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Diagramme de phase du mod`ele d’Ising sur r´eseau carr´e avec des CL

5.2 Diagramme de phase dans le plan des temp´eratures complexes

5.2.3 Diagramme de phase du mod`ele d’Ising sur r´eseau carr´e avec des CL

Nous exposons dans le d´etail le cas du mod`ele d’Ising (p = 4), car c’est le mod`ele `a Bp

´etats non trivial le plus simple, mais il est repr´esentatif de ces mod`eles. Consid´erons des CL cycliques. Pour p = 4, l’Eq. (5.2) s’´ecrit :

Z = χ1,1+ χ1,3 , (5.22)

χ1,1 et χ1,3 ´etant respectivement ´egaux `a Tr[T1,1N] et Tr[T1,3N]. D’apr`es l’Eq. (5.12), T1,1 et T1,3

sont toutes deux de dimension 2L−1. Ces r´esultats sont ind´ependants du r´eseau consid´er´e. Sup- posons maintenant le r´eseau carr´e. Les ´el´ements de T1,1 et T1,3 sont 2

N−1

102 CHAPITRE 5. MOD `ELE DE POTTS POUR Q NOMBRE DE BERAHA

Fig. 5.2 – Courbes limites `a p = 4, pour un r´eseau carr´e de largeur L = 2 (en noir), L = 3 (en rouge), et L = 4 (en vert). B2 avait d´ej`a ´et´e obtenue Fig. 20 de [87], tandis que B3 avait

d´ej`a ´et´e obtenue Fig. 7 de [90]. On conjecture que les deux cercles de Fisher [70] repr´esent´es appartiennent `a B. Les carr´es correspondent aux quatre points critiques pour Q g´en´eriques. On voit qu’il y a deux points critiques suppl´ementaires.

avec n le nombre de plaquettes o`u les deux hauteurs horizontales sont dans des ´etats diff´erents, compte tenu des ´etats de d´epart et d’arriv´ee. Nous avons donn´e les expressions explicites des matrices pour des largeurs inf´erieures ou ´egales `a 4 dans [22], et retrouv´e l’expression des valeurs propres correspondantes, qui avait ´et´e d´etermin´ee pr´ec´edemment par Chang et Shrock. Ainsi, les fonctions de partition pour des rubans de largeur 2 et 3 avaient ´et´e calcul´ees respectivement dans [87] et [90], tandis que des r´esultats sur les matrices de transfert jusqu’`a des largeurs 4 avaient ´et´e expos´es dans [43]. Pour ces largeurs, les BL sont repr´esent´es Fig. (5.2). Les courbes

correspondant `a des largeurs de 2 et 3 avaient d´ej`a ´et´e obtenues par Chang et Shrock respec- tivement Fig. 20 de [87] et Fig. 7 de [90], mais dans le plan des u complexes, u ´etant reli´e `a x par u = √ 1

Qx+1. On conjecture ensuite des propri´et´es valables `a tout L.

Tout d’abord, il y a des z´eros limites dont la position est ind´ependante de L. Ainsi, les points x = −1 + exp ±ıπ2 appartiennent `a BL. En ces points, toutes les valeurs propres sont

´equimodulaires avec |λk| = 1. Il s’agit donc d’un point multiple, et on s’attend `a avoir plusieurs

branches se coupant en ces points. De la mˆeme fa¸con, x = −√2 est un point multiple o`u tous les λk s’annulent, et x = −√12 `a un point multiple o`u les secteurs χ1,1 et χ1,3 sont ´equimodulaires.

Pour d´eterminer le nombre de branches se coupant en ces points ainsi que leurs angles, il suffit de d´evelopper les λk(x) au voisinage de ces points. Nous d´etaillons le cas de x = −√12, l’´etude

5.2. DIAGRAMME DE PHASE DANS LE PLAN DES TEMP ´ERATURES COMPLEXES103

des autres points ´etant faite dans [22]. En posant x = −√1

2+ ǫ avec |ǫ| ≪ 1, dans chaque secteur

il n’y a qu’une seule valeur propre dominante λd,2j+1 ∼ O(1). De plus, la diff´erence entre ces

deux valeurs propres dominantes est seulement d’ordre ǫL. Ainsi : λd,1 = 2−

L

2 + O(ǫ3) (5.23)

λd,1− λd,3 = 2ǫL+ O(ǫL+1) . (5.24)

Les branches correspondent `a l’´equimodularit´e de ces deux valeurs propres :

|λd,1| = |λd,3| = |λd,1− 2ǫL+ O(ǫL+1)| . (5.25)

Pour |ǫ| ≪ 1, cette condition d’´equimodularit´e implique que :

Re(ǫL) = 0 , (5.26)

et donc les arguments correspondants θn de ǫ sont donn´es par :

θn=

π

2L(2n − 1) avec n = 1, 2, . . . , 2L . (5.27) Il y a donc 2L branches s’intersectant en −√2 et faisant des angles θn avec l’axe des abscisses.

Par un raisonnement analogue, on montre qu’il y a 2(L − 2) branches se coupant en −√1 2,

d’angles :

θn=

π

2(L − 2)(2n − 1) avec n = 1, 2, . . . , 2(L − 2) . (5.28) En plus de ces z´eros, on s’attend `a ce que les quatre points critiques du mod`ele de Potts `

a Q g´en´erique soient aussi des points fixes ! En effet, on conjecture que les cercles de rayon 1 et de centres 0 et −√2 appartiennent `a B, en accord avec les r´esultats de Fisher [70], voir l’Eq. (5.18). Ces cercles coupent l’axe des abscisses en quatre points, `a savoir x = −1 −√2, xBK = −1, x+ = 1 −√2 et xF M = 1, les valeurs des quatre points critiques g´en´eriques pour

Q = 2 dans le cas d’un r´eseau carr´e (voir sous-section 3.3.1).

BL est compos´ee ´egalement de 2L branches partant `a l’infini, avec des angles θn donn´es

par l’Eq. (5.27). De plus, dans cette limite des grands |x|, ces branches correspondent `a des croisements entre les secteurs χ1,1 et χ1,3, χ1,1 dominant pour x r´eel positif. Ainsi, la valeur

propre dominante pour une largeur L dans la limite des grands |x| est dans le secteur χ1,1 pour

les r´egions asymptotiques telles que :

arg x ∈ (θ2n−1(L), θ2n(L)) , avec n = 1, 2, . . . , L . (5.29)

Dans les autres r´egions asymptotiques, la valeur propre dominante vient du secteur χ1,3. Ces

faits s’interpr`etent en calculant le d´eveloppement pour |x| grand des valeurs propres dominantes dans chaque secteur. On note en utilisant l’Eq. (5.29) qu’il y a des effets de parit´e de L : pour x r´eel n´egatif grand, le secteur χ1,1 domine pour L pair, et χ1,3 domine pour L impair. Plus

pr´ecis´ement :

1. Le secteur χ1,1 domine sur la ligne physique x ∈

h −√1

2, ∞

 . 2. Pour L pair, le secteur χ1,1 est dominant pour tout x r´eel.

3. Pour L impair, χ1,1 est dominant sur la ligne physique, mais χ1,3 est dominant pour

x < −√1 2.

104 CHAPITRE 5. MOD `ELE DE POTTS POUR Q NOMBRE DE BERAHA

Il peut ˆetre choquant de constater que dans la limite L → ∞, les z´eros de la fonction de partition sont denses dans tout le plan complexe except´e l’int´erieur des deux cercles consid´er´es pr´ec´edemment, puisqu’il y a alors une infinit´e de branches partant `a l’infini. Cependant, il ne faut pas en conclure que l’´energie libre est singuli`ere dans toute cette zone (le raisonnement habituel de Fisher n’est plus valable car il s’agit d’un domaine) ! Cela signifie juste que dans cette limite les secteurs χ1,1 et χ1,3 sont tous deux dominants.

Notons que les conjectures faites sont des g´en´eralisations de r´esultats obtenus par Shrock pour une largeur 2 dans [87] et par Chang et Shrock pour une largeur 3 dans [90]. Les points x = −1 + exp ±ıπ2, x = −

2, x = −√1

2 avaient ´et´e identifi´es comme z´eros limites, et leurs

multiplicit´es avaient ´et´e ´etudi´ees, pour ces deux largeurs. De plus, les domaines de dominance des valeurs propres avaient ´et´e aussi d´etermin´ees pour ces largeurs.

En plus des points fixes pour lesquels l’´energie libre est singuli`ere dans la limite thermo- dynamique, il y a les points fixes qui ne sont pas d´etectables avec la m´ethode utilis´ee. Il s’agit de x = −∞, x = 0, et x = ∞. Les points fixes −√2 et −√1

2 ´etant non critiques, on en d´eduit

le diagramme de phase du mod`ele d’Ising, repr´esent´e Fig. (5.3). Notons qu’il est invariant sous la transformation de dualit´e x → 1x, alors que les BL ne sont pas invariants par dualit´e. Cela

est dˆu au fait que les CL cycliques empˆechent le r´eseau d’ˆetre autodual. Cependant, le mod`ele d’Ising ´etant simple, le diagramme de phase ne d´epend pas des CL, et est invariant sous dualit´e. De plus, le mod`ele d’Ising poss`ede la sym´etrie exacte K → −K (il suffit de changer l’´etat des spins sur un des deux sous-r´eseaux, cf. le r´eseau carr´e est bipartite), ce qui correspond pour la temp´erature x `a

x → − x

1 + x√2 . (5.30)

En combinant les transformations de dualit´e et de renversement de spins, on peut relier entre eux tous les points fixes critiques du mod`ele :

xF M renv.−→ x+ dualite−→ x− renv.−→ xBK, (5.31)

les premier et dernier points de la s´erie ´etant autoduaux. De la mˆeme fa¸con, tous les points fixes triviaux (i.e. non critiques) sont reli´es :

x = 0 dualite−→ |x| = ∞ renv.−→ x = −1/√2 dualite−→ x = −√2, (5.32) les premier et dernier points ´etant invariants sous renversement des spins. Cela explique en particulier pourquoi les structures autour de x = −√1

2 et |x| = ∞ sont ´equivalentes, la sym´etrie

sous renversement des spins ´etant exacte (i.e. valable `a L fini). De plus, on voit que les quatre points critiques sont ´equivalents, et donc ont tous la mˆeme charge centrale c = 12.

Ainsi, le fait de prendre p entier modifie profond´ement et enrichit le diagramme de phase du mod`ele par rapport `a p quelconque. En prenant la limite p → 4, on aurait eu trois points fixes r´epulsifs ´equivalents de charge centrale 12 situ´es en xF M et x±. On aurait eu ´egalement

trois points fixes attractifs : xBK de charge centrale −252 (voir l’Eq. (3.55) pour p → 4) et

deux points triviaux situ´es en x = 0 et |x| = ∞. Le flot de renormalisation correspondant est repr´esent´e en haut de la Fig. (5.3). En se mettant directement `a p = 4, on a deux points fixes suppl´ementaires, `a savoir −2 et −√1

2. Ces deux points sont attractifs, tandis que xBK devient

r´epulsif et ´equivalent aux trois autres points critiques (sa charge centrale devient notamment

1

5.2. DIAGRAMME DE PHASE DANS LE PLAN DES TEMP ´ERATURES COMPLEXES105

x

x

BK

x

+

x

FM 1−21/2 −2−1/2 −21/2 −1−21/2

x

x

BK

x

+

x

FM 1−21/2 −1−21/2

x

0 1 −1

x

0 1 −1

Fig.5.3 – Diagramme de phase et flot de renormalisation pour le mod`ele de Potts `a Q → 2 ´etats (en haut) et pour le mod`ele d’Ising Q = 2 (en bas). Les cercles pleins, resp. vides, correspondent `

a des points fixes critiques, resp. non critiques.

En particulier, xBK ´etant r´epulsif, il n’y a plus de phase de Berker-Kadanoff, dans le sens o`u le

comportement `a grande distance du syst`eme pour x compris entre xet x+n’est plus d´etermin´e

par xBK.