ornières soit d’une ontologie substantialiste, soit d’une ontologie véritative »282 Dans ce sens, on peut dire que la réflexion de Breton sur la « fonction méta » vise aussi à donner à la métaphysique des conditions possibles de son existence en tant que métaphysique. Cela passe par la nécessité pour

281 Jean GREISCH, Le cogito herméneutique, p. 202.

282Paul RICŒUR, « De la métaphysique à la morale », in : Revue de Métaphysique et de Morale, N° 4, 1993, p.

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la métaphysique de mettre en œuvre cette « fonction méta » qui se présente comme sa propre fonction critique. Lorsqu’il écrit la postface pour la réédition d’un des livres clés de Breton : Le Verbe et le Croix, Jean Greisch, évoque la « fonction méta » au sens bretonien et ricœurien, qui pour lui ont plus qu’un air de parenté, et qu’il identifie à la transpassibilité et à la transpossibilité283.

Une manière de prolonger cette analyse, en mettant en exergue la spécificité non seulement de la « fonction meta », mais de toute la pensée de Breton, c’est d’entendre cette fonction dans le sens d’une « excédance ». Que recouvre ce terme et en quoi nous permet-il d’aller plus avant dans la réception du sens bretonien de la « fonction meta » ?

On rencontre de plus en plus ce substantif, orthographié différemment. Il y a « excédence » et « excédance ». Il est possible1 de mentionner l’utilisation qu’en font Paul Audi et Eric Clemens. Mais la référence principale sera l’emploi du terme « exédance » par Philippe Capelle, d’autant plus que ce dernier l’utilise comme clé de lecture du méta et de la « fonction méta » chez Stanislas Breton.

De bien des manières Paul Audi, utilise le terme « excédence» pour signifier, l’excès d’une puissance dans le cas où le moi arrive, ou est sans cesse appelé, à excéder sa propre puissance. Il s’agit, selon lui, du trop-plein de la puissance qui en l’humain est source du désirέ L’excédence serait alors comme une « décharge libératrice ». Et pour lui, « Excéder sa propre puissance, cela veut dire transgresser la permission naturelle qu’elle lui donne, ou bien encore, […] excéder son excédenceέ »284 Transgression ou pouvoir de transgresser, dépassement de sa propre puissance, « décharge libératrice »έέέ autant de termes ou d’images – et il en emploie d’autres – pour tenter de faire saisir ce qui à la fois est une réalité fondatrice, incontournable, et se présente sous les hospices de la pire réalité sur laquelle, immanquablement et inlassablement, on ne peut que butterέ Cela relève du paradoxe, et c’est le moins qu’on puisse dire de ce moindre

283 Jean GREISCH, « Penser l’impensable : le philosophe au pied de la Croix » in le Verbe et la croix, 2e édition

p. 217.

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qui « est plus grand et plus fort que nous »285. « Par ce terme peu courant d’« excédence » j'entends […], écrit Paul Audi, ce qui, plutôt que de rester (ou de subsister), ressort encore et toujours lorsque, par ailleurs, tout le reste a disparu. L’excédence est l'être de l’excédent. Et qui dit excédent ne dit pas résidu. »286 Il s’agit d’une excédence créatrice et révélatrice de ce que chaque être humain est réellement.

Ce qui excède et révèle ainsi l’être profond ou intime en moi est ce en-deçà de quoi je ne saurais être réduit. Il faut entendre également par excédence, écrit-il, « le fait que le tropisme