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Marjorie RENAUD

Doctorante en Sciences de Gestion, CIME, IAE de Caen Basse-Normandie

marjorie.renaud@unicaen.fr

Mots clés : capital social collectif, réseaux sociaux, liens forts, liens faibles, réseaux territoriaux Les institutions publiques et parapubliques semblent prendre modèle sur le succès de l’organisation en réseau des entreprises privées. Pesqueux (2004, p. 32) évoque les institutions qui suivraient « les organisations précurseurs et novatrices que sont les entreprises ». Selon Deltour (2000, p. 2 et 3), « force est de constater que les interrogations portant sur les pratiques de réseau ont jusqu’ici concerné les organisations marchandes. Qu’en est-il des organisations particulières que sont les administrations publiques ? » Selon l’auteur, le réseau, dans le domaine public, est une forme de coordination nouvelle par rapport aux pratiques antérieures, et spécifique par rapport aux pratiques des entreprises privées. Les objectifs semblent être différents entre une stratégie d’entreprise et une stratégie territoriale. Certains évoquent la notion de compétitivité (Deltour, 2000; Barabel, Meier et Schier, 2004) pour la première, création de valeur (Capiez et Girlando, 2004) et offre de services plus efficace pour la seconde.

Dans une première partie, nous définirons les réseaux territoriaux. Appelé réseau institutionnel (Eggrickx, 2000) ou encore réseau territorialisé (De La Ville et France, 2004), selon Capiez et Girlando (2004, p. 21), « le réseau territorial est composé d’acteurs dont le but est de créer un maximum de valeur pour la région.» Nous pouvons citer, pour exemple, le Réseau de Développement Technologique (RDT) dont la mission est de répondre aux besoins de développement technologique des entreprises.

Dans une seconde partie, nous aborderons la notion de capital social sous l’angle collectif, en focalisant nos observations sur les relations qui se nouent au sein d’un réseau territorial et en dehors de celui-ci, dans l’objectif d’actions collectives. Certains travaux consacrés au concept de capital social tels que le Projet de Recherche sur les Politiques (PRP, 2005) prennent appui sur l’analyse des réseaux sociaux pour suggérer un outil tel que le capital social pour évaluer les politiques publiques. L’approche par les réseaux sociaux est considérée comme une base théorique solide, disposant de techniques de recherche et d’instruments de mesure qui se sont avérés utiles pour l’étude du capital social.

Notre question de recherche est la suivante: le capital social collectif est-il un moyen d’atteindre un objectif économique ? Selon les travaux du PRP (2003), il ne suffit pas toujours en soi mais est un facilitateur. Pour répondre à cette question, il nous a semblé nécessaire d’identifier quel type de capital social pouvait être mobilisé, pour quelle action visée.

Certaines études montrent que plus les membres sont interconnectés, plus les échanges se font aisément mais plus les ressources ont de chance d’être de nature similaire. Dans le cas inverse, les échanges peuvent être moins fluides mais les ressources accessibles plus diversifiées.

En ayant recours à la théorie des liens forts et des liens faibles au sens de Granovetter (2000) et à la conception collective du capital social au sens de Putnam (2000), nous rapprochons la notion de liens forts à celle de capital social d’attachement et la notion de liens faibles à celle de capital social d’accointances. Selon Franke (2005, p. 16), le premier type de liens semble donner accès à des ressources importantes pour la gestion du quotidien ou pour surmonter des difficultés, pour le démarrage d’un projet, nécessitant une confiance mutuelle. Le second type de liens semble donner

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accès à des ressources utiles pour s’ouvrir à de nouvelles opportunités et permettre le renforcement ou l’évolution d’un projet.

Stabilité/inertie versus ouverture/instabilité, chaque type de liens semble présenter des avantages et des inconvénients. Comme l’indique Briggs (1997)1, « le capital social n’est ni bon ni mauvais, tant que l’on n’a pas porté de jugement sur les fins que nous voulons qu’il serve ». L’objectif semble être de savoir mobiliser le bon capital social, au bon moment. Nous faisons l’hypothèse que la configuration d’un réseau territorial en termes de liens forts et de liens faibles a une incidence positive sur la réalisation de ses objectifs économiques régionaux.

A quel niveau d’analyse évaluer l’impact du capital social sur les résultats d’une action collective ? Dans diverses études sur le sujet, Charbonneau (2005, p. 184) a rencontré des mesures du type : nombre des participants, degré de satisfaction, etc. Or, selon l’auteur, ces indicateurs donnent une perspective restrictive, de court terme, qui ne répond pas à un problème plus général. A long terme, les chiffres statistiques peuvent être consultés or comment savoir si c’est cette nouvelle ressource créée qui a changé les données ? Selon l’auteur, « plus l’objectif collectif est ambitieux, plus il est difficile de mesurer son atteinte réelle ». Charbonneau (2005, p. 184) suggère de mesurer l’effet d’une action collective par l’observation de la diminution d’un problème qui doit être d’envergure limitée (autour de petits projets). Il peut s’agir de nouvelles activités ou services proposés aux entreprises. Sur le plus long terme, l’auteur évoque l’influence d’une action collective mesurable à travers la vitalité sociale et économique d’une communauté, des changements institutionnels, etc.

Les prolongations à ce travail iront vers la vérification empirique des hypothèses. Notre volonté est d’effectuer notre analyse auprès des réseaux régionaux issus d’une même structure nationale, afin d’avoir une base propice à la comparaison.

Références bibliographiques

BARABEL, MEIER et SCHIER (2004), « Construire le projet stratégique d’un territoire », in ROUSSEAU M.,

Management local et Réseaux d’Entreprises, Edition Economica, Paris, pp. 189-207.

CAPIEZ A, GIRLANDO N. (2004), « Approche méthodologique du développement territorial », in ROUSSEAU M., Management local et Réseaux d’Entreprises, Edition Economica, Paris, pp. 19-39.

CHARBONNEAU J. (2005), « Associations en réseau et capital social collectif : bilan d’expériences et d’analyses » avec la collaboration de J-G. Simard dans Le capital social à l’œuvre, études thématiques sur

les politiques, Projet de Recherche sur les Politiques, gouvernement du Canada.

DE LA VILLE V-I., FRANCE I. (2004), « L’émergence d’un réseau institutionnel local », in VOISIN C., BEN MAHMOUD-JOUINI S. et EDOUARD S., Les Réseaux : Dimensions Stratégiques et Organisationnelles, Edition Economica, Paris, pp. 159-172.

DELTOUR F. (2000), « De l’usage des réseaux en administration : le cas d’un réseau professionnel par intranet », IXème Conférence Internationale de Management Stratégique, AIMS, Montpellier, les 24-25-26 mai, 21 pages.

EGGRICKX A. (2000), « L'institutionnalisation d'un réseau : le cas de Camdib », IXème Conférence

Internationale de Management Stratégique, AIMS, Montpellier, les 24-25-26 mai, 23 pages.

FRANKE S. (2005), La mesure du capital social, document de référence pour la recherche, l’élaboration et

l’évaluation des politiques publiques, Projet de Recherche sur les Politiques, gouvernement du Canada.

GRANOVETTER M. (2000), Le Marché Autrement, Editions Desclée de Brouwer, Paris, 238 pages.

PESQUEUX Y. (2004), « Un « modèle » de l’organisation réseau ? », in VOISIN C., BEN MAHMOUD- JOUINI S. et EDOUARD S., Les Réseaux : Dimensions Stratégiques et Organisationnelles, Edition Economica, Paris, pp. 27-43.

PUTNAM R. (1995), « Bowling Alone : America’s Declining Social Capital », Journal of Democracy, Vol. 6, n°1, pp. 65-78.

PRP - Projet de Recherche sur les Politiques (octobre 2003), Capital social : miser sur une approche fondée sur

les réseaux, gouvernement du Canada.

PRP - Projet de Recherche sur les Politiques (2005), Le capital social à l’œuvre, études thématiques sur les

politiques, gouvernement du Canada. 1

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Co-évolution entre capital social et connaissances crées lors de vingt-trois

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