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MÉTHODOLOGIE ET CADRE THÉORIQUE

5. Le contexte géographique

Le contexte géographique est important à deux niveaux de notre analyse systé-mique : en tant qu’élément du système qui définit les conditions objectives des opérations (contraintes et opportunités) ; et en sortie du système, là où se font ressentir les effets directs et indirects des interventions sur les espaces qui en sont la cible. Il apparaît donc très important de parvenir à appréhender les dimen-sions spatiales de l’aide à ces deux niveaux distincts.

Or, plus encore que par le passé, les territoires contemporains se diversifient et se singularisent, sous l’influence notamment de la mondialisation (Giraut 2013 ; Messerli & Heinimann 2007). Le développement vise, connecte, et se construit sur des territoires qui sont rendus de plus en plus complexes de par la multipli-cation, l’imbrication et la superposition de dynamiques hétérogènes opérant à des échelles spatiales et temporelles différentes. La lecture de ces mutations pose d’importants défis de conceptualisation pour les décideurs, les analystes et les groupes qui occupent les territoires, tant pour parvenir intégrer de manière pertinente les éléments de contexte dans la conception de stratégies d’interven-tion que dans la capacité des acteurs à appréhender de manière satisfaisante les conséquences et impacts de leurs interventions et du système dans son en-semble.

Or, il semble que l’adoption de solutions toutes faites formulées au sein du cadre régulateur prenne souvent le pas sur l’adaptation aux contextes géographiques d’intervention, quand bien même l’importance de cet effort a été largement dé-montrée (Apthorpe 2012; Berkes 2008; Farrington et al. 2005 ; Lam & Ostrom 2010 ; Molle 2008 ; Mosse 2005 ; Ostrom 2007 ; Rijke et al. 2012 ; Roe 1991 ; Rist 2007, entre autres).

Or, malgré le consensus d’apparence sur la nécessité d’adopter des approches sensibles aux contextes, l’une des raisons de la résilience des approches par modèle provient du fait que les praticiens comme les chercheurs manquent des outils adéquats pour parvenir identifier, parmi les innombrables caractéristiques d’une unité ciblée, les éléments clés qu’il est indispensable de prendre en compte dans l’adaptation des modèles.

Le concept de contexte de développement proposé ici repose sur l’idée que mal-gré l’infinie diversité des lieux dans lesquels les opérations d’aide sont mises en œuvre, il serait possible d’identifier des schémas récurrents de combinaison de caractéristiques et d’attributs, qui offriraient une alternative intermédiaire entre les impératifs théoriques d’une spécificité absolue et les besoins pragmatiques de standards opérationnels.

Si la géographie s’est longtemps tenue en marge des études du développement (Bebbington 2004), plus que toute autre discipline, elle s’est intéressée, dans différents contextes, à l’étude des lieux, des espaces, des territoires. Elle nous semble donc en particulièrement bonne position pour proposer des cadres d’ana-lyses originaux et pertinents qui puissent répondre à certains angles morts de la pratique développementaliste. Cette sous-partie porte donc sur les apports théoriques de l’étude des relations sociospatiales que la géographie humaine contemporaine a entreprise depuis une trentaine d’années. Pour ce faire, nous

nous intéresserons dans un premier temps à la question de la complexification des territoires dans un contexte de mondialisation. Nous nous pencherons en-suite sur le concept de lieu, qui nous semble proposer la base la plus solide pour élaborer un cadre analytique adéquat, tout en l’enrichissant des apports d’autres débats en cours sur les questions d’échelle, de réseau et de territoire. Enfin, nous proposerons un cadre analytique exploratoire en intégrant un concept de lieu en-richi par divers apports, dans la matrice de relations sociospatiales développée par Bob Jessop, Neil Brenner et Martin Jones (Jessop et al. 2008)

5. 1. La complexité territoriale : une donnée contextuelle et un objet d’étude

Si autrefois, la lecture des territoires pouvait paraître relativement simple, et ré-alisable efficacement à partir d’outils analytiques essentiellement ancrés dans la réalité topographique, la modernité et l’essor d’un espace monde l’ont transfor-mée en un objet d’une grande complexité pour lequel de nouveaux modes d’ob-servation et de mesure innovants doivent être formulés (Giraut 2008).

La notion de complexité dans l’étude des territoires a deux acceptions distinctes, en ce qu’elle désigne non seulement les caractéristiques d’un système, mais également un paradigme scientifique. Dans la définition proposée dans leur dic-tionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Lussault et Lévy résument bien cette double dimension :

« A. caractéristique d’un système qui, en raison de l’hétérogénéité des proces-sus qui s’y déroulent, possède la capacité d’évoluer dans différentes directions, ce qui rend cette dynamique difficile à prévoir à partir des conditions du présent.

B. Par extension, paradigme scientifique qui s’oppose au para-digme analytique et privilégie les relations entre éléments, les cau-salités non linéaires et le changement global des réalités étudiées » (Lévy & Lussault 2003).

Bien qu’elle rende le travail du géographe comme du praticien de l’aide au dé-veloppement plus compliqué, la complexité est une donnée contextuelle qu’une analyse des territoires contemporains ne peut occulter, sous peine d’aboutir à des politiques d’aménagement qui ne soient ni durables ni cohérentes. Elle ap-pelle à des analyses décloisonnées qui s’attardent sur les dynamiques et les interdépendances plus que sur des états fixes. Elle est d’ailleurs inhérente à de nombreux travaux de géographie contemporaine, mais généralement de manière implicite : l’étude des bouleversements scalaires, des mutations du capitalisme, ou encore de l’évolution des lieux, par exemple, sont porteuses de cette recon-naissance de la complexité. Mais à ce jour, Giraut est l’un des seuls auteurs à notre connaissance à ouvrir explicitement le chantier de l’analyse de la complexi-té territoriale en tant qu’objet d’étude spécifique. Il résume les apports d’une telle approche de la manière suivante :

« La complexité territoriale met l’accent sur le déploiement simultané de différentes territorialités qui ressortissent à des rapports à l’espace corres-pondant à différentes logiques et à différentes pratiques, elles-mêmes déjà démultipliées scalairement. On pense notamment aux territorialités

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tiques (au sens de Policy et polity, qui dépassent les aspects strictement politiciens du politics) qui appellent une délimitation exclusive et une cer-taine fixité dans le temps et dans l’espace pour définir le champ de l’exer-cice du pouvoir au sens du contrôle et/ou de la représentation politique (Lévy, 1994). On pense, par ailleurs, aux territorialités socio-économiques individuelles et collectives qui s’affranchissent davantage des contraintes du conteneur (continuité, fixité, bornage) en jouant sur un ensemble d’es-paces complémentaires, ceux de la reproduction ou de la dépendance, et ceux de l’opportunité ou de l’engagement » (Giraut 2013, p.296).

En ciblant des territoires spécifiques, l’aide au développement s’inscrit donc dans cette complexité, qu’elle se doit de prendre en compte dans ses stratégies d’in-tervention, afin de maximiser son efficacité et de minimiser ses externalités né-gatives. Mais, de par la prolifération d’interventions hétérogènes, fragmentées et mal coordonnées qu’elle engendre, l’aide au développement contribue égale-ment activeégale-ment à la complexification des territoires sur lesquels elle opère. À ce titre, l’intérêt pour la complexité territoriale dans ce travail est double : en tant que donnée contextuelle qui appelle à la formulation de nouveaux outils d’analyse ; en tant qu’extrant indirect (externalité négative) du système de l’aide.

Les lieux de la reconstruction permanente : mutations territoriales aux confins du développement

Lorsqu’elle est déclinée sous forme de projets ponctuels visant des bénéficiaires bien identifiés, l’aide au développement prend souvent les espaces ruraux pour cible privilégiée de ses actions. Ces derniers semblent en effet représenter les marges structurelles du monde développé, et sont associés à des hypothèses

— pas toujours vérifiées — de pauvreté, d’isolement et de positionnement péri-phérique par rapport aux processus de mondialisation. On note bien là dessus quelques évolutions, notamment dans le sillon de la nouvelle doctrine spatiale de la Banque Mondiale, qui, après des années de négation presque absolue des dimensions spatiales, préconise désormais de concentrer les investissements et les différentes interventions non plus sur les espaces périphériques désavan-tagés, en marge du processus de développement, mais sur les « centres » et les aires métropolitaines, considérés comme moteurs de la croissance (Giraut 2009). Mais dans l’ensemble, les espaces ruraux du tiers-monde restent majori-tairement au centre du viseur.

Du côté académique, par contre, les recherches sur la Mondialisation ont long-temps plus ou moins négligé les marges territoriales (Hogan 2004), préférant se focaliser sur les zones où convergent et sont concentrés de façon spectaculaire les flux, les énergies et les réseaux : les grandes métropoles, la « ville-monde » (Goethe, Braudel, etc.), la « ville mondiale », la « ville globale » (Sassen 2004 et 2006)2 . Mais si la ville globale représente bien une forme particulièrement sail-lante de « glocalisation », en ce sens qu’elle bénéficie « de connexions beaucoup plus fiables avec beaucoup plus de sites » (Latour 2006, p.257), il a fallu attendre

2 L’expression de ville-monde n’est pas nouvelle. L’on en perçoit déjà des traces dans cer-tains écrits du début du 19ème siècle, qui font référence à Paris ou à Venise. Bien avant l’effusion des débats sur la mondialisation, donc. C’est donc pour se distinguer de cette notion propre à la première vague de mondialisation que Saskia Sassen préfère se référer à la ville-globale.

le milieu des années 1990 pour que des auteurs comme Appadurai fassent émer-ger l’idée que la mondialisation ne s’arrête pas aux limites métropolitaines, mais englobe aussi les espaces ruraux ou considérés comme marginaux, en démon-trant qu’ils ne sont aucunement épargnés par les multiples processus qui consti-tuent et résultent du phénomène.

Au-delà de la sphère économique, les mouvements migratoires et les échanges culturels connectent l’ensemble des espaces terrestres, de manière plus ou moins dense, certes, avec d’autres échelles, d’autres réseaux, d’autres terri-toires, d’autres formes de représentations (Appadurai 1996), alors que l’expan-sion de l’économie-monde introduit de nouvelles formes de dépendances inter-territoriales (Liu et al. 2013 ; Vanier & Giraut 2006). Fred Scholz (2005), dans son appel à une théorie du développement fragmenté, différenciait les lieux et les régions selon qu’ils sont globaux, globalisés ou constituants de périphéries, elles aussi globales (Scholz 2005). Dès lors, représenter le milieu rural des pays les moins développés comme un espace isolé, intact, inaltéré, épargné par les va-gues successives de montée en globalité des systèmes socio-économiques, ne correspond en rien à la réalité contemporaine des réseaux complexes et de l’im-brication sens dessus dessous des territoires émergents ou déclinants (Agnew et al. 2003 ; Lévy & Lussault 2003; Lussault 2014 ; Massey 2005 ; Rodary 2007 ; Woods 2007).

Si les manifestations visibles de la globalisation sont clairement plus évidentes dans les centres urbains fortement connectés et cosmopolites, l’hypothèse d’un alter ego rural de la ville globale semble néanmoins envisageable, et même, pas-sé quelques réserves de principe explicitées plus loin, potentiellement porteuses de pistes de réflexion stimulantes dans le cadre de ce type de travail. C’est en tout cas dans cette perspective que Michael Woods, s’inspirant des travaux de la géographe Doreen Massey (Massey 2005), propose l’idée d’un « global country-side » (Woods 2007), que nous traduirons par « la campagne globale ».

Cette proposition intervient en réaction aux travaux qui portent sur les consé-quences et modalités de la mondialisation dans les milieux ruraux, et qui par-tagent une tendance constante à se concentrer en premier lieu, voire exclusive-ment, sur les dimensions économiques, que ce soit à travers l’analyse des filières et du développement du système agroalimentaire global, de la restructuration des économies locales sous l’influence du système commercial international, ou l’inexorable transition vers des modes de production intensifs modernes.

Si tant est qu’elle existe ou du moins qu’elle représente un concept analytique valable, la campagne globale ne doit en aucun cas être envisagée comme un espace uniforme, aplani, homogène. Bien au contraire, c’est plutôt la grande di-versité de ses manifestations concrètes qui frappe l’observateur un tant soit peu méticuleux. Et c’est bien là l’un des questionnements clés d’une géographie du développement renouvelée que nous appelons de tous nos vœux : celui de com-prendre les conditions et les logiques à l’œuvre dans la formation dynamique d’une répartition différenciée, inégale et irrégulière du développement au sein même des territoires, et entre les territoires. Celui de comprendre quels sont les éléments qui rendent ce processus de développement, véritable Graal des sociétés modernes, si capricieux et sensible aux conditions des espaces et des

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sociétés qui les pratiquent.

Ces questions sont au cœur de ce travail de thèse pour deux raisons au moins : tout d’abord, elles sont déterminantes dans notre réflexion de fond sur l’iden-tification de contextes de développement — entendus comme unités spatiales complexes partageant un ensemble de caractéristiques convergentes relatives à un potentiel de développement — qui puissent être utiles à la prise de décision des acteurs de l’aide dans l’adaptation des modèles d’interventions aux spécifi-cités des zones ciblées. Deuxièmement, elles permettent de mieux comprendre l’impact que peut avoir l’aide au développement en tant que projections de flux, de réseaux, de représentations, sur la fabrication, l’évolution et l’hybridation de territoires spécifiques.

En géographie humaine, l’un des concepts fondamentaux pour qui entend étu-dier la différenciation spatiale et les enjeux de la répartition inégale des phéno-mènes dans l’espace est probablement celui du Lieu (que nous rapprocherons ici volontairement, et avec toute la prudence nécessaire à ce parallèle périlleux, de son cousin anglophone de Place3). Avant d’aller de l’avant dans l’exploration des causes et mécanismes de la différenciation spatiale, prenons donc le temps de faire un petit détour par ce grand classique du lexique géographique, qui occupe une place de choix dans la discipline des plus proéminents (Lévy & Lussault 2003 ; Pierce et al. 2011).

5. 2. Théorisation du lieu en géographie humaine

Le lieu. Un terme d’apparence si simple tant il fait partie intégrante du langage courant. Et pourtant, c’est sans doute l’un des plus contestés de la discipline (Agnew et al. 2003).

Dans la perspective de l’étude de la fabrication des lieux (ruraux ou pas), et de leurs différenciations dans un contexte général de mondialisation, le terme ne peut guère s’accommoder d’une définition strictement topographique et descrip-tive qui soit limitée à un ensemble désincarné de coordonnées géographiques (latitude, longitude, altitude). En effet, deux grandes conceptions du lieu coha-bitent au sein de la tradition géographique : l’une, purement matérialiste que nous venons de décrire, et une autre qui combine l’identité objective et la « logique

3 Au même titre que pour d’autres concepts centraux de la géographie humaine tels que le territoire ou les échelles, le terme de Lieu et son plus proche équivalent anglais de Place se rejoi-gnent par bien des aspects, mais ne sont pas pour autant similaires, tant les traditions intellectuelles les ont tiraillées dans des directions parfois différentes. En effet, dans le cas du lieu, l’acception an-glaise autorise habituellement une signification plus large qu’en Français. Avec le Place, on est assez proche d’une acception francophone du territoire, un espace généré par et générateur d’identités, d’identifications » (Lévy & Lussault 2003, p.563), moins relié à son assise spatiale qu’en anglais. Des auteurs tels que John Agnew ou Doreen Massey, porteurs de propositions parmi les plus connues sur la théorisation du lien mettent en effet en avant la difficulté, voir le caractère inapproprié d’attribuer des limites concrètes, des frontières au lieu, qui, en français, apparaît difficilement dissociable d’un substrat matériel, même quand ce dernier ne représente que l’une des composantes du lieu. Ici, nous nous des deux épistémologies : nous piochons volontiers chez les auteurs anglo-saxons pour ce qui relève de l’analyse processuelle de la constitution, la construction, ou la fabrication du lieu. Néan-moins, nous nous tenons au caractère local et spatialement circonscrit du lieu (même si c’est par des limites floues et mouvantes), afin que, dans les analyses de l’aide au Laos qui suivent, le concept de Lieu se distingue clairement de ceux des échelles et du territoire.

du prédicat »4 (Lévy & Lussault 2003). Soit un ensemble co-constitutif et indis-sociable d’actants tant humains que matériels, pour reprendre la terminologie latourienne, qui « n’est pas réductible à l’endroit, à l’emplacement (…), mais il n’y a pas de place possible sans emplacement(s) ; elle n’est pas réductible à la seule matérialité, mais il n’existe pas de place sans arrangement physique de réalités humaines et non humaines » (Lussault 2014). Ainsi, l’opposition binaire entre les différentes conceptions, dans son expression la plus sobre, se situe entre le lieu comme simple localisation objective, et le lieu comme localisation vécue, qui in-troduit une dimension phénoménologique. En somme, comme le résume bien John Agnew, c’est la différence entre avoir une adresse, et vivre à cette adresse.

(Agnew & Livingstone 2011, p.318).

Pour synthétiser les différentes acceptations du terme qui ont fleuri au cours des dernières décennies, le célèbre géographe politique anglo-américain John Agnew propose de les classifier en fonction de leur proximité aux cinq formes de conceptualisation les plus fréquentes (Agnew et al. 2003)5 :

1. Le lieu comme simple localisation géographique. Dans cette perspective, le lieu est réduit à un synonyme de site, ou de localisation, et se résume à des critères strictement topographiques, objectifs et descriptifs de position-nement absolu (latitude, longitude, altitude) ou relatif (voisinage, distance, proximité entre un lieu et les autres) à la surface de la Terre.

2. Le lieu comme localisation dans un espace social ou culturel. Ici, la lo-calisation est considérée non plus sur des critères topographiques, mais par rapport et au sein d’un ensemble de relations et de sphères sociales, écono-miques, culturelles et politiques associés à différentes formes de spatialités plus ou moins explicites. Elle amorce une timide introduction de l’idée du lieu comme unité dynamique et co-constituée par des processus de nature diffé-rente, dont les individus et les groupes constituent le noyau central, le centre de gravité.

3. Le lieu comme contexte. Nous passons ici de l’identité du lieu à l’identité dans le lieu. L’idée de lieu comme contexte fait converger la dimension de positionnement social d’une unité aréolaire avec celle du milieu que cette même unité met à disposition des acteurs, et qui participe de la formation et du formatage de l’action politique. En d’autres termes, le lieu est ici détermi-nant en ce qu’il conditionne les cadres d’analyses et la façon de donner du sens des acteurs qui l’occupent, tout en fournissant les ressources (et leur limitation) pour l’action.

4. Le lieu comme un construit social qui s’inscrit dans le temps. Pour décrire cette approche structuraliste, Doreen Massey fait recours à la métaphore géologique des couches sédimentaires, dans laquelle les périodes d’activités sociales s’accumulent les unes sur les autres en se reconstituant continuelle-ment pour former les lieux et leurs caractéristiques. Cette perspective resitue

4 C’est-à-dire la valeur et le sens dont l’existence humaine les charge (Lévy & Lussault 2003) 5 La description de ces cinq formes de conceptualisation est principalement extraite de l’ou-vrage « A companion to Political Geography » de John Agnew (Agnew et al. 2003, p.159-163), mais est complétée par mes soins par d’autres contributions et des réflexions personnelles, qui visent à renforcer le lien avec l’objet de ma recherche.

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le lieu dans un contexte historique et social, et reconnaît les influences diffé-rentiées des diverses dynamiques à l’œuvre. Elle introduit également avec force l’idée de construction du lieu qui nous semble capitale dans un contexte de mondialisation. Mais, contrairement à la métaphore utilisée par Massey, ce n’est pas tant l’empilement vertical des couches qui est déterminant dans

le lieu dans un contexte historique et social, et reconnaît les influences diffé-rentiées des diverses dynamiques à l’œuvre. Elle introduit également avec force l’idée de construction du lieu qui nous semble capitale dans un contexte de mondialisation. Mais, contrairement à la métaphore utilisée par Massey, ce n’est pas tant l’empilement vertical des couches qui est déterminant dans