• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE I. Symboles mythiques d’Occident

1. Une lecture historique et poétique de la conquête et un regard occidental sur les sources

1.2. Construction isotopique dans la trilogie de William Ospina

Ursúa (2007), Le Pays de la Cannelle (2010) et La Serpiente sin ojos (2012) font

partie de la trilogie sur la conquête des Andes imaginée par William Ospina non sans tenir compte de l’histoire factuelle de cet événement. Trois récits qui auraient pu se limiter à composer la biographie de Pedro de Ursúa, ou celle d’un homme dont nous ne connaissons pas le nom, mais dont la voix nous présente les périples d’une armée d’hommes avides d’aventure et d’or, notamment celle d’Ursúa. Ces récits auraient pu tout simplement dessiner une histoire dans l’histoire de l’Amérique du Sud. Cependant, l’œuvre d’Ospina révèle tout un imaginaire mythologique essentiel et matériel. C’est dans le symbole de la nature que les mots ont un sens. Les récurrences des images de l’eau, les isotopies lexicales et sémantiques qui connotent cette matière, suggèrent la recréation d’un symbole aussi universel que mystérieux.

361

Le chapitre 8 de cet ouvrage recense les noms des divinités à caractère aquatique retrouvées sur les inscriptions que l’auteur décrit.

362

BLÁZQUEZ José María, Imagen y mito: estudios sobre religiones mediterráneas e ibéricas, op.cit., p. 308-309.

363

PERALTA LABRADOR Eduardo, Los cántabros antes de Roma, Madrid : Real Academia de la Historia, 2003, 365 p., p. 235.

364

BLÁZQUEZ José María, Imagen y mito: estudios sobre religiones mediterráneas e ibéricas, op.cit., p. 309-329.

104

Après une période où le symbolique religieux catholique s’est imposé en Occident, la mythologie romantique récupère les motifs de la nature, les exalte, - une sorte de réconciliation avec la vie - comme ce que l’étude du poème La Maison du

Berger par Marc Eigeldinger paraît vouloir nous dévoiler :

« Il se produit alors un nouveau mouvement d’élévation par le passage de la forêt à la montagne, qui accueille « le pâtre et l’étranger », le poète et Eva. La montagne remplit la condition d’abri pour les amants, mais elle est aussi le lieu associant la nature à l’intervention de la culture, puisqu’elle voit apparaître « la Maison du Berger », l’instrument nécessaire à l’accomplissement du voyage poétique. »365

La trilogie de William Ospina prend place aujourd’hui dans un mouvement de récupération de la mémoire américaine. Dans l’objectif de fabriquer un texte narratif entre romanesque et poétique, l’écrivain se nourrit des chroniques de la conquête. Nous observons dès son premier roman, Ursúa, la présence de personnages qui furent réels, ainsi que des anecdotes issues des textes écrits pendant la période de la conquête et de la colonisation des Andes.

Si le regard est historique dans le sens où les personnages et les faits historiques se dessinent comme un épisode possible et plausible de la Conquête, la recréation est poétique. Conscient du pouvoir des mots, Ospina fait de son écriture un outil civilisateur, une arme contre la méconnaissance de la culture propre et des origines de l’homme andin. Il envisage le langage, partant de l’écriture, comme l’instrument qui fige la mémoire des peuples : « Nuestra América se fundó en el lenguaje y el lenguaje es el principal instrumento de conservación del pasado, el lenguaje no solamente acuña la memoria, sino que es su principal vínculo entre las sociedades. »366.

L’œuvre de William Ospina s’inscrit dans la littérature contemporaine comme une écriture romanesque et historique nourrie de la connaissance mythologique, qu’elle vienne de l’occident ou qu’elle soit issue des cultures andines. Dans l’établissement d’une écriture pluri-symbolique, l’auteur colombien fait appel aux mythes et aux symboles andins, en puisant le sens à travers des citations concrètes qui se mélangent à l’histoire, comme celle de l’origine de la ville de Quzco : « Manco Capac enseigna aux hommes à semer, à cultiver et à tirer les fruits de la terre, et Mama Ocllo enseigna aux femmes à filer et à tisser. Pour cette raison on raconta que la ville fut d’abord semée et tissée, avant d’être érigée en pierre sur les sommets »367

; ou éveillant les symboles par le biais d’allusions subtiles : « […] il y avait des racines qui rendaient fous […], des grenouilles plus vénéneuses que dix milles Indiens, des serpents au fond des lacs qui avaient noué alliance avec le tonnerre, des mouches qui causaient des plaies incurables ; des Indiennes qui étaient femmes la nuit et serpents l’aurore »368

.

Dans l’évocation d’un imaginaire mythique, l’œuvre romanesque de cet auteur suscite une émotion poétique, faisant passer le lecteur du simple niveau de l’amusement au plaisir de la poésie. En effet, William Ospina est avant tout un poète. Ses textes naviguent entre la fascination des images et la sublimation de la parole. Il a lui-même déclaré :

« Novalis dice que una novela debe estar hecha exclusivamente de poesía. Entiendo lo que eso significa porque una cosa es la prosa y otra es el verso, pero ambas requieren

365

EIGELDINGER Marc, Mythologie et intertextualité, Genève : Slatkine, 1987, 278 p., p. 44.

366

Notre Amérique a été fondée dans le langage et le langage est le principal instrument de conservation du passé. Le langage ne fait pas qu’étamper la mémoire mais il est son lien primordial dans la société., (traduction personnelle), OSPINA William, « Diálogos con William Ospina », dans : Mestizaje et Interculturalismo, OPN – UAGRM, OBSERVATORIO POLÍTICO NACIONAL, Santa Cruz de la Sierra : Industrias Gráficas SIRENA, 59 p., p. 16.

367

Ospina, Le pays de la cannelle, Paris : Jean-Claude Lattès, 2010, 308 p., p. 34.

368

105

poesía, de cierta magia del lenguaje, un ritmo, una entonación, resonancia de los tiempos verbales; algo importante en el proceso de construcción de una historia, de descripción de un mundo y aún más cuando uno está tratando de reconstruirlo y de mostrar ese hecho irrepetible que fue cuando dos mitades del planeta que no se conocían se miraron por primera vez. »369

La langue espagnole et le style qu’il paraît avoir adopté est celle des plus grands écrivains, plus particulièrement des classiques. Mais il y a aussi la présence mystérieuse des récits antiques, de la littérature de la Renaissance et des œuvres contemporaines des maîtres de la parole comme Jorge Luis Borges. Nous pouvons soulever des traits stylistiques qui rappellent le long poème de Juan de Castellanos370 : Las elegías de

varones ilustres de Indias (1857), par la présence d’un poème qui clôt chaque chapitre en

guise de conclusion, textes dont le rythme va marquer une redondance symbolique. Comment expliquer la présence des symboles au sein de ces œuvres ? Il est pertinent de souligner le mécanisme de l’imaginaire dans la construction des images mythiques. Yves Bonnefoy signalait déjà que l’œuvre de l’imaginaire doit être comprise en tant qu’expression d’un dépaysement, le soulèvement contre ce qui nous est donné inévitablement, un lieu d’exil.

En conservant un substrat mythique, le poète éveille la pensée primitive ; il met devant le lecteur l’image de ces eaux qui ont traversé l’imaginaire de tout homme, de celui qui a vécu en harmonie avec l’eau ou de celui qui l’expérimente dans un rapport de forces, par des relations chaotiques. Ce sont ces préliminaires qui sommeillent dans l’imaginaire de l’écrivain que nous mettrons en lumière. La pensée imaginaire permet la coexistence avec des symboles que la culture propre aura aménagés par le hasard des rencontres entre deux mondes. Les convergences entre deux épiphanies de l’être prennent forme dans les répétitions.

Un autre pouvoir de la poétique d’Ospina est celui de la découverte :

« América ha vivido varios descubrimientos y esos descubrimientos a veces han sido posteriores a las conquistas. Parece formar parte de su destino esa rutina de descubrimientos y conquistas, pero es tal la enormidad del territorio y la complejidad de sus culturas que a veces sentimos que nunca acabarán de descubrirse. Hace cinco siglos empezó a hablarse del Nuevo Mundo, pero todavía hoy sentimos que nuestra América está a punto de ser descubierta, cada día nos sorprende con alguna revelación, y ya veremos que, curiosamente, no sólo terminan siendo desconocidos su naturaleza y su futuro, sino que su propio pasado deja de ser perceptible, para seguir actuando poderosamente en la sombra. »371

369

« Noralis dit qu’un roman doit être exclusivement de la poésie. Je comprends ce que cela signifie parce que, une chose c’est la prose et une autre le vers, mais les deux ont besoin de la poésie, d’une certaine magie du langage, un rythme, une intonation, une résonance des temps verbaux, quelque chose d’important dans le processus de construction d’une histoire, de description d’un monde et d’autant plus que, lorsqu’on essaie de le reconstruire et de montrer le fait extraordinaire où deux moitiés de la planète qui ne se connaissaient pas se sont regardés pour la première fois », (traduction personnelle), OSPINA William,

« “ Sería bueno volver a ser romántico” : Ospina »,

http://www.informador.com.mx/cultura/2013/467272/6/seria-bueno-volver-a-ser-romantico-ospina.htm, le 10 mai 2015.

370

« Existen varios orígenes, pero el más importante está en un ensayo que escribí sobre la obra de Juan de Castellanos, uno de los personajes históricos que aparece en la trilogía y que escribió el gran poema de la Conquista, la crónica más ambiciosa de las que se escribieron en América en aquellos tiempos, una verdadera rareza literaria. De aquel trabajo todavía me quedaron ganas de seguir indagando sobre todo en la parte que cubría los viajes por el Amazonas.». Ibid.

371

« L’Amérique a vécu différentes découvertes, et souvent celles-ci ont été ultérieures aux conquêtes. Cette routine de découvertes et conquêtes paraît faire partie de son destin. Mais, c’est l’énormité du territoire et la complexité de ses cultures que nous sentons que nous ne finirons jamais de découvrir. Cela fait cinq siècles qu’on a commencé à parler du Nouveau Monde, mais encore aujourd’hui, nous sentons que notre Amérique est sur le point d’être découverte ; chaque jour, elle nous surprend avec une révélation.

106

Ses paroles définissent la finalité du roman historique. En ce qui concerne la création autour de la Conquête espagnole, nous pouvons observer des appréciations sur ce qui a motivé les hommes à investir leur argent et leur vie dans les voyages de conquête. Par le biais des portraits sur les explorateurs espagnols, Ospina nous montre des individus à la recherche, non seulement des richesses, mais aussi de ce qu’ils avaient probablement perdu au long des derniers siècles de christianisation, « Estaban en búsqueda de sirenas, centauros, gigantes y amazonas. Un montón de cosas que habían perdido en sus tierras, por eso viajaron a América, para volver a creer en ellas. »372. Il ajoute que, certes, ils ont vécu dans une époque où régnait la cupidité, pourtant, l’esprit de l’homme continuait à rêver : « Ellos no conocían la frontera de la realidad y la fantasía. »373. C’est dans le texte qui introduit le lecteur au roman La Serpiente sin ojos (2012), qu’une interprétation sur les intentions réelles des hommes se profile :

« Venían buscando la vida desde aldeas hambrientas, humilladas por la guerra y la peste, pero depositaron los huevos del infierno en las flores paganas del paraíso. Creían buscar el futuro, pero traían las almas llenas de brujas y de duendes; buscaban en estas mares sus viejas y gordas sirenas; debajo de los yarumos color ceniza, rijosas colinas de sátiros; buscaban duendes torvos y amazonas mortales, y en todo veían al viejo demonio baboso que les había enfermado la vida en sus aldeas de piedra, que enroscaba su cola en los campanarios, que rayaba en la noche los muros con uñas de barro, que se montaban a medianoche en el vientre de las vírgenes y que infestaba de pedos repugnantes las iglesias saturadas de incienso. »374

Comment ne pas regarder avec attention ce que l’auteur propose comme une motivation plus que matérielle, relevant de l’ordre de l’imaginaire ? Si la culture espagnole qui était composée de différentes cultures fragmentées, avec des influences musulmanes, juives, celtes, romaines, grecques, et ibériques, traversait une période de reconstruction interne, une période de démantèlement des traditions préchrétiennes, il est peut-être souhaitable d’admettre que la pensée symbolique n’a pas été abandonnée pendant les longs voyages à travers l’Atlantique. Mais revenons aux romans.

L’écriture d’Ospina répond plutôt à une reconnaissance de l’autre pour se reconnaître soi-même ; il pousse le lecteur à façonner son identité dans une logique de reconnaissance de son passé et des contradictions qui l’habitent. L’auteur lui-même a subi l’étrange construction de l’identité sur la base d’un ethnocentrisme culturel européen. Il a cru, comme beaucoup d’autres Andins, qu’il était européen, que ses gènes le plaçaient incontestablement dans cette filiation bien appréciée en Amérique. Toutefois, son voyage en Europe a démenti cette idée, puisqu’il a constaté les énormes différences qui le séparaient des Européens ; « Entonces me pareció necesario establecer un diálogo

Et nous verrons que, curieusement, non seulement sa nature et son avenir finissent par être inconnus mais aussi son propre passé cesse d’être perceptible pour continuer à agir dans l’ombre avec puissance. », (traduction personnelle), William Ospina, « Lo originario de América », dans : América mestiza. El país del futuro, édité dans la page web de Villegas éditeur, http://www.temakel.com/emmamerica.htm , visité le 13/04/2015.

372

Ils allaient à la recherche des sirènes, des centaures, des géants et des amazones. Un tas de choses qu’ils avaient perdues dans leurs terres, c’est pour cela qu’ils ont voyagé en Amérique pour croire en elles à nouveau, (traduction personnelle). OSPINA William, Discours de la présentation officielle du roman El país de la canela de William Ospina, mis en ligne sur le site, le 29 octobre 2008 par Biblioteca Plaça Europa, https://illadeltresor.wordpress.com/tag/el-pais-de-la-canela/ , visité le 13/04/ 2015.

373

Ils ne connaissaient pas la frontière de la réalité et de la fantaisie, (Traduction personnelle), OSPINA William, entretien autour de la présentation officielle du roman El país de la canela de William Ospina, mis en ligne sur le site, le 29 octobre 2008 par Biblioteca Plaça Europa,

https://illadeltresor.wordpress.com/tag/el-pais-de-la-canela/ , visité le 13/04/ 2015. Ibid.

374

107

entre mi formación literaria, mi memoria cultural y el "nuevo mundo" en el que estaba. »375.

William Ospina juge le contact entre les deux mondes comme une relation unilatérale. Peu d’efforts ont été faits pour faire comprendre la vision et la culture des « découverts ». Ainsi, même la tradition mythique, très enracinée chez les autochtones, a souffert de cette ignorance volontaire, « […] los mitos traídos de la edad media europea, vinieron a cubrir los mitos del mundo americano, y todo mito no es una invención en el vacío, todo mito es un desciframiento a través de símbolos de los misterios de la realidad. »376.

Les événements que nous connaissons de la conquête des Amériques par les Espagnols mettent en évidence un mouvement prolongé de désacralisation, vu ainsi par les missionnaires et les hauts pouvoirs de la couronne espagnole. Ospina ne se penche pas sur cette immolation de la culture indigène, elle n’est pas enregistrée de façon manifeste. Or, par la récupération de la tradition andine à partir de notations et références partielles, l’auteur soulève le problème des mythes andins :

« La literatura del colombiano, otra vez, no escapa del poder de seducción de estos episodios históricos y emprende un carpenteriano “viaje a la semilla”, acertada imagen de Mercedes López (2011), a fin de reescribir estos discursos fundacionales, en un obsesivo retorno que, indudablemente, tiene tras sí la pulsión contemplativa del futuro. »377

Dans, La escuela de la noche, sa réflexion autour du mythe lui permet d’approfondir la symbolique des traditions occidentales. Il qualifie le roman de genre historique378, dans lequel l’individu est celui qui importe.

Penser le mythe par rapport à l’histoire et à l’individu, c’est accepter que les hommes qui se sont retrouvés dans les bateaux de la couronne espagnole croyaient en quelque chose. Il s’agit d’une richesse représentée par l’or et les épices. Voici la première forme de mythe que l’œuvre d’Ospina relève. Or, la construction de ce mythe doit son origine aux formules des chroniques écrites par les Espagnols eux-mêmes, insinuant l’existence de grandes étendues de forêts de cannelle, et de royaumes où il y avait de l’or à foison :

« Ahora bien, los mitos propiamente comienzan a forjarse cuando los españoles deciden salir en búsqueda de esos tesoros y comprueban que la canela hallada es poca y de mala calidad y que no pueden encontrar el reino de El Dorado. Así, se fue diluyendo la idea de canela, pero no la del oro. Los españoles, convencidos de su existencia, comienzan a desplazar el lugar de búsqueda asumiendo que habían interpretado erróneamente el emplazamiento del lugar. Por increíble que parezca, todavía se levantan exploraciones en la búsqueda del mítico reino. »379

375

« Alors, j’ai trouvé nécessaire d’établir un dialogue entre ma formation littéraire, ma mémoire culturelle et « le nouveau monde » où j’étais. », (traduction personnelle), OSPINA William, « Mestizaje e interculturalidad » dans : Mestizaje e Interculturalismo, OPN – UAGRM, OBSERVATORIO POLÍTICO NACIONAL, Santa Cruz de la Sierra : Industrias Gráficas SIRENA, 59 p., p. 34.

376

« Les mythes apportés du Moyen Âge espagnol sont venus couvrir les mythes du monde Américain. Et tout mythe n’est pas une invention dans le vide, tout mythe est un déchiffrement à travers les symboles des mystères de la réalité. », (Traduction personnelle), Ibid., p. 14.

377

RIERA RODRIGUEZ Gloria Elizabeth, « El mito como expresión del desentendimiento cultural en El país de la canela de William Ospina », dans : Estudios de Literatura Colombiana, nº 31, juillet-décembre, 2012, ISSN 0123-4412, p. 229-247, p. 230.

378

OSPINA William, La escuela de la noche (1954), Bogotá : Grupo Editorial Norma, 2008, 208 p., p. 53.

379

Or, les mythes à proprement parlé commencent à être forgés lorsque les Espagnols décident de sortir à la recherche de ces trésors, et qu’ils se rendent compte que la cannelle trouvée est rare et de mauvaise qualité et qu’ils ne peuvent pas trouver le royaume d’Eldorado. C’est ainsi que l’idée de la cannelle s’est diluée mais pas celle de l’or. Convaincus de son existence, les Espagnols commencent à déplacer le lieu de recherche tout en assumant qu’ils avaient interprété faussement son emplacement. Aussi invraisemblable

108

Nous pourrions pourtant dire que son œuvre se rapporte plus à l’historicité de l’événement raconté qu’à la création narrative. Il reconnaît : « Trato de que todo lo que cuento sean hechos reales, lo único que me permito es llenarlos de detalles, de circunstancias para hacerlos vívidos, para que puedan ser hospedados por la imaginación del autor »380. Mais cela ne peut dériver d’un regard à partir du présent. De cette manière l’auteur reconstruit le passé et le met à jour à la lumière des enjeux actuels.

« Así, se crea un espacio más dilatado para inventar o complementar asuntos no resueltos del pasado. Quien narra, además de no ser el líder, es un mestizo que rememora su vivencia en la madurez de su vida y, por lo mismo, con la suficiente distancia como para juzgar los hechos. Su carácter mestizo le permite tener una mirada más ecléctica de los hechos: revitaliza el mundo indígena sin llegar a la demonización de todo lo español. »381

Le choix des personnages est très parlant. Particulièrement le rôle du narrateur qui appartient aux deux mondes, son père étant un notable espagnol et sa mère une indigène des îles, soulève le problème du métissage et du syncrétisme. C’est par son récit que nous apprenons l’existence du héros, Ursúa.

Nous pouvons pour commencer signaler les résultats statistiques concernant la