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La fonction de cette deuxième étape est de révéler les mouvements que produit l’introduction de la controverse au cours de l’ETC, du point de vue des tentatives ou hypothèses, des données et des nécessités, en relation avec nos trois premières questions de recherche. Dans cette perspective il nous faut modéliser les tentatives et les hypothèses pour pouvoir les comparer. Nous serons ainsi en mesure de dévoiler ce qui bouge du point de vue des tentatives, des données et des nécessités. En parallèle, une modélisation des dynamiques de problématisation qui émergent dans les temps de mise en débat des techniques alternatives au cours des ETC nous donnent accès à la construction de nouvelles données et de nouvelles nécessités.

Le schéma qui suit présente une vision globale des différentes opérations de traitement des données au cours de cette étape.

194 schéma 15 Vue globale du traitement des données dans l'étape 2

Modélisations des mises en langage

195 Schéma 16 repérage de l'étape 2 dans la démarche d'analyse des techniques et hypothèses

Il s’agit en premier lieu de modéliser les tentatives réalisées ou les hypothèses exprimées par l’enseignante de manière à répondre à notre première question de recherche. Cette modélisation s’effectue à partir du modèle heuristique des mises en langage tel que nous avons eu l’occasion de le présenter dans le paragraphe 6.3.2.2 et de nous en servir pour rendre intelligible notre méthodologie. Ce modèle rend compte des nécessités qui constituent le cahier des charges de la technique, des contraintes et des ressources que l’enseignante fait peser sur sa technique et de la solution qu’elle produit en agençant des choix concrets au vu d’un effet escompté sur l’apprentissage des élèves. Il constitue le moyen de restituer l’évolution des tentatives au fil des trois séquences de formation.

196 Figure 5 modélisation d'un extrait de mise en langage

A ce stade de l’analyse nous proposons de mettre en relation les données et les nécessités mobilisées et la gestion du système didactique telle que l’enseignante l’opérationnalise dans les tentatives de mises en langage. Nous mobilisons à cet effet le schéma 6 du modèle opératif que nous avons présenté dans le paragraphe 7.5.1 que nous rappelons ci-dessous. Données et nécessités identifiées dans l’étape précédente nous permettront de repérer comment, dans l’action, l’enseignante répond aux trois types de questionnement, et de caractériser la mise en langage. Toutefois, dans notre écrit, ces modèles opératifs seront dévoilés dans le croisement des cas.

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En parallèle, les éléments de position énonciative recueillis dans l’étape 1 nous permettent de qualifier le discours en croisant la présence ou non de modalisation appréciative pour évaluer l’efficacité des choix concrets opérés et les mondes dans lesquels s’expriment données et nécessités.

Afin de rendre plus explicite cette étape de notre méthode, nous poursuivons le traitement de la séquence de l’ETC 3 au cours de laquelle Ludivine met en discussion la maquette dont elle fait usage au cours de la mise en langage.

Le tableau 12 catégorise les données selon leur nature (épistémique renvoyant au savoir, psychologique renvoyant aux élèves, ou didactique, renvoyant à la situation d’apprentissage) et synthétise les mondes dans lesquels elles s’expriment. La numérotation des données donnent accès à la chronologie de leur émergence dans le discours et permet de repérer celles qui sont mobilisées au cours de différents entretiens.

Tableau 12 exemple de synthèse des données pour Ludivine

Tentative 2 ETC 3 Hypothèse 3

Données de nature épistémique D4 L’évolution constante du jeu le rend

difficile à lire par les élèves

L’évolution constante du jeu le rend difficile à lire par les élèves T2S541 les autres cochons courent

en même temps

La référence est le fictionnel D2 L’enjeu de l’opposition ne va pas

de soi

T2S5.43 Il va tout le temps où il y a les loups

La référence est le fictionnel

198 Données de nature didactique

Ce tableau met en regard l’extrait que nous traitons concernant la séquence issue de la technique mise en œuvre et l’extrait que nous filons en parallèle concernant la séquence issue de la technique alternative

Les nécessités reçoivent le même traitement comme le montre le tableau 13. Ces tableaux de synthèse figurent en annexe.

C’est sur la base de ces deux tableaux que s’établit le travail sur le genre de discours mobilisé pour mettre en discussion techniques et hypothèses au cours du processus de formation.

Tableau 13 exemple de synthèse des nécessités pour Ludivine

Tentative 2 ETC 3 Hypothèse 3

Nécessités référées à une conception des sports collectifs N5 Nécessité de lire un jeu dynamique

(implicite) Nécessité de lire un jeu dynamique (implicite)

T2S5.41 Y’a pas tous les

paramètres où tout le monde court en même temps

Les références sont hétérogènes T2S5.43 ça va trop vite en fait La référence est le quotidien

Nécessités référées à une conception de l’apprentissage Nécessités référées à une conception de l’école maternelle N4 Nécessité de créer le sens des mises

en langage du point de vue des élèves (implicite)

T2S5.41 Pour que les élèves s’approprient un référentiel, il est nécessaire me semble t-il de passer par la manipulation (commentaire distancié).

La référence est l’enseignement T2S5.43 pour certains enfants, c’est plus facile de s’exprimer avec un référentiel qu’en situation de jeu

Les références sont le quotidien et l’enseignement

T2S3.29 le regard à distance des observateurs peut faciliter la compréhension du jeu La référence est l’enseignement T2S4. 37 Il y a pas l’affectif qui rentre en compte

La référence est le quotidien

Nécessités référées à une conception de la relation langage/apprentissages moteurs

N16 Nécessité de mobiliser le langage

pour se mettre à distance de l’action N19 Nécessité de mobiliser le langage

pour explorer des possibles tactico- techniques

199 T2S5.43 le référentiel permet de

mettre à distance et éventuellement d’émettre des hypothèses

La référence est l’enseignement

Modélisons maintenant l’extrait cité en exemple pour illustrer cette étape de notre méthode d’analyse. Ces modélisations figurent dans le corps du texte.

Figure 6 exemple de modélisation d'une tentative (Tentative 2, Ludivine)

A partir de ces éléments, nous pouvons interpréter comment Ludivine prend en charge le questionnement aux interactions des pôles du système didactique. Cette interprétation contribue à la reconstruction du modèle opératif mobilisé dans l’action.

Tableau 14 exemple de synthèse d'une mise en langage (tentative 2, Ludivine)

Qu’y a-t-il à apprendre ? Quel rôle joue le langage dans le processus

d’apprentissage?

Comment guider les apprentissages ? Le savoir visé est le choix

d’une trajectoire en tenant compte des déplacements possibles des adversaires pour évaluer au mieux le rapport de forces dans le temps et dans l’espace. Il s’agit d’être un bon

attaquant dans une situation complexe.

Le langage sert à se mettre à distance pour comprendre les causes de ses échecs et se projeter dans de nouvelles solutions. pédago

La mise en langage a une fonction projective

La maquette est considérée comme un élément de solution problématisé. C’est un outil qui donne du temps et permet de poser les choses. C’est au regard de ces critères (mise en activité et adhésion des élèves) que son efficacité est mesurée et non à l’aune de l’activité d’apprentissage des élèves en EPS