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Kamel IMIKIRENE

Institut Commercial de Nancy, CEREFIGE, Nancy-Université

ulac11@yahoo.fr

Mots clés : Entrepreneuriat, Spin-off, Ressources Sociales, Encastrement, Réseaux, Confiance.

En se lançant dans la création d’une spin-off universitaire, le chercheur-entrepreneur est amené à mouvoir vers d’autres réseaux sociaux et réseaux professionnels pour collecter et mobiliser des ressources nécessaires à la création de son entreprise. Mais face aux différents partenaires, investisseurs, banques, capitaux-risqueurs, … il est souvent démuni d’expérience entrepreneuriale, de ressources financières, de réseaux professionnels, de soutien, … l’incubateur technologique joue alors le rôle d’intermédiation et se présente comme un organisme accompagnateur. Cependant, La relation qui lie un chercheur-entrepreneur avec les managers d’un incubateur est complexe et pose la question de la confiance, car le directeur de l’incubateur et le chercheur sont devant un dilemme : pour le directeur de l’incubateur, comment faire confiance à ce porteur de projet qui vient solliciter des aides pour créer son entreprise ? Et pour l’entrepreneur, comment faire confiance à ce directeur de l’incubateur et lui présenter les résultats d’une recherche confidentielle ? Si l’on tente de comprendre la confiance dans l’engagement dans le processus de création de l’entreprise comme analyse du risque et des bénéfices tirés, il serait difficile, voire impossible, de voir émerger une coopération tant le risque financier pour l’un et droit de propriété pour l’autre sont importants.

Si la confiance est de plus en plus considérée comme principe de gouvernance, de coordination et de coopération, elle demeure néanmoins polysémique et problématique. Notre objectif dans le présent travail est d’essayer de comprendre quelle est la nature de la confiance, si confiance il y a, dans la relation incubateur-incubé dans le cas de création de spin-offs universitaires ?

La confiance est une notion polysémique (e.g. Marchesnay 1998, Trépo et Dumond 1998, McEvily et al. 2003) qui est loin d’avoir une unanimité quant à sa définition, son rôle, les mécanismes de sa création, … D’un point de vue économique et sous l’angle de la rationalité, toute décision est fondée sur le calcul coût-bénéfice ou sur une analyse de risque. Sous cet angle, certains auteurs présentent la confiance comme un choix raisonné et un risque calculé.

Le raisonnement calculateur est défini par Williamson (1993) comme une situation dans laquelle les parties en cause ne s’engagent dans la transaction que si les bénéfices nets peuvent être anticipés. C’est pourquoi cet auteur rejette la confiance puisque tous les choix obéissent aux principes de calcul. Dans le même courant de pensée, Charreaux (1998) associe la confiance à toute transaction formelle ou informelle, « toute coopération, y compris sous la forme la plus simple de l’échange marchand […] implique nécessairement l’intervention de la confiance en raison de l’incomplétude des contrats et des failles des mécanismes hiérarchiques. […] Cette relation de confiance qui encadre la transaction résulte d’un calcul rationnel des deux parties » (Charreaux 1998 :199).

Cette conception de la confiance a connu de larges critiques (e.g. Karpik 1998, Billand 1998), et pour Callon et Licoppe, cette confiance « est une catégorie a-historique, essentiellement psychosociologique » (Callon et Licoppe, 2000 : 136).

Face cet individu rationnel et calculateur, Granovetter (1985) affirme que « 1) la poursuite d’objectifs économiques s’accompagne normalement de celles d’autres objectifs de nature non-économique, tels que la sociabilité, l’approbation, le statut social et le pouvoir ; 2) l’action économique (comme toute action) est socialement située et ne peut être expliquée de simples motifs individuels ; elle est encastrée dans le réseau des relations personnelles, plus qu’elle n’émane d’acteurs atomisés ». Et de

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ce point de vue sociologique, la confiance passe alors par le partage de normes, de valeurs, d’informations communes.

Cependant, malgré un regard renouvelé, la confiance est souvent considérée comme une variable, indépendante et on cherche comment elle explique l’émergence de la coopération, ou dépendante et on cherche comment elle est expliquée par la relation. Pour notre part, on la présentera comme un processus analysée du point de vu de la théorie du capital social, et pourrait être définie comme « une relation d’échange régie par une norme de réciprocité […] ancrée dans l’historicité et liée au temps » (Karpik, 1996 : 529), car les réseaux sociaux ont de la mémoire (Soda, Usai and Zaheer, 2004). La confiance n’est donc pas un acte de foi et n’est pas sans risque, les acteurs voudront avoir un minimum d’assurance et chercheront les signes qui permettront de les rassurer, la confiance « n’est pas étrangère au savoir, mais dans un au-delà de la connaissance, elle s’enracine dans une représentation particulière du monde » (Karpik, 1996 : 529). Aussi, selon la théorie de l’encastrement relationnel, les individus préfèrent échanger avec des individus dont ils connaissent la réputation, et la confiance serait donc fonction de la force du lien et de la nature de la relation.

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