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Cristóbal Mendieta et Tomás Bird : une amitié

Conclusion partielle

B. Remonter au temps des origines : filiations et descendances descendances

2. La chronologie de l’aventure

2.2 Entre 1622 et 1653 : Des années de rébellion

2.2.2 Cristóbal Mendieta et Tomás Bird : une amitié

Le roman Converso narre la vie de deux fils de colons : l’un est anglais, Tomás Bird et l’autre est espagnol : Cristóbal Mendieta. Cristóbal serait un

97 descendant de Luis de Torres. Ils font connaissance à La Havane en 1622 alors qu’ils décident tous les deux de quitter la terre où ils sont nés. Leur histoire se termine en 1653 quand Tomás est à Londres et apprend la mort de Cristóbal. Tomás Bird raconte sa vie dans ses Mémoires, il nous livre donc son autobiographie tandis qu’il nous présente la biographie de son ami Cristóbal Mendieta en recueillant ses souvenirs, lors d’une longue conversation dans une taverne de Londres. On peut retenir six dates qui permettent de retracer l’ordre chronologique des aventures qui arrivent aux héros à partir de cette date de 1622 :

En 1622, Tomás et Cristóbal partent de Cuba pour l’Europe sur le bateau le San Juan de Gaztelugache. Cette date est précisée :

Corría el año de mis seiscientos y veintidós y mataba yo los días en la Habana [...]. (Converso, 17)

Mais durant la traversée, le bateau est attaqué par des pirates. Cristóbal est capturé et emmené comme captif au port de Salé, le refuge des pirates en Afrique du Nord, tandis que Bird échoue à Séville, qu’il va quitter très rapidement pour le Nord de l’Espagne, à la poursuite d’un amour impossible : Catalina.

En 1627, Bird retourne en Angleterre tandis que Cristóbal est devenu pirate dans la République pirate de Salé. Le récit donne au lecteur les indications temporelles précises pour retracer la chronologie de ces événements. Tomás Bird dit qu’après avoir été repoussé par Catalina, il a été corsaire pendant cinq ans :

¿Qué decirle de la extraña soledad durante aquellos cinco años en que había navegado como corsario español, perseguido por un fantasma de amor? (Converso, 240)

Et c’est donc bien en 1627, cinq ans après avoir embarqué sur le bateau le Gaztelugache qu’il part en Angleterre :

La llegada al puerto de Plymouth puso fin a tan errático humor, y al pisar por fin suelo inglés, cinco años después de que hubiera iniciado a bordo del San Juan Gaztelugache mi interrumpido viaje de vuelta a la tierra de mi padre [...]. (Converso, 277)

Vers 1642, Bird part à nouveau en Amérique. Il arrive sur l’île de la Tortue qui est gouvernée par le terrible Levasseur, depuis 1640. Celui-ci a fait ériger un fort

98 imprenable : le fort de la Roche en 1641. Ce fait historique permet de dater la présence de Tomás sur l’île. Les Espagnols tentèrent à l’époque de regagner ce territoire sans succès. Ce fait est aussi narré dans le roman. Nous sommes bien entre 1642 et 1643. Tomás lui-même donne des indications temporelles précises sur son retour en Amérique. Il dit que cela fait un peu plus de 20 ans qu’il n’y est pas retourné. Il est parti en 1622 :

Así fue como la caprichosa Fortuna movió los hilos de mi vida hasta devolverme al mundo del que me había escapado hacía más de veinte años [...]. (Converso, 309)

En 1643, Bird retourne définitivement en Angleterre. Le récit livre une date très précise :

Por fin, en la mañana del día cuatro del mes de abril del año de mil siescientos y cuarenta y tres el galeón Victoria se hizo de nuevo a la mar [...]. (Converso, 358)

En 1652, les deux amis se retrouvent à Londres. Cristóbal aide son ami à rejoindre la Hollande pour retrouver son grand amour : Lisbeth. Les deux amis conviennent qu’ils se reverront à Londres dans un an avec Lisbeth.

En 1653, Tomás Bird, à Londres, écrit ses Mémoires. Ce sont plus de trente années de la vie des deux héros qui sont racontées.

Ces trente années correspondent pour les deux héros à une quête identitaire, qui les mène vers leur patrie d’origine. Pour l’un, il s’agit de l’Angleterre. Pour l’autre, qui est juif, il s’agit d’une terre où il pourrait être libre et échapper aux persécutions. Il trouvera tout d’abord sa Terre Promise dans la république pirate de Salé, en Afrique du nord puis à la fin se sa vie en Hollande, pays où trouvèrent refuge beaucoup de juifs au XVIIe siècle.

2.3 Du 4 novembre au 11 novembre 2005 : l’histoire d’une

folie passagère.

Le temps de l’histoire du roman Mi nombre es Jamaica s’étend sur une année environ, du 3 novembre 2005 au 18 septembre 2006. Cependant, le noeud de

99 l’action s’écoule sur une période de six jours uniquement, du 3 novembre au 11 novembre 2005. Ce laps de temps resserré augmente la tension narrative et isole ces péripéties du reste de la biographie des personnages en les transformant en une seule et même aventure qui pourrait s’intituler : une folie passagère. Ces événements ne sont pas narrés dans le bon ordre par Dana mais l’enchaînement chronologique de ces six jours peut être rétabli avec beaucoup de précision grâce à des jalons temporels. En novembre, Tiago et Dana sont à Tel-Aviv pour un Congrès. Ils se retrouvent par hasard dans le hall le jeudi 3 novembre. Ils passent la nuit ensemble puis ils déjeunent ensemble le lendemain matin, c’est-à-dire le vendredi 4 novembre. C’est une indication de Tiago sur la mort de son fils qui nous permet de dater ce moment précision tous ces événements :

[...] hoy se cumple una semana [...] me había contado cómo había muerto Daniel, pero no cuando. « fue la madrugada del sábado 29 de Octubre », [...]. (Mi nombre, 32)

Le fils est mort dans la nuit du vendredi 28 au samedi 29 octobre. Fajardo, s’évertue à donner les dates précises des événements. Une semaine après c’est donc le vendredi 4 novembre. Dana va récupérer Tiago à Afula dans la journée du samedi 5 novembre. Puis le lendemain, le dimanche 6 novembre 2005, ils atterrissent à Paris :

Aterrizamos en el aeropuerto Charles De Gaulles a las once de la mañana del día siguiente, domingo seis de noviembre de 2005. (Mi nombre, 82)

Le parcours de l’avion est précisé et le lecteur sait à quel moment exact les personnages ont pris l’avion :

[...] un vuelo de la Brussels Airlines que había partido a la una de la madrugada de Tel-Aviv y hecho una escala de cuatro interminables horas en Bruselas. (Mi nombre, 82)

Nous constatons une nouvelle fois que la référence à des événements ayant réellement existé va également permettre de dater la période dans laquelle évoluent les personnages. Il s’agit des émeutes des banlieues françaises d’octobre et novembre 2005. Dana écoute les informations :

100

[…] la voz del locutor informaba de los sucesos de la noche anterior, mucho más tranquila que la del viernes en la que había ardido casi un millar de coches en toda Francia, una noche más en la ola de violencia que había empezado hacía diez días, cuando murieron dos adolescentes durante una persecución policial en un arrabal de París [...]. (Mi nombre, 92)

La journée du 6 novembre se passe dans l’appartement de Tiago et dans celui de Dana. Puis Dana mentionne à nouveau une date, celle du 7 novembre :

[...] las radios y las portadas de los diarios marcaban una fecha del siglo XXI, la del lunes 7 de noviembre de 2005 y yo me sentía liberada (...) Hacía sólo tres días que estaba con Tiago [...]. (Mi nombre, 121)

Le 7 novembre à l’aube, Dana rentre chez elle. Elle s’endort et se réveille le lendemain, le 8 novembre à 10h30. C’est son ami David qui lui rappelle qu’elle vient de dormir 24 heures de suite :

« Eso será porque te acostaste a las nueve y media... de ayer. (Mi nombre, 135)

On notera la présence inexorable du temps sur lequel le récit donne sans cesse des indications susceptibles de permettre de retracer l’ordre chronologique. La journée du 8 novembre, Tiago récupère sa voiture à Aubervilliers.

Le lendemain, le 9 novembre, les personnages commencent leur voyage vers le sud de l’Espagne, vers Grenade. Le 9 novembre, Tiago et Dana sont sur l’autoroute d’Aquitaine en direction de Bordeaux. Il est 9 h du matin. Dana téléphone à son ami David :

Saqué el móvil del bolso y marqué su número ; me respondió con voz pastosa de dormido, « ¿Te despierto? », « No, pero todavía estoy en la cama, ¿qué hora es? ». Le dije que eran las nueve de la mañana, […]. (Mi

nombre, 248)

Le 10 novembre, ils passent par Tolède, puis atteignent Grenade. Dans la nuit, Tiago incendie sa voiture et il est arrété avec Dana. Dana ne sait plus quel jour il est :

¿Qué día es mañana? pregunté desconcertada por no poder recordarlo. « Viernes 11 de Noviembre. » (Mi nombre, 329)

101 Les jalons temporels qui sont indiqués permettent de souligner la rapidité avec laquelle se sont produits ces événements relatifs à la folie de Tiago :

[...] pensé que era increíble que tan sólo hubieran transcurrido seis días desde que encontré a Tiago en el hall del hotel de Tel-Aviv. (Mi nombre, 329)

Il s’est bien écoulé six jours depuis le début de la crise de folie de Tiago qui a commencé le vendredi 4 novembre. Mais comme dans les deux autres romans, la fin du roman ne se situe pas au moment où s’achève l’aventure des deux amis, c’est-à- dire au moment où Dana regagne Paris. Un chapitre clairement identifié sous le terme d’épilogue et intitulé « Todos los hombres » narre la conclusion de l’histoire.